[Almanach] Alain François…

[L’heure des retrouvailles… avec un soi
d’avant.]

Mardi 14 Juin 2011
Les éditions publie.net donnaient
WEBOBJET (ça recommence comme ça) de Alain François

JE ME MURMURE INCIDEMMENT-letcr1-exp

                               

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L’extrait complet


Proposition de lecture du début de ce journal :

La version numérique de ce livre est enrichie de nombreux liens et d’animations intégrées (notes en bas de page)
Des innovations … qui ont du mal à se faire leur place, presque 10 ans plus tard, dans le livre numérique.

Le blog de Alain François http://bonobo.net/


Puisque je traîne dans les couloirs de l’administration, j’en profite pour squatter le bureau de Jacques L. Je lui annonce la naissance de ce site. Nous discutons des implications d’un tel exercice dans le cadre d’une école… Il accepte d’être cité et re-cité en affirmant « j’ai le goût du risque ». Il ne risque pas grand-chose, ce Jacques L. (la cible, c’est moi). il me fait une belle impression quand il s’esclaffe : « tu as pris le contre-pied du discours… » lorsque je prends le contre-pied de son discours, et je me murmure incidemment « je suis de retour chez moi ». Ce chez-moi est une certaine langue que je n’avais plus entendue. Ou autre chose. Ou autre chose. Je me sens tiraillé, partagé, traversé par des courants étranges, des forces anciennes, des sources endormies.

J’avais eu tant de mal à gagner mes galons de normalité…

En rentrant, je découvre dans ma boite mail un message contenant un étrange portrait de lui-même, son portrait officiel me dit-il.

[Almanach] Jean-Yves Fick & Louise Imagine…

[Des photographies qui aident à oublier l’humain

des textes qui le déposent
au bord ]

Vendredi 13 Juin 2014
Les éditions publie.net donnaient
Inlands 
de Jean-Yves Fick (textes) & Louise Imagine (photographies)

NOUS AU REBORD DES SOIRS-letcr1-exp

                               

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(sur le site de Jean-Yves Fick, en compagnie d’autres
écritures et réécritures du recueil, alors en cours.)


Un extrait plus long lu par Jean-Claude Mathon :

 


nous au rebord des soirs
à ne rien arrêter
ni entendre des mondes
sinon nous leurs silences.

[Almanach] Didier Bazy…

[Tout … pour un sursit.]

Vendredi 12 Juin 2015
Les éditions publie.net donnaient
Cendres de Didier Bazy

ÔTANT SA CAGOULE J AI RECONNU-letcr1-exp

                               

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Un extrait plus long lu par Jean-Claude Mathon :

Le livre numérique propose une lecture complète du texte par Jean-Claude Mathon
(Initiative heureuse, la voix réinsère le texte dans le temps et lui donne alors toute sa force.
L’esprit ne peut traîner sur quelques mots, ou les brûler du regard, il doit subir le déroulement inéluctable et violent dans l’engrenage impitoyable du récit)


Le collègue de travail a été remplacé par un très jeune homme.
 
Malgré sa cagoule, il m’a d’emblée semblé familier.
 
Une étrange complicité s’est installée entre nous. Amitié de trahison.
 
Silences bienveillants.
 
 
Nous buvons beaucoup d’alcool ensemble. Quand l’un est épuisé, l’autre accourt spontanément.
Un garde repère vite notre manège instinctif.
 
Il n’aime pas cette solidarité.
 
Il a tiré une balle dans la nuque de mon nouveau collègue. J’ai collationné des éclats de cerveau dans un seau sale. J’ai poussé le wagonnet dans le four.
 
Ôtant sa cagoule, j’ai reconnu mon frère, ses yeux ouverts, intacts.

[Almanach] Véronique Vassiliou …

[Le corps doit obéir

mais parfois ça dérape.]

Lundi 11 Juin 2012
Les éditions publie.net donnaient
Movies de Véronique Vassiliou

SENTIR LE SOL SOUS LES PIEDS-letcr1-exp

                               

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Proposition de lecture :


Sentir le sol sous les pieds nus. Penser à la terre. Sous la plante. Se dresser sur la pointe.  Les orteils fléchissent. Toucher le sol du talon. Talon, pointe. Talon, pointe. Talon, pointe. Respirer. Talon, pointe. Talon, pointe. Talon, pointe. Respirer. Talon, pointe. Talon, pointe. Talon, pointe. Respirer.

[Almanach] Claudia Patuzzi …

[A travers Regard (personnage du roman)
autre vision de la rive du savoir.]

Mercredi 11 Juin 2014
Claudia Patuzzi donnait le 47ème épisode
de son roman « La rive interdite » (La riva proibita)
publiée aux éditions Normant

PRESQUE TOUS LES ÉTUDIANTS-letcr1-exp

                               

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Claudia Patuzzi à donné son roman à lire sur son blog
la première page est ici

Le temps (La rive interdite n.1)


Proposition de lecture :


La salle désormais était comble, et Regard, comme apeurée, se cacha derrière une colonne pour ne pas perdre de vue Marcel qui, silencieux, se tenait droit, au premier rang, devant le maître.
La fillette tressaillit en apercevant, pour la première fois, le regard plein de ferveur et de respect, à la fois complice et anxieu, avec lequel Marcel observait les deux maîtres.
« Complicité ? anxiété ? qu’est-ce à dire ? – se demanda Regard – Que se passe-t-il ? Que fait Marcel ? Et où est cette femme qui s’appelle Philosophie ? » La fillette commença alors à regarder autour d’elle effrayée, serrant très fort son capuchon autour de sa tête avec ses deux mains.
Pendant ce temps, presque tous les étudiants s’étaient munis de parchemins, de plumes d’oie bien taillées et d’une petite bouteille d’encre ; certains avaient entre les mains des manuscrits ou des feuillets, qu’ils consultaient de temps en temps, en répétant par cœur ce qui était écrit sur ces pages ; d’autres avaient cessé de parler et, en regardant fixement vers le centre, attendaient fébrilement que commence le débat.
Avec sou intuition féminine et presque surnaturelle, Regard pensa aux encouragements hypocrites dispensés aux chrétiens par leurs geôliers avant le martyre, et eut le sentiment que ce moment de calme apparent précédait la tempête …

Tout à coup elle frissonna…

[Almanach] Christine Jeanney …

[Le muscle est encore parfois utile]

vendredi 10 juin 2011
Les éditions publie.net donnaient
Cartons de Christine Jeanney

LES GROS BRAS LES PRENDRONT-letcr1-exp

                               

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Proposition de lecture :


LIVRES SALON écrit au feutre noir une fois dessus, une fois sur le côté, les gros bras les prendront trois par trois et même plus, je m’échine sur un seul, poussé péniblement, tiré, il s’arrache, je recouvre de scotch la plaie, cache un morceau de couverture violette, livre en allemand, historique, familier, mystérieux, pas ouvert à cause d’une langue impénétrable mais gardé, rassurant, l’obscurité pour lui, tiens, me promettre de l’ouvrir à l’arrivée, là-bas, au moment de remplir les étagères vides, déménager c’est se faire de petites promesses, là-bas, il faudra, on pourra, on fera attention, et plus question de (et puis on fait comme on a l’habitude, le temps de retrouver nos déplacements et de lever la tête dans la bonne direction, déménager c’est se demander souvent et plusieurs fois par jour où est accrochée la pendule)

[Almanach] Régine Detambel …

[On y parle aussi des murs du temps.]

Dimanche 9 Juin 2013
Les éditions publie.net donnaient
Martin le bouillant de Régine Detambel

CELUI QUI A INVENTÉ DEMAIN-letcr1-exp

                               

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Proposition de lecture :


Un soir je suis assis sur le lit dans ma chambre, c’est un soir important parce qu’il faut que je prenne une décision sinon ma mère avec ses idées croches va me jeter dehors. Tout à l’heure, en regardant ses ongles, elle a dit : « Ou tu te conduis correctement, et tu cesses de traîner avec des petits mafieux, ou tu débarrasses le plancher. »
Et je prends donc la décision d’être nickel, pour obéir à ma mère qui m’a pas appelé Martin pour rien. Je suis censé être Martin le Miséricordieux qui distribuait à tour de bras des moitiés de manteau. Pendant que je réfléchis à la meilleure manière de distribuer à tout va des demi-manteaux sans être chaque jour pompé, raplapla, rétamé, je suis distrait par un petit pain au chocolat. Je le considère amoureusement. Je regarde ses yeux qui coulent. Je me le farcis en une seule bouchée, les joues qui enflent, impossible de respirer, je le sens jusque dans mes oreilles, il prend son temps pour descendre, ce salaud de petit pain. Dans l’intervalle j’ai une idée. Je vais me faire tonsurer une étoile filante sur le sommet du crâne, et les gens de la cité Mimosa auront plus qu’à faire un vœu quand je passerai sous leurs fenêtres. Voilà pour la sainteté. Je l’annoncerai demain à ma mère. Maintenant je nourris mes guêpes dans leur cage de papier. La viande est si crue qu’elle est violette. Celui qui a inventé demain, quel con, on est si tranquille maintenant. J’éteins la lumière et je me couche tout habillé.

[Almanach] Jean ROUAUD …

[Le bidonville est-il l’aboutissement du projet
« la ville à la campagne »
voire son dépassement ?]

Mardi 5 Juin 2012
Les éditions publie.net donnaient
Les villes fantômes de Jean Rouaud

LA SEULE FAÇON POUR LA CAMPAGNE-letcr1-exp

                               

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Proposition de lecture :


Admettons la proposition mitterrandienne : Le socialisme, c’est la ville. On peut en débattre, mais retenons surtout que dans l’esprit d’un dirigeant éclairé, le socialisme passe nécessairement par la ville. Ce qui dit aussi, en négatif, qu’il se désintéresse totalement de la campagne, qu’il se fiche de réfléchir à son évolution, ou qu’il trouve son cas à ce point désespéré, qu’en une formule il choisit de la rayer de la carte de l’avenir. La seule façon pour la campagne d’embarquer à bord du train du progrès, ce serait donc de se regrouper en cités, et de laisser la nature aux plantes et aux petits oiseaux. C’est ce qu’elle a fait pourtant, pendant deux siècles sous nos contrées, et continue de faire dans les pays du Tiers Monde, mais avec des résultats mitigés. Par exemple, on ne sait même pas combien de paysans ont quitté le peu qu’ils avaient, mais qui n’était pas rien, puisque, aussi misérable fût-il, ce coin de campagne était dépositaire d’une histoire, pour s’entasser dans de gigantesques campements de toiles et de cartons à la périphérie de Mexico et faire de la cité aztèque une nébuleuse de vingt-trois ou vingt-cinq millions d’habitants, nul ne sait, mais dans cette approximation, on aurait de quoi inclure les deux millions de Parisiens. Alors, le socialisme, serait-ce aussi le bidonville ? Ne poussons pas tout de même. Mais le fait est, qu’en retournant la proposition, si le socialisme c’est la ville, quel système politique définit la campagne ? La ville étant perçue comme le laboratoire du progrès, du commerce avec l’autre, de la civilité, de l’échange, du vivre ensemble, si l’on inverse terme à terme les valeurs de ce riant tableau progressiste, on souffre pour nos amis ruraux. Autrement dit : à la ville les lumières, à la campagne l’obscurantisme, à la ville le progrès, à la campagne l’arriération, à la ville le commerce avec l’autre, à la campagne le repli sur soi, à la ville l’échange, à la campagne la thésaurisation, à la ville la civilité, à la campagne les rustres, à la ville l’art de vivre ensemble, à la campagne la haine rance du voisin, d’où, in fine, et ainsi on comprend mieux les arcanes de la pensée du maître de Jarnac : si le socialisme c’est la ville, la campagne, c’est la réaction. Décidément le Maréchal avait bien raison d’être vichyste. La campagne et lui étaient faits pour s’entendre.
D’une autre côté, si la ville s’est constituée massivement avec l’exode rural, que devient son socialisme lorsque le mouvement, comme c’est le cas aujourd’hui, s’inverse ? Ainsi, c’est la première fois depuis deux siècles que les campagnes européennes ne perdent plus d’habitants, que l’hémorragie de l’exode est stoppée, et que les villes, on le voit avec Paris, commencent même à perdre une partie de leur population, qu’elles ne savent pas comment retenir. De sorte que la formule n’est plus d’actualité (sinon ça donne, avec cette image d’une ville qui se dégonfle : le socialisme, c’est une baudruche) et qu’il faut la repenser. Il aurait même fallu commencer à y songer plus tôt. Ce qui fait que certains débats sentent la naphtaline.

[Almanach] Jules Michelet …

[Ce n’est pas tout à fait celle de Charles Trenet.]

Jeudi 7 Juin 2012
Les éditions publie.net donnaient
« La mer » de Jules Michelet

DANS TOUTES LES ANCIENNES-letcr1-exp

                               

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Proposition de lecture :


UN BRAVE MARIN HOLLANDAIS, ferme et froid observateur, qui passe sa vie sur la mer, dit franchement que la première impression qu’on en reçoit, c’est la crainte. L’eau, pour tout être terrestre, est l’élément non respirable, l’élément de l’asphyxie. Barrière fatale, éternelle, qui sépare irrémédiablement les deux mondes. Ne nous étonnons pas si l’énorme masse d’eau qu’on appelle la mer, inconnue et ténébreuse dans sa profonde épaisseur, apparut toujours redoutable à l’imagination humaine.
Les Orientaux n’y voient que le gouffre amer, la nuit de l’abîme. Dans toutes les anciennes langues, de l’Inde à l’Irlande, le nom de la mer a pour synonyme ou analogue le désert et la nuit.
Grande tristesse de voir tous les soirs le soleil, cette joie du monde et ce père de toute vie, sombrer, s’abîmer dans les flots. C’est le deuil quotidien du monde, et spécialement de l’Ouest. Nous avons beau voir chaque jour ce spectacle, il a sur nous la même puissance, même effet de mélancolie.

[Almanach] Anne Frank …

[De quoi redonner l’espoir à celle qui avait tout à craindre de l’avenir jusqu’alors.]

Mardi 6 Juin 1944
Anne Franck dans son journal écrivait

D APRÈS LES NOUVELLES ALLEMANDES-LETCR1-EXP

                               

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Le passage


Très chère Kitty,
 
« This is D-Day », a dit la radio anglaise à midi et en effet this is the day, le débarquement a commencé.
Ce matin à huit heures, les Anglais ont annoncé : importants bombardements sur Calais, Boulogne, Le Havre et Cherbourg ainsi que sur le Pas-de-Calais (comme d’habitude). Ensuite les règles de sécurité pour les territoires occupés, toutes les personnes qui habitent à moins de trente-cinq kilomètres de la côte doivent s’attendre à des bombardements. Les Anglais tenteront de jeter des tracts une heure avant l’attaque.
D’après les nouvelles allemandes, des parachutistes anglais ont atterri sur la côte française. Des bateaux de débarquement anglais se battent contre les fusiliers marins allemands. Voilà ce qu’annonçait la B.B.C.
Conclusion de l’Annexe, à neuf heures au petit déjeuner : il s’agit d’un essai, comme à Dieppe il y a deux ans.
Communiqué à la radio anglaise à dix heures, en allemand, en néerlandais, en français et en d’autres langues : « The invasion has begun ! » Donc, le « vrai » débarquement.
Communiqué à la radio anglaise à onze heures, en allemand : discours du commandant en chef des armées, le général Dwight Eisenhower.
Communiqué à la radio anglaise à midi, en anglais : « This is D-Day. » Le général Eisenhower s’est adressé au peuple français en ces termes : « Stiff fighting will come now, but after this the victory. The year 1944 is the year of the complété victory, good luck(1)! »
Communiqué à la radio anglaise à une heure, en anglais (traduit) : 11 000 avions sont appareillés, ils ne cessent de faire la navette pour parachuter des troupes et bombarder l’arriére des lignes. 4 000 navires plus des petits bateaux débarquent les uns après les autres entre Cherbourg et Le Havre. Les armées anglaise et américaine sont déjà au cœur de la bataille. Discours de Gerbrandy, du Premier ministre belge, du roi Haakon de Norvège, de De Gaulle pour la France, du roi d’Angleterre, sans oublier Churchill.
L’Annexe est en émoi. La libération tant attendue arriverait-elle enfin, cette libération dont on a tant parlé mais qui est encore trop belle, trop miraculeuse pour vraiment arriver un jour? Cette année, l’année 1944, va-t-elle nous offrir la victoire ? Nous n’en savons toujours rien pour l’instant, mais l’espoir nous fait vivre, il nous redonne courage, il nous redonne de la force. Car il nous faudra du courage pour supporter les multiples angoisses, privations et souffrances, maintenant il s’agit de garder son calme et de persévérer, mieux vaut s’enfoncer les ongles dans la chair que crier ! La France, la Russie, l’Italie et aussi l’Allemagne peuvent toutes crier de détresse, mais nous, nous n’en avons pas encore le droit ! Oh, Kitty ! Le plus beau du débarquement, c’est que j’ai l’impression que des amis approchent. Ces horribles Allemands nous ont opprimés et mis le couteau sous la gorge pendant si longtemps que les amis et la délivrance, c’est tout pour nous ! Il ne s’agit plus des juifs, il s’agit des Pays-Bas, les Pays-Bas et toute l’Europe occupée. Peut-être, a dit Margot, qu’en septembre ou en octobre je pourrai malgré tout retourner à l’école.
 
Bien à toi,
Anne M. Frank