COLLINE – JEAN GIONO – 14

 

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[Qui penserait qu’il est ici question
d’un crapaud ?]

SES YEUX SONT PAREILS A DES GRAINS - letc1-exp


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SES YEUX SONT PAREILS A DES GRAINS - letc1-sr

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Extrait du roman « Colline »
de Jean Giono

parcours de lecture

SES YEUX SONT PAREILS A DES GRAINS - sr

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En clair (sur babelio)

*

SES YEUX SONT PAREILS A DES GRAINS - txt0r

Un extrait plus long

SES YEUX SONT PAREILS A DES GRAINS - txt1r

  (Janet est à l’agonie
autour de lui
pour conjurer le sort
des histoires étranges
naissent sur les lèvres.
Ici il est question d’un crapaud)

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« Le crapaud qui a fait sa maison dans le saule est sorti.
« Il a des mains d’homme et des yeux d’homme.
« C’est un homme qui a été puni.
« Il a fait sa maison dans le saule avec des feuilles et de la boue.
« Son ventre est plein de chenilles et c’est un homme.
« Il mange des chenilles, mais c’est un homme, n’y a qu’à regarder ses mains.
« Il les passe sur son ventre, ses petites mains, pour se tâter : C’est bien moi, c’est bien moi, qu’il se demande dans sa jugeote, et il pleure, quand il est bien sûr que c’est lui.
« Je l’ai vu pleurer. Ses yeux sont pareils à des grains de maïs et, à mesure que ses larmes coulent, il fait de la musique avec sa bouche.
« Un jour, je me suis dit : “Janet, qui sait ce qu’il a fait comme ça, pour avoir été puni, et qu’on lui ait laissé seulement ses mains et ses yeux ?”
« C’est des choses que le saule m’aurait dites si j’avais su parler comme lui. J’ai essayé. Rien à faire. Il est sourd comme un pot.
« Nous deux, avec le crapaud, ça est bien allé jusqu’à la Saint-Michel ; il venait au bord des herbes pour me regarder.
« Je lui disais : “Oh collègue. Et alors, quoi de neuf ?” Quand j’arrosais, il me suivait.
« Une fois, c’était la nuit, je l’ai entendu venir ; il se traînait dans la boue et il faisait clou, clou, avec sa bouche pour faire venir les vers.
« Ils sont venus en dansant du ventre et du dos. N’y avait un gros comme un boudin blanc tout pomponné de poils ; un autre qui semblait un mal de doigt.
« Le crapaud a mis ses pattes sur mes pieds.
« Ses petites mains froides sur mes pieds, j’aime pas ça. Il en avait pris l’habitude, le gaillard. Chaque fois que j’arrivais, j’avais beau me méfier, y posait toujours sa petite patte froide sur mes pieds nus.
« À la fin, j’en ai eu assez. Je l’ai eu juste au sortir de sa maison.
« Il cloucloutait doucement. Il tenait un ver noir et il le mangeait. Il avait du sang sur les dents ; du sang plein sa bouche et ses yeux de maïs pleuraient.
« Je me dis : “Janet, c’est pas de la nourriture de chrétien, ça, tu feras bonne œuvre…”
« Et je l’ai partagé d’un coup de bêche.
« Il fouillait la terre avec ses mains ; il mordait la terre avec ses dents rouges de sang. Il est resté là avec sa bouche pleine de terre et des larmes dans ses yeux de maïs… »

COLLINE – JEAN GIONO – 15

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[D’un jour à l’autre en ces collines
le temps change
et la rumeur aussi.]

L EAU ELLE MEME NE CHANTE PAS - letcr1-exp


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L EAU ELLE MEME NE CHANTE PAS - letc1-sr

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Extrait du roman « Colline »
de Jean Giono

parcours de lecture

L EAU ELLE MEME NE CHANTE PAS - sr

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L EAU ELLE MEME NE CHANTE PAS - txt0r

Un extrait plus long

L EAU ELLE MEME NE CHANTE PAS - txt1r

  (Janet est à l’agonie
autour de lui
pour conjurer le sort
des histoires étranges
naissent sur les lèvres.
Ici il est question d’un crapaud)

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Hier encore, le ciel était l’arène du bruit ; des chars, des cavales aux sabots de fer y passaient dans un grondement de galop et des hennissements de colère.
Aujourd’hui, le silence. Le vent a dépassé la borne et court de l’autre côté de la terre.
Pas d’oiseaux.
Silence.
L’eau, elle-même, ne chante pas ; en écoutant bien, on entend quand même son pas furtif : elle glisse doucement, du pré à la venelle sur la pointe de ses petits pieds blancs.

COLLINE – JEAN GIONO – 13

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LE CRAPAUD QUI A FAIT - letc1



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LE CRAPAUD QUI A FAIT - let1

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Extrait du roman « Colline »
de Jean Giono

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LE CRAPAUD QUI A FAIT - s

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LE CRAPAUD QUI A FAIT - txt1

  (Janet est à l’agonie
autour de lui
pour conjurer le sort
des histoires étranges
naissent sur les lèvres)

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« Le crapaud qui a fait sa maison dans le saule est sorti.
« Il a des mains d’homme et des yeux d’homme.
« C’est un homme qui a été puni.
« Il a fait sa maison dans le saule avec des feuilles et de la boue.
« Son ventre est plein de chenilles et c’est un homme.
« Il mange des chenilles, mais c’est un homme, n’y a qu’à regarder ses mains.
« Il les passe sur son ventre, ses petites mains, pour se tâter : C’est bien moi, c’est bien moi, qu’il se demande dans sa jugeote, et il pleure, quand il est bien sûr que c’est lui.
« Je l’ai vu pleurer. Ses yeux sont pareils à des grains de maïs et, à mesure que ses larmes coulent, il fait de la musique avec sa bouche.
« Un jour, je me suis dit : “Janet, qui sait ce qu’il a fait comme ça, pour avoir été puni, et qu’on lui ait laissé seulement ses mains et ses yeux ?”
« C’est des choses que le saule m’aurait dites si j’avais su parler comme lui. J’ai essayé. Rien à faire. Il est sourd comme un pot.
« Nous deux, avec le crapaud, ça est bien allé jusqu’à la Saint-Michel ; il venait au bord des herbes pour me regarder.
« Je lui disais : “Oh collègue. Et alors, quoi de neuf ?” Quand j’arrosais, il me suivait.
« Une fois, c’était la nuit, je l’ai entendu venir ; il se traînait dans la boue et il faisait clou, clou, avec sa bouche pour faire venir les vers.
« Ils sont venus en dansant du ventre et du dos. N’y avait un gros comme un boudin blanc tout pomponné de poils ; un autre qui semblait un mal de doigt.
« Le crapaud a mis ses pattes sur mes pieds.
« Ses petites mains froides sur mes pieds, j’aime pas ça. Il en avait pris l’habitude, le gaillard. Chaque fois que j’arrivais, j’avais beau me méfier, y posait toujours sa petite patte froide sur mes pieds nus.
« À la fin, j’en ai eu assez. Je l’ai eu juste au sortir de sa maison.
« Il cloucloutait doucement. Il tenait un ver noir et il le mangeait. Il avait du sang sur les dents ; du sang plein sa bouche et ses yeux de maïs pleuraient.
« Je me dis : “Janet, c’est pas de la nourriture de chrétien, ça, tu feras bonne œuvre…”
« Et je l’ai partagé d’un coup de bêche.
« Il fouillait la terre avec ses mains ; il mordait la terre avec ses dents rouges de sang. Il est resté là avec sa bouche pleine de terre et des larmes dans ses yeux de maïs… »

COLLINE – JEAN GIONO – 12

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LE CIEL EST COMME - letc1

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LE CIEL EST COMME - let1

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Extrait du roman « Colline »
de Jean Giono

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LE CIEL EST COMME - s

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LE CIEL EST COMME - txt0

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LE CIEL EST COMME - txt1

  (Janet est à l’agonie
mais jamais il n’aura été
aussi présent
sur SA colline)

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Deux jours et deux nuits le vent a soufflé. Il était chargé de nuages ; maintenant il pleut. L’orage qui bouchait les défilés du fleuve s’est levé. Comme un taureau fouetté d’herbes, il s’est arraché à la boue des plaines ; son dos musculeux s’est gonflé ; puis il a sauté les collines, et il s’est mis en marche dans le ciel.
Il pleut. Une petite pluie rageuse, irritée puis apaisée sans motif, lardée des flèches du soleil, battue par la rude main du vent, mais têtue. Et ses pieds chauds ont écrasé l’avoine. Le peuple des hirondelles et des merles bruit dans les arbres.
Le ciel est comme un marais où l’eau claire luit par places entre les flaques de vase.

COLLINE – JEAN GIONO – 11

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JANET EST ETENDU -letc1
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JANET EST ETENDU -letc0

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Extrait du roman « Colline »
de Jean Giono

parcours de lecture

JANET EST ETENDU -s

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JANET EST ETENDU -txt1

Un extrait plus long

JANET EST ETENDU -txt2

 (Janet est à l’agonie
mais il n’aura jamais été
aussi présent
sur SA colline)

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Janet est étendu sous ses draps, raide et droit. Son corps étroit bossue la couverture grise comme une levée de sillon. Vers la poitrine son halètement d’oiseau palpite. On dirait une graine qui veut percer et plonger ses feuilles dans le soleil. C’est l’image que Gondran imagine en mangeant son oignon.

COLLINE – JEAN GIONO – 10




LES BOIS DANSENT-letc1

Extrait du roman « Colline »
de Jean Giono

parcours de lecture

LES BOIS DANSENT-s

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LES BOIS DANSENT-txt1

Un extrait plus long

LES BOIS DANSENT-txt2

 (Les éléments vont se faire complice
de tout ce que le vieux Janet
retient en lui de détestation et regrets mêlés.)

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C’est un soir malade. Le vent s’est élevé du Rhône. Un orage doit boucher le défilé de Mondragon.
Tout le jour, le fleuve du vent s’est rué dans les cuvettes de la Drôme. Monté jusqu’aux châtaigneraies, il a fait les cent coups du diable dans les grandes branches ; il s’est enflé peu à peu, jusqu’a déborder les montagnes et, sitôt le bord sauté, pomponné de pelotes de feuilles, il a dévalé sur nous.
Maintenant il siffle autour des Bastides dans les flûtes de pierre que les torrents ont creusées.
Les bois dansent. Des lambeaux d’orage passent ; une courte foudre gronde et luit. L’air sent le soufre, le gravier et la glace. Une lumière d’eau teint la vitre où le lierre désemparé cogne de son lourd bras de feuille.

COLLINE – JEAN GIONO – 09

     

LA NUIT EMPLIT DEJA - let

Extrait du roman « Colline »
de Jean Giono

parcours de lecture

LA NUIT EMPLIT DEJA - s

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En clair (sur babelio)

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LA NUIT EMPLIT DEJA - txt

 (Et le vieux Janet se replie sur sa « mauvaiseté »
pour disputer encore un peu à la mort)

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La nuit emplit déjà la vallée ; elle effleure la hanche de la colline. Les olivaies chantent sous l’ombre.

COLLINE – JEAN GIONO – 08

              « Nous l’avons couché. Depuis, …

IL MANGE IL BOIT IL CHIQUE IL PARLE IL REMUE LES DOIGTS ET LA MOITIE DES BRAS LE RESTE C EST DE LA SOUCHE MORTE-let

Extrait du roman « Colline»
de Jean Giono

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IL MANGE IL BOIT IL CHIQUE IL PARLE IL REMUE LES DOIGTS ET LA MOITIE DES BRAS LE RESTE C EST DE LA SOUCHE MORTE-s

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« J’ai crié : Janet. Oh Janet. Rien. Il ne répondait pas. Sur le coup je ne me suis guère inquiété ; je le connais : il se couche dans l’herbe et tant que l’eau ne lui chatouille pas la tête il ne se réveille pas. C’est sa manière à lui. Je lui ai dit cent fois : Un beau jour vous vous noierez. Ça lui fait autant…
« Donc, il ne répond pas. Je me pensais : “Quand même : c’est étonnant que l’eau ne soit pas encore là-bas.” Seulement avec ces putains de trous de taupes, on ne sait jamais. Et je débouche le gros canal à coups de bêche.
« L’eau coulait à plein. L’herbe chantait, comme du vent. Au bout d’un moment, je crie encore. Rien. Ça, c’était plutôt drôlet. Je descends en faisant le tour. Je n’avais pas de fanal. À vous dire vrai, j’avais peur : Ça, si tu le trouvais mort. À son âge.
« Il était tout de son long étendu et raide. L’eau arrivait à un doigt de sa bouche. Pour le sortir de là, ça n’est pas allé tout seul. Je me suis enfoncé dans la terre mouillée jusqu’aux genoux.
« Nous l’avons couché. Depuis, il mange, il boit, il chique, il parle, il remue les doigts et la moitié des bras ; le reste, c’est de la souche morte.

COLLINE – JEAN GIONO – 08

                          « J’ai crié : Janet. Oh Janet. Rien. Il ne répondait pas. Sur le coup je ne me suis guère inquiété …

JE LE CONNAIS IL SE COUCHE DANS L HERBE ET TANT QUE L EAU NE LUI CHATOUILLE PAS LA TETE IL NE SE REVEILLE PAS-let

                                                                              … C’est sa manière à lui. Je lui ai dit cent fois : Un beau jour vous vous noierez. Ça lui fait autant. »

Extrait du roman « Colline»
de Jean Giono

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JE LE CONNAIS IL SE COUCHE DANS L HERBE ET TANT QUE L EAU NE LUI CHATOUILLE PAS LA TETE IL NE SE REVEILLE PAS-s

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— Alors, qu’est-ce qu’il y a qui ne va pas ?
Gondran pousse son verre et tousse. Un temps. Il tousse encore. Il tire son verre, s’accoude et, enfin :
« C’est le beau-père. Ça lui a pris l’autre nuit en arrosant le pré. Je l’avais mis au bout pour m’avertir quand l’eau arriverait ; moi, je surveillais la martelière. Je sais qu’il est venu deux ou trois fois à la maison pour boire, je l’ai vu passer sous la lune, puis, d’un long moment il n’a plus bougé.
« J’ai crié : Janet. Oh Janet. Rien. Il ne répondait pas. Sur le coup je ne me suis guère inquiété ; je le connais : il se couche dans l’herbe et tant que l’eau ne lui chatouille pas la tête il ne se réveille pas. C’est sa manière à lui. Je lui ai dit cent fois : Un beau jour vous vous noierez. Ça lui fait autant…
« Donc, il ne répond pas. Je me pensais : “Quand même : c’est étonnant que l’eau ne soit pas encore là-bas.” Seulement avec ces putains de trous de taupes, on ne sait jamais. Et je débouche le gros canal à coups de bêche.
« L’eau coulait à plein. L’herbe chantait, comme du vent. Au bout d’un moment, je crie encore. Rien. Ça, c’était plutôt drôlet. Je descends en faisant le tour. Je n’avais pas de fanal. À vous dire vrai, j’avais peur : Ça, si tu le trouvais mort. À son âge.
« Il était tout de son long étendu et raide. L’eau arrivait à un doigt de sa bouche. Pour le sortir de là, ça n’est pas allé tout seul. Je me suis enfoncé dans la terre mouillée jusqu’aux genoux.
« Nous l’avons couché. Depuis, il mange, il boit, il chique, il parle, il remue les doigts et la moitié des bras ; le reste, c’est de la souche morte.
« Allez un peu le voir.
— Je suis venu pour ça. »
Il déguste son verre à petits coups, lisse la corne de son sourcil, puis il entre dans la cuisine où s’affaire, aussitôt, la voix blanche de Marguerite.

COLLINE – JEAN GIONO – 07

« Il est toujours aux Bastides, mais on ne dit plus : la maison de Janet, on dit : la maison de Gondran. C’est son gendre. Janet a accepté ça. On dit : la maison de Gondran, les champs de Gondran, le cheval, la charrette, le foin de Gondran. Gondran a pris toute sa place

IL EST LARGE HAUT ROUGE L ARAIRE EST DROIT DANS SES MAINS D UN COUP DE POING SUR LES OREILLES IL A MATE LE MULET QUI MORDAIT-let                                                                              … Au fond, Janet lui en veut un peu. Il en veut surtout à sa fille, puisque c’est par elle que l’homme qui a pris sa place est venu.
Depuis, à son sens, elle ne fait rien de bien.
 »

Extrait du roman « Colline»
de Jean Giono

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D’abord, ça a été la maison de Janet, le plus vieux des Bastides. Celui-là, il est là depuis ses trente ans. Il était monté après avoir fait toutes les fermes de la plaine ; on ne l’y voulait plus : il se battait avec tous les valets. Trois fois la semaine il fallait courir aux gendarmes et à l’esparadrap. Sa femme est morte ici ; sa fille y a grandi. Il est maintenant dans ses quatre-vingts. Droit, dur comme un tronc de laurier, ses lèvres minces fendent à peine le buis rasé de sa figure.
Dans ses petits yeux marron, le regard blanc vole comme une mite, sur le ciel, où il devine le temps, les feuillages, où il voit la maladie à l’avance, les visages, où il surprend, lui, menteur et rusé, le mensonge et la ruse. Il est toujours aux Bastides, mais on ne dit plus : la maison de Janet, on dit : la maison de Gondran. C’est son gendre. Janet a accepté ça. On dit : la maison de Gondran, les champs de Gondran, le cheval, la charrette, le foin de Gondran. Gondran a pris toute sa place. Il est large, haut, rouge ; l’araire est droit dans ses mains ; d’un coup de poing sur les oreilles il a maté le mulet qui mordait.
Au fond, Janet lui en veut un peu. Il en veut surtout à sa fille, puisque c’est par elle que l’homme qui a pris sa place est venu.
Depuis, à son sens, elle ne fait rien de bien.
— De mon temps, on savait cuire la soupe de fèves.
— Le lièvre est bon, mais tu as mis neuf fois de l’eau dans la sauce.
Il serait heureux de la voir battre.
— Si j’étais toi, dit-il à son gendre, je lui tannerais les fesses.
— Ah ben oui, répond Gondran en riant.
La grosse Marguerite trottine sur ses courtes jambes, et, faisant la moue, lève ses sourcils débonnaires :
— Aussi, père, vous n’êtes jamais content.
Aujourd’hui, Gondran sort sur la terrasse. Il tient d’une seule main une bouteille et deux verres ; son autre bras serre contre sa poitrine une dourgue pleine d’eau fraîche et qui ruisselle jusque dans son pantalon. Il arrange la table avec le pied, pose la dourgue, les verres puis, avec précaution, la bouteille.
Il est six heures du soir, l’été. On chante du côté du lavoir.