Technique et Civilisation – N°? – Lewis Mumford

[Le temps mécanique,
une invention de l’homme,
une production de l’horloge]


Nous appartenons aux premières générations
(avant nous à peine une demi-douzaine ont été atteintes
et de façon bien moins efficaces
)
conceptuellement préprogrammées*
(toutes les abstractions qui peuplent notre cerveau nous ont été enseignées)
et du fait que seuls échappent à ce conditionnement
les exclus par le haut
qui n’ont aucun intérêt à évoquer ce privilège
et
les exclus par le bas
qui ne peuvent en profiter
parce qu’ils sont assignés aux marges
nous sommes tout à fait incapables
de nous rendre compte de notre mise à l’écart du monde réel
enfermés dans la caverne des illusions qu’est devenu notre crâne.

Lewis Mumford, dans « Technique et Civilisation« , évoque, il y a plus de 80 ans, l’outil qui a permis le début de cette substitution d’un temps virtuel (mécanique) au temps réel (organique) des êtres vivants.


 

* Avec des techniques et outils devenu de plus en plus efficaces que l’on nomme techniques et outils pédagogiques, lesquels ne cessent d’améliorer leur pouvoir d’intrusion et de prise de contrôle de nos consciences et même par effet rétroactif (grâce au pari perceptif qui joue ici le rôle de filtre) de nos sens.

 


page 24
« L’horloge est une pièce de mécanique dont les minutes et les secondes sont le produit. Elle a dissocié le temps des événements humains et contribué à la croyance en un monde indépendant, aux séquences mathématiquement mesurables, le monde spécial de la science** 

L EXPÉRIENCE COURANTE FOURNIT-lex1

(pour le parcours de lecture, cliquer sur l’image)

___

** Le seul qui est réellement enseigné (y compris dans des disciplines comme les « lettres », la musique, les arts plastiques … )

Nous serions effaré de constater, aidé par un humain*** non immergé dans notre univers numérisé (ou « discrétisé »), à quel point notre pensée est tronçonnée pour s’ajuster aux quelques pièces (catégories, concepts, structures logico-machin …) auxquelles se réduit notre capacité d’expression. (Et dont il relèverait plusieurs occurrences dans ce paragraphe même.)

*** Quelqu’un qui débarquerait d’une autre époque.


 

Pour un extrait plus long de ce texte :
L’horloge et ce qu’elle fait de nous – Lewis Mumford 1934

(lecture audio)

Avignon 2016, clap de fin pour Brigetoun

[Du bleu dans son ciel
tacheté de blanc

dont elle s’est parée]


Brigetoun nous évoque sur
paumée
son dernier spectacle de l’année
en ce Festival d’Avignon 2016
en commençant par nous faire lever la tête.
PENDANT QUE J AVAIS LE DOS TOURNÉ-letcr2-exp(cliquer pour le parcours de lecture)

*

L’article entier avec hésitations, remords …
et partages    


 

 

Le terrier – Frantz Kafka (Laurent Margantin)

[Il y aurait toute une branche des mathématiques
à consacrer à la topologie de la ruse]


(En ces lieux où il met à disposition librement son travail
et celui d’autres auteurs,)
depuis le 25 avril 2015
Laurent Margantin donne une nouvelle traduction
de l’oeuvre de Frantz Kafka
« Le terrier 
ou la construction »
et ce, à raison d’une phrase par jour.

Un extrait de la troisième.

C EST VRAI QU IL Y A DES RUSES-letcr1-exp

(à cliquer pour avoir le parcours de lecture)

Le texte complet de cette phrase


http://www.oeuvresouvertes.net/
le site de Laurent Margantin

La page des liens vers les traductions journalières


C’est vrai qu’il y a des ruses qui sont si subtiles qu’elles se tuent elles-mêmes, je le sais mieux que personne et il est certainement bien téméraire d’attirer l’attention sur ce trou et ainsi de signaler la possibilité qu’il y ait ici quelque chose qui vaille la peine qu’on fasse des recherches.

[pour] Serge-Marcel

Dédié à Serge-Marcel Roche, et à sa série « Notes à propos d’un paysage »*
lui qui sait précisément doser
le regard et ce qui l’anime.


SI SUR LE PAYSAGE TU APPUIES-letcr1-exp

(cliquer l’image pour le parcours de lecture)

Le premier de sa série
   Le huitième  (en espère beaucoup d’autres)


De Serge-Marcel Roche, aux éditions Qazaq, lire (en numérique et gratuit)
lire « Journal de la brousse endormie« 

[Almanach] naissance des éditions Qazaq – … Zakane

[Nouveau recueil de poésie
aux éditions Qazaq]

Zakane
donne
« L’heure heureuse« 

Samedi 18 Juillet 2015

[L’oeil peut tout.]
J AI BESOIN DE VOS CHAIRS-letcr1-exp

(à cliquer pour obtenir le parcours de lecture)

Le texte


La présentation du recueil par Jan Doets sur le site « des cosaques des frontières »
L’heure heureuse : l’auteur Zakane a rejoint Éditions QazaQ – et des autres bonnes nouvelles


Les mots de Zakane


Proposition de lecture


je fume
mon café fume
et je vous regarde

il y a de la beauté en vous
sous la couche des peurs

je connais vos désirs
je suis passé
moi aussi
par cette transe
cette envie folle
de vous voir nu(e)s

vous voir
même sous votre peau
voir vos ruisseaux et vos torrents
votre fleuve de sang

j’ai décelé parfois
l’émoi et le sourire
le partage fugace
de cet écrin ouvert

l’espace d’un coup d’ailes

mais votre ombre
toujours

ce fantôme
qui porte un nom
un avatar
et qui jette des mots
des orthographes qui semblent réunir
mais qui n’y parviennent pas

ce fantôme
qui colle des photos
des images troublantes
oubliées
aussitôt qu’elles sont vues

j’ai connu cette vitesse lente
attente fébrile
de l’acquiescement

le compte n’y est pas
j’ai besoin de vos chairs
j’ai besoin
dans ma main
de soupeser la terre
détresser les cheveux
et puis manger les fleurs

je retourne au soleil
au silence du vent
et aux chants des oiseaux

[Almanach] … Daniel Bourrion

[D’abord
évoquer la langue d’avant]

Samedi 14 Juillet 2012
aux éditions Publie.net
Daniel Bourrion
donnait :
Légendes

 SUR DE TRÈS VIEILLES BANDES-letcr1-exp

        (à cliquer pour obtenir le parcours de lecture)


L’extrait complet

 


Proposition de lecture :


Ma langue d’avant, je ne la sais même plus, qui est tombée dans la grande fosse du temps où tombent aussi les hommes et puis les femmes et puis toutes les heures et puis même chacun des mots que nous lâchons comme nous semons. Il ne m’en reste que quelques traces, des sortes de cailloux qui viennent dans ma bouche et changent si je n’y prends garde les sons que je mâchouille, en font des choses qui ne se disent pas, pas comme cela, et pas ici.
Je ne la sais donc plus mais je sais par contre que quelque part, sur de très vieilles bandes magnétiques, on m’entend un peu parler cette langue d’avant et là je suis encore enfant, et c’est tout juste avant que ma langue ne parte, ne fonde, sorte de sorbet dont on finit par n’avoir plus que la mémoire, et encore. Je sais cela, ces enregistrements, ces témoignages, mais je n’y vais pas voir, pas écouter. Cela ne ferait rien revenir.


[Almanach] … Pascal Gibourg

[L’errance de l’aliéné]

Dimanche 13 Juillet 2008
aux éditions Publie.net
Pascal Gibourg
donnait :
Facultés de Michaux

 CELUI QUI EST PASSÉ-letcr1-exp

        (à cliquer pour obtenir le parcours de lecture)


L’extrait complet


Avec la drogue, et suite à une erreur de dosage, il fera lui-même l’expérience de la démence. Une expérience épouvantable qu’il relate dans Misérable miracle, titre qui en dépit de sa musicalité résonne comme une condamnation de ces pratiques auxquelles il s’adonne et qu’il poursuivra cependant. Quand il reviendra sur cet épisode traumatisant dans Connaissance par les gouffres, il dira que celui qui est passé « météoriquement » par là est comme né une seconde fois. L’empathie avec laquelle il commentera certains dessins d’aliénés viendrait en partie de là. Il veut mettre son écriture au service d’un monde condamné au silence ou aux hurlements. Raconter la folie est une tâche titanesque. Michaux n’a sans doute fait qu’aborder l’île, je doute qu’il l’ait traversée de part en part. Il retient cependant quelque chose d’essentiel, d’autant plus important que parlant à tous, plus ou moins directement. Selon lui, ce qui caractérise l’aliénation, c’est l’étrangeté. L’étrangeté du corps de l’aliéné. Son corps ne lui appartient plus. Cette fameuse cénesthésie, sensation interne, globale, qui donne le sentiment d’être soi, d’habiter son corps comme sa maison, dans ces cas là devient malaise, expulsion de soi par soi ou par un autre. Sans son corps qu’il perçoit comme un autre, un double, ou, plus terrible encore, qu’il a la conviction qu’on lui a dérobé, l’aliéné est perdu. Plus de jouissance, un mot clé qui revient souvent sous la plume de Michaux quand il s’agit de décrire les états du corps et du psychisme.