« Je n’ai jamais interdit à un élève
de regarder par la fenêtre.»
…
disait André Dhôtel à propos de
cette ultime forme de l’école buissonnière
qui est encore possible (?) de nos jours.
C’est ce que le Livre permet depuis toujours fenêtre ouverte sur
ce qui buissonne à deux pas de nous.
Vingt deuxième page, Cette fois ci
…
le compte est bon.
« Il y eut un bruit fantastique. Gaspard ne sut jamais comment il avait sauté de la table. Il se retrouva étendu presque au milieu de la salle. La glace s’était fracassée et les débris gisaient autour de lui. Il avait dû perdre connaissance. Son épaule gauche avait été entaillée par un éclat de verre et saignait abondamment. La tante, la servante, le cuisinier et le commis étaient penchées au-dessus de lui:
»…
… 1000
… – Que t’est-il arrivé encore ?… Comment te sens-tu, Gaspard ? demandait la tante.
– Mille, dit Gaspard…
– Il est devenu fou. »
____________
Pour la première fois
Gaspard est entièrement responsable de l’accident
et
pour la première fois
il n’en sort pas tout à fait indemne.
…
André Dhôtel nous dit-il quelque chose
là ?
Il est encore des textes contemporains ici ou là, ou des discours d’hommes politiques, qui entendent catégoriser le type « homme criminel » en puissance, c’est à dire, comme le présente le film « minority report« . Pour César Lombroso il n’y avait aucun doute à propos de la nature criminelle de l’anarchiste d’après la morphologie de son « faciès »
LA PHYSIONOMIE DES ANARCHISTES – Césare Lombroso
Une des applications les plus curieuses et peut-être les plus pratiques de l’anthropologie criminelle, cette science nouvelle qui s’est assise entre la sociologie, la psychiatrie et le droit pénal, est celle qui dérive de l’étude de la physionomie du criminel politique. Elle fournit, en effet, à l’étude du crime politique certaines bases qui semblaient jusqu’ici se dérober à toutes les recherches, à tous les efforts des juristes. Elle semble aussi nous donner le moyen de différencier la vraie révolution, toujours féconde et utile, de l’émeute, de la rébellion qui demeurent toujours stériles.
Il est un fait pour moi tout à fait établi, et dont j’ai donné les preuves dans mon Delitto Politico, que les vrais révolutionnaires, c’est-à dire les initiateurs des grandes révolutions scientifiques ou politiques, qui provoquent un vrai progrès dans l’humanité, sont presque tous des génies ou des saints, et ils ont tous une physionomie merveilleusement harmonique il suffit de regarder les planches du Crime politique. Quelles nobles physionomies n’ont-ils pas les Paoli, Fabrizi, Dandolo, Moro, Mazzini, Garibaldi, Gambetta, Marx, Lassalle et les martyrs chrétiens ? En général, on voit chez eux un front très ample, chez les hommes une barbe très touffue, un œil très doux et très grand; quelquefois on y rencontre la mâchoire très développée, mais jamais hypertrophique; quelquefois enfin la pâleur du visage (Mazzini, Bruto, Cassio); mais, presque jamais, ces caractères ne s’accumulent dans le même sujet jusqu’à constituer ce que j’appelle le type du criminel.
Dans une étude que j’ai faite sur 321 de nos révolutionnaires italiens (révoltes contre l’Autriche, etc.) presque tous mâles (il y avait 27 femmes sur 100 hommes), la proportion du type criminel a été de 0,57 p. 100, c’est-à-dire bien moindre que chez les hommes normaux où elle est de 2 p. 100.
Sur 30 nihilistes célèbres, 18 ont une physionomie très belle, 12 présentent quelques anomalies isolées, 2 seulement ont le type criminel (Rogagiew et Oklasdky), c’est-à-dire le 6,8 p. 400. Eh bien si des martyrs d’une grande idée politique ou religieuse, tels que les martyrs chrétiens nous passons aux régicides, aux présidenticides, tel que Fieschi, Guiteau, Nobiling et aux fauteurs des carnages politiques de 1789, tels que Carrier, Jourdan, Marat, on trouve immédiatement chez tous, ou presque tous, le type criminel (TAINE). Et le type se répète avec fréquence chez les communards et les anarchistes. Sur des photographies de communards, j’ai trouvé le type criminel dans la proportion de 12 p. 100 le type des fous chez 10 p. 100. Sur 41 anarchistes de Paris, que j’ai étudiés à l’office de la police de Paris, chez Bertillon, la proportion du type criminel était de 31 p. 100.
Dans la récente affaire du 1er mai, j’ai pu étudier 100 anarchistes de Turin. J’ai retrouvé chez eux le type criminel dans la proportion de 34 p. 100, tandis que chez 280 criminels ordinaires, de la prison de Turin, le type était de 13 p. 100.
Parmi ces 100 individus arrêtés le 1er mai, 30 p. 100 étaient récidivistes pour crimes communs chez les autres, la récidive s’élevait à 50 p. 100. De vrais habitués de la prison, il y en avait 8 parmi les premiers, 20 parmi les derniers.
Grâce à l’aide du Dr Carus et de la direction de l’Open Court qui m’a envoyé bien des documents curieux, grâce aussi à l’ouvrage très spécial, mais riche de faits, de Shaak, Anarchie and Anarchistes (Chicago, 1889), j’ai pu étudier les photographies de 43 anarchistes de Chicago et j’y ai trouvé presque la même proportion 40 p. 100 du type criminel; c’étaient, parmi ceux-ci, Dieneks, Potosuki, Cloba, Seveski, Stimak, Sugar, Micoland, Nina van Zands, Lieskre, Lingg, Oppenheim, Engel et sa femme, Fielden, G. Lehm, Thiele, Most, qui présentaient ce type. Je signale surtout chez Potosuki, Sugar et Micoland, l’asymétrie faciale, mâchoire énorme, sinus frontaux, les oreilles en anse; les mêmes caractères (sauf l’asymétrie) se retrouvent chez Seveski, Novak. Fielden a le nez retroussé, la mâchoire énorme; Most a l’acrocéphalie et l’asymétrie faciale.
Une physionomie au contraire très belle est celle de Marx, avec le front très ample, les cheveux et la barbe touffus, les yeux doux; ainsi sont Lassalle, Hermann, Schwabe, Neebe, Schnaubelt, Waller, Seeger.
En étudiant à part ces chefs anarchistes de Chicago, on trouve pourtant dans tous une anomalie, du reste très fréquente dans les hommes normaux, c’est-à-dire les oreilles sessiles, sans lobule, et plus développées que chez les sujets normaux (hormis dans Spies). Elles sont aussi à anse dans Lingg, Fischer, Engel; la mâchoire est très développée dans Lingg, Spies, Fischer, Engel; tous ont toutefois le ‘front beau et ample des grandes intelligences. Lorsque je dis que les anarchistes de Turin et de Chicago ont avec fréquence le type criminel, je n’entends pas dire que les criminels politiques, même les anarchistes les plus violents, soient de vrais criminels mais …
…en effet, le père de Booth s’appelait de lui-même Junius Brutus, et on lui avait donné le nom d’un révolutionnaire, Wilkes (voir REGIS, les Régicides, Lyon, 1790). Les pères de Guiteau et de Nobiling, et la mère de Staps étaient des fous religieux, et Staps lui-même, comme Ravaillac ou Clément, a eu des hallucinations.
Dans les autobiographies du Vorboten, je trouve que Pearson avait une mère méthodiste, très fanatique, et que son père joua un grand rôle dans le mouvement de tempérance de la Louisiane. Et toute la famille Pearson, depuis un siècle, prit part à tous les mouvements révolutionnaires. Un Tompkin, parent de sa mère, avait pris part à la bataille de Brandiron et de Monmouth; un général Pearson servait pendant la Révolution de 1776 un capitaine Pearson assistait à la bataille de Bunhers Hill. Le père de Lingg a souffert d’une commotion cérébrale. Le père de Fielden, ouvrier, mais aussi grand orateur, était un des agitateurs dans la question des ouvriers en Angleterre; il a été un des fondateurs de la « Consumers Cooperation Society» » et de la Société des Old-Fellows. Le père, les frères et le grand-père de Podelewski ont pris part aux émeutes polonaises, et presque tous furent fusillés ou moururent dans des prisons d’Etat.
Cette influence héréditaire, on la voit aussi dans le grand nombre des frères co-imputés de Chicago les deux Spies, les deux Lehm.
Je le répète, parmi les anarchistes de Chicago, il n’y a pas de vrais criminels; et même Shaack, cet historien policier, ne peut en citer que deux criminels, et il ne les aurait pas épargnés s’il y en avait eu davantage.
Leur mort même, héroïque, où ils professèrent si haut leur idéal, démontre qu’ils n’étaient pas criminels communs toutefois, leur psychologie, comme celle des chefs de la Commune de Paris, nous montre en eux une véritable insensibilité morale, quelquefois une cruauté innée, qui trouvait dans la politique un prétexte et un essor, et qui s’accorde trop bien avec leurs physionomies criminelles. Marat demande 210000 têtes Vallès parle de sa famille avec une vraie haine; Carrier écrivait « Nous ferons un cimetière de la France » Ferré souriait pendant qu’on tuait par ses ordres Veisset. Les dernières paroles de Spies sont d’une haine féroce contre les riches. Et le projet des anarchistes de Chicago (s’il est véridique), de faire sauter une partie de la ville avec des bombes, atteste une absence de sens moral, de même que l’ordre donné par Pearson d’étrangler un espion et de le jeter par la fenêtre.
On sait que parmi les anarchistes il est des brigands et des voleurs (tels que Pini, Kammerer, Gasparine). Booth avait pour complice Payne, un vrai meurtrier de profession, et Orsini eut pour complices deux voleurs.
Mais il faut noter que l’anomalie héréditaire, si elle provoque une anomalie dans le sens moral, supprime aussi le misonéisme, cette horreur du nouveau, qui est presque la règle générale de l’humanité; elle en ferait ainsi des novateurs, des apôtres du progrès, si l’éducation trop grossière et la lutte avec la misère, dont tous les anarchistes de Chicago, hormis Pearson, ont été les victimes, n’en faisaient des ratés et des rebelles, les empêchant de comprendre que l’humanité, comme un morceau de la nature, qu’elle est, ne peut pas progresser au galop.
Spies, seulement à sa dernière heure, s’aperçoit que l’humanité est misonéique, esclave de l’habitude, et il le dit en citant les vers allemands: «A mon grand émerveillement, j’ai dû comprendre que la grande masse des hommes est coutumière, et appelle l’usage sa nourrice. »
Évidemment, s’il avait compris cela tout d’abord, il n’aurait pas été anarchiste. Celui qui étudie comme moi les travaux des fous, comprend qu’un de leurs caractères est l’originalité, tout à fait comme pour les génies seulement, l’originalité des fous, et des fous moraux aussi, c’est-à-dire des criminels-nés, est presque toujours absurde, inutile, et même dangereuse. Et telle est bien souvent l’œuvre des anarchistes.
Mais c’est pour cela aussi que moi, qui pourtant suis partisan à outrance de la peine de mort, je ne puis approuver la fusillade des communards et la pendaison des chefs de l’anarchie de Chicago. Je trouve très nécessaire de supprimer les criminels nés, lorsqu’on voit que, nés pour le mal, ils ne peuvent faire autre chose que du mal, et que leur mort, ainsi, épargne beaucoup de vies d’honnêtes gens. Mais c’est bien différent ici, où le type criminel est du reste moins fréquent que chez ces criminels nés (voir ci-dessus).
Ici, il faut considérer aussi l’état très jeune de presque tous (Lingg, 20 ans Schwab, 23 ans Neebe, 37 ans), car, à cet âge, on a le maximum d’audace et de misonéisme, et je me souviens d’un grand nihiliste russe, qui me disait que celui qui n’est pas, en Russie, nihiliste à 20 ans et ultra modéré à 10 ans, n’est qu’un sot.
Ici, si le penchant au mal existe dans une proportion plus grande que chez les honnêtes gens, il prend toutefois une route altruistique, et tout à fait à l’opposé de celle des criminels-nés. Il exige l’indulgence et la pitié.
Ce penchant, en s’associant au besoin du nouveau, qui est aussi anormal dans l’humanité, s’il était bien canalisé et point dérouté par la misère, pourrait devenir d’un grand avantage pour l’humanité. Il pourrait lui tracer des routes nouvelles, et, dans tous les cas, lui être utile pratiquement. Un criminel-né, dans une prison perpétuelle, tuera quelque geôlier; dans une colonie, s’alliera avec les sauvages, ne travaillera jamais, tandis que les criminels politiques, dans une colonie, deviendront des pionniers, plus utiles souvent même que les honnêtes gens médiocres en tout, même dans le bien.
Louise Michel (cet unique exemple que je connaisse de mattoïde* femme) avait reçu le surnom d’ « Ange rouge en Calédonie, tant elle s’y montrait charitable infirmière.
A mon avis, on ne doit pas appliquer la peine de mort au crime politique. Une idée ne s’étouffe pas avec la mort de ses fauteurs elle gagne, au contraire, à leur martyre, si elle est bonne, comme c’est le cas dans les grandes conspirations ou révolutions. Si l’idée est mauvaise, elle reste stérile, comme chez les anarchistes. Comme on ne peut porter un jugement définitif sur un grand homme pendant sa vie, de même une génération ne peut pas, dans sa vie éphémère, juger avec certitude de la fausseté d’une idée (quelle qu’elle soit), et, par conséquent, elle n’est pas en droit d’infliger une peine aussi radicale que la peine de mort à ses fauteurs.
Du même auteur l’ouvrage plus conséquent « L’homme criminel – (criminel né – fou moral – épileptique)
* Mattoïde : une invention lexicale de César Lombroso, pour désigner l’humain dans un degré intermédiaire entre le fou et l’homme « normal » ( de Mat qui signifie « fou » et oïde « en forme de« . Terme traduit parfois par « criminaloïde ». Car pour Lombroso le criminel est un fou.)
Quarante livres, c’est le prix d’entrée dans le Club du suicide. – Le Club du suicide, répéta Florizel, que diable est-ce que cela ? – Écoutez, dit l’inconnu, ce siècle est celui du progrès, et j’ai à vous révéler le progrès suprême ! Des intérêts d’argent et autres appelant les hommes à la hâte dans différents endroits, on inventa les chemins de fer ; puis, les chemins de fer nous séparant de nos amis, il fallut créer les télégraphes, qui permettent de communiquer promptement à travers de grands espaces. Dans les hôtels même, nous avons aujourd’hui des ascenseurs qui nous épargnent une escalade de quelques centaines de marches. Maintenant nous savons bien que cette vie n’est qu’une estrade faite pour y jouer le rôle de fou tant que la partie nous amuse. Une commodité de plus manquait au confort moderne, une voie décente et facile pour quitter cette estrade, l’escalier de derrière menant à la liberté, ou bien, comme je viens de le dire, la porte dérobée de la Mort. Le Club du suicide y supplée. N’allez pas supposer que, vous et moi, nous soyons seuls à professer un désir essentiellement légitime. Bon nombre de nos semblables ne sont arrêtés dans leur fuite que par certaines considérations. Les uns ont une famille qui serait cruellement frappée ou même accusée, d’autres manquent de courage, les préparatifs de la mort leur font horreur. C’est mon cas. Je ne peux ni approcher un pistolet de ma tête ni presser la détente ; quelque chose m’en empêche ; quoique j’aie le dégoût de la vie, je n’ai pas assez de force pour en finir. C’est à l’intention de gens tels que moi et de tous ceux qui souhaitent d’être fauchés sans scandale posthume que le Club du suicide a été inauguré.
(Un jour de retard pour cet « anniversaire » d’un texte découvert tard hier soir … )
[Un texte étonnant, incantatoire, qui utilise le mot (bien au-delà de son sens) comme un tambour, un vent, une vague (ou une mer) où la ponctuation (le souffle) est donnée par l’espace. Un texte qu’il est indispensable de lire à pleine voix (j’en donne une proposition … forcément maladroite. Il faut (?) tenter de dépasser les cinq premières minutes pour laisser le temps au climat de s’installer). S’y essayer sur l’extrait donné. .]
Ce n’est que le début c’est juste juste le début le dé ce n’est que le dé le juste le début juste le début de ma vie de ma juste le de de ma le dé de ma de ma vie ça ce n’est que ça ce n’est c’est juste ça le début ça de ma vie ça dis-moi ça que ce n’est que le juste ça le début ça de ma vie ça commence juste ma vie ça commence juste ce n’est que le début de ma juste le dé hein dis-le moi ça juste ça que ce n’est que le dé qu’il y a plus qu’il y a des que ce n’est que le début ça dis-le moi qu’il y a après le dé le coup de dé après le coup de dé qu’il y a autre chose que ça ça qui n’est que le début que le lancer du dé il y a autre chose après le début après le après le lancer du dé les jeux seront faits mais après hein après les jeux seront faits dis-le moi ça qu’il y a encore dis autre chose dis que ce début autre chose dis ce n’est pas commencé rien n’est commencé je n’ai pas commencé vous enten les jeux ne sont pas faits vous enten les jeux ne sont pas faits vous entendez je n’ai pas ce n’est que le les jeux ne sont pas faits ce n’est pas possible autrement ce n’est que le début ça un jour ça commence ça va quand ça va commencer hein quand ce n’est que le début quand un jour ça commence vraiment ça va commencer ça démarre un jour ça quand vraiment ça ce n’est pas possible autrement hein vous entendez pas possible ce n’est que le début un jour c’est plus c’est davantage quand c’est beaucoup plus ce sera plus que ça encore plus ce sera plus que ça quand beaucoup plus beaucoup que ce début ce sera un jour c’est plus ce sera plus grand ce sera fort ce sera plus heureux atteint ce sera quand épanoui hein fleuri éclos ce sera complet total hein entier quand
J’ai l’amour comme destinée, comme passe-temps, comme apogée. J’ai l’amour comme dernier meilleur souvenir. J’ai l’amour sur le tapis. Et qu’y-a-t-il en dessous ? J’ai l’amour endurant, par la bande. J’ai l’amour en marche, l’amour qui nous dépasse, l’amour qui perd gagne, j’ai l’amour sur le départ ne serions-nous pas plus confortables sans nos gros sabots ? J’ai l’amour, à vos marques, es-tu prêt ? L’amour en ligne, en l’occurrence, à ce stade, narration, propulsion, convergence, réunion en un point du noyau. L’amour en bouture, en marcottage, terre meuble arrosage régulier. L’amour semé toute l’année hors période de gel, l’amour sans tuteur, persistant. L’amour la nature est bien faite. L’amour herbes fraîches, bouquet garni, en éventail, en confettis. L’amour graffiti et sauvage. L’amour hérissé, récurrent, épineux. L’amour je te tiens tu me tiens par la barbichette. L’amour c’est bien comme ça fait du fou. L’amour cris et chuchotements, petite musique de nuit, l’amour au pays des merveilles, au-dessous du volcan. J’ai l’amour, c’est entendu.
Lucien Suel renverse le vertige de la
page blanche en ses poèmes express qui visent à « produire une poésie mécanique dans laquelle les images ne se créaient pas dans le cerveau mais directement sur le papier par un procédé technique »
face à ces oeuvres de sculpteur, signées d’un, tampon encreur, celui qui lit n’est plus l’ordinaire lecteur .
L’oeuvre est disponible aux éditions QazaQ (de Jan Doets) ici
(note perso : lui tranquille ? on y croit guère
par contre …)
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Parcours de lecture
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En clair
L’espace d’écriture sur la toile
de Lucien Suel : Silo
* SlowReading : lecture aux lèvres, qui ralentit une pensée toujours pressée et galopante
** Slow²Reading : lecture lettre à lettre conformément à la « prière des mots »
Il ne me reste plus grand-chose, je suis en train de devenir fou, c’est une excellente idée, je serai plus tranquille.
« À la question « Dans quel monde vous vivez ? » je fais différentes réponses, selon les jours, selon mon humeur, selon la météo… Différentes réponses tout aussi vraies les unes que les autres. Je crois qu’il en va ainsi pour chacun d’entre nous : nous vivons tour à tour dans plusieurs mondes. Plus ou moins vivants.
Pour ma part, le monde du collège (…) me fait vivre et me permet de rejoindre d’autres mondes.
Le monde noir, blanc et silence des pages imprimées, par exemple. Depuis longtemps, depuis l’enfance, mon refuge et mon voyage. Dans le monde de la fiction, nous vivons plus intensément, plus fort, plus libres et tout fait sens. Libre à nous d’en sortir à notre gré.
Le monde où je vis s’écrit aussi. (…).
Bref, quelle était la question ? Dans quel monde vous vivez ? Je vis dans le vaste monde. Je vis dans un monde qui ne se pose pas de questions et ça me pose question. Je vis dans un monde de certitudes et je crois que ce n’est pas mon monde préféré. Je vis dans un monde noir, blanc – et cependant haut en couleurs – et silence. »
Oui, plus j’y réfléchis, plus je reconnais dans les grippures bizarres de ce magnifique dos noir et blanc la patte de Kafka ? Imaginez que tous ces noms sur les livres (je pense bien sûr aux rayonnages 800 de littérature) ne soient que des trompe–l’œil de… Chut… Les livres bruissent de nouveau. On entend les pages se tourner, puis un rire fou vite étouffé, un silence ouaté. Je suis redevenue.
Je ne suis pas fou, du moins visiblement, mais j’ai désiré voir la vie des fous. Et l’administration française ne fut pas contente. Elle me dit : « Loi de 38, secret professionnel, vous ne verrez pas la vie des fous. » Je suis allé trouver des ministres, les ministres n’ont pas voulu m’aider. Cependant, l’un d’eux eut une idée : « Je ferai quelque chose pour vous, si vous faites quelque chose pour moi : soumettez vos articles à la censure. » Je cours encore.