Avant de tourner pour remonter vers la gare, un peu comme dans la chanson de Dylan, c’était comme si elle me disait par-dessus mon épaule, sans que je me retourne, we’ll meet again some day on the avenue. Le soleil m’a aveuglé, il était juste entre la rangée d’immeubles bordant le trottoir brillant, j’ai oublié la suite. J’ai ensuite longtemps évité les avenues, avant de comprendre que les chansons ne disaient pas toujours la vérité. P.S. : C’est après ça que j’ai acheté les albums de Big Star, en commençant par le troisième, il venait d’être réédité, le plus triste, celui où il y avait Holocaust, la version originale encore plus triste que celle de Devoto. Alex Chilton est mort mercredi dernier, j’ai cru voir un peu de fumée s’envoler dans le vent. Je n’ai pas osé me retourner.
[Il a marqué de son verbe dense et lumineux
la poésie de son siècle
l’a colorée du suc de ses racines
l’a projetée vers le ciel
tout en l’arrimant au coeur de la terre.]
Vendredi 24 mai 1946,
Les éditions Gallimard publiaient
le recueil de Aimé Césaire
« Les armes miraculeuses«
chair riche aux dents copeaux de chair sûre volez en éclats de jour en éclats de nuit en baisers de vent en étraves de lumière en poupes de silence volez emmêlements traqués enclumes de la chair sombre volez volez en souliers d’enfant en jets d’argent volez et défiez les cataphractaires de la nuit montés sur leur onagres vous oiseaux vous sang qui a dit que je ne serai pas là ? pas là mon cœur sans-en-marge mon cœur-au-sans-regrets mon cœur à fonds perdus et des hautes futaies de la pluie souveraine ?
tournois il y aura des pollens des lunes des saisons au cœur de pain et de clarine les hauts fourneaux de la grève et de l’impossible émettront de la salive des balles des orphéons des mitres des candélabres ô pandanus muet peuplé de migrations ô nils bleus ô prières naines ô ma mère ô piste et le cœur éclaboussé sauvage le plus grand des frissons est encore à fleurir futile