4 décembre – vase communicant

Martine Cros a écrit à la suite des événements récents qui ont ensanglanté Paris ces deux vers.
J’y ai donné l’écho d’une image.

Et l’envie nous est venue d’en faire le point de départ de vases communicants.

J’accueille donc son poème ici

(Le mien se trouvant sur son site aller aux essentiels)

extrait-11MES ENFANTS MES AMOURS MES HEURES DILUVIENNES IL PLEUVRA LONGTEMPS- letrc11

mosaïque émotive en saillie sur ma peau
hérissée sans héros que vous-mêmes
partis parties dans la gueule kalachnikovéenne
mes enfants mes amours mes heures diluviennes
il pleuvra longtemps à la crue de cette chienne
soirée les bêtes se prenaient pour dieu et vous-mêmes
mes brebis comme biches sans vague tapies
dans la fosse profonde arachnéenne
dans les landes splendides ou dans les grands typhons
sous les balles déchiquetantes comment ne pas être
au monde je suis dans tes bras comme une inespérée
verbalisant l’émoi dans tous ces toi qui pleurent
façonnant l’épanouissement dans le pourri du temps
exigeant oui c’est cela que les tempêtes détonantes
si elles me tuent te frayent un chemin de rondins
de bois mort de villes arrachées de cris aphones
et de regards ah ces regards comme des huis clos
où le procès du chagrin tinte entre pavane de
l’hermine mortiférés et nos enfants de l’aube
comment le monde se reflète sur mon visage
où sillonne encore quelque danse sanguine
le long d’une tempe en laquelle j’exige
un baiser mais trop tard
je n’avais ressenti ce trou rimbaldien dans mon demi sommeil
j’oubliais le charivari de ce vendredi soir
les lumières du square s’effaçaient dans mes yeux
quel silence à présent comme un coton d’ivoire
puis voici je reçois une caresse incitative
ne sais plus si je suis un homme une femme si je suis pleine
d’eau
à ma bouche affleure ce que tu diras d’un certain
pardon que j’ai déjà donné il est celui de la main
allumant le cierge de ta bouche il est poète il est ton corps
instrument de nocturnes il est cris des mômes blancs
sur le terrain vert vague des ossements s’aimant à travers
le temps sans flèches le temps sans peur
sans plus de voix pour dire mais un chant sans vide
consistant avec peine en ces êtres néants que nous devenons
ce soir est si doux et si tout est perdu
m’accorderas-tu ta main
aurons nous cet enfant : le désir