« Le risque doit faire partie de l’état de droit. » Gaspard Koenig (France Inter)

[Les extraits donnés ici proviennent de l’émission diffusée le 30 avril 2020 sur France Inter
« 
En quoi le confinement et le Covid-19 interrogent-ils notre rapport à la liberté ? Doit-on craindre que les mesures extraordinaires liées à la crise sanitaire n’atténuent notre liberté et le sens que nous nous en faisons ?  »
Avec Michel Erman, Gaspard Koenig et Marylin Maeso.


Marylin Maeso évoque les limites de la liberté individuelle

Un événement majeur du point de vue de la liberté des citoyens a été l’obligation du port de la ceinture pour le conducteur d’un véhicule automobile.

On a alors justifié la loi par le surcoût correspondant au risque que prenait le conducteur (non pas pour lui mais) pour l’assurance sociale, c’est à dire pour le bien commun à tous.
Ainsi donc, on érodait la notion d’adulte responsable et on substituait à chacun de nous, dès lors qu’il entrait dans une automobile, un être régi par le nombre (les statistiques) .
Les études ayant montré que la ceinture de sécurité préservait davantage celui qui la mettait qu’elle ne comportait de danger pour lui, chacun de nous étant assimilé à la moyenne des milliers de mannequins testeurs, devait donc se plier à ces statistiques et accepter de substituer (hors d’elles, dans l’aléa du réel) un accident* moins fréquent à un autre.

En d’autres circonstances, une protection est parfois sous-prescrite précisément parce qu’elle est censé … donner un sentiment de sécurité pouvant inciter à prendre des risques.
C’est ainsi que l’on a souvent justifié dans les médias, le fait de ne pas porter le masque lorsqu’on est a plus d’un mètre de quelqu’un. Ce masque pouvant donner à celui qui le met, un sentiment de sécurité qui lui ferait prendre des risques et négliger par exemple les mesures barrières visant à le protéger (et par la même les autres) de la contagion.
Avec la même logique, on peut penser que la ceinture de sécurité est susceptible de produire des effets similaires effet, … l’a déjà produit et a donc vraisemblablement été cause d’accidents. Induire cette tendance à la recherche toujours plus grande de sécurité (dans des véhicules que l’on ralentit de plus en plus) comporte d’autres risques. On pourrait y voir la cause de l’essor actuel des gros véhicules (SUV, 4×4) une recherche accrue de sécurité (et donc d’insécurité pour les véhicules plus petits, moins hauts, moins lourds.)

Ainsi, un argument en faveur d’une prescription peut parfaitement être totalement omis en fonction de choix qui n’ont pas nécessairement de rapport avec la situation concernée.

Les mesures adoptées pour lutter contre le covid19 restreignent de la même manière la liberté des Nombreux. Sur la base de statistiques partielles (puisqu’elles ne concernent que la maladie et parfois même que sa simulation) la totalité des populations d’un pays se voit appliqué à la fois des mesures de confinement et des obligations administratives, censées générer un bilan positif du point de vue des personnes concernées.

Dans l’extrait qui suit Gaspard Koenig défend la notion de droit au risque ainsi que la nécessité de justifier toute limitation de ce droit. Avec une évaluation étendue, dans une projection plus globale (et pas seulement du point de vue de la maladie) du bilan des propositions. Notamment bilan des dégâts et morts du covid … et des dégâts et morts dus au confinement.**

 

Dans l’extrait suivant, il est question plus précisément de la manière dont la France a tendance a gérer les projet et qui dans le cas d’une urgence comme celle de la pandémie Covid19  est non pas seulement inadaptée, mais tragique.***
On ne peut réfléchir et agir en cas d’urgence de la même manière que dans un bureau d’étude pour répondre à un problème aux formes bien définie en disposant de temps pour les solutions proposées.
Cela reviendrait à étudier la manière adéquate de sortir quelqu’un d’une maison en feu, en faisant des simulations en laboratoire, puis en demandant à l’AFNOR de certifier le mode opératoire.
(N’est pas évoqué, mais pourrait l’être, les questions relatives au symbole du gaulois : à savoir le coq, et à cette grande fierté qui l’empêche de faire un pas en arrière lorsqu’il s’est fourvoyé et l’oblige à de grands détours pour accepter, avec grand retard, de prendre la bonne direction.****)

 


* Le risque que fait courir le port de la ceinture de sécurité n’est pas nul. On cherchera en vain (merci d’avance de me l’indiquer à la personne qui en trouverait une) une étude du risque que fait prendre la ceinture de sécurité à celui qui la met. 
(Virilio : « à chaque fois que l’on invente quelque chose on invente en même temps l’accident qui lui correspond. »
Il n’existe pas de risque 0 dans le domaine du vivant.)

** Principalement dans le but d’être prêt à des réponses mieux adaptées lors de la prochaine épidémie majeure.

*** Deux mois de retard, avant que les acteurs de terrain comprenne que les solutions réalistes ne pouvaient venir que d’eux.

**** L’ ERREUR EST HUMAINE-le-i

 

L’ ERREUR EST HUMAINE-let-i
PG

Le choix de l’armistice

Comme en temps de guerre (les vraies) le confinement, c’est-à-dire le repli sur soi devant l’ennemi, est une solution de riches.

abri anti atomique
Ceux qui tiennent difficilement en temps normal…ceux là, en temps confiné, tombent des branches.
Mais pour eux, le bilan ne sera jamais vraiment fait.
– Qui a perdu son boulot ?
– Qui, qu’on a poussé à l’auto-entreprise, (et ne s’appelle pas Renault) n’a pas touché un euro durant toute la période ?
– Qui, dépendant de l’aide alimentaire (dans les pays où elle existe) ne mange plus à sa fin ?
– Qui, malade, n’a pu être soigné ?
– Qui a passé les derniers mois de sa maladie chronique dans la non vie**
– …
À eux, personne n’a demandé leur avis.
Oui,
en France
où le système de santé a été mis à mal par négligence ou pire…
le confinement permettait d’éviter des morts.
Mais n’a-t-il pas seulement différé ces décès (du point de vue du nombre), les transférant, à terme, sur les plus démunis, directement ou non.
Habitant dans un pays bien approvisionné, bénéficiant d’un revenu garanti, je fais partie des bénéficiaires de cette mesure de protection.
Pourtant je ne veux
plus jamais cela
On nous dit que les circonstances sont nouvelles et nous prennent de cours.
La prochaine fois ce ne sera plus le cas.
Après,
 – Ce temps d’après que les rêveurs 
(et ils ont bien raison) nous chantent et nous décrivent 
plus beau 
qu’Avant
un an après le déconfinement,
que l’on demande à tous les français
s’ils veulent
face à une « guerre » similaire
se confiner
ou accepter le risque en continuant à vivre
avec des précautions qui ne menacent pas leur existence.*
On ne peut imposer à tout un pays (une planète) une mesure qui ne profite dans un bilan global, qu’aux favorisés, eux qui, pour cette raison, sont les plus demandeurs de précautions.
Dans un pays démocratique, les choix doivent être déterminés par la majorité. C’est pourquoi il faut voter !
* Il s’agit dans tout cet article du confinement du type excessif et brutal en vigueur en France.
Seuls l’Italie, l’Espagne et la France ont mis en place un confinement de ce type avec nécessité de remplir une demande de dérogation.
Le débat qu’il faudra avoir à propos des mesures à prendre doit ajuster celles-ci à ce qui est supportable par la majorité des français, tout en assurant un maximum de sécurité. De nombreux exemples nous montrent que, concernant cette sécurité, le meilleur exemple n’est pas celui des pays à « confinement fort ».
** Chaque jour 1000 Français de plus de 70 ans meurent
deux mois de confinement c’est 60 000 concernés par cette « perte de vie »

De nombreux articles (de même que les radio et chaines TV) donnent à partir de projection mathématiques (une seule étude à ce jour) des nombres de décès et de contamination épargnées grâce au confinement.

Les études en question sont totalement contredites par ce qui se passe dans des pays qui n’ont pas fait ce choix dont notamment la Suède qui n’a absolument pas confiné (létalité 1,5 fois moindre qu’en France), et surtout l’Allemagne (où la létalité est 5 fois moindre qu’en France et qui a dépassé le pic de contamination depuis 15 jours.).
Il s’agit là de jouer une fois de plus sur la peur pour créer le réflexe de repli et faire accepter à l’ensemble de la population une mesure qui protège surtout ceux qui ont une maison confortable, un travail (ou une rente) qui ne souffre pas du confinement, et souhaitent mettre à distance ceux qui pourraient les contaminer.
Exigeons un bilan réel du confinement et ne subissons pas un choix, demandons à ce que la stratégie future dans une situation semblable prenne en compte la volonté des Nombreux.
Et surtout ne cédons pas à la peur de l’immédiat … dans des pays tels que l’Equateur, les décès dus au coronavirus sont déjà à ce jour inférieurs à ceux provoqués par les conséquences du confinement, dans les grandes villes aux gigantesque quartiers pauvres.

Savez vous reconnaître un pic, d’une monté ou d’une pénéplaine ?

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Ici seulement deux pics identifiables (dont l’un avec une ratée)
Pour le reste, deux montées rapides qui pourraient être suivies par des descentes du même style, deux  timides approches de ce que l’on peut nommer un sommet (d’Auvergne), et un dernier parcours où l’on semblerait avoir dépassé la cime (très ronde aussi) et commencé une descente en pente très très douce.


C’est bien le graphique des cas actifs qui donnera le pic de l’épidémie pour les différents pays (qui correspond lui-même à une moyenne des résultats obtenus dans ses différentes régions ou département*) et non le graphique de l’évolution des décès ou des admissions.

* Pour donner un exemple de ces écarts En Chine : Le taux de mortalité à Wuhan était de 4,9%, Le taux de mortalité dans la province du Hubei était de 3,1%, Le taux de mortalité à l’ échelle nationale était de 2,1%, Le taux de mortalité dans les autres provinces était de 0,16%.

Cohérence paradoxale

L'EXCES DE-let

Les deux actions sont comparables et devraient nous orienter vers la mesure.

Plus pragmatiquement, cette sur-réaction défensive repérée, il serait peut-être temps de réviser/moduler les préconisations données à propos de « Ne pas aller contre la réaction de l’organisme »


Sans parler du détournement d’une partie de l’énergie de cette réponse vers des outils au service de tout autre chose que la catastrophe surgie, comme par exemple les drones et personnels consacrés à l’éradication des contrevenants.
Des contacts personnels (à distance)  avec des amis se baladant en VTT dans les forêts ou allant se baigner dans le cours de rivières, m’ont montré que plutôt que de rappeler interdiction et menace, l’évocation de l’accident qui obligerait à détourner pompier, ambulance et chambre d’hôpital, suffit en général à faire prendre conscience à l’autre de la charge d’incivilité et d’inhumanité de son acte.
Mais, le choix a été fait, il est plus facile de faire la guerre, y compris aux contrevenants, que …