« Je n’ai jamais interdit à un élève
de regarder par la fenêtre.«
…
disait André Dhôtel à propos de
cette ultime forme de l’école buissonnière
qui est encore possible (?) de nos jours.
C’est ce que le Livre permet depuis toujours
fenêtre ouverte sur
ce qui buissonne à deux pas de nous.
Neuvième page,
Solitaire, sans l’avoir voulu
Gaspard à l’écoute du village
fait de certains mots
qui résonnent particulièrement en lui
ses compagnons de rêverie.
« Le silence de Lominval était si profond qu’une simple parole par exemple pouvait prendre une valeur inattendue et avoir d’exceptionnelles conséquences.
… Une parole, ou plutôt des mots, certains mots que l’on n’avait coutume d’entendre ici et qui, pourtant, étaient prononcés de temps à autre, il faut bien le croire. Le mot canal, le mot beffroi, et le mot mer, par exemple. La boulangère avait un cousin en Belgique. Le frère du bedeau était douanier dans un port. Gaspard s’intéressait aux mots pour eux-mêmes. .…
(emprunts à Dominique Hasselmann de son voyage aux Pays Bas)
…
Il s’imaginait les canaux qu’il n’avait jamais vus, des villes avec leurs tours, et la mer immense. »
Ajout du 8 juin :
Coïncidence, cette page préparée hier, entre en résonance avec l’émission d’Alain Finkielkraut (que je découvre ce jour en podcast à l’heure de mon petit déjeuner tardif.)
« La langue n’est pas seulement un outil de communication. Nous avons tous en effet des mots préférés , des mots chéris, des mots rêvés, des mots qui nous parlent, nous transportent, nous enchantent, des mots mélodieux, des mots clés, des mots thèmes.
Belinda Cannone et Christian Doumet ont eu la bonne idée de demander à 44 auteurs de présenter leur mot parfait. »
Bien sur, ici le traitement est celui de notre époque de compétition, d’échelle de mesure, de champion.
C’est ainsi que fonctionne actuellement l’adulte … à la recherche de l’exceptionnel, du meilleur,
et ici
du mot parfait
Lorsqu’ici chacun cite son champion
Gaspard, pour son lecteur, donne ce qui suscite en lui un éveil particulier à l’enfance – loin du choix – ce qui vient à lui.
La suite du passage marque d’ailleurs l’absence de toute volonté de possession.
« Il ne formait nullement le désir de quitter Lominval pour aller visiter des lieux que hantaient familièrement le cousin de la boulangère et le frère du bedeau. »