« Perplexe, il se demandait s’il allait les accompagner,…
… Presque aussitôt un des petits qui étaient par terre s’approcha, se pendit à son bras et grimpa sur son genou pour regarder en même temps que lui ; un autre en fit autant de l’autre côté. Alors ce fut un rêve comme son rêve de jadis. Il put imaginer longuement qu’il était dans sa propre maison, marié, un beau soir, et que cet être charmant et inconnu qui jouait du piano, près de lui, c’était sa femme »
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Désœuvré, le promeneur erra un long moment sur la rive sablée comme un chemin de halage. Il examinait curieusement les grandes portes aux vitres poussiéreuses qui donnaient sur des pièces délabrées ou abandonnées, sur des débarras encombrés de brouettes, d’outils rouillés et de pots de fleurs brisés, lorsque soudain, à l’autre bout des bâtiments, il entendit des pas grincer sur le sable.
C’étaient deux femmes, l’une très vieille et courbée ; l’autre, une jeune fille, blonde, élancée, dont le charmant costume, après tous les déguisements de la veille, parut d’abord à Meaulnes extraordinaire.
Elles s’arrêtèrent un instant pour regarder le paysage, tandis que Meaulnes se disait, avec un étonnement qui lui parut plus tard bien grossier :
« Voilà sans doute ce qu’on appelle une jeune fille excentrique – peut-être une actrice qu’on a mandée pour la fête. »
Cependant, les deux femmes passaient près de lui et Meaulnes, immobile, regarda la jeune fille.
Souvent, plus tard, lorsqu’il s’endormait après avoir désespérément essayé de se rappeler le beau visage effacé, il voyait en rêve passer des rangées de jeunes femmes qui ressemblaient à celle-ci. L’une avait un chapeau comme elle et l’autre son air un peu penché ; l’autre son regard si pur ; l’autre encore sa taille fine, et l’autre avait aussi ses yeux bleus ; mais aucune de ces femmes n’était jamais la grande jeune fille.
Meaulnes eut le temps d’apercevoir, sous une lourde chevelure blonde, un visage aux traits un peu courts, mais dessinés avec une finesse presque douloureuse. Et comme déjà elle était passée devant lui, il regarda sa toilette, qui était bien la plus simple et la plus sage des toilettes…
Perplexe, il se demandait s’il allait les accompagner, lorsque la jeune fille, se tournant imperceptiblement vers lui, dit à sa compagne : « Le bateau ne va pas tarder, maintenant, je pense ?… »
Et Meaulnes les suivit. La vieille dame, cassée, tremblante, ne cessait de causer gaiement et de rire.
La jeune fille répondait doucement. Et lorsqu’elles descendirent sur l’embarcadère, elle eut ce même regard innocent et grave, qui semblait dire :
« Qui êtes-vous ? Que faites-vous ici ? Je ne vous connais pas. Et pourtant il me semble que je vous connais. »
D’autres invités étaient maintenant épars entre les arbres, attendant. Et trois bateaux de plaisance accostaient, prêts à recevoir les promeneurs. Un à un, sur le passage des dames qui paraissaient être la châtelaine et sa fille, les jeunes gens saluaient profondément, et les demoiselles s’inclinaient. Étrange matinée ! Étrange partie de plaisir ! il faisait froid malgré le soleil d’hiver, et les femmes enroulaient autour de leur cou ces boas de plumes qui étaient alors à la mode…
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