Je ne peux pas oublier : Refus d’obéissance – Jean Giono – 19 – lecture

Jean Giono aime écrire, après avoir longtemps été un grand lecteur, notamment des textes anciens. L’écriture est sa raison de vivre, et particulièrement dans ce texte il clame sa volonté (sa rage même) de toucher, de bouleverser le lecteur.
Mais dans ce passage, il va évoquer une lecture dont il se méfie, celle qui rend l’homme malin.


Hardi les civils pas de restrictions on les a - emprunt pour payer la guerre à l'industrie


« Mais, par ce côté de leur chair qui s’était collé à leurs mères pendant qu’ils étaient encore dans le ventre, ils avaient hérité de l’habitude de l’esclavage.
Cette habitude leur avait permis, bien sûr, comme à moi, d’entrer à la mine comme mineurs, d’être paysans à la ferme que leurs parents avaient affermée, de s’établir épiciers dans la grand’rue. Mais, maintenant qu’il s’agissait de sortir du gouffre tournoyant de la bourgeoisie,
leur hérédité bourgeoise les empêchait d’ouvrir les bras dans le geste ample du nageur.
Une chose aurait dû nous éclairer, je dis-nous, car moi aussi j’étais éperdu d’ardeur et d’indécision. Dès qu’on entre en lutte contre la guerre, on entre en lutte contre le gouvernement. Je me disais : « Tu refuseras de serrer la main aux officiers de carrière. Tu défendras ta porte aux officiers, même si un jour l’un d’eux entre dans ta famille ou si tu te trouvais être l’ami d’un officier qui aurait surpris ton amitié », mais on me disait : « Ça n’est pas leur faute. »
Et, tout en pensant qu’ils auraient pu choisir un autre métier, j’étais obligé de reconnaître que ça n’était pas leur faute. Je me disais : « Tu barreras dans l’Histoire de France de ta fille tout ce qui est exaltation à la guerre.
Mais il aurait fallu tout barrer et comme j’avais malgré tout essayé, l’institutrice vint chez moi et me dit : « Que voulez-vous, monsieur Giono, comment pouvons-nous faire ? »
Quand je revoyais mes amis, ils me répondaient : « Pétrole, pommes de terre, charbon, place, sous, salaires. Il y aura toujours des guerres, qu’est-ce que tu veux, c’est comme ça ». Ils en arrivaient même à me dire : …

JNPgi-19- « C’ EST DANS LA NATURE DE L’ HOMME-le-i


(Plus facile)


(Solution)


Soldat de France, te rappelles-tu la semaine qui précéda ce jour où la patrie cria : « Aux armes ! » ?
Tu n’as pas oublié ces heures d’incertitude passées au calme foyer de ta vie habituelle. Tout d’un coup, à tes oreilles, cet appel laconique : « Le premier jour de la mobilisation est le dimanche 2 août », qui, pour toi, signifiait : « la guerre est déclarée 5 !
Depuis quelques semaines, on suivait les événements extérieurs d’un cœur chaque seconde plus haletant. On dévorait les journaux. On aurait voulu être plus vieux, les heures ne marchaient pas assez vite.
Notre ennemi héréditaire* ne nous laissait aucun doute sur ses intentions belliqueuses, et nous sentions, en cette dernière semaine de juillet, que l’agresseur qui se préparait depuis si longtemps allait bientôt se ruer sur nous.
Mais le danger n’a jamais fait peur aux Français, et l’incertitude faisait bientôt place à l’impatience. Et certains même n’eussent-ils pas été désillusionnés si les affaires s’étaient arrangées !** Aussi le 2 août n’a-t-il pas surpris ton attente fébrile des événements.

[Pour nos soldats : GUIDE DU POILU – Charles Charton]

* Cette mention n’est pas neutre. Elle entérine un nouveau type de guerre. En effet, contrairement à la plupart des guerres du passé pour lesquels chaque belligérant a des « buts de guerre » en terme de territoire, ou de vassalité, ici ce qui est recherché est l’écrasement (plus tard l’éradication) de l’autre.
On retrouve cette tendance dans la politique moderne où, de plus en plus, l’autre est un ennemi avec lequel aucun compromis (voire même négociation) n’est possible. Et où les armes utilisées sont du type ADM (ex : 49-3)

** ! On pensera à ce propos à l’assassinat de Jean Jaurès et à l’acquittement de son meurtrier … acquittement du sans doute la reconnaissance de l’utilité de son geste … évitant aux hommes, pour lesquels il serait si naturel de faire la guerre, d’être terriblement désillusionnés si les tentatives de ce grand pacifiste visant à éviter le déclenchement de ce terrible conflit.

Je ne peux pas oublier : Refus d’obéissance – Jean Giono – 18 – l’inhumaine

La guerre broie l’homme … contre l’homme
non seulement elle tue
mais elle avilie les survivants
leur ôtant tout ce qui fait d’eux des hommes.

Dans ce passage Jean Giono nous parle de la peur
cette peur toute particulière qui est celle de ceux qui font la guerre.
Non pas la guerre où l’on voit l’ennemi, comme c’était le cas avant la Grande Guerre
mais celle où le meurtrier et la victime ignorent tout l’un de l’autre (dans  plus de 70% des morts) …

C’est cette distance, cet anonymat asymétrique, qui, pour Jean Giono est la cause d’une peur irrépressible, inhumaine.

bombardement


« Ils avaient peur de la guerre comme moi. Ils étaient capables d’un énorme courage, sans histoire et sans gloire, ils pouvaient secourir des typhiques, des diphtériques, se jeter à l’eau pour sauver des enfants, entrer dans le feu, tuer des chiens enragés, arrêter des chevaux emballés et marcher pendant des kilomètres sous la nuit des grands plateaux au milieu de ces orages de fin de monde où la foudre jaillit de terre pour aller chercher un chien égaré. Ils avaient eu peur à la guerre, comme moi. Ils sentaient bien, par là même, au fond de leur chair, par cette partie de leur chair dans laquelle…

JNPgi-18- SE GONFLAIT L’ ANCIENNE-le-i


(Plus facile)


(Solution)


« Personnellement , je me souviens que mon grand Père maternel me confiait quelques jours avant son décés
Je vais te dire pourquoi j’ai été trés longtemps alccolique . 
Pendant la guerre de 14-18 , j’étais égorgeur de tranchée…. un couteau dans la bouche , je rampais vers les tranchées ennemies pour tuer la sentinelle…. on ne peut pas faire cela facilement…. nous partions après avoir bu de l’eau de vie … c’est comme cela que je suis devenu alcoolique »

« Témoignage extrait du carnet d’un soldat  du 81° R.I. ( doc; de JMC ) : Pour cet apprentissage on nous distribuait de grands couteaux de boucher de 25 cm de long et l’on nous enseignait la manière de nous en servir ; si vous attaquez par devant vous flanquez votre couteau dans le ventre  et par un mouvement de bas en haut , vous faites la boutonnière le plus grand possible. Si vous êtes en corps à corps  , il faut ceinturer votre adversaire et lui planter votre couteau dans le dos . « 

(Les nettoyeurs de tranchée)

« Le nettoyage des tranchées engendre des combats directs entre les soldats. Ces combats souvent très violents se font avec des armes qui permettent la plus grande efficacité d’action et de sauvegarde. Le couteau est très mal perçu dans les témoignages. C’est une arme de criminel, d’apache, et non de soldat. […] Pour les soldats, combattre et tuer l’ennemi est légitimé quand il se fait avec les armes du soldat. « 

(https://www.cairn.info/revue-corps-2014-1-page-103.htm)

Je ne peux pas oublier : Refus d’obéissance – Jean Giono – 17 – monde bourgeois

Jean Giono évoque ici l’attachement de tous et de chacun (dont vous et moi) à ce qu’il qualifie de « monde bourgeois ». Auquel nous pensons être lié, parce qu’il parvient à nous faire croire que, par le peu que nous possédons, nous en faisons partie et que la fortune des plus riches nous protégerait même des plus pauvres que nous !

paysan labour


« Il y avait de petits paysans, propriétaires de trois hectares qui se croyaient visés quand je parlais des gros propriétaires terriens. Il y eut même un épicier qui défendit le pétrole, parce qu’il en vendait et qu’il en avait une provision de cinq barils dans son arrière-boutique.  …

JNPgi-17- L’ ATTACHEMENT INSTINCTIF-le-i


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(Solution)


« La négociation avec les créanciers, c’est réservé aux riches », sourit Jean. La coopérative leur vend également des semences et des pesticides à crédit. « En deux ans, on est passé de 80 % à 105 % d’endettement », raconte Thierry. « Normalement, les coopératives sont aux paysans ! Ce sont des outils créés par nos grands parents, pour nous. En fait, ils nous dépouillent. Les chambres d’agriculture ne nous ont pas aidé non plus. » Côté banque, les pressions sont tout aussi fortes. « Ils ont obligé Jean à casser son plan épargne logement pour le réinjecter dans la ferme, dénonce Joseph. Ils ont d’abord refusé de ré-échelonner la dette, avant de le faire moyennant un taux d’intérêt supplémentaire de 5 % ! » Pendant un temps, la banque s’est aussi permise de bloquer l’argent de la vente des cochons pour se rembourser, sans en informer la famille. « Avant que Solidarité paysans intervienne, la banque nous faisait aussi des avances sur les subventions, facturées à 3,5 %. »

[Crise agricole : comment empêcher banques et créanciers de s’enrichir grâce au sur-endettement des paysans (source : centpapiers.com/]

Je ne peux pas oublier : Refus d’obéissance – Jean Giono – 16 – travail – dépendance – subsistance

Refuser d’obéir n’est pas facile. Tant d’éléments nécessaires à la survie de l’individu dépendent de l’obéissance. Une obéissance apparemment sans contrainte. Condition indispensable dans un système qui se dit démocratique. L’obéissance est ici « la servitude volontaire » qu’évoque le jeune La Boétie).


Servitude volontaire 111

Si nous ne regardons que devant nous, nous sommes tous enfermés, mais pour peu que nous nous retournions, nous verrions des portes et des voies ouvertes. Peu confortables, pleines d’embûches, mais où ce qui nous tourmente pourrait trouver un remède.

Il en est ainsi de la guerre (déclarée ou non) qui nous est périodiquement imposée et pour laquelle il « suffit » de refuser d’obéir.


« La société, disaient-ils, n’est pas si mal faite que ça. Tu dis que nous nous sommes battus non pas pour la patrie comme on voulait nous le faire croire (et ça nous le savons, là nous ne marchons pas) mais pour des mines, pour du phosphate, pour du pétrole, …

JNPgi-16- JE SUIS MINEUR-le-i


(Plus facile)


(Solution)


La question que pose ici Giono semble plus claire lorsqu’il s’agit de l’industrie de l’armement. Mais en réalité, dans le système capitaliste, toutes les industries  participent à ce grand conflit mondial auquel les gouvernants donnent parfois son nom : « Guerre économique« 


« Pendant la dernière guerre, les progressistes disaient à ceux d’entre nous qui refusaient de combattre que notre position était absurde, parce que nous n’agissions pas : nous ne pouvions pas arrêter la guerre, tandis qu’en contribuant à la victoire des alliés, ils avaient au moins l’impression de pouvoir agir en accord avec leurs convictions

Le progressiste est victime d’une illusion …
Ceux qui se soumettent à la conscription par crainte des sanctions et ceux qui s’en félicitent par patriotisme ne se distinguent que par la valeur morale qu’ils placent dans une action qui, dans les faits, est la même… Le seul moyen d’agir contre l’état moderne est de dire « non », c’est-à-dire de refuser de faire ce qu’il ordonne.

On peut comparer cette situation à celle d’un groupe de gens installés dans un bolide fonçant droit vers un précipice. En voyant les radicaux assis sans rien faire au bord de la route, il crient : « Ce que vous êtes négatifs ! Regardez-nous ! Nous allons quelque part, nous faisons vraiment quelque chose, nous ! » (Je n’ai pas la place pour développer ici le principe du non-agir de Lao-Tseu, mais ce n’est peut-être pas nécessaire) »

Dwight MacDonald « Le socialisme sans le progrès »
(« The root is man » 1946 – Traduit de l’anglais par Célia Izoard)

 

Je ne peux pas oublier : Refus d’obéissance – Jean Giono – 15 – industrie – capitalisme – esclavage

Dans son refus d’obéissance, Jean Giono fait un parallèle entre la guerre, le capitalisme et l’asservissement par le travail industriel.

Ce parallèle est loin d’être illégitime lorsque on sait que le conflit 14-18 a vu la première  guerre dans laquelle le plus grand nombre des tués l’a été de manière anonyme, sans contact visuel « meurtrier/victime » et à distance (« on s’est tué sans se voir »). En effet plus de 70% des « pertes humaines »  sont le résultat de « l’industrie des obus »


industrie de guerre - obus et femmesIndustrie de guerre

Le record de destruction (d’obus*) est de 3 millions en 5 heures.

____
*Pour ce qui est des humains, du territoire et du bâti les statistiques sont plus difficile a obtenir, s’agissant de produits non calibrés)


« Ce rythme qui était passé de nos grands-pères dans nos pères, de nos pères dans nous. Cet esprit d’esclavage qui se transmettait de génération en génération, ces mères perpétuellement enceintes …

JNPgi-15- D’ ENFANTS CONÇUS APRÈS-le-i


(Plus facile)


(Solution)


 

 

Ici, il s’agit de rassurer les « cavaliers » sur leur utilité dans le combat, et de justifier leur passage « momentané » au statut de fantassin.

cavalerie-1

[Pour nos soldats : GUIDE DU POILU – Charles Charton]

Après la guerre 14-18, la « cavalerie » ne sera plus à cheval (tout comme le (Rallye) Dakar ne passe plus par Dakar) mais dans un char (sous l’étrange nom de cavalerie blindée) plus facile à produire industriellement qu’un cheval et (supposé) plus efficace dans les nouveaux conflits.

La seule utilisation de charges de cavalerie après la Grande Guerre sera dans certains pays à l’encontre de la population, pour disperser des manifestations.

Je ne peux pas oublier : Refus d’obéissance – Jean Giono – 14 – fatiguer/endormir

Dans un numéro spécial de « La Provence – Histoire » dédié à Jean Giono,  50 ans après sa disparition,  (numéro 14 : « Jean Giono, la plume du Sud » ) l’article de Emmanuelle Lambert évoque* le renoncement de Giono, après l’épisode désastreux pour lui, du pacifisme de 1940, au collectif et donc à toute forme d’engagement (notamment dans l’écriture) que l’on trouve dans « Refus d’obéissance ».

Dans l’extrait ci-dessous, Giono évoque par avance cet oubli dans lequel lui-même va – contraint et forcé – sombrer (au moins apparemment) … grâce au travail, c’est à dire en ce qui le concerne, à l’écriture. Puisque vers la fin de son oeuvre, il semble ne plus s’intéresser qu’à la forme, au style et élude toute question concernant les thèmes qui lui tiendraient à coeur.**

* »J’ai le sentiment que tout ça n’arrange pas une misanthropie qui se met peu à peu en place. »

** Entretien avec Pierre Lhoste Avril 1968 « …C’est une erreur de jeunesse, une exaspération de violence … » (que cette rage exprimée dans « Je ne peux pas oublier » et notamment dans les lignes :  » Puis j’ai commencé à écrire et tout de suite j’ai écrit pour la vie, j’ai écrit la vie, j’ai voulu saouler tout le monde de vie. J’aurais voulu pouvoir faire bouillonner la vie comme un torrent et la faire se ruer sur tous ces hommes secs et désespérés, les frapper avec des vagues de vie froides et vertes, leur faire monter le sang à fleur de peau, les assommer … « )


JNPgi-14- ET SURTOUT PARCE QUE LE RYTHME-image4


 » D’abord le travail avait fourni assez de dureté, de souci et de mal, de choses mauvaises immédiates pour que les malheurs passés soient effacés et les amis morts oubliés. …

JNPgi-14- ET SURTOUT PARCE QUE LE RYTHME-le-i


(Plus facile)


(Solution)


 

« C’est le combat du droit et de la liberté, contre les forces réunies de la barbarie.

Tu le sais. soldat, et c’est pour cela que tu veux lutter jusqu’au bout, jusqu’à l’extermination de tes ennemis.

L’Allemagne, pour son développement économique. manquait de débouchés, et son marché commercial et industriel s’encombrait davantage chaque année.

L’Allemagne, à cause de sa grande natalité, manquait de place pour sa population.

L’Allemagne, pays de discipline et de contrainte, était harcelée par le parti pangermaniste, le parti de l’Allemagne au-dessus de tout, qui désirait la gloire des armes et des combats.

Pour se faire craindre, elle avait accumulé les hommes et le matériel, elle avait organisé la force.

C’était un capital inutilisé dont un jour elle devait inévitablement chercher l’emploi.

Pour assurer l’essor de son commerce, l’utilisation de sa population. elle a saisi le premier prétexte pour employer à son désir de domination, cette force qu’elle avait savamment organisée depuis quarante-quatre ans et qu’elle croyait avoir atteint son maximum.

L’Allemagne, violant tous les traités (des chiffons de papier pour elle), s’est jetée sur nous.: mais, malgré la ruée en masse, nous avons paré le coup: victorieux sur la Marne, nous avons obligé nos ennemis à se terrer et nous nous sommes peu à peu organisés.

La lutte entrera bientôt dans sa phase décisive.

La France a donc encore besoin de toi, soldat, de tout ton courage, de tout ton héroïsme, peut-être de ta vie !

Tu lui donneras tout : Parce que tu te bats pour maintenir à la patrie le premier rang dans le monde civilisé: Parce que tu te bats pour la liberté et la sécurité des peuples; Parce que tu te bats pour le droit et la justice.

Tu iras jusqu’au bout : Pour abattre l’Allemagne et amener la tranquillité de l’Europe: Pour que tes enfants n’aient pas la hantise d’un cataclysme semblable à celui que nous vivons.

La tâche sera peut-être encore longue et lourde.

Mais tu as maintenant entre les mains les armes nécessaires, et tu sais qu’il ne s’agit plus que d’avoir du courage et de la vaillance.

Soldat de France, tu iras droit au but, jusqu’à la fin, jusqu’à la victoire !

Ainsi, tous les Français appelés au service sont partis au premier jour. Beaucoup d’entre eux, hélas, sont tombés au champ d’honneur ! Des vides se sont faits qu’on a remplis. Chacun a fait vaillamment son devoir.

Et dans un conflit aussi vaste que celui qui bouleverse actuellement le monde, il importe que chacun se donne à la patrie entièrement. Il n y a pas de non-valeurs. Pour ceux qui ne peuvent être utilisés au front, dont l’aptitude physique ne permet pas qu’ils soient envoyés au combat, il y a dès places à l’arrière, dans lesquelles leur activité peut être utilement employée.

De jour en jour, au fur et à mesure que la lutte se prolonge, la France aura davantage besoin des efforts combinés de tous ses enfants, jeunes et vieux.

Il ne faut pas en ce moment d’hommes inemployés. Certes, celui qui, pour une raison quelconque, n’a pas été appelé, et qui emploie son activité dans l’industrie ou le commerce est également utile. Car la vie économique continue, et pour que la France puisse poursuivre son effort jusqu’au bout, il faut que le commerce et l’industrie français, non seulement maintiennent leur activité, mais s’efforcent de l’augmenter. Ceux-là travaillent donc aussi pour la France, ne l’oublions pas. »

[Pour nos soldats : GUIDE DU POILU – Charles Charton]


Le combat, la guerre économique, dans laquelle chaque pays est engagé, est de même nature que cette première Grande Guerre. (voir la première phase de Charles Charton)
Cette fameuse utilité sur laquelle Giono nous interrogeait précédemment est assez visible.
Dans un monde où la frénésie de la consommation/consummation est de règle, le changement perpétuel, l’instabilité relative (tout en proclamant constamment la recherche du confort et de la sécurité) est un facteur de gain pour tous ceux qui sont au commandent de la machine économique ou plus précisément à la source/création de l’information.
Un monde dans lequel toute destruction dans un pays génère une augmentation de son PIB.
Dans ce monde là, il est indispensable que tout soit « étudié pour nous endormir » Entretenir notre épuisement, la saturation de nos sens, pour rendre inatteignable la réalité.

Je ne peux pas oublier : Refus d’obéissance – Jean Giono – 13 – capitalisme

Dans un numéro spécial de « La Provence – Histoire » dédié à Jean Giono,  50 ans après sa disparition,  (numéro 14 : « Jean Giono, la plume du Sud » ) l’article de Emmanuelle Lambert évoque le renoncement de Giono, après l’épisode désastreux pour lui, du pacifisme de 1940, au collectif et donc à toute forme d’engagement (notamment dans l’écriture) que l’on trouve dans « Refus d’obéissance ».

« J’ai le sentiment que tout ça n’arrange pas une misanthropie qui se met peu à peu en place »

Pourtant, plus encore de nos jours, ce texte contient tout de ce qui pourrait réveiller … ce monde.
Autant à propos des guerres permanentes dans lesquelles nous sommes habilement engagés (idéologique, économique, énergétique, climatique …) que concernant la place à laquelle l’homme à le droit … parmi les autres formes de vie sur terre.
Dans cet extrait, Giono, c’est assez rare, est très politique. Il attaque directement la société capitaliste. (… qui est la réponse à la question posée en amont dans le texte « … la guerre inutile pour (vaste énumération qui comprend les autres formes de la vie sur la terre)  …. mais alors, utile à qui ? !!! « )


JNPgi-13- REPRENIONS NOTRE PLACE-image capitalisme char combat*


« Quand je parlais contre la guerre, j’avais rapidement raison.
Les horreurs toutes fraîches me revenaient aux lèvres.
Je faisais sentir l’odeur des morts. Je faisais voir les ventres crevés. Je remplissais la chambre où je parlais de fantômes boueux aux yeux mangés par les oiseaux. Je faisais surgir des amis pourris, les miens et ceux des hommes qui m’écoutaient. Les blessés gémissaient contre nos genoux.
Quand je disais : « jamais plus », ils me répondaient tous : « non, non, jamais plus ». Mais, le lendemain, nous …

JNPgi-13- REPRENIONS NOTRE PLACE-le-i

JNPgi-13b- NOUS ÉTIONS LES USTENSILES-le-i


(Plus facile 1)

(Plus facile 2)


(Solution 1)

(Solution 2)


* Les obus et les tanks peuvent être considérés comme les symboles d’une civilisation basée sur la production et la destruction (consommation attisée par le souffle de la nouveauté … ou l’obsolescence programmée)
Pour ce qui est de l’obus l’évidence est claire sa fonction est d’être détruit et de détruire.
En ce qui concerne le tank ou char d’assaut, nommé aussi blindé, cela paraît moins évident. Notamment à celui qui a vu sur son livre d’histoire de l’école primaire, les blindés traverser les tranchées et leurs barbelés, anéantissant l’ennemi sur son passage.

La réalité à été bien différente.
On sait que l’offensive dite Nivelle (du nom du général responsable dont on connait le célèbre « Je les grignotes« ) a été un désastre du point de vue des fantassins.
On évoque rarement celui de la première grande sortie de l’arme blindée.

« Dés le début de l’action, plusieurs chars s’enlisent ou tombent en panne. Les autres poursuivent leur progression sous l’artillerie Allemande. Trop peu maniables et trop vulnérables, ils sont nombreux à être touchés avant d’atteindre les tranchées ennemies. Leurs occupants sont brulées vifs.
Le bilan est dramatique, 52 chars ont été touchés par l’artillerie ennemie, dont 35 qui ont pris feu. 21 char sont, soit tombés en panne, soit se sont enlisés et sont restés immobilisés sur le terrain. Sur 720 officiers et hommes d’équipage, 180 ont été tués, blessés ou portés disparus.
Cette attaque se solde donc par un cuisant échec, les chars n’ayant put accomplir que le simple rôle d’accompagner l’infanterie.« 

Je ne peux pas oublier : Refus d’obéissance – Jean Giono – 12 – injustice sociale

Ce n’est que plus de 10 ans après être revenu, bien seul, de la « Grande guerre » que Jean Giono est parvenu à écrire tout ce qui était contenu en lui jusqu’alors, et qui était jusqu’alors incapable de sortir au grand jour.

Ce texte contient tout de ce qui pourrait réveiller … ce monde.
Autant à propos des guerres permanentes dans lesquelles nous sommes habilement engagés (idéologique, économique, énergétique, climatique …) que concernant la place à laquelle l’homme à le droit … parmi les autres formes de vie sur terre.

(Le personnage en compagnie des généraux – à eux les galons , à lui les décorations – est le dromois Albert Roche, premier soldat de France, jamais promu.)


fusillés pour l'exemples Grande Guerre 14-18-1


« Celui qui est emporté dans les ruissellements éperdus de la vie ne peut plus comprendre la guerre, ni l’injustice sociale.  …

JNPgi-12- C’ EST L’ INJUSTICE SOCIALE -le-i

(Le personnage en compagnie des généraux, voilé par les mots de Giono, est le dromois Albert Roche, premier soldat de France, jamais promu. – A lui les décorations, à eux les galons.)


(Plus facile)


(Solution)


« Nous n’insistons pas sur ce dernier paragraphe, pour toi, soldat de la revanche, qui ne pense qu’à ton devoir, et nous savons d’avance que tu auras vite la poitrine constellée de décorations et de palmes de gloire.
Comment gagne-t-on l’épaulette?
Le vrai moyen, soldat, de conquérir l’épaulette, est de la gagner sur le champ de bataille, à la pointe de ta baïonnette, et nombre de tes camarades, depuis le début de la campagne, partis simples soldats ont gagné leur premier galon d’officier par leurs exploits et leurs actes de bravoure. *
Quelques-uns d’entre eux sont même déjà capitaines.
C’est ainsi que tu désires arriver aussi, jeune et bouillant soldat de la revanche, et tu as bien raison.

[Pour nos soldats : GUIDE DU POILU – Charles Charton]

* Voir le cas du premier soldat de France

Je ne peux pas oublier : Refus d’obéissance – Jean Giono – 11

Giono jeune, a écrit un texte que Giono sage a partiellement renié, lui reprochant précisément tout ce qui en fait sa force : la colère, la fougue, l’audace, la témérité et cette capacité de faire déborder le sens au-delà des mots.
(Entretien avec Pierre Lhoste Avril 1968 )

Pourtant ce texte contient tout de ce qui pourrait réveiller … ce monde.
Autant à propos des guerres permanentes dans lesquelles nous sommes habilement engagés (idéologique, économique, énergétique, climatique …) que concernant la place à laquelle l’homme à le droit … parmi les autres formes de vie sur terre.

L’extrait ci-dessous est précisément celui qui était visé par Giono lors de l’entretien .
« …C’est une erreur de jeunesse, une exaspération de violence … »
(On peut y voir au contraire, de la lucidité et une réaction saine, pour la vie et contre ce qui la détruit.)


Retour triomphal-1
brodequin du poilu-1

Retour triomphal-2

[voir note*]


 » Depuis 1919 j’ai lutté patiemment, pied à pied, avec tout le monde, avec mes amis, avec mes ennemis, avec des amis de classe mais faibles, avec des ennemis de classe et forts. Et à ce moment-là je n’étais pas libre, j’étais employé de banque. C’est tout dire. On a essayé de me faire perdre ma place. Déjà à ce moment-là on disait : « c’est un communiste », c’est-à-dire on a le droit de le priver de son gagne-pain et de le tuer, lui et tout ce qu’il supporte sur ses épaules : sa mère, sa femme, sa fille. Je n’étais pas communiste. J’apprends lentement.
J’ai refusé de faire partie des sociétés d’anciens combattants car elles étaient, à cette époque, créées seulement pour des buts mutualistes et non pour affirmer cette qualité d’ancien combattant, et de jamais plus nouveau combattant. On a fondé l’A. R. A. C. Mais j’étais dans un pays perdu. Je ne connaissais pas l’action de ceux qui pensaient comme moi. Alors, j’ai mené la lutte seul. Dans ma famille. C’est souvent par là qu’il faut commencer et c’est le plus difficile. D’habitude c’est par là qu’on est vaincu. Je n’ai pas gagné, mais je suis resté entier. Parmi mes amis, deux ou trois m’ont suivi et me suivent encore.

Puis j’ai commencé à écrire et tout de suite j’ai écrit pour la vie, j’ai écrit la vie, j’ai voulu saouler tout le monde de vie. J’aurais voulu pouvoir faire bouillonner la vie comme un torrent et la faire se ruer sur tous ces hommes secs et désespérés, les frapper avec des vagues de vie froides et vertes, leur faire monter le sang à fleur de peau, les assommer …

JNPgi-11- DE FRAÎCHEUR-le-i


(Plus facile)


(Solution)


« Dans la correspondance privée, soldat, … tu éviteras, en donnant le récit des affaires auxquelles tu as pris part, de noircir le tableau que tu en feras aux tiens, en gardant pour toi les souffrances inhérentes à la guerre, que tu dois supporter stoïquement, en silence, en bon Français.

[Pour nos soldats : GUIDE DU POILU – Charles Charton]


* Le défilé triomphal met ici, largement en avant les cavaliers à cheval.
On voit ici la distorsion fréquente entre la réalité de la guerre** et ce qui est mis en valeur parce que bénéficiant d’une image glorieuse … plus glorieuse que la boue des tranchées dans laquelle croupissait le fantassin.
A noter qu’après cette guerre cavalerie sera synonyme d’arme blindée.
Quiconque est entré dans un char sait le régime de terreur dans lequel vivent en permanence les occupants de ces cercueils ambulant … dont depuis bien longtemps les pays fortunés ont abandonné en grande partie l’utilisation (au « profit » de l’aviation) mais pas la production. Les dictatures faisant volontiers usage, dans la mesure de leur moyens, de ce type d’arme contre « la foule en rébellion ».

** Si on demande à quelqu’un (oui c’est une question barbare) de donner un ordre de grandeur du nombre de soldats qu’un fantassin français a tué de façon visible/consciente, la réponse met en évidence cette distorsion.
Parfois elle sera voisine de 2 ou 3, rarement sous l’unité.
Un petit moment de réflexion permet à chacun de rétablir la vérité.
Un grand nombre de morts (la plupart ?) l’ont été du fait de bombardement.
Si la moyenne était voisine de un il n’y aurait plus aucun combattant à la fin des hostilité.
Giono assure qu’il n’a privé aucun ennemi de la vie, la plupart des soldats sont dans le même cas.

Je ne peux pas oublier : Refus d’obéissance – Jean Giono – 10 (Utile pour qui alors ?)

Giono jeune, a écrit un texte que Giono sage a partiellement renié, lui reprochant précisément tout ce qui en fait sa force : la colère, la fougue, l’audace, la témérité et cette capacité de faire déborder le sens au-delà des mots.
(Entretien avec Pierre Lhoste Avril 1968 « …C’est une erreur de jeunesse, une exaspération de violence … »)

Pourtant ce texte contient tout de ce qui pourrait réveiller … ce monde.
Autant à propos des guerres permanentes dans lesquelles nous sommes habilement engagés (idéologique, économique, énergétique, climatique …) que concernant la place à laquelle l’homme à le droit … parmi les autres formes de vie sur terre.

Ces extraits concernent la guerre dans laquelle Giono s’est trouvé engagé de 1914 à 1918.
Dans celui-ci on verra Giono envisager l’utilisation de la violence … mais contre les véritables ennemis de ce qu’il chérit le plus, à savoir : la vie.


Tranchée des baïonnette-n&b


« Ce qui me dégoûte dans la guerre, c’est son imbécillité.

J’aime la vie. Je n’aime même que la vie. C’est beaucoup, mais je comprends qu’on la sacrifie à une cause juste et belle. J’ai soigné des maladies contagieuses et mortelles sans jamais ménager mon don total.

A la guerre j’ai peur, j’ai toujours peur, je tremble, je fais dans ma culotte. Parce que c’est bête, parce que c’est inutile.
Inutile pour moi. Inutile pour le camarade qui est avec moi sur la ligne de tirailleurs. Inutile pour le camarade en face. Inutile pour le camarade qui est à côté du camarade en face dans la ligne de tirailleurs qui s’avance vers moi. Inutile pour le fantassin, pour le cavalier, pour l’artilleur, pour l’aviateur, pour le soldat, le sergent, le lieutenant, le capitaine, le commandant. Attention, j’allais dire : le colonel !
Oui peut-être le colonel, …

JNPgi-10- MAIS ARRÊTONS - NOUS . -le-i


(Plus facile)


(Solution)


 

« Mais il est encore bien des Français qui, favorisés de la fortune, vivent oisifs. A ceux-là, nous disons : Vous avez mieux à faire. Vous devez ce qui vous reste de vie à la France; On peut se rendre utile de mille façons et les moyens sont à la portée de tous

Pointeur, c’est à toi qu’appartient la fonction délicate et méticuleuse de repérer, de diriger, de corriger; opérations dont le but est d’obtenir du tir des résultats appréciables. C’est dire l’importance de ton instruction à ce rôle et de son exécution pratique et utile à la guerre.

[Pour nos soldats : GUIDE DU POILU – Charles Charton]