Les aventures de Pinocchio – Carlo Collodi – Chapitre 4

Le avventure di Pinocchio /Capitolo 4


P04A- criquet qui parle

Bien avant l’écriture de Pinocchio, Collodi a participé à la production de livres scolaires (et notamment un ouvrage du genre de notre « tour de France de deux enfants ».
Ce ton de pédagogue (qui n’est pas naturel chez lui) on le retrouve dans ce chapitre où le criquet (centenaire) parlant fait la leçon à la marionnette vivante.


Chapitre quatrième

Où la sagesse du grand âge rencontre la rude opposition de la jeunesse qui ne veut surtout rien savoir de la vie, avant d’y avoir goûter.

(français)
P04A-L' HISTOIRE DE PINOCCHIO ET-let1
P04B-OÙ L’ ON VOIT QUE LES MÉCHANTS-let

P04A- criquet

(italien)
P04AI-LA STORIA DI PINOCCHIO COL-let
P04BI-DOVE SI VEDE COME I RAGAZZI-let


La leçon de morale du vieux grillon est très convenue. Collodi semble forcer le ton comme s’il voulait révolter aussi son jeune lecteur.


Vi dirò dunque, ragazzi, che mentre il povero Geppetto era condotto senza sua colpa in prigione, quel monello di Pinocchio, rimasto libero dalle grinfie del carabiniere, se la dava a gambe giù attraverso ai campi, per far più presto a tornarsene a casa; e nella gran furia del correre saltava greppi altissimi, siepi di pruni e fossi pieni d’acqua, tale e quale come avrebbe potuto fare un capretto o un leprottino inseguito dai cacciatori.

Giunto dinanzi a casa, trovò l’uscio di strada socchiuso. Lo spinse, entrò dentro, e appena ebbe messo tanto di paletto, si gettò a sedere per terra, lasciando andare un gran sospirone di contentezza.

Ma quella contentezza durò poco, perchè sentì nella stanza qualcuno che fece:

— Crì-crì-crì!

— Chi è che mi chiama? — disse Pinocchio tutto impaurito.

— Sono io! —

Pinocchio si voltò, e vide un grosso grillo che saliva lentamente su su per il muro.

— Dimmi, Grillo, e tu chi sei?

— Io sono il Grillo-parlante, e abito in questa stanza da più di cent’anni.

— Oggi però questa stanza è mia, — disse il burattino — e se vuoi farmi un vero piacere, vattene subito, senza nemmeno voltarti indietro.

— Io non me ne anderò di qui, — rispose il Grillo — se prima non ti avrò detto una gran verità.

— Dimmela, e spicciati.

— Guai a quei ragazzi che si ribellano ai loro genitori, e che abbandonano capricciosamente la casa paterna. Non avranno mai bene in questo mondo; e prima o poi dovranno pentirsene amaramente.

— Canta pure, Grillo mio, come ti pare e piace: ma io so che domani, all’alba, voglio andarmene di qui, perchè se rimango qui, avverrà a me quel che avviene a tutti gli altri ragazzi, vale a dire mi manderanno a scuola, e per amore o per forza mi toccherà a studiare; e io, a dirtela in confidenza, di studiare non ho punta voglia e mi diverto più a correre dietro alle farfalle e a salire su per gli alberi a prendere gli uccellini di nido.

— Povero grullerello!… Ma non sai che, facendo così, diventerai da grande un bellissimo somaro, e che tutti si piglieranno gioco di te?

— Chetati, grillaccio del mal’augurio! — gridò Pinocchio.

Ma il grillo, che era paziente e filosofo, invece di aversi a male di questa impertinenza, continuò con lo stesso tono di voce:

— E se non ti garba di andare a scuola, perchè non impari almeno un mestiere tanto da guadagnarti onestamente un pezzo di pane?

— Vuoi che te lo dica? — replicò Pinocchio, che cominciava a perdere la pazienza. — Fra i mestieri del mondo non ce n’è che uno solo, che veramente mi vada a genio.

— E questo mestiere sarebbe?

— Quello di mangiare, bere, dormire, divertirmi, e fare dalla mattina alla sera la vita del vagabondo.

— Per tua regola — disse il Grillo-parlante con la sua solita calma — tutti quelli che fanno codesto mestiere, finiscono quasi sempre allo spedale o in prigione.

— Bada, grillaccio del mal’augurio!… se mi monta la bizza, guai a te! —

— Povero Pinocchio: mi fai proprio compassione!…

— Perchè ti faccio compassione?

— Perchè sei un burattino e, quel che è peggio, perchè hai la testa di legno. —

P04A- criquet écrasé 2

A queste ultime parole, Pinocchio saltò su tutt’infuriato, e preso di sul banco un martello di legno, lo scagliò contro il Grillo-parlante.

Forse non credeva nemmeno di colpirlo; ma disgraziatamente lo colse per l’appunto nel capo, tanto che il povero Grillo ebbe appena il fiato di fare crì-crì-crì, e poi rimase lì stecchito e appiccicato alla parete.


Voilà donc la suite, les enfants. Alors que le pauvre Geppetto était conduit sans raison en prison, ce polisson de Pinocchio, sorti des griffes du carabinier, descendit à toutes jambes à travers champs pour rentrer plus vite à la maison. Dans sa course folle, il gravissait les plus hauts talus, sautait par dessus des haies de ronces et franchissait des fossés pleins d’eau, exactement comme un chevreau ou un jeune lièvre poursuivi par des chasseurs. Arrivé devant la maison, il trouva la porte fermée. Il lui donna une bourrade, entra, tira tous les verrous et s’affala par terre en poussant un grand soupir de satisfaction.

Mais la satisfaction dura peu car il entendit, quelque part dans la pièce, quelqu’un qui faisait :

– Cri-cri-cri !

– Qui donc m’appelle ? – demanda Pinocchio, apeuré.

– C’est moi !

Il se retourna et vit un énorme Grillon qui grimpait lentement sur le mur.

– Dis-moi, Grillon, qui es-tu ?

– Je suis le Grillon-qui-parle, et je vis dans cette pièce depuis plus de cent ans.

– Ouais, mais maintenant c’est ma maison à moi – dit la marionnette – et si tu veux vraiment me faire plaisir, va-t-en tout de suite et ne reviens pas.

– Je ne partirai d’ici – répondit le Grillon – qu’après t’avoir dit une vérité essentielle.

– Bon, alors grouille-toi de me la dire.

– Malheur aux enfants qui se révoltent contre leurs parents et abandonnent par caprice la maison paternelle ! Jamais ils ne trouveront le bien en ce monde et, tôt ou tard, ils s’en repentiront amèrement.

– Cause toujours, mon Grillon, tant qu’il te plaira : moi je sais que demain, à l’aube, je partirai d’ici car si je reste, il m’arrivera ce qui arrive à tous les enfants. C’est à dire qu’ils m’enverront à l’école et, que cela me plaise ou non, on m’obligera à étudier. Or moi, je te le dis en confidence, étudier ne me va pas du tout. Cela m’amuse beaucoup plus de courir derrière les papillons et de grimper dans les arbres pour dénicher les oiseaux.

– Pauvre petit sot ! Tu ne sais donc pas qu’en agissant ainsi tu deviendras le plus beau des ânes et que tout le monde se paiera ta tête ?

– Oh ! La barbe Grillon de malheur ! – cria Pinocchio.

Mais le Grillon, qui était patient et philosophe, au lieu de prendre mal cette impertinence, continua sur le même ton :

– S’il ne te plait pas d’aller à l’école, tu pourrais au moins apprendre un métier, de façon à pouvoir gagner ta vie honnêtement.

– Tu veux que je te dise ? – répliqua Pinocchio, qui commençait à s’énerver – Parmi tous les métiers du monde, un seul me conviendrait parfaitement.

– Et ce métier serait ?…

– Celui qui consiste à manger, boire, dormir, m’amuser et me balader du matin au soir.

– Pour ta gouverne – lui répondit le Grillon-qui-parle avec son calme habituel – je te signale que ceux qui pratiquèrent un tel métier ont tous fini leurs jours à l’hospice ou en prison.

– Cela suffit, Grillon de malheur !… Si la colère me prend, gare à toi !

– Pauvre Pinocchio ! Tu me fais pitié !…

– Et pourquoi, Grillon ?

– Parce que tu es une marionnette et, ce qui est terrible, que tu as donc la tête dure comme du bois.

P04A- criquet écrasé 1

Rendu absolument furieux par ces dernières paroles, Pinocchio se leva d’un bond, s’empara d’un marteau sur l’établi et le lança à toute volée vers le Grillon-qui-parle. Peut-être crut-il qu’il ne le toucherait même pas.

Malheureusement, il le frappa en plein sur la tête, si bien que le pauvre Grillon, après avoir fait une dernière fois cri-cri-cri, resta collé au mur, raide mort.


De la colère, mais pas vraiment de la méchanceté dans ce pantin révolté. L’auteur précise cette (possible) absence d’intention de tuer chez Pinocchio.


Dans l’adaptation de Walt Disney le grillon, surnommé Jiminy Cricket, est omniprésent.
Il est ce personnage que l’on retrouve dans la plupart des dessins animés et qui, par son aspect et comportement souvent comique atténue le côté dramatique de l’histoire.
Beaucoup sont ceux qui considèrent que cette présence dénature beaucoup le conte de Carlo Collodi, dont l’intention était bien autre que de distraire ses jeunes lecteurs … et leurs parents.

Les aventures de Pinocchio – Carlo Collodi – Chapitre 3

Chapitre 3 - illus-015

Le avventure di Pinocchio /Capitolo 3


Qui a lu « Le Golem » de Gustave Meyrink trouvera, en ce chapitre, des similitudes entre la marionnette (Pinocchio) qui échappe à son maître et la créature du Maharal de Prague (Le Golem) que son créateur a eut tant de mal à maîtriser.
Il y a du maléfique, de la mauvaise magie, dans les premiers chapitre de ce conte, ceux de la première mouture. Diablerie que Collodi a adouci grandement lorsque, à la demande de ses lecteurs et de son éditeur, il a ressuscité le pantin et écrit une suite beaucoup moins radicalement noire. 


Chapitre troisième

Où l’on voit une créature avoir bien peu de reconnaissance pour son créateur.

(français)
P03A-DE RETOUR CHEZ LUI-let
P03B-PREMIÈRES ESPIÈGLERIES-let

03-chapitre 3

(italien)
P03AI-GEPPETTO , TORNATO A CASA-let
P03B-PREMIÈRES ESPIÈGLERIES-let


À sa « naissance » sous le ciseau à bois du pauvre Geppetto, Pinocchio est un personnage brut, animal, tout en pulsion de vie, de fuite. Il échappe à tout contrôle de son « père » et se fait attraper déjà cette première fois par son nez (et par la suite, par ses mensonges.)
__
* La description de la pauvreté chez dans la demeure de Geppetto est à la fois terrible et teintée d’humour. Le vieil homme vit dans un intérieur douillet et ne manque de rien … en apparence. 

 


La casa di Geppetto era una stanzina terrena, che pigliava luce da un sottoscala. La mobilia non poteva esser più semplice: una seggiola cattiva, un letto poco buono e un tavolino tutto rovinato. Nella parete di fondo si vedeva un caminetto col fuoco acceso; ma il fuoco era dipinto, e accanto al fuoco c’era dipinta una pentola che bolliva allegramente e mandava fuori una nuvola di fumo, che pareva fumo davvero.

Appena entrato in casa, Geppetto prese subito gli arnesi e si pose a intagliare e a fabbricare il suo burattino.

— Che nome gli metterò? — disse fra sè e sè. — Lo voglio chiamar Pinocchio. Questo nome gli porterà fortuna. Ho conosciuto una famiglia intera di Pinocchi: Pinocchio il padre, Pinocchia la madre e Pinocchi i ragazzi, e tutti se la passavano bene. Il più ricco di loro chiedeva l’elemosina.

Chapitre 3-01
Quando ebbe trovato il nome al suo burattino, allora cominciò a lavorare a buono, e gli fece subito i capelli, poi la fronte, poi gli occhi.

Fatti gli occhi, figuratevi la sua maraviglia quando si accòrse che gli occhi si movevano e che lo guardavano fisso fisso.

Più lo ritagliava e lo scorciva, e più quel naso impertinente diventava lungo.

Geppetto vedendosi guardare da quei due occhi di legno, se n’ebbe quasi per male, e disse con accento risentito:

— Occhiacci di legno, perchè mi guardate? —

Nessuno rispose.

Allora, dopo gli occhi gli fece il naso; ma il naso, appena fatto, cominciò a crescere: e cresci, cresci, cresci, diventò in pochi minuti un nasone che non finiva mai.

Il povero Geppetto si affaticava a ritagliarlo; ma più lo ritagliava e lo scorciva, e più quel naso impertinente diventava lungo.

Dopo il naso gli fece la bocca.

La bocca non era ancora finita di fare, che cominciò subito a ridere e a canzonarlo.

— Smetti di ridere! — disse Geppetto impermalito; ma fu come dire al muro.

— Smetti di ridere, ti ripeto! — urlò con voce minacciosa.

Allora la bocca smesse di ridere, ma cacciò fuori tutta la lingua.

Geppetto, per non guastare i fatti suoi, finse di non avvedersene, e continuò a lavorare. Dopo la bocca gli fece il mento, poi il collo, poi le spalle, lo stomaco, le braccia e le mani.

Appena finite le mani, Geppetto sentì portarsi via la parrucca dal capo. Si voltò in su, e che cosa vide? Vide la sua parrucca gialla in mano del burattino.

Chapitre 3-02

— Pinocchio!… rendimi subito la mia parrucca! —

E Pinocchio, invece di rendergli la parrucca, se la messe in capo per sè, rimanendovi sotto mezzo affogato.

A quel garbo insolente e derisorio, Geppetto si fece tristo e melanconico, come non era stato mai in vita sua: e voltandosi verso Pinocchio, gli disse:

— Birba d’un figliuolo! Non sei ancora finito di fare, e già cominci a mancar di rispetto a tuo padre! Male, ragazzo mio, male! —

E Pinocchio, invece di rendergli la parrucca, se la messe in capo per sè….

E si rasciugò una lacrima.

Restavano sempre da fare le gambe e i piedi.

Quando Geppetto ebbe finito di fargli i piedi, sentì arrivarsi un calcio sulla punta del naso.

— Me lo merito — disse allora fra sè. — Dovevo pensarci prima! Ormai è tardi! —

Poi prese il burattino sotto le braccia e lo posò in terra, sul pavimento della stanza, per farlo camminare.

Pinocchio aveva le gambe aggranchite e non sapeva muoversi, e Geppetto lo conduceva per la mano per insegnargli a mettere un passo dietro l’altro.

— Piglialo! piglialo! — urlava Geppetto.

Quando le gambe gli si furono sgranchite, Pinocchio cominciò a camminare da sè e a correre per la stanza; finchè, infilata la porta di casa, saltò nella strada e si dètte a scappare.

Chapitre 3-03

E il povero Geppetto a corrergli dietro senza poterlo raggiungere, perchè quel birichino di Pinocchio andava a salti come una lepre, e battendo i suoi piedi di legno sul lastrico della strada, faceva un fracasso come venti paia di zoccoli da contadini.

— Piglialo! piglialo! — urlava Geppetto; ma la gente che era per la via, vedendo questo burattino di legno, che correva come un barbero, si fermava incantata a guardarlo, e rideva, rideva e rideva, da non poterselo figurare.

Alla fine, e per buona fortuna, capitò un carabiniere il quale, sentendo tutto quello schiamazzo, e credendo si trattasse di un puledro che avesse levata la mano al padrone, si piantò coraggiosamente a gambe larghe in mezzo alla strada, con l’animo risoluto di fermarlo e di impedire il caso di maggiori disgrazie.

Ma Pinocchio, quando si avvide da lontano del carabiniere, che barricava tutta la strada, s’ingegnò di passargli, per sorpresa, framezzo alle gambe, e invece fece fiasco.

Il carabiniere, senza punto smuoversi lo acciuffò pulitamente per il naso (era un nasone spropositato, che pareva fatto apposta per essere acchiappato dai carabinieri) e lo riconsegnò nelle proprie mani di Geppetto; il quale, a titolo di correzione, voleva dargli subito una buona tiratina d’orecchi. Ma figuratevi come rimase, quando nel cercargli gli orecchi non gli riuscì di poterli trovare: e sapete perchè? perchè, nella furia di scolpirlo, si era dimenticato di farglieli.


La maison de Geppetto se réduisait à une petite pièce en rez-de-chaussée qu’éclairait une soupente. Le mobilier était des plus rudimentaires : un siège bancal, un mauvais lit et une table complètement délabrée. Au fond de la pièce brûlait un feu dans une petite cheminée. Mais ce feu était peint sur le mur, en trompe-l’œil. Une casserole, peinte elle aussi, bouillait joyeusement près du feu envoyant un nuage de vapeur qui semblait être de la vraie vapeur.

Arrivé chez lui, Geppetto prit sans attendre ses outils et se mit à tailler le morceau de bois afin de confectionner sa marionnette.

– Quel nom lui donner ? – se demanda-t-il – Je l’appellerai bien Pinocchio. Ce nom lui portera bonheur. J’ai connu une famille entière de Pinocchio. Le père, la mère, les enfants, tous se la coulaient douce. Et le plus aisé d’entre eux se contentait de mendier.

Ayant trouvé le nom de sa marionnette, il se mit à travailler sérieusement. Il commença par sculpter la chevelure, puis le front et les yeux.

Les yeux terminés, imaginez son étonnement quand il s’aperçut qu’ils bougeaient et le regardaient avec impudence.

Ces deux yeux qui le fixaient énervèrent Geppetto. Il dit d’un ton irrité :

– Gros yeux du bois, pourquoi me regardez-vous ainsi ?

Pas de réponse.

Alors il fit le nez, mais le nez à peine fini commença à grandir. Il grandit, grandit, grandit tellement qu’il devint, en quelques minutes, un nez d’une longueur incroyable.

03-chapitre 3

Le pauvre Geppetto avait beau s’éreinter à le retailler, plus il le retaillait pour le raccourcir, plus ce nez impertinent s’allongeait

Après le nez, il sculpta la bouche.

Mais la bouche n’était même pas terminée qu’elle commença à rire et à se moquer de lui.

– Arrête de rire ! – dit Geppetto, vexé. Mais ce fut comme s’il parlait à un mur.

– Arrête, je te répète ! – hurla-t-il d’une voix menaçante.

Alors la bouche cessa de rire mais lui tira la langue.

Geppetto, pour ne pas rater son ouvrage, fit semblant de ne rien voir et continua à travailler.

Après la bouche, ce fut au tour du menton puis du cou, du ventre, des bras et des mains.

Les mains achevées, Geppetto sentit qu’on lui enlevait sa perruque. Il leva la tête et que vit-il ? Sa perruque jaune dans les mains de la marionnette !

– Pinocchio !… Rends-moi tout de suite ma perruque !

03-chapitre 3b

Mais au lieu de la lui rendre, Pinocchio la mit sur sa tête. La perruque lui mangeait la moitié du visage.

Ces manières insolentes avaient rendu triste Geppetto, comme jamais il ne l’avait été de toute sa vie. Il se tourna vers Pinocchio et lui dit :

– Bougre de gamin ! Tu n’es même pas fini que tu manques déjà de respect à ton père ! C’est mal, mon garçon, c’est mal !

Et il sécha une larme…

Restaient cependant à fabriquer les jambes et les pieds.

Quand Geppetto eut fini, il reçut un coup de pied en plein sur le nez.

– C’est de ma faute – se dit-il alors. J’aurais dû y penser avant. Maintenant c’est trop tard.

Après quoi, il empoigna la marionnette sous les bras et la posa sur le sol de la pièce pour la faire marcher.

Mais Pinocchio avait les jambes raides et ne savait pas encore s’en servir. Geppetto le prit alors par la main et lui apprit à mettre un pied devant l’autre.

Une fois ses jambes dégourdies, Pinocchio commença à marcher tout seul puis il se mit à courir à travers la pièce. Finalement, il passa la porte de la maison, sauta dans la rue et s’enfuit.

Et le pauvre Geppetto de courir derrière lui sans pouvoir le rattraper parce que ce polisson de Pinocchio filait en bondissant comme un lièvre. Ses pieds de bois frappaient le pavé de la rue en faisant autant de tapage que vingt paires de sabots.

03-chapitre 3c

Arrêtez-le ! Arrêtez-le ! criait Geppetto, mais les gens, dans la rue, voyant cette marionnette en bois cavalant comme un cheval arabe, étaient enchantés de la regarder et ils riaient, riaient, vous ne pouvez pas savoir comme ils riaient.

Survint heureusement un carabinier qui, entendant tout ce vacarme et croyant qu’il s’agissait d’un poulain qui avait échappé à son maître, se campa courageusement au milieu de la rue, jambes écartées, avec la ferme résolution de l’arrêter et d’empêcher ainsi de plus graves désordres.

Quand Pinocchio se rendit compte que le carabinier barrait la rue, il tenta de le tromper en lui passant entre les jambes mais sa tentative échoua.

03-chapitre 3d

Sans bouger d’un pouce, le policier l’attrapa carrément par le nez (c’était un nez tellement démesuré qu’il paraissait n’exister que pour être attrapé par les carabiniers) et le rendit à Geppetto qui, en punition, décida de lui tirer les oreilles. Mais imaginez sa tête quand, cherchant les oreilles, il ne les trouva pas. Et savez-vous pourquoi ? Parce que, dans sa précipitation, il avait tout simplement oublié de les faire.

Il le saisit donc par la nuque et, tout en le ramenant à la maison, lui secouait la tête et le menaçait :

– On rentre. Et quand on sera rentrés, on réglera nos comptes !

A ces mots, Pinocchio se jeta par terre et ne voulut plus marcher.

Immédiatement, curieux et badauds se rapprochèrent et commencèrent à former un cercle autour d’eux.

Chacun donnait son avis. Certains disaient :

– Pauvre marionnette, elle a raison de ne pas vouloir rentrer. Qui sait si elle ne serait pas battue par ce diable de Geppetto !

Et les autres, malicieusement, en rajoutaient :

– Ce Geppetto semble un brave homme ! Mais, en vérité, c’est un vrai tyran avec les enfants ! Si on lui laisse cette marionnette, il est capable de la mettre en pièces !

Ils firent et dirent tant et si bien que le carabinier libéra Pinocchio et conduisit en prison le pauvre Geppetto. Incapable de trouver les mots pour se défendre, il pleurait comme un veau et, tout au long du chemin, murmurait en sanglotant :

– Sale gamin ! Et dire que je me suis donné toute cette peine pour fabriquer une marionnette bien comme il faut ! Tout reste à faire ! J’aurais dû y penser plus tôt !

Ce qui arriva ensuite est une incroyable histoire. C’est cette histoire que je vais vous raconter maintenant.


La malice et l’humour de Collodi est perceptible dans ce « J’aurais dû y penser plus tôt« , qui pourrait être une adresse à celui qui lit l’histoire à son enfant.

Les aventures de Pinocchio – Carlo Collodi – Chapitre 2

02-chapitre 2b

Le avventure di Pinocchio /Capitolo 2


Maître Cerise ne sait pas quoi faire de ce morceau de bois qui lui fait peur, jusqu’à changer ce qui fonde son identité, à savoir la couleur de son nez*.
___

* Nez rouge de clown, d’ivrogne ?


Chapitre second

Où apparaît un des personnages principaux du conte. Bien plus modeste que maître Cerise, mais que celui-ci reconnait cependant comme son compère qui lui, saura donner forme à ce morceau de bois rebelle.

(français)
P02A-MAÎTRE CERISE OFFRE-let
P02B-CAPABLE DE DANSER-let

02-chapitre 2

(italien)
P02AI-MAESTRO CILIEGIA REGALA-let
P02BI-PER FABBRICARSI -let


Dans ce chapitre, Collodi donne à voir les liens particuliers que pouvaient entretenir deux personnes de condition très différente et notamment le passage si aisé, et pour nous* si étrange de la dispute, voire du corps à corps comme c’est ici le cas, à la réconciliation totale, comme si de rien n’était.
__
* Nous qui sommes habitués à des conflits dont l’issue ne peut être que la soumission totale de l’autre, ou sa disparition, en des luttes ou des guerres dans lesquelles « on ne négocie pas avec l’ennemi ». 

 


« Maestro Ciliegia regala il pezzo di legno al suo amico Geppetto, il quale lo prende per fabbricarsi un burattino maraviglioso, che sappia ballare, tirar di scherma e fare i salti mortali.
In quel punto fu bussato alla porta.
— Passate pure, — disse il falegname, senza aver la forza di rizzarsi in piedi.

Chapitre 2 -01b

Allora entrò in bottega un vecchietto tutto arzillo, il quale aveva nome Geppetto; ma i ragazzi del vicinato, quando lo volevano far montare su tutte le furie, lo chiamavano col soprannome di Polendina, a motivo della sua parrucca gialla, che somigliava moltissimo alla polendina di granturco.

Geppetto era bizzosissimo. Guai a chiamarlo Polendina! Diventava subito una bestia, e non c’era più verso di tenerlo.

— Buon giorno, mastr’Antonio, — disse Geppetto. — Che cosa fate costì per terra?

— Insegno l’abbaco alle formicole.

— Buon pro vi faccia.

— Chi vi ha portato da me, compar Geppetto?

— Le gambe. Sappiate, mastr’Antonio, che son venuto da voi, per chiedervi un favore.

— Eccomi qui, pronto a servirvi, — replicò il falegname rizzandosi su i ginocchi.

— Stamani m’è piovuta nel cervello un’idea.

— Sentiamola.

— Ho pensato di fabbricarmi da me un bel burattino di legno: ma un burattino maraviglioso, che sappia ballare, tirar di scherma e fare i salti mortali. Con questo burattino voglio girare il mondo, per buscarmi un tozzo di pane e un bicchier di vino: che ve ne pare?

— Bravo Polendina! — gridò la solita vocina, che non si capiva di dove uscisse.
A sentirsi chiamar Polendina, compar Geppetto diventò rosso come un peperone dalla bizza, e voltandosi verso il falegname, gli disse imbestialito:

— Perchè mi offendete?

— Chi vi offende?

— Mi avete detto Polendina!

— Non sono stato io.

— Sta’ un po’ a vedere che sarò stato io! Io dico che siete stato voi.

— No!

— Sì!

— No!

— Sì! —

E riscaldandosi sempre più, vennero dalle parole ai fatti, e acciuffatisi fra di loro, si graffiarono, si morsero e si sbertucciarono.
Chapitre 2 -02

Finito il combattimento, mastr’Antonio si trovò fra le mani la parrucca gialla di Geppetto, e Geppetto si accòrse di avere in bocca la parrucca brizzolata del falegname.

— Rendimi la mia parrucca! — gridò mastr’Antonio.

— E tu rendimi la mia, e rifacciamo la pace. —

I due vecchietti, dopo aver ripreso ognuno di loro la propria parrucca, si strinsero la mano e giurarono di rimanere buoni amici per tutta la vita.

— Dunque, compar Geppetto, — disse il falegname in segno di pace fatta — qual è il piacere che volete da me?

— Vorrei un po’ di legno per fabbricare il mio burattino; me lo date? —

Mastr’Antonio, tutto contento, andò subito a prendere sul banco quel pezzo del legno che era stato cagione a lui di tante paure. Ma quando fu lì per consegnarlo all’amico, il pezzo di legno dette uno scossone, e sgusciandogli violentemente dalle mani, andò a battere con forza negli stinchi impresciuttiti del povero Geppetto.

— Ah! gli è con questo bel garbo, mastr’Antonio, che voi regalate la vostra roba? M’avete quasi azzoppito!…

— Vi giuro che non sono stato io!

— Allora sarò stato io!…

— La colpa è tutta di questo legno….

— Lo so che è del legno: ma siete voi che me l’avete tirato nelle gambe!

— Io non ve l’ho tirato!

— Bugiardo!

— Geppetto, non mi offendete: se no vi chiamo Polendina!…

— Asino!

— Polendina!

— Somaro!

— Polendina!
— Brutto scimmiotto!

— Polendina! —

A sentirsi chiamar Polendina per la terza volta, Geppetto perse il lume degli occhi, si avventò sul falegname e lì se ne dettero un sacco e una sporta.

A battaglia finita, mastr’Antonio si trovò due graffi di più sul naso, e quell’altro due bottoni di meno al giubbetto. Pareggiati in questo modo i loro conti, si strinsero la mano e giurarono di rimanere buoni amici per tutta la vita.

Chapitre 2 -03

 


C’est alors qu’on frappa à la porte.

– Entrez – dit le menuisier, sans avoir la force de se relever.

Un petit vieux tout guilleret entra dans l’atelier. Il avait pour nom Geppetto mais les enfants du voisinage, quand ils voulaient le mettre hors de lui, l’appelaient Polenta au motif que sa perruque jaune ressemblait fort à une galette de farine de maïs.

Geppetto était très susceptible. Gare à qui lui donnait de la Polenta ! Il devenait une vraie bête et il n’y avait plus moyen de le tenir.

– Bonjour, Maître Antonio – dit Geppetto – Qu’est-ce que vous faites assis par terre ?

– J’apprends le calcul aux fourmis.

– Grand bien vous fasse !

– Qu’est-ce qui vous amène chez moi, compère Geppetto ?

– Mes jambes ! Maître Antonio, je suis venu vous demander une faveur.

– Me voici, prêt à vous rendre service – répondit le menuisier en se relevant.

– Ce matin, il m’est venu une idée.

– Voyons cela.

– J’ai pensé que je pourrais faire une belle marionnette en bois, mais une marionnette extraordinaire capable de danser, de tirer l’épée et de faire des sauts périlleux. Avec elle, je pourrai parcourir le monde en dénichant ici ou là un quignon de pain et un verre de vin. Qu’en dites-vous ?

– Bravo Polenta ! cria la petite voix, celle qui sortait on ne sait d’où.

A s’entendre appelé ainsi, Geppetto devint rouge comme une pivoine et, fou de rage, se tourna vers le menuisier :

– Pourquoi m’offensez-vous ?

– Qui donc vous a offensé ?

– Vous m’avez appelé Polenta !…

– Mais ce n’est pas moi.

– Ben voyons ! Ce serait moi, par hasard ! Moi, je dis que c’est vous.

– Non !

– Si !

– Non !

– Si !

S’échauffant de plus en plus, ils passèrent des paroles aux actes. Ils s’agrippèrent, se chiffonnèrent, se griffèrent et se mordirent.

Le combat fini, Maître Antonio avait dans les mains la moumoute de Geppetto et Geppetto se rendit compte qu’il avait entre ses dents la perruque grise du menuisier.

– Donne-moi ma perruque ! – cria Maître Antonio

– Et toi, rends-moi la mienne et faisons la paix.

Chacun ayant repris sa perruque, les deux petits vieux se serrèrent la main et jurèrent de rester bons amis pour la vie entière.

– Donc, compère Geppetto – dit le menuisier pour sceller la paix retrouvée – que puis-je faire pour vous être agréable ?

– Il me faudrait du bois pour fabriquer ma marionnette.

Tout content, le menuisier fila prendre sur l’établi le bout de bois qui lui avait fait si peur. Mais comme il s’apprêtait à le remettre à son ami, le bout de bois se dégagea d’une violente secousse, lui échappa des mains et alla frapper durement les tibias du pauvre Geppetto.

– Eh bien, Maître Antonio, voilà une jolie manière de faire des cadeaux ! Vous m’avez quasiment estropié !

– Mais je vous jure que ce n’est pas moi !

– Alors, c’est moi !

– C’est la faute de ce bout de bois

– Je vois bien que c’est du bois, mais c’est vous qui me l’avez envoyé dans les jambes !

– Moi, je n’ai rien envoyé !

– Menteur !

– Geppetto, ne m’offensez pas, sinon je vous appelle Polenta !

– Espèce d’âne !

– Polenta !

– Imbécile !

– Polenta !

– Macaque !

– Polenta !

Trois fois Polenta, c’était une de trop. Geppetto se jeta sur le menuisier et ils s’étripèrent de nouveau.

La bataille terminée, Maître Antonio se retrouva avec deux griffures de plus sur le nez, l’autre avec deux boutons de moins à sa vareuse. Leurs comptes réglés, ils se serrèrent la main et jurèrent de rester bons amis la vie entière.

Sur ce, Geppetto prit le fameux morceau de bois et, après avoir remercié le menuisier, rentra chez lui en boitillant.


L’allusion à la polenta est aussi une insulte courante des gens du Sud à l’adresse de ceux du Nord.
Collodi, un des artisans, (non exclusivement) par la plume de l’unité italienne, est considéré comme un des acteurs majeurs dans le choix de la langue de la Toscane (la sienne) comme langue nationale.
Par son conte, que tout italien connait depuis son apparition et dont le vocabulaire est particulièrement riche, ((rappel) 50% des mots ne sont utilisé qu’une seule fois) l’auteur a grandement contribué à forger ce qui deviendra, au-delà des dialectes, persistants certains jusqu’à nos jours, la langue de toute l’Italie.

Les aventures de Pinocchio – Carlo Collodi – Chapitre 1

P01-COMMENT MAÎTRE CERISE-ima2

Le avventure di Pinocchio /Capitolo 1


Ce serait un conte pour enfant.
Certains y ont lu des enseignements davantage destinés aux adultes.
Mais que ce soit pour les uns ou les autres, la magie de ce récit opère toujours aujourd’hui, plus d’un siècle après que Carlo Collodi l’ait écrit.

Le terme « pinocchio » désigne ce met particulièrement délicat qui est utilisé notamment dans la recette du Pesto à la genoise (Pesto alla Genovese) cette graine qui se trouve sous les écailles d’une certaine variété de pommes de pin .
Par ce nom, Collodi nous indique déjà la nature de son héro, être précieux enfermé dans une gangue* difficile à casser et enlever
___
(*qui tâche et englue les mains pour ce qui est du pignon de pin).


Chapitre premier

Où l’on voit un morceau de bois résister à l’utilisation qui lui était destinée.

(français)P01-COMMENT MAÎTRE CERISE-let

P01-COMMENT MAÎTRE CERISE-ima2b

(italien)P01I-COME ANDÒ CHE-let


Collodi s’amuse dans ce premier Chapitre.
Il joue avec son lecteur en commençant son conte par un contre pied.

« — C’era una volta….

— Un re! — diranno subito i miei piccoli lettori.

— No, ragazzi, avete sbagliato. C’era una volta un pezzo di legno.« 

(Traduction de Claude Sartirano)

« Il était une fois…

– Un roi ! – vont dire mes petits lecteurs.

Eh bien non, les enfants, vous vous trompez. Il était une fois… un morceau de bois. »

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Puis il introduit un personnage qui n’a que peu d’importance, puisqu’il disparaîtra totalement à la fin du second chapitre.

(Il faudra cependant tempérer un peu ce jugement plus tard, car, en y regardant bien…)


« Non era un legno di lusso, ma un semplice pezzo da catasta, di quelli che d’inverno si mettono nelle stufe e nei caminetti per accendere il fuoco e per riscaldare le stanze.

Non so come andasse, ma il fatto gli è che un bel giorno questo pezzo di legno capitò nella bottega di un vecchio falegname, il quale aveva nome mastr’Antonio, se non che tutti lo chiamavano maestro Ciliegia, per via della punta del suo naso, che era sempre lustra e paonazza, come una ciliegia matura.

Appena maestro Ciliegia ebbe visto quel pezzo di legno, si rallegrò tutto; e dandosi una fregatina di mani per la contentezza, borbottò a mezza voce:

– Questo legno è capitato a tempo; voglio servirmene per fare una gamba di tavolino. –

Detto fatto, prese subito l’ascia arrotata per cominciare a levargli la scorza e a digrossarlo; ma quando fu lì per lasciare andare la prima asciata, rimase col braccio sospeso in aria, perché sentì una vocina sottile sottile, che disse raccomandandosi:

– Non mi picchiar tanto forte! –

Figuratevi come rimase quel buon vecchio di maestro Ciliegia!

Girò gli occhi smarriti intorno alla stanza per vedere di dove mai poteva essere uscita quella vocina, e non vide nessuno! Guardò sotto il banco, e nessuno; guardò dentro un armadio che stava sempre chiuso, e nessuno; guardò nel corbello dei trucioli e della segatura, e nessuno; aprì l’uscio di bottega per dare un’occhiata anche sulla strada, e nessuno. O dunque?…

– Ho capito; – disse allora ridendo e grattandosi la parrucca- si vede che quella vocina me la son figurata io. Rimettiamoci a lavorare. –

E ripresa l’ascia in mano, tiro giù un solennissimo colpo sul pezzo di legno.

– Ohi! tu m’hai fatto male! – gridò rammaricandosi la solita vocina.

Questa volta maestro Ciliegia restò di stucco, cogli occhi fuori del capo per la paura, colla bocca spalancata e colla lingua giù ciondoloni fino al mento, come un mascherone da fontana.

Appena riebbe l’uso della parola, cominciò a dire tremando e balbettando dallo spavento:

– Ma di dove sarà uscita questa vocina che ha detto ohi?… Eppure qui non c’è anima viva. Che sia per caso questo pezzo di legno che abbia imparato a piangere e a lamentarsi come un bambino? Io non lo posso credere. Questo legno eccolo qui; è un pezzo di legno da caminetto, come tutti gli altri, e a buttarlo sul fuoco, c’è da far bollire una pentola di fagioli… O dunque? Che ci sia nascosto dentro qualcuno? Se c’è nascosto qualcuno, tanto peggio per lui. Ora l’accomodo io! –

E così dicendo, agguantò con tutte e due le mani quel povero pezzo di legno, e si pose a sbatacchiarlo senza carità contro le pareti della stanza.

Poi si messe in ascolto, per sentire se c’era qualche vocina che si lamentasse. Aspettò due minuti, e nulla; cinque minuti, e nulla; dieci minuti, e nulla!

– Ho capito; – disse allora sforzandosi di ridere e arruffandosi la parrucca – si vede che quella vocina che ha detto ohi, me la son figurata io! Rimettiamoci a lavorare.-

E perché gli era entrata addosso una gran paura, si provò a canterellare per farsi un po’ di coraggio.

Intanto, posata da una parte l’ascia, prese in mano la pialla, per piallare e tirare a pulimento il pezzo di legno; ma nel mentre che lo piallava in su e in giù, sentì la solita vocina che gli disse ridendo:

– Smetti! tu mi fai il pizzicorino sul corpo! –

Questa volta il povero maestro Ciliegia cadde giù come fulminato. Quando riaprì gli occhi, si trovò seduto per terra.

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Il suo viso pareva trasfigurito, e perfino la punta del naso, di paonazza come era quasi sempre, gli era diventata turchina dalla gran paura. « 


« Il était une fois…

– Un roi ! – vont dire mes petits lecteurs.

Eh bien non, les enfants, vous vous trompez. Il était une fois… un morceau de bois.

Ce n’était pas du bois précieux, mais une simple bûche, de celles qu’en hiver on jette dans les poêles et dans les cheminées.

Je ne pourrais pas expliquer comment, mais le fait est qu’un beau jour ce bout de bois se retrouva dans l’atelier d’un vieux menuisier, lequel avait pour nom Antonio bien que tout le monde l’appelât Maître Cerise à cause de la pointe de son nez qui était toujours brillante et rouge foncé, comme une cerise mûre.

Apercevant ce morceau de bois, Maître Cerise devint tout joyeux et, se frottant les mains, marmonna :

– Ce rondin est arrivé à point : je vais m’en servir pour fabriquer un pied de table.

Sitôt dit, sitôt fait : pour enlever l’écorce et le dégrossir, il empoigna sa hache bien aiguisée. Mais comme il allait donner le premier coup, son bras resta suspendu en l’air car il venait d’entendre une toute petite voix qui le suppliait :

– Ne frappe pas si fort !

Imaginez la tête de ce brave Maître Cerise !

Ses yeux égarés firent le tour de la pièce pour comprendre d’où pouvait bien venir cette voix fluette, mais il ne vit personne. Il regarda sous l’établi : personne ! Il ouvrit une armoire habituellement fermée mais, là non plus, il n’y avait personne. Il inspecta la corbeille remplie de copeaux et de sciure : rien ! Il poussa même la porte de son atelier et jeta un coup d’œil sur la route. Pas âme qui vive ! Mais alors ?

– J’ai compris – dit-il en riant et en grattant sa perruque – cette voix, je l’ai imaginée. Remettons-nous au travail.

Empoignant de nouveau sa hache, il en asséna un formidable coup au morceau de bois.

– Aïe ! Tu m’as fait mal ! – se lamenta la même petite voix. Cette fois, Maître Cerise en fut baba. Il resta bouche bée, la langue pendante, les yeux exorbités, comme la figurine de pierre d’une fontaine.

Mais d’où peut bien sortir cette voix qui fait « aïe » ? Pourtant il n’y a personne ici. Ou alors ce morceau de bois aurait appris à pleurer et à se lamenter comme un enfant ? C’est impossible. Le bout de bois que voici, c’est du bois à brûler, une bûche comme une autre, juste bonne à mettre dans le feu pour faire cuire une casserole de haricots. A moins que quelqu’un ne soit caché là-dedans ? S’il y a quelqu’un, on va bien voir ! Tant pis pour lui.

Il saisit à deux mains le pauvre morceau de bois et se mit à le cogner sans pitié contre les murs de la pièce.

Puis il tendit l’oreille pour entendre les lamentations de la petite voix. Il attendit deux minutes, mais rien ne se manifesta. Il attendit cinq minutes, dix minutes : toujours rien !

– J’ai compris – dit-il en s’efforçant de rire et en se grattant la perruque – voilà la preuve que cette voix qui fait « aïe » sort tout droit de mon imagination ! Remettons-nous au travail.

Et parce qu’il avait eu très peur, il s’essaya à chantonner pour se donner un peu de courage.

Posant sa hache, il prit le rabot pour rendre bien lisse et propre le bois mais, alors qu’il rabotait, il entendit un petit rire :

– Arrête ! Tu me fais des chatouilles sur tout le corps !

Cette fois, le malheureux Maître Cerise s’effondra, comme foudroyé. Quand il rouvrit les yeux, il était assis à même le sol.

Son visage était décomposé. Une terrible peur avait changé jusqu’à la couleur de son nez qui, de rouge, avait viré au bleu foncé. »


Ce n’est qu’après avoir lu, ou écouté, le conte en son entier que l’on pourra, en repassant par ce début, percevoir toute la force de ces deux « J’ai compris » de maître Cerise. Lequel croit à plusieurs reprises, avoir une interprétation rationnelle des faits qui, à plusieurs reprises le terrorisent et donc, en bon élève, la solution de ce qui serait le problème.
On verra que Geppetto, en homme simple (simplement homme) ne réagit pas du tout de la même manière.