La planète des normes est un roman de Jan De Fast écrit dans les années 70, belles années de la collection fleuve noir.
L’auteur y évoque un monde où l’esprit des humains est, tout comme le corps, entouré de soins qui lui « évitent », ainsi qu’à la société, tout dérèglement, tout dépassement de la normalité.
Pour cela, la solution idéale : la machine et les mots sans épaisseur de la « Norme »
La planète des Normes – Jan De Fast – 01
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Allan, l’envoyé d’Alpha, découvre les outils au service de la société parfaitement équilibrée et notamment l’entité qui est à la tête de cette gestion idéalement centralisée.
Dans le vocabulaire qu’il avait emmagasiné au début, le vocable revenait très souvent et le translateur sémantique lui-même l’avait assimilé à celui de « loi » ou de « principe directeur ». Le code civil et pénal en quelque sorte, l’ensemble des règlements et préceptes régissant la vie sociale sur Hod, les articles ordonnant ou interdisant telle ou telle action conforme ou contraire à la législation en vigueur et, en fait, c’était bien cela, dans une certaine mesure tout au moins. Les Normes constituaient bien la base juridique sur laquelle se réglait l’ensemble de la civilisation hodienne, mais elles ne se composaient pas d’un ensemble de textes pondus et remaniés par des législateurs sous la direction d’un parlement ou d’un exécutif pour être utilisées par une hiérarchie de tribunaux servis par un appareil policier. …
Quelque part dans la banlieue de la capitale s’érigeaient de gigantesques constructions à l’intérieur desquelles de puissants ordinateurs étaient groupés par dizaines de milliers. C’était dans leurs immenses mémoires que se trouvait inscrite la Loi, c’était la technocratie poussée à la limite, puisque le technicien n’était plus nécessaire sauf pour réparer un éventuel court-circuit et que la machine agissait seule en fonction d’une programmation définitive conçue pour que tout sur la planète demeure « normal ». Le terme exact était « Centre de gestion et de contrôle ». Les milliards de circuits électroniques renfermés dans ces armoires étaient là pour assurer à la communauté entière un rythme de vie sans problème, calculant les besoins sur tous les plans et y répondant à chaque instant par la régulation des ressources, le fonctionnement des exploitations et celui des industries de transformation et de production, l’animation des réseaux de distribution ; il ne pouvait jamais y avoir ni excès ni disette, ni surabondance ni rupture de stock. Toutefois la continuité de la vie économique n’était pas le seul but des Normes, le facteur sociologique était tout aussi important sinon davantage. Il était indispensable …
L’individu lambda l’ignore souvent, parfois même il connaît cette réalité, mais n’en mesure pas réellement les conséquences … une grande partie de notre existence est déjà régit par des normes pilotées par des machines/programmes/algorithmes
Un exemple entre mille : l’orientation des élèves de collège (en lycée ou dans les différentes section des lycées professionnel) est depuis plus de 10 ans gérée par des programmes. En entrée : les notes des élèves, en sortie … leur avenir.
Ce système étant jugé plus juste qu’une commission d’orientation où certes la subjectivité était présente, mais où d’autres critères absents des notes où les modulant pouvait être pris en compte.
Mais l’ensemble des acteurs qui étaient concernés par ces commissions, lourde de responsabilité et de situations difficiles à prendre en compte dans leur globalité, chefs d’établissements, conseillers d’orientations psychologues, … se sont trouvés soulagés.
En quelques secondes un travail qui leur demandait des heures de débats souvent difficiles et chargés de pathos, était expédié.
Quelques années plus tard … le même système régit l’orientation dans les études supérieures.