Tout ce qui est sans chair et sans émotion vraie, en prend pour son grade dans cette oeuvre truculente.
Dialogue laborieux – 12–
Un écho à une autre oeuvre de René Daumal
« Les pouvoirs de la parole »
dont on pourra voir un développement
chez Colimasson
« J’ai quelques autres idées.
Par exemple sur la viscosité du son.
Les sons s’étalent sur les surfaces, glissent sur les parquets, coulent dans les gouttières, se tassent dans les coins, se brisent sur les arêtes, pleuvent sur les muqueuses, fourmillent sur les plexus, flambent sur les poils et papillonnent sur les peaux comme l’air chaud sur les prairies en été.
Il y a des batailles aériennes d’ondes qui se replient sur elles-mêmes, prennent des mouvements rotatoires et tourbillonnent entre ciel et terre comme le regret indestructible du suicidé qui à mi-chemin de sa chute du sixième étage, soudain ne voudrait plus mourir. »…
« Il y a des paroles qui n’arrivent pas à destination et qui se forment en boules errantes, gonflées de danger… »
…
« , comme la foudre parfois quand elle n’a pas trouvé sa cible. Il y a des paroles qui gèlent »
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Ici aussi
comme dans l’oeuvre de Joseph Jacotot
la parole (de Totochabo) prend son sens
en grande partie
non dans celui des mots qui se déploient
mais
dans la forme de leur assemblage.
Leur tourbillon en dit davantage
que leurs habits ou leur chair même.
Ce qui nous parvient
est inséparable
de la voix
que l’on entend
sait
ou imagine.
Dialogue laborieux 12, complet (au format pdf) Dialogue Laborieux 12