[Almanach] les éditions Qazaq – … Jean-Claude Goiri

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PARLER DE TOUT DE TOUT-let*

[publié rétroactivement pour cause d’absences … multiples]

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[Nouveau recueil de poésie
aux éditions Qazaq]

Jean-Claude Goiri
donne

« Ce qui berce ce qui bruisse« 

Lundi 24 Aout 2015

[intention
qui conte]
PARLER DE TOUT DE TOUT-letx

(à cliquer pour obtenir le parcours de lecture)


La présentation du recueil par Anna Jouy et Jan Doets
sur le site « des cosaques des frontières » :

Ce qui berce ce qui bruisse


Jean-Claude Goiri en ses internet :
http://www.jeanclaudegoiri.com/
http://www.fepemos.com/


Proposition de lecture du poème


J’avais décidé de vous parler de tout, des êtres, des choses, des placards et du vent, de tout ce qui fait que l’on fait des enfants, juste vous parler de la totalité du monde, et des monstres cachés sous les lits des enfants, de tout ce qui fait que l’on devient parent ce jour où les nôtres s’en vont tout à fait, j’avais décidé de vous parler de tout ça, du mouvement de la terre, des fleuves et des bras, des montres cachées sous le lit des parents, rien que pour vous dire qu’on en a plein la bouche de ces mots si simples que l’on dit en s’aimant de jour et de nuit rien que pour donner les pleins pouvoirs aux sens, pour se déshabiller de nos pensées réflexives, pour oublier un temps nos savoirs, nos cultures, j’avais décidé de vous parler de tout, de tout ce qui navigue entre moi et vos yeux, juste pour vous dire que quand nos langues s’emmêlent il n’y a plus rien qui ne compte à mes yeux.

[Almanach] naissance des éditions Qazaq – … Claude Meunier

JE VOYAGEA DEBOUT JE-let

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[publié rétroactivement pour cause d’absences … multiples]

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[Nouveau recueil de poésie
aux éditions Qazaq]

Claude Meunier
donne
« Promenoèmes« 

Lundi 24 Aout 2015

[transport…d’aisance]
JE VOYAGEA DEBOUT JE-lex1

(à cliquer pour obtenir le parcours de lecture)


La présentation du recueil par Jan Doets sur le site « des cosaques des frontières » :

Claude Meunier et la météo sentimentale – Éditions QazaQ, la rentrée 2015


Claude Meunier en ses « éditions du balai« 


Proposition de lecture du poème


je voyagea

moi aussi je voyagea
je connûmes les escalators
les ascensors
les pyramides les grand-voiles les parapets
(ainsi la Chine où il fait
bon arriver à poil, à ce qu’il parait)
les malles les départs les tramwets
les voluptés les arrachements les gares
je voyagea
debout
je voyagea
assis
chargé bagagé harnaché
d’élégantes roulettes à valises
je voyagea
à l’aise je voyagea
facile.
C’est à la portée de n’importe quel bada.

[Almanach] naissance des éditions Qazaq – … Zakane

[Nouveau recueil de poésie
aux éditions Qazaq]

Zakane
donne
« L’heure heureuse« 

Samedi 18 Juillet 2015

[L’oeil peut tout.]
J AI BESOIN DE VOS CHAIRS-letcr1-exp

(à cliquer pour obtenir le parcours de lecture)

Le texte


La présentation du recueil par Jan Doets sur le site « des cosaques des frontières »
L’heure heureuse : l’auteur Zakane a rejoint Éditions QazaQ – et des autres bonnes nouvelles


Les mots de Zakane


Proposition de lecture


je fume
mon café fume
et je vous regarde

il y a de la beauté en vous
sous la couche des peurs

je connais vos désirs
je suis passé
moi aussi
par cette transe
cette envie folle
de vous voir nu(e)s

vous voir
même sous votre peau
voir vos ruisseaux et vos torrents
votre fleuve de sang

j’ai décelé parfois
l’émoi et le sourire
le partage fugace
de cet écrin ouvert

l’espace d’un coup d’ailes

mais votre ombre
toujours

ce fantôme
qui porte un nom
un avatar
et qui jette des mots
des orthographes qui semblent réunir
mais qui n’y parviennent pas

ce fantôme
qui colle des photos
des images troublantes
oubliées
aussitôt qu’elles sont vues

j’ai connu cette vitesse lente
attente fébrile
de l’acquiescement

le compte n’y est pas
j’ai besoin de vos chairs
j’ai besoin
dans ma main
de soupeser la terre
détresser les cheveux
et puis manger les fleurs

je retourne au soleil
au silence du vent
et aux chants des oiseaux

[Almanach] … Daniel Bourrion

[D’abord
évoquer la langue d’avant]

Samedi 14 Juillet 2012
aux éditions Publie.net
Daniel Bourrion
donnait :
Légendes

 SUR DE TRÈS VIEILLES BANDES-letcr1-exp

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L’extrait complet

 


Proposition de lecture :


Ma langue d’avant, je ne la sais même plus, qui est tombée dans la grande fosse du temps où tombent aussi les hommes et puis les femmes et puis toutes les heures et puis même chacun des mots que nous lâchons comme nous semons. Il ne m’en reste que quelques traces, des sortes de cailloux qui viennent dans ma bouche et changent si je n’y prends garde les sons que je mâchouille, en font des choses qui ne se disent pas, pas comme cela, et pas ici.
Je ne la sais donc plus mais je sais par contre que quelque part, sur de très vieilles bandes magnétiques, on m’entend un peu parler cette langue d’avant et là je suis encore enfant, et c’est tout juste avant que ma langue ne parte, ne fonde, sorte de sorbet dont on finit par n’avoir plus que la mémoire, et encore. Je sais cela, ces enregistrements, ces témoignages, mais je n’y vais pas voir, pas écouter. Cela ne ferait rien revenir.


[Almanach] … Pascal Gibourg

[L’errance de l’aliéné]

Dimanche 13 Juillet 2008
aux éditions Publie.net
Pascal Gibourg
donnait :
Facultés de Michaux

 CELUI QUI EST PASSÉ-letcr1-exp

        (à cliquer pour obtenir le parcours de lecture)


L’extrait complet


Avec la drogue, et suite à une erreur de dosage, il fera lui-même l’expérience de la démence. Une expérience épouvantable qu’il relate dans Misérable miracle, titre qui en dépit de sa musicalité résonne comme une condamnation de ces pratiques auxquelles il s’adonne et qu’il poursuivra cependant. Quand il reviendra sur cet épisode traumatisant dans Connaissance par les gouffres, il dira que celui qui est passé « météoriquement » par là est comme né une seconde fois. L’empathie avec laquelle il commentera certains dessins d’aliénés viendrait en partie de là. Il veut mettre son écriture au service d’un monde condamné au silence ou aux hurlements. Raconter la folie est une tâche titanesque. Michaux n’a sans doute fait qu’aborder l’île, je doute qu’il l’ait traversée de part en part. Il retient cependant quelque chose d’essentiel, d’autant plus important que parlant à tous, plus ou moins directement. Selon lui, ce qui caractérise l’aliénation, c’est l’étrangeté. L’étrangeté du corps de l’aliéné. Son corps ne lui appartient plus. Cette fameuse cénesthésie, sensation interne, globale, qui donne le sentiment d’être soi, d’habiter son corps comme sa maison, dans ces cas là devient malaise, expulsion de soi par soi ou par un autre. Sans son corps qu’il perçoit comme un autre, un double, ou, plus terrible encore, qu’il a la conviction qu’on lui a dérobé, l’aliéné est perdu. Plus de jouissance, un mot clé qui revient souvent sous la plume de Michaux quand il s’agit de décrire les états du corps et du psychisme.

 

L’ÉVIDENCE ABSURDE – RENÉ DAUMAL – Mise au point ou « Le Casse Dogme »

[Le Grand Jeu n’est pas un courant littéraire.

Ici, presque une
mise au … poing.]


Le 12 Juillet 1929 ,
(à moins d’une erreur de ma part)

dans son recueil d’essais
« L’Evidence absurde 1926-1934 – Essais et notes 1 »
René Daumal

écrivait
<<Mise au point ou « Le Casse Dogme« >>
rédigé avec Roger-Gilbert Lecomte


[notes personnelles en rapport avec ce texte
que de nos jours René Daumal n’aurait certainement pas écrit
mais crié sur les places ou murmuré dans les hall de gare ou à l’entrée des stades

Le réel n’est pas où on … le pense en concept, en dogme, en principes
il n’est pas où ON le … conçoit
ces lieux où ON le … trahit
et qu’on se doit
non pas de dénoncer (encore des mots …)
mais d’aider à aller au bout de leur destin
(éventuellement en en accélérant le cours)
celui de toute chose morte
l’érosion naturelle … jusqu’au sable.]

 CE QUI JAILLIRA DE CE BEAU MASSACRE-letcr1-exp

 Cliquer pour accéder au parcours de lecture

 

 

 

 

Lecture audio du texte en son entier


Le texte (au format pdf) L’évidence absurde – Mise au point ou casse-dogme- René Daumal Roger-Gilbert Lecomte–


Merci de signaler une erreur 


Mise au point ou casse-dogme

Si le Grand jeu a voulu qu’en le regardant les hommes se trouvassent enfin en face d’eux-mêmes

CE FUT POUR FAIRE LEUR DESESPOIR.

Et aussitôt ceux qu’on retrouve toujours en pareille circonstance de fonder des espoirs (d’ordre  » littéraire « , n’est-ce pas ?) sur le Grand Jeu. Cela s’appelle peut-être rendre le bien pour le mal. Ce serait du vaudeville, si ce n’était dégoutant.
Au moins la majorité est-elle d’accord, avec la plus entière mauvaise foi, pour faire semblant de croire qu’il s’agit en somme de distractions intellectuelles.
Mais oui, faces de coton, nous inventerons pour vous distraire des sophismes qui rendent boiteux, des cercles vicieux d’où l’on sort sans tête, des petites constructions de l’esprit — si ahurissantes ! — monstres de feutre branlant sur leurs pieds de cervelle, et même des oiseaux dont la queue en forme de lyre… (voir plus loin ce que nous pensons de l’Art).
Rira jaune qui rira le dernier.
Pour nous ôter le souci d’avoir encore, à l’avenir, à rectifier par des paroles de tels malentendus, une fois pour toutes nous précisons :
Que nous n’espérons rien;
Que nous n’avons aucune  » aspiration  » mais plutôt des expirations;
Que, techniciens du désespoir, nous pratiquons la déception systématique, dont les procédés connus de nous sont assez nombreux pour être souvent inattendus;
Que notre but ne s’appelle pas l’Idéal, mais qu’il ne s’appelle pas;
Qu’il ne faut pas faire passer notre frénésie pour de l’enthousiasme. (Non, Madame, ce n’est pas beau, la jeunesse.)
Que si, comme on l’a finement remarqué, nous sommes dogmatiques, notre seul dogme est

LE CASSE-DOGME.

Notez-donc : DÉFINITION : << … Le Grand Jeu est entièrement et systématiquement destructeur… >>
Maintenant nous faisons rapidement remarquer que le sens commun se fait du verbe détruire un obscur concept dont la seule exposition démontre le caractère absurde (fabriquer du néant en pilonnant quelque chose). Destruction, bien sûr, ne peut être qu’un aspect de transformation, dont un autre aspect est création. (Parallèlement, il faut enlever au mot créer son absurde schéma : fabriquer quelque chose avec du néant.) Bon. Il fallait bien en finir avec ces enfantillages.

Nous sommes résolus à tout, prêts à tout engager de nous-mêmes pour, selon les occasions, saccager, détériorer, déprécier ou faire sauter tout l’édifice social, fracasser toute gangue morale, pour ruiner toute confiancce en soi, et pour abattre ce colosse à tête de crétin qui représente la science occidentale accumulée par trente siècles d’expériences dans le vide : sans doute parce que cette pensée discursive et antimythique voue ses fruits à la pourriture en persistant à vouloir vivre pour elle-mêm et par elle-même alors qu’elle tire la langue entre quelques dogmes étrangleurs.
Ce qui jaillira de ce beau massacre pourrait bien être plus réel et tangible qu’on ne croit, une statue du vide qui se met en marche, bloc de lumière pleine. Une lumière inconnue trouera les fronts, un oeil mortel, une lumière unique, celle qui signifie: « non! »; s’il est vrai que nier absolument le particulier, c’est affirmer l’universel, ces deux points de vue sur le même acte étant aussi vrais l’un que l’autre, puisqu’ils sont pris sur la même réalité 1.
Cette réalité, qui n’est rien de formel, est essence en acte: conscience qui affirme et nie. L’essence universelle de la pensée est donc la négation ne peut être une. Et par elle seule les formes apparaissent; elles ne sont rejetées à l’existence distincte que par cet acte unique de la conscience qui les nie être elle-même. (Voilà – changeons un peu – pour que l’on puisse fonder des espoirs sur notre philosophie.)
Si les dogmes sont des formes de la pensée, la pensée universelle, qui est la vérité de tous les dogmes, est une négation de tous les dogmes. Et nécessairement notre pensée, qui veut être la pensée, doit remplir une fonction de casse-dogmes.
Cette fonction présente deux aspects:
1. Elle est destructrice dans le domaine des formes: aucun dogme ne peut échapper à sa critique. Et cette menace n’est pas vaine, car nous sommes entourés d’hommes qui veulent saisir la vérité dans une forme en ne tenant que la forme. Un tel homme, en nous approchant, risque sa vie. Nous avons tout lieu en effet de supposer que le dogme qu’il affirme est lié aux formes des fonctions vitales. (Elles sont communes à tous les hommes; par une erreur fréquente, on les croit universelles alors qu’elles sont seulement générales; il y a donc beaucoup de chances pour que le dogme soit fondé sur des fondements vitaux qui, plus que toute autre chose, peuvent être les fantômes de l’universel.) Notre fonction de casse-dogme s’attaquera par conséquent aux formes et à l’organisation de la vie humaine, lorsqu’il nous faudra faire apparaître le caractère relatif des formes de pensée qui sont leurs simples reflets.
2. Le second aspect du Casse-Dogme n’est plus Dogme mais Casse et ne regarde que

SOI-MÊME.

Roger Gilbert-Lecomte, René Daumal.

 

1. Comme il nous est arrivé de désigner par le mot Dieu la réalité absolue et que nous ne voulons pas nous priver d’un mot sous prétexte qu’on en a fait les plus tristes usages, que ceci soit bien entendu: Dieu est cet état limite de toute conscience, qui est La Conscience se saisissant elle-même sans le secours d’une individualité, ou, si l’on veut, sans s’offrir aucun objet particulier.

 

[Almanach] … François Rabelais

[Pour ce livre, en 1552, il utilisa son (vrai) nom.]

Samedi 11 Juillet 2009
aux éditions Publie.net
donnait une version numérique de
Le Tiers Livre
de
François Rabelais

[un langage bien vert
qui a près de 500 ans

mais se lit encore (?)]

 CHASCUN EXERCEOIT SON PENARD-letcr1-exp

        (à cliquer pour obtenir le parcours de lecture)


L’extrait


Quand Philippe roy de Macedonie entreprint assieger & ruiner Corinthe, les Corinthiens par leurs espions advertiz, que contre eulx il venoit en grand arroy & exercice numereux, tous feurent non à tort espoventez, & ne feurent negligens soy soigneusement mettre chascun en office & debvoir, pour à son hostile venue, resister, & leur ville defendre. Les uns des champes es forteresses retiroient meubles, bestail, grains, vins, fruictz, victuailles, & munitions necessaires. Les autres remparoient murailles, dressoient bastions, esquarroient ravelins, cavoient fossez, escuroient contremines, gabionnoient defenses, ordonnoient plates formes, vuidoient chasmates, rembarroient faulses brayes, erigeoient cavalliers, ressapoient contrescarpes, enduisoient courtines, taluoient parapetes, enclavoient barbacanes, asseroient machicoulis, renovoient herses Sarrazinesques, & Cataractes, assoyoient sentinelles, forissoient patrouilles. Chascun estoit au guet, chascun portoit la hotte. Les uns polissoient corseletz, vernissoient alecretz, nettoyoient bardes, chanfrains, aubergeons, briguandines, salades, bavieres, cappelines, guisarmes, armetz, mourions, mailles, iazerans, brassalz, tassettes, gouffetz, guorgeriz, hoguines, plastrons, lamines, aubers, pavoys, boucliers, caliges, greues, foleretz, esprons. Les autres apprestoient arcs, fondes, arbalestes, glands, catapultes, phalarices, micraines, potz, cercles, & lances à feu : balistes, scorpions, & autres machines bellicques repugnatoires & destructives des Helepolides. Esguisoient vouges, picques, rancons, halebardes, hanicroches, volains, lancers, azes guayes, fourches fières, parthisanes, massues, hasches, dards, dardelles, iavelines, iavelotz, espieux. Affiloient cimeterres, brands d’assier, badelaires, passuz, espées, verduns, estocz, pistoletz, viroletz, dagues, mandousianes, poignars, cousteaulx, allumelles, raillons. Chascun exerceoit son penard : chascun desrouilloit son braquemard. Femme n’estoit, tant preude ou vieille feust, qui ne feist fourbir son harnoys : comme vous sçavez que les antiques Corinthiennes estoient au combat couraigeuses.

 

[Almanach] naissance des éditions Qazaq – … Anna Jouy

[Après, les recueils de nouvelles, puis de Poésie
Jan Doets ouvre les éditions Qazaq
au roman.]

Anna Jouy
« Strasbourg verticale« 

Vendredi 10 Juillet 2015

[L’oeil peut tout.]
ELLE ME REPÊCHA-letcr1-exp

(à cliquer pour obtenir le parcours de lecture)

Le texte


Proposition de lecture  du poème :


 

 


Autres publications de Anna Jouy aux éditions Qazaq

Pavane pour une infante défunte

Je et autres intimités – Les dits de solitude

Anna Jouy en ses « Mots sous l’aube« 


Daphné quitterait sa place et je ne saurais rien d’elle. Elle se vaporiserait dans cette antique cabine de la STC, sans que je ne puisse rien comprendre à ce qui me troublait tant.
J’étais à ce moment–là tout à fait cupide. Je savais que je tenais peut–être un maillon important de la chaîne de ma propre vie. C’est cette idée, absurde probablement, mais c’est elle tout de même, qui me tarabustait au–delà de mon coup de foudre. La question était celle–ci: Daphné avait–elle déjà traversé une de mes vies? Quand? Où? Comment? Plus que tout, je voulais le savoir. Plus que tout, je voulais comprendre, vérifier une hypothèse que je tenais pour vraie mais sans la moindre preuve. Et Daphné, que j’avais devant moi à ce moment–là, était la première personne que je croisais de toute mon existence et qui me donnait cette sensation de reconnaissance. Impression de déjà vécu plus justement.
Les stores baissés faisaient sur elle des stries fines. On l’aurait dit casquée. Et comme la lumière ne lui parvenait que de manière indirecte, cela lui donnait une douceur fardée et pastel qui la poudrait légèrement.
C’est elle qui prit la parole.
 
– Où allez–vous?
– Je me rends à Arc–en–Ciel. C’est là que je vais prendre possession de mon nouveau logement. Et vous?
– Je viens chez vous. Enfin, si cela ne vous dérange pas trop…, dit–elle sans pour autant donner l’impression qu’elle tenait à rester convenable.
 
Je fus abasourdi. Qui ne l’aurait pas été à ma place?
 
– Chez… moi? Et comment cela se fait–il?
– Il y a un « rat dans mon frigo ». Personne n’est venu le chercher. Je ne peux vivre avec lui. Alors je suis sortie. J’ai pensé: je rencontrerai quelqu’un. Je lui demanderai son avis… A votre avis, est–ce raisonnable de partager son domicile avec un rat?
– Non… Bien sûr que non, dis–je avec difficulté.
 
Mon coup de foudre sentait soudainement le pétard mouillé. Qu’elle ait eu ce genre de culot avait suffi à me rendre méfiant.
Elle me repêcha du coin de son œil rose.

 

[Almanach] Lucien Suel …

[ « a plu à Dieu …la picardie.« ]

Mardi 9 Juillet 2013
En son SILO
Lucien Suel donnait
« Sombre Ducasse (version justifiée) 37 »

         VOUS POURREZ SUIVRE SON PROPOS-letcr1-exp                                                              

(à cliquer pour obtenir le parcours de lecture)

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Le texte sur le site de Lucien Suel


Une proposition de lecture :


Lucien Suel  aux éditions Qazaq


Sombre Ducasse (version justifiée) 37

il a plu à Dieu de rappeler à lui son
âme l’âme de m’sieu Dadd Omnes décédé
accidentellement ancien prisonnier de
guerre membre actif de la bénédiction
apostolique avec palmes de la part de
son fiston Paul Molémort le vélo rose
du marchand de savoir cesse de rouler
pour lui permettre d’écouter la brume
glisse entre les troncs des peupliers
soupe parfumée dans la basse rue mais
ce sont ici des fleurs rouges et pour
toujours gamin tu cours près des eaux
tu couvres ce corps de fleurs & meurs
ça souffre il le sait la moralité des
questions idiotes et voilà Omnes très
content de lui riait temps passé vous
pourrez suivre son propos à l’aide de
tous ces petits livres publiés un peu
partout annonçant aux pauvres cons de
lecteurs que la littérature est chose
périmée volez brisez saccagez whouhou
hououououu détruisez jardin noyé dans
les herbes insensées sur le chemin du
retour de la hauteur vers la picardie