LA PULPE – Jerzy ANDRZEJEWSKI – 0-

[Le mal être dont
malgré toutes les ressources qui sont les nôtres
en temps normal
nous ne pouvons nous extraire.]

—-

« L’unique lueur de vie féconde qui ne m’abandonne pas dans ces circonstances, même dans les pires moments,…

C EST D AVOIR CLAIREMENT - letcr1-exp

Extrait de «La Pulpe »

de

Jerzy ANDRZEJEWSKI 

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A quoi bon se leurrer ? Ces notes des trois derniers jours (il évoque les trois textes qui précèdent) ont été rédigées sous la contrainte, elles constituent une sorte d’esquive. Elles tournent autour de la question essentielle mais sans l’effleurer. La peur ? Assurément. Cette même peur paralysante qui, depuis de longues semaines m’empêche d’aller voir dans les chemises qui contiennent le manuscrit de « La Pulpe »

Depuis la fin de Décembre, alors qu’après trois mois d’un travail particulièrement intensif les doutes et un découragement plus fort de jour en jour commençait à saper tout ce que j’écrivais et que j’avais écrit auparavant, je mène une misérables vie végétative – à tous points de vue : intellectuel, moral, mais aussi physique. Moi qui ai tant de fois éprouvé dans ma vie ce genre d’effondrement et de chute, moi qui connais assez précisément ce mécanisme destructeur qui me précipite en quelques jours très brefs de l’enthousiasme le plus total et de la conviction que ce que je fais est bon dans un découragement obsédant, moi qui sais tant de choses, comme il m’arrive de le croire, sur moi-même – je suis pourtant incapable de prévoir ces désastres ou de les limiter à quelque pause raisonnable.

Si au moins je parvenais à combler ce vide par des occupations sensées ! Hélas, la décomposition et le dépérissement de mes aptitudes d’écrivain me paralysent totalement. Me voici littéralement stérile et absolument impuissant face à la réalité dans laquelle j’évolue, aussi bien ma réalité privée que l’autre, publique, incomparablement plus étendue que la première et plus virulente dans l’attaque.

Dans ces mauvais moments, ce sont là les seuls domaines auxquels je sois ouvert, et comme ni à l’un ni à l’autre, je n’ai rien en moi à opposer, ils sont l’un et l’autre un cauchemar, ils blessent et empoisonnent. N’ayant rien de bon à donner aux gens je fuis les gens, pourtant il m’arrive presque d’en venir à prier pour que l’un de ceux que j’aime et que j’estime téléphone et m’arrache à cette obsédante solitude, mais lorsque cela arrive – rarement, mais cela arrive – je cherche aussitôt de mauvais prétextes pour me soustraire à la rencontre et la différer.

Chacun sur terre a le ciel, le purgatoire et l’enfer qu’il mérite. Mes semaines et mes mois creux sont mes semaines et mes mois creux. L’unique lueur de vie féconde qui ne m’abandonne pas dans ces circonstances, même dans les pires moments, c’est d’avoir clairement conscience qu’en aucune circonstance et en aucune manière je ne suis une victime. Il faut avoir autant de tares que j’en ai et autant de faiblesses que j’en possède pour conserver, ne voulant pas me noyer et aller au fond, ce soupçon d’orgueil. D’ailleurs il ne me coûte guère, je n’ai pas besoin de lutter pour le défendre. Cet orgueil m’a toujours été naturel et l’est encore. Peut-être y-a-t-il aussi de l’humilité dans cette conscience-là ? Peut-être. Dans mon cas, pourtant, je préfère parler d’orgueil. Par orgueil ? Peut-être.

 

LA PULPE – Jerzy ANDRZEJEWSKI – 01 –

[De tous temps, ces périodes qui précèdent le printemps,
– notre printemps –
(et le préparent autant qu’elles y résistent en secret)
ont exaspéré
tant la proximité de la lumière et de la chaleur
devient insupportable au fur et à mesure qu’elle augmente.]

IL ME SEMBLE QU AVEC LE PRINTEMPS - letcr1-exp

Extrait de «La Pulpe »

de

Jerzy ANDRZEJEWSKI 

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Après une journée ensoleillée et une soirée presque printanière, de nouveau une violente tempête de neige. Tout le monde est très las, déjà de cet hiver, de sa persévérance tenace accompagnée de ces changements capricieux si  fréquents ces derniers mois : dans la même journée la température s’est brusquement élevée d’une dizaine de degrés au-dessous à une température voisine de zéro, puis tout aussi brutalement, le dégel et les souffles d’air chaud qui l’accompagnent ont cédé la place à un froid vif. Jamais encore, sans doute, je n’avais eu aussi soif que maintenant de chaleur, de soleil et d’arbres verdissants. Je sais trop bien que ce peut n’être qu’illusion, mais il me semble qu’avec le printemps quelque chose changera aussi dans ma propre végétation à demi morte.