« Le pays où l’on arrive jamais » – André Dhôtel – page 16

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« Je n’ai jamais interdit à un élève
de regarder par la fenêtre.»


disait André Dhôtel à propos de
cette ultime forme de l’école buissonnière
qui est encore possible (?) de nos jours.

C’est ce que le Livre permet depuis toujours
fenêtre ouverte sur
ce qui buissonne à deux pas de nous.


Seizième page,
La prison improvisée est bien surveillée
et
Gaspard n’y peut
pas grand chose
Sa tante
s’étant improvisée gardienne

veille.

 


« A peine sa tête fut-elle arrivée au niveau du palier supérieur, qu’une voix cria:  » Qui va là?… » C’était la voix de Gabrielle Berlicaut. Elle avait dû pousser son lit en travers du couloir. Ainsi, elle défendait l’accès du petit escalier qui menait au dernier étage occupé par le grenier et les deux mansardes. Gaspard s’avança. Il reçut en pleine figure la lumière d’une lampe électrique:
… – Qu’est-ce que tu viens faire ici, Gaspard?…
… – J’allais chercher ma savonnette dans ma chambre pour demain matin.
… – Redescends d’où tu viens, souffla la tante. Tu vas mettre toute la maison sur pied.
… – J’en ai pour deux minutes, insista Gaspard.
… – Descends imbécile.
… Gaspard ne pouvait enjamber le lit de la tante sans causer un scandale. »…
  

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…Il regagna la salle de bains avec la certitude qu’il n’y avait rien à tenter pour communiquer avec le jeune prisonnier..»

____________

Ce monde est comme un jardin
rien ne pourra y empêcher d’apparaître
des herbes sauvages
même dans les terres les plus contraintes
les plus surveillées
par des jardiniers raisonnables, consciencieux
et tenaces.

« Le pays où l’on arrive jamais » – André Dhôtel – page 15

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« Je n’ai jamais interdit à un élève
de regarder par la fenêtre.»


disait André Dhôtel à propos de
cette ultime forme de l’école buissonnière
qui est encore possible (?) de nos jours.

C’est ce que le Livre permet depuis toujours
fenêtre ouverte sur
ce qui buissonne à deux pas de nous.


Quinzième page,

Suite du dialogue
L’un sait ce qui est
et ce qui devrait être
l’autre

finit par douter
de tout son être.


 

« Il cherche son pays, à ce que disent les gens.
– Son pays? Quel pays?…
– Voilà ce qu’il faudrait savoir, mademoiselle Fernande. S’il cherche son pays, c’est que là où il était, il n’était pas chez lui, et, de toute façon, c’est une histoire bizarre.
– Monsieur Aurélien, répliqua la servante, lorsqu’on cherche un pays on le trouve, et on sait dire au moins de quel pays il s’agit. Moi, je suis native de Saint-Omer…
– Si vous aviez quitté votre pays à l’âge de cinq ans, par exemple, est-ce que vous le connaîtriez, votre pays?…
– Si je ne le connaissais pas, alors ce serait tout comme si je n’en avais pas.
Cela pourra paraître extraordinaire, mais Gaspard entendit le cuisinier »…
  

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…se gratter la tête, tellement le silence fut profond, et tellement l’homme y mit une solennelle vigueur.»

____________

La tête est-elle le lieu où peut jaillir la compréhension
pour cette question
du pays que l’on cherche.

Il faudrait demander à Antée ?

« Le pays où l’on arrive jamais » – André Dhôtel – page 14

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« Je n’ai jamais interdit à un élève
de regarder par la fenêtre.»


disait André Dhôtel à propos de
cette ultime forme de l’école buissonnière
qui est encore possible (?) de nos jours.

C’est ce que le Livre permet depuis toujours
fenêtre ouverte sur
ce qui buissonne à deux pas de nous.


Quatorzième page,

Dialogue d’adultes
à propos du comportement
des enfants
et de ce qui
leur passe par la tête.

Comme souvent
au coeur des paroles qui s’enchaînent plus où moins mécaniquement
se glisse
la clarté.


 

« Les paroles qu’il avait entendues étaient tout à fait contradictoires. Certainement, elles ne pouvaient concerner que cet enfant qu’il avait vu, hagard et magnifique. Comment expliquer qu’il avait quitté son père pour rejoindre sa famille? Peut-être que sa mère, pour quelque raison, avait dû s’éloigner de la maison?… Mais qu’il prétende en outre chercher son pays, cela n’avait pas de sens. Sur le signe du premier homme, Gaspard alla quérir le café. L’autre demanda un tilleul.
– C’est bien ce que je ne m’explique pas, disait justement le marchand d’engrais, buveur de tilleul. Comment peut-il chercher un pays?…
».…
  

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… – Des idées d’enfant, dit l’autre.

    – On croit toujours que les enfants n’ont pas d’idées, concluait le premier .»

___

Il faut croire que la tisane au tilleul
a des vertus
et inspire des pensés
– si ce n’est profondes –
capables de briser le fil
des paroles qui s’enchaînent mécaniquement.

« Le pays où l’on arrive jamais » – André Dhôtel – page 13

« Je n’ai jamais interdit à un élève
de regarder par la fenêtre.»


disait André Dhôtel à propos de
cette ultime forme de l’école buissonnière
qui est encore possible (?) de nos jours.

C’est ce que le Livre permet depuis toujours
fenêtre ouverte sur
ce qui buissonne à deux pas de nous.


Treizième page,

Gaspard ressent
pour la première fois
la présence de ce que d’aucuns nomment
le merveilleux
et que probablement

Gaspard perçoit comme
la vie.*


 

« Il espérait guetter le jeune coupable par les fenêtres qui donnaient sur le terre-plein.
Entre les fusains plantés dans les baquets, il apercevait la rue descendant vers l’église.
Un peu plus tard, il vit approcher deux voyageurs de commerce qui entrèrent et s’attablèrent. Gaspard se précipita vers la cuisine, pour enlever le potage.
Certainement, la tante l’avait préposé à cette fonction afin d’éviter qu’il n’aperçût l’enfant. Elle restait fidèle à la règle qui voulait que Gaspard fût écarté lorsqu’une affaire de quelque importance se présentait, et c’était un pis-aller que de le cantonner au restaurant. ».…
  

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… Une fois de plus il serait éloigné de tout événement, et il ne saurait jamais d’où cet enfant venait, ni qui il était. »

___

*En Calabre,
beaucoup de gens aiment,
le plus souvent sans vouloir l’avouer,
les chiens errants.
(qui sont parfois en bandes bigarrées, à proximité des « lieux de collecte des ordures »
et montrent occasionnellement les dents)

Très proches de certains personnages d’André Dhôtel
le jour ils s’en plaignent et les vouent au gémonies
et la nuit
ils leurs donnent secrètement à manger.

Eux aussi
semblent percevoir (?)
ces errances
cette liberté coûteuse
– beaucoup de ces animaux sont impotents ou malades –
comme l’expression même de la vie
en regard
de l’existence très contrainte qu’ils mènent
au quotidien.

« Le pays où l’on arrive jamais » – André Dhôtel – page 12

« Je n’ai jamais interdit à un élève
de regarder par la fenêtre.»


disait André Dhôtel à propos de
cette ultime forme de l’école buissonnière
qui est encore possible (?) de nos jours.

C’est ce que le Livre permet depuis toujours
fenêtre ouverte sur
ce qui buissonne à deux pas de nous.


Douzième page,

Remue ménage général
dans l’hôtel de la tante.

Gaspard se voit confier une tâche
un peu plus noble que d’ordinaire.


 

« Fernande, allez préparer le numéro 25.
– Le numéro 25? Mademoiselle n’y songe pas, répondit Fernande. Voici deux ans que personne n’y a mis les pieds.
– Je vous apprendrai à discuter mes ordres, dit Gabrielle Berlicaut. Laissez votre omelette et faites ce qu’on vous demande.
– Mais qui servira dans la salle? reprit Fernande.
– Gaspard servira, trancha Gabrielle Berlicaut.
Cette dernière parole eut un effet prodigieux. La servante se leva avec une hâte soudaine. Elle disparut dans l’escalier en s’essuyant la bouche du revers de sa manche […]
– Le numéro 25, ne put s’empêcher de dire le commis.
[…]
Le numéro 25 désignait une mansarde qui ne possédait qu’une ouverture en tabatière et ».…
  

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… qui était située dans le grenier au-dessus de l’appartement de Gabrielle Berlicaut.« 

« Le pays où l’on arrive jamais » – André Dhôtel – page 11

P11-DÈS LES PREMIERS MOTS-image

« Je n’ai jamais interdit à un élève
de regarder par la fenêtre.
«

disait André Dhôtel à propos de
cette ultime forme de l’école buissonnière
qui est encore possible (?) de nos jours.

C’est ce que le Livre permet depuis toujours
fenêtre ouverte sur
ce qui buissonne à deux pas de nous.


Onzième page,

Ici le narrateur fait un clin d’oeil
à tous ceux qui s’étonnent de voir
au cinéma
un personnage
dans un moment où l’urgence est de mise
annoncer de façon grandiloquente
les circonstances, les causes … et

l’action déterminante qui sera la sienne
dans les prochaines secondes.


 

« Pantalon gris, chemisette de laine. Dans le visage de l’enfant, amaigri et déchiré par les ronces, et qu’encadraient des cheveux en désordre; poussiéreux et d’un éclat magnifique, brillaient des yeux où filtrait une lumière d’une dureté angélique. Gaspard demeura stupéfait. L’enfant l’examinait avec attention et sembla même, en ces brefs instants, s’intéresser à Gaspard. Il allait parler lorsqu’une voix se fit entendre à dix pas de là. C’était la voix du garde champêtre:…
… – Voilà bien un quart d’heure que je te vois tourner autour de l’église. Tu n’échapperas pas, cette fois.
… Les gardes champêtres et maints agents de la fonction publique éprouvent la nécessité de faire un discours pour expliquer ce qu’ils vont faire, et ainsi il n’est pas impossible de leur échapper. » .…
  

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… Dès les premiers mots, l’enfant blond s’était élancé, bousculant Gaspard.« 

« Le pays où l’on arrive jamais » – André Dhôtel – page 10

« Je n’ai jamais interdit à un élève
de regarder par la fenêtre.
«

disait André Dhôtel à propos de
cette ultime forme de l’école buissonnière
qui est encore possible (?) de nos jours.

C’est ce que le Livre permet depuis toujours
fenêtre ouverte sur
ce qui buissonne à deux pas de nous.


Dixième page,

Le narrateur s’éloigne pour un temps
de Gaspard (quoique…)
et
donne la voix à un communiqué de la radio

qui évoque un enfant fugueur


 

« Le communiqué s’interrompit brusquement. On venait de tourner le bouton du poste. Il y eut une brève discussion dans la maison, probablement entre le maire et sa femme, et de nouveau la voix se fit entendre:
… « … une quinzaine d’années, qui d’Anvers a traversé à pied toute la Belgique, réussissant à échapper à la police. L’enfant portait un pantalon de velours gris, une chemisette de laine bleue. Cheveux blonds abondants descendant sur la nuque. Il y a lieu de supposer que  » .…
  

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… cet enfant s’est perdu dans la forêt entre Revin et Laifour où on l’a aperçu pour la dernière fois… »

« Le pays où l’on arrive jamais » – André Dhôtel – page 9

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« Je n’ai jamais interdit à un élève
de regarder par la fenêtre.
«

disait André Dhôtel à propos de
cette ultime forme de l’école buissonnière
qui est encore possible (?) de nos jours.

C’est ce que le Livre permet depuis toujours
fenêtre ouverte sur
ce qui buissonne à deux pas de nous.


Neuvième page,

Solitaire, sans l’avoir voulu
Gaspard à l’écoute du village
fait de certains mots
qui résonnent particulièrement en lui

ses compagnons de rêverie.


 

« Le silence de Lominval était si profond qu’une simple parole par exemple pouvait prendre une valeur inattendue et avoir d’exceptionnelles conséquences.
… Une parole, ou plutôt des mots, certains mots que l’on n’avait coutume d’entendre ici et qui, pourtant, étaient prononcés de temps à autre, il faut bien le croire. Le mot canal, le mot beffroi, et le mot mer, par exemple. La boulangère avait un cousin en Belgique. Le frère du bedeau était douanier dans un port. Gaspard s’intéressait aux mots pour eux-mêmes.  .…
  

P09-IL S’ IMAGINAIT LES CANAUX -let


 

P09-IL S’ IMAGINAIT LES CANAUX -image(emprunts à Dominique Hasselmann de son voyage aux Pays Bas)


Il s’imaginait les canaux qu’il n’avait jamais vus, des villes avec leurs tours, et la mer immense. »


Ajout du 8 juin :
Coïncidence, cette page préparée hier, entre en résonance avec l’émission d’Alain Finkielkraut (que je découvre ce jour en podcast à l’heure de mon petit déjeuner tardif.)

Les mots que nous aimons

« La langue n’est pas seulement un outil de communication. Nous avons tous en effet des mots préférés , des mots chéris, des mots rêvés, des mots qui nous parlent, nous transportent, nous enchantent, des mots mélodieux, des mots clés, des mots thèmes.

Belinda Cannone et Christian Doumet ont eu la bonne idée de demander à 44 auteurs de présenter leur mot parfait. »

Bien sur, ici le traitement est celui de notre époque de compétition, d’échelle de mesure, de champion.
C’est ainsi que fonctionne actuellement l’adulte … à la recherche de l’exceptionnel, du meilleur,
et ici
du mot parfait
Lorsqu’ici chacun cite son champion
Gaspard, pour son lecteur, donne ce qui suscite en lui un éveil particulier à l’enfance – loin du choix – ce qui vient à lui.

La suite du passage marque d’ailleurs l’absence de toute volonté de possession.

« Il ne formait nullement le désir de quitter Lominval pour aller visiter des lieux que hantaient familièrement le cousin de la boulangère et le frère du bedeau. »

« Le pays où l’on arrive jamais » – André Dhôtel – page 8

« Je n’ai jamais interdit à un élève
de regarder par la fenêtre.
«

disait André Dhôtel à propos de
cette ultime forme de l’école buissonnière
qui est encore possible (?) de nos jours.

C’est ce que le Livre permet depuis toujours
fenêtre ouverte sur
ce qui buissonne à deux pas de nous.


Huitième page,
Exilé
mais sans savoir qu’il existe
un autre monde
que celui où il vit
isolé des autres malgré lui

Gaspard se rapproche
de ce qui ne se refuse pas à lui.


 

« Lorsqu’il quitta l’école à quatorze ans, Gabrielle Berlicaut l’occupa à cirer les parquets et à balayer la cour. Bien qu’il eût montré une intelligence assez vive, la tante se désintéressa de l’avenir de Gaspard. Si elle le gardait chez elle, pour faire son devoir, comme elle le proclamait, elle avait toutefois renoncé à ses rêves. Gaspard, de son côté, ignorait même qu’il eût été possible de concevoir pour lui quelque ambition. Son seul désir était de passer inaperçu. Il s’était d’ailleurs attaché à la maison, .…
  

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et les plus modestes choses du village faisaient partie de lui comme ses mains et ses yeux. »

« Le pays où l’on arrive jamais » – André Dhôtel – page 7

« Je n’ai jamais interdit à un élève
de regarder par la fenêtre. »


disait André Dhôtel à propos de
cette ultime forme de l’école buissonnière
qui est encore possible (?) à l’époque moderne.

C’est ce que le Livre permet
fenêtre ouverte sur
ce qui buissonne à deux pas de nous.


Septième page,
Jamais responsable
mais toujours au coeur d’un nouveau désastre

On se méfie de Gaspard
comme d’un
« porte-malheur ».


« Gaspard fut entouré d’une méfiance toujours plus grande. Sans cesse on l’avait à l’oeil , et il ne connût guère en somme ce qu’il y a de meilleur dans le vie de l’enfance et dans toute sa vie, le plaisir de parler à coeur ouvert et d’entendre parler à coeur ouvert. Ses parents le jugeaient parfaitement comblé et ne se souciaient pas, dans leurs courts séjours, des erreurs qu’on lui reprochait. C’était comme si le monde se cachait à ses yeux. En classe, Gaspard était rarement interrogé. .…
  

P07-IL EUT DE PLUS EN PLUS L’ ASSURANCE-let


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…Il eut de plus en plus l’assurance que rien ne le concernait et que toutes ses démarches seraient à jamais déplacées. »