VOYAGE AU BOUT DE LA NUIT – LOUIS-FERDINAND CÉLINE – 9 –

[Quand, au détour, d’un …détour, Céline nous parle du voyage]

QUAND ON EST LANCÉ DE LA SORTE - letcr1-exp

 

 [De certains, il faut croire que
le médecin des pauvres* n’est pas revenu]

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QUAND ON EST LANCÉ DE LA SORTE - letcr1

                                                                

Extrait du roman « Voyage au bout de la nuit  »
de Louis-Ferdinand Céline

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QUAND ON EST LANCÉ DE LA SORTE - txt1


 

 * François Duvalier, dit « Papa doc« , a lui aussi été médecin des pauvres.
Voyage dont il est difficile de revenir indemne.

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Pour ma part, je n’avais plus à me plaindre. J’étais même en train de m’affranchir par la médaille militaire que j’avais gagnée, la blessure et tout. En convalescence, on me l’avait apportée la médaille, à l’hôpital même. Et le même jour, je m’en fus au théâtre, la montrer aux civils pendant les entractes. Grand effet. C’était les premières médailles qu’on voyait dans Paris. Une affaire !
C’est même à cette occasion, qu’au foyer de l’Opéra-Comique, j’ai rencontré la petite Lola d’Amérique et c’est à cause d’elle que je me suis tout à fait dessalé.
Il existe comme ça certaines dates qui comptent parmi tant de mois où on aurait très bien pu se passer de vivre.
Ce jour de la médaille à l’Opéra-Comique fut dans la mienne, décisif.
À cause d’elle, de Lola, je suis devenu tout curieux des États-Unis, à cause des questions que je lui posais tout de suite et auxquelles elle ne répondait qu’à peine. Quand on est lancé de la sorte dans les voyages, on revient quand on peut et comme on peut…
Au moment dont je parle, tout le monde à Paris voulait posséder son petit uniforme. Il n’y avait guère que les neutres et les espions qui n’en avaient pas, et ceux-là c’était presque les mêmes. Lola avait le sien d’uniforme officiel et un vrai bien mignon, rehaussé de petites croix rouges partout, sur les manches, sur son menu bonnet de police, coquinement posé de travers toujours sur ses cheveux ondulés. Elle était venue nous aider à sauver la France, confiait-elle au Directeur de l’hôtel, dans la mesure de ses faibles forces, mais avec tout son cœur ! Nous nous comprîmes tout de suite, mais pas complètement toutefois, parce que les élans du cœur m’étaient devenus tout à fait désagréables. Je préférais ceux du corps, tout simplement. Il faut s’en méfier énormément du cœur, on me l’avait appris et comment ! à la guerre. Et je n’étais pas près de l’oublier.

VOYAGE AU BOUT DE LA NUIT – LOUIS-FERDINAND CÉLINE – 8 –

[« L’Africain » (vu par les yeux d’un personnage) de Céline.
difficile de savoir que l’on parle ici
d’un homme]



DANS LA JOURNÉE C EST - letcr1-exp2

 

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DANS LA JOURNÉE C EST - letcr1

                                                                

Extrait du roman « Voyage au bout de la nuit  »
de Louis-Ferdinand Céline

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— Y a encore le village, qu’il ajouta… Y a pas cent nègres dedans, mais ils font du bousin comme dix mille, ces tantes !… Vous m’en direz des nouvelles de ceux-là aussi ! Ah ! si vous êtes venu pour le tam-tam, vous vous êtes pas trompé de colonie !… Parce que ici, c’est tantôt parce que c’est la lune qu’ils en jouent, et puis, parce que c’est plus la lune… Et puis parce qu’on l’attend la lune… Enfin, c’est toujours pour quelque chose ! On dirait qu’ils s’entendent avec les bêtes pour vous emmerder les charognes ! À crever que je vous dis ! Moi, je les bousillerais tous d’un bon coup si j’étais pas si fatigué… Mais j’aime encore mieux me mettre du coton dans les oreilles… Avant, quand il me restait encore de la vaseline dans ma pharmacie, j’en mettais dedans, sur le coton, maintenant je mets de la graisse de banane à la place. C’est bon aussi la graisse de banane… Avec ça, ils peuvent toujours se gargariser avec le tonnerre de Dieu si ça les excite, les peaux de boudin ! Moi, je m’en fous toujours avec mon coton à la graisse ! J’entends plus rien ! Les nègres, vous vous en rendrez tout de suite compte, c’est tout crevés et tout pourris !… Dans la journée c’est accroupi, on croirait pas ça capable de se lever seulement pour aller pisser le long d’un arbre et puis aussitôt qu’il fait nuit, va te faire voir ! Ça devient tout vicieux ! tout nerfs ! tout hystérique ! Des morceaux de la nuit tournés hystériques ! Voilà ce que c’est que les nègres, moi j’vous le dis ! Enfin, des dégueulasses… Des dégénérés quoi !…

VOYAGE AU BOUT DE LA NUIT – LOUIS-FERDINAND CÉLINE – 7 –

De quoi faut-il avoir le plus
peur ?



COMME ON CHANGE J ETAIS UN - letcr1

 

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Pour une lecture plus lente

COMME ON CHANGE J ETAIS UN - let1



                                                                 

Extrait du roman « Voyage au bout de la nuit  »
de Louis-Ferdinand Céline

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combien n’aurais-je pas donné à ce moment-là pour être en prison au lieu d’être ici, moi crétin ! Pour avoir, par exemple, quand c’était si facile, prévoyant, volé quelque chose, quelque part, quand il en était temps encore. On ne pense à rien ! De la prison, on en sort vivant, pas de la guerre. Tout le reste, c’est des mots.
Si seulement j’avais encore eu le temps, mais je ne l’avais plus ! Il n’y avait plus rien à voler ! Comme il ferait bon dans une petite prison pépère, que je me disais, où les balles ne passent pas ! Ne passent jamais ! J’en connaissais une toute prête, au soleil, au chaud ! Dans un rêve, celle de Saint-Germain précisément, si proche de la forêt, je la connaissais bien, je passais souvent par là, autrefois. Comme on change ! J’étais un enfant alors, elle me faisait peur la prison. C’est que je ne connaissais pas encore les hommes. Je ne croirai plus jamais à ce qu’ils disent, à ce qu’ils pensent. C’est des hommes et d’eux seulement qu’il faut avoir peur, toujours.

VOYAGE AU BOUT DE LA NUIT – LOUIS-FERDINAND CÉLINE – 6 –

Terrible phrase pour exprimer à quel point il y a avant et après l’horreur.

ON EST PUCEAU DE L HORREUR - letcr10

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ON EST PUCEAU DE L HORREUR - let1
                                                                 

Extrait du roman « Voyage au bout de la nuit  »
de Louis-Ferdinand Céline

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ON EST PUCEAU DE L HORREUR - s

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Nous étions jolis ! Décidément, je le concevais, je m’étais embarqué dans une croisade apocalyptique.
On est puceau de l’Horreur comme on l’est de la volupté. Comment aurais-je pu me douter moi de cette horreur en quittant la place Clichy ? Qui aurait pu prévoir avant d’entrer vraiment dans la guerre, tout ce que contenait la sale âme héroïque et fainéante des hommes ?
À présent, j’étais pris dans cette fuite en masse, vers le meurtre en commun, vers le feu… Ça venait des profondeurs et c’était arrivé.

VOYAGE AU BOUT DE LA NUIT – LOUIS-FERDINAND CÉLINE – 5 –

Certains appelleraient cela de la lâcheté … lui ne voit pas les choses comme cela.



IL NE FAUT JAMAIS SE - letc1
                                                                 

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IL NE FAUT JAMAIS SE - let1

Extrait du roman « Voyage au bout de la nuit  »
de Louis-Ferdinand Céline

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Toute possibilité de lâcheté devient une magnifique espérance à qui s’y connaît. C’est mon avis. Il ne faut jamais se montrer difficile sur le moyen de se sauver de l’étripade, ni perdre son temps non plus à rechercher les raisons d’une persécution dont on est l’objet. Y échapper suffit au sage.

VOYAGE AU BOUT DE LA NUIT – LOUIS-FERDINAND CÉLINE – 4 –



QUAND LA HAINE - letc1
                                                                 

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Extrait du roman « Voyage au bout de la nuit  »
de Louis-Ferdinand Céline

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Le Commandant du navire, gros malin trafiqueur et verruqueux, qui me serrait volontiers la main dans les débuts de la traversée, chaque fois qu’on se rencontrait à présent, ne semblait même plus me reconnaître, ainsi qu’on évite un homme recherché pour une sale affaire, coupable déjà… De quoi ? Quand la haine des hommes ne comporte aucun risque, leur bêtise est vite convaincue, les motifs viennent tout seuls.

VOYAGE AU BOUT DE LA NUIT – LOUIS-FERDINAND CÉLINE – 3 –


MOI D ABORD - letc1
                                                                    … avec ses bourbiers qui n’en finissent pas, ses maisons où les gens n’y sont jamais et ses chemins qui ne vont nulle part… »

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MOI D ABORD - let1

Extrait du roman « Voyage au bout de la nuit  »
de Louis-Ferdinand Céline

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Moi d’abord la campagne, faut que je le dise tout de suite, j’ai jamais pu la sentir, je l’ai toujours trouvée triste, avec ses bourbiers qui n’en finissent pas, ses maisons où les gens n’y sont jamais et ses chemins qui ne vont nulle part. Mais quand on y ajoute la guerre en plus, c’est à pas y tenir.

VOYAGE AU BOUT DE LA NUIT – LOUIS-FERDINAND CÉLINE – 2 –


JAMAIS JE NE M ETAIS - letc1
                                                                    … Une immense, universelle moquerie..… »

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Extrait du roman « Voyage au bout de la nuit  »
de Louis-Ferdinand Céline

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Jamais je ne m’étais senti aussi inutile parmi toutes ces balles et les lumières de ce soleil. Une immense, universelle moquerie.

VOYAGE AU BOUT DE LA NUIT – LOUIS-FERDINAND CÉLINE – 1 –

« J’avais parlé leur langue. C’était alors une masse de petits crétins gueulards avec des yeux pâles et furtifs comme ceux des loups ; on allait toucher ensemble les filles après l’école dans les bois d’alentour, où on tirait aussi à l’arbalète et au pistolet qu’on achetait même quatre marks. On buvait de la bière sucrée. Mais de là à nous tirer maintenant dans le coffret, sans même venir nous parler d’abord et en plein milieu de la route, il y avait de la marge et même un abîme. Trop de différence…

 LA GUERRE EN SOMME C ETAIT TOUT CE QU ON NE COMPRENAIT PAS CA NE POUVAIT PAS CONTINUER-let                                                                                       … Il s’était donc passé dans ces gens-là quelque chose d’extraordinaire ? Que je ne ressentais, moi, pas du tout. J’avais pas dû m’en apercevoir.
Mes sentiments toujours n’avaient pas changé à leur égard. J’avais comme envie malgré tout d’essayer de comprendre leur brutalité, mais plus encore j’avais envie de m’en aller, énormément, absolument, tellement tout cela m’apparaissait soudain comme l’effet d’une formidable erreur.…
 »

Extrait du roman « Voyage au bout de la nuit  »
de Louis-Ferdinand Céline

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Lui, notre colonel, savait peut-être pourquoi ces deux gens-là tiraient, les Allemands aussi peut-être qu’ils savaient, mais moi, vraiment, je savais pas. Aussi loin que je cherchais dans ma mémoire, je ne leur avais rien fait aux Allemands. J’avais toujours été bien aimable et bien poli avec eux. Je les connaissais un peu les Allemands, j’avais même été à l’école chez eux, étant petit, aux environs de Hanovre. J’avais parlé leur langue. C’était alors une masse de petits crétins gueulards avec des yeux pâles et furtifs comme ceux des loups ; on allait toucher ensemble les filles après l’école dans les bois d’alentour, où on tirait aussi à l’arbalète et au pistolet qu’on achetait même quatre marks. On buvait de la bière sucrée. Mais de là à nous tirer maintenant dans le coffret, sans même venir nous parler d’abord et en plein milieu de la route, il y avait de la marge et même un abîme. Trop de différence.
La guerre en somme c’était tout ce qu’on ne comprenait pas. Ça ne pouvait pas continuer.
Il s’était donc passé dans ces gens-là quelque chose d’extraordinaire ? Que je ne ressentais, moi, pas du tout. J’avais pas dû m’en apercevoir…
Mes sentiments toujours n’avaient pas changé à leur égard. J’avais comme envie malgré tout d’essayer de comprendre leur brutalité, mais plus encore j’avais envie de m’en aller, énormément, absolument, tellement tout cela m’apparaissait soudain comme l’effet d’une formidable erreur.
« Dans une histoire pareille, il n’y a rien à faire, il n’y a qu’à foutre le camp », que je me disais, après tout…