[Errance dans
et hors
de soi.]
Mercredi 23 mai 2012,
Les éditions Publie.net donnaient
de Marina Damestoy le texte
« Mangez-Moi«

(à cliquer pour obtenir le parcours de lecture)
Jusque Je suis une herbe folle…
Travail, domicile perdus. Le jour, je travaillais pour une association dans la banlieue nord, contrat aidé, signé puis jamais honoré… je n’attends plus mon salaire, j’attaque aux Prud’hommes. Simultanément, le contrat précaire de surveillante de nuit dans un lycée privé d’Issy-les-Moulineaux se termine subitement avant les vacances scolaires. J’ai huit jours pour quitter ma chambrette ouverte sur le dortoir des filles. J’y perds mon logement. Épuisée.
Je me fais penser à un oiseau domestique dont on bouleverse le perchoir. Éclaboussure de plumes, grandes gesticulations, pattes qui cherchent le seuil d’une nouvelle stabilité. Ne me restent que les démarches administratives pour ouvrir mon droit au chômage… mon seul droit. Pleurer d’une condition précaire qui ressemble à bien d’autres, de ma blessure au monde. Vertige. Je sais le désespoir de ne s’inscrire nulle part. Je suis SDF, l’espace d’un instant, d’un temps. En quelques jours, le désespoir a pu m’emplir et me jeter aux côtés de celui qui tend la main pour subsister. Au bras de mon amant, je passe auprès d’un sans abri. Je suis le pont entre eux deux. Pont fragile et suspendu dans le vide, entre deux rives. Je me sens faiblir au monde et m’amarrer plus solidement du côté de la « lie » sociale. J’ai peut-être déjà franchi le pas. Je comprends le « mis au banc ». Je suis proche de ce vieux tenant patiemment sa coupelle vers le mouvement du monde. C’est presque de la tendresse que j’éprouve, un besoin de reconnaissance. Je cherche déjà en lui un père initiateur, un protecteur m’introduisant à cette nouvelle condition. Parce qu’elle est possible.
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