[Quand, au détour, d’un …détour, Céline nous parle du voyage]

[De certains, il faut croire que
le médecin des pauvres* n’est pas revenu]
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(Sans image,
à cliquer)

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Parcours de lecture

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En clair

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Un extrait plus long

* François Duvalier, dit « Papa doc« , a lui aussi été médecin des pauvres.
Voyage dont il est difficile de revenir indemne.
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Pour ma part, je n’avais plus à me plaindre. J’étais même en train de m’affranchir par la médaille militaire que j’avais gagnée, la blessure et tout. En convalescence, on me l’avait apportée la médaille, à l’hôpital même. Et le même jour, je m’en fus au théâtre, la montrer aux civils pendant les entractes. Grand effet. C’était les premières médailles qu’on voyait dans Paris. Une affaire !
C’est même à cette occasion, qu’au foyer de l’Opéra-Comique, j’ai rencontré la petite Lola d’Amérique et c’est à cause d’elle que je me suis tout à fait dessalé.
Il existe comme ça certaines dates qui comptent parmi tant de mois où on aurait très bien pu se passer de vivre.
Ce jour de la médaille à l’Opéra-Comique fut dans la mienne, décisif.
À cause d’elle, de Lola, je suis devenu tout curieux des États-Unis, à cause des questions que je lui posais tout de suite et auxquelles elle ne répondait qu’à peine. Quand on est lancé de la sorte dans les voyages, on revient quand on peut et comme on peut…
Au moment dont je parle, tout le monde à Paris voulait posséder son petit uniforme. Il n’y avait guère que les neutres et les espions qui n’en avaient pas, et ceux-là c’était presque les mêmes. Lola avait le sien d’uniforme officiel et un vrai bien mignon, rehaussé de petites croix rouges partout, sur les manches, sur son menu bonnet de police, coquinement posé de travers toujours sur ses cheveux ondulés. Elle était venue nous aider à sauver la France, confiait-elle au Directeur de l’hôtel, dans la mesure de ses faibles forces, mais avec tout son cœur ! Nous nous comprîmes tout de suite, mais pas complètement toutefois, parce que les élans du cœur m’étaient devenus tout à fait désagréables. Je préférais ceux du corps, tout simplement. Il faut s’en méfier énormément du cœur, on me l’avait appris et comment ! à la guerre. Et je n’étais pas près de l’oublier.
Peu de lecteurs non plus ne reviennent vraiment jamais indemne de la lecture de ce roman phare, fleuve, etc…
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Céline est pathogène
(sans jugement, ici tout du moins)
et
oui
il touche, transforme, travaille
le lecteur
(merci de ton passage et de ce retour)
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