[Almanach] Christine Jeanney …

[Le muscle est encore parfois utile]

vendredi 10 juin 2011
Les éditions publie.net donnaient
Cartons de Christine Jeanney

LES GROS BRAS LES PRENDRONT-letcr1-exp

                               

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L’extrait complet

Proposition de lecture :


LIVRES SALON écrit au feutre noir une fois dessus, une fois sur le côté, les gros bras les prendront trois par trois et même plus, je m’échine sur un seul, poussé péniblement, tiré, il s’arrache, je recouvre de scotch la plaie, cache un morceau de couverture violette, livre en allemand, historique, familier, mystérieux, pas ouvert à cause d’une langue impénétrable mais gardé, rassurant, l’obscurité pour lui, tiens, me promettre de l’ouvrir à l’arrivée, là-bas, au moment de remplir les étagères vides, déménager c’est se faire de petites promesses, là-bas, il faudra, on pourra, on fera attention, et plus question de (et puis on fait comme on a l’habitude, le temps de retrouver nos déplacements et de lever la tête dans la bonne direction, déménager c’est se demander souvent et plusieurs fois par jour où est accrochée la pendule)

[Almanach] Jean ROUAUD …

[Le bidonville est-il l’aboutissement du projet
« la ville à la campagne »
voire son dépassement ?]

Mardi 5 Juin 2012
Les éditions publie.net donnaient
Les villes fantômes de Jean Rouaud

LA SEULE FAÇON POUR LA CAMPAGNE-letcr1-exp

                               

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Proposition de lecture :


Admettons la proposition mitterrandienne : Le socialisme, c’est la ville. On peut en débattre, mais retenons surtout que dans l’esprit d’un dirigeant éclairé, le socialisme passe nécessairement par la ville. Ce qui dit aussi, en négatif, qu’il se désintéresse totalement de la campagne, qu’il se fiche de réfléchir à son évolution, ou qu’il trouve son cas à ce point désespéré, qu’en une formule il choisit de la rayer de la carte de l’avenir. La seule façon pour la campagne d’embarquer à bord du train du progrès, ce serait donc de se regrouper en cités, et de laisser la nature aux plantes et aux petits oiseaux. C’est ce qu’elle a fait pourtant, pendant deux siècles sous nos contrées, et continue de faire dans les pays du Tiers Monde, mais avec des résultats mitigés. Par exemple, on ne sait même pas combien de paysans ont quitté le peu qu’ils avaient, mais qui n’était pas rien, puisque, aussi misérable fût-il, ce coin de campagne était dépositaire d’une histoire, pour s’entasser dans de gigantesques campements de toiles et de cartons à la périphérie de Mexico et faire de la cité aztèque une nébuleuse de vingt-trois ou vingt-cinq millions d’habitants, nul ne sait, mais dans cette approximation, on aurait de quoi inclure les deux millions de Parisiens. Alors, le socialisme, serait-ce aussi le bidonville ? Ne poussons pas tout de même. Mais le fait est, qu’en retournant la proposition, si le socialisme c’est la ville, quel système politique définit la campagne ? La ville étant perçue comme le laboratoire du progrès, du commerce avec l’autre, de la civilité, de l’échange, du vivre ensemble, si l’on inverse terme à terme les valeurs de ce riant tableau progressiste, on souffre pour nos amis ruraux. Autrement dit : à la ville les lumières, à la campagne l’obscurantisme, à la ville le progrès, à la campagne l’arriération, à la ville le commerce avec l’autre, à la campagne le repli sur soi, à la ville l’échange, à la campagne la thésaurisation, à la ville la civilité, à la campagne les rustres, à la ville l’art de vivre ensemble, à la campagne la haine rance du voisin, d’où, in fine, et ainsi on comprend mieux les arcanes de la pensée du maître de Jarnac : si le socialisme c’est la ville, la campagne, c’est la réaction. Décidément le Maréchal avait bien raison d’être vichyste. La campagne et lui étaient faits pour s’entendre.
D’une autre côté, si la ville s’est constituée massivement avec l’exode rural, que devient son socialisme lorsque le mouvement, comme c’est le cas aujourd’hui, s’inverse ? Ainsi, c’est la première fois depuis deux siècles que les campagnes européennes ne perdent plus d’habitants, que l’hémorragie de l’exode est stoppée, et que les villes, on le voit avec Paris, commencent même à perdre une partie de leur population, qu’elles ne savent pas comment retenir. De sorte que la formule n’est plus d’actualité (sinon ça donne, avec cette image d’une ville qui se dégonfle : le socialisme, c’est une baudruche) et qu’il faut la repenser. Il aurait même fallu commencer à y songer plus tôt. Ce qui fait que certains débats sentent la naphtaline.

[Almanach] Jules Michelet …

[Ce n’est pas tout à fait celle de Charles Trenet.]

Jeudi 7 Juin 2012
Les éditions publie.net donnaient
« La mer » de Jules Michelet

DANS TOUTES LES ANCIENNES-letcr1-exp

                               

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L’extrait complet


Proposition de lecture :


UN BRAVE MARIN HOLLANDAIS, ferme et froid observateur, qui passe sa vie sur la mer, dit franchement que la première impression qu’on en reçoit, c’est la crainte. L’eau, pour tout être terrestre, est l’élément non respirable, l’élément de l’asphyxie. Barrière fatale, éternelle, qui sépare irrémédiablement les deux mondes. Ne nous étonnons pas si l’énorme masse d’eau qu’on appelle la mer, inconnue et ténébreuse dans sa profonde épaisseur, apparut toujours redoutable à l’imagination humaine.
Les Orientaux n’y voient que le gouffre amer, la nuit de l’abîme. Dans toutes les anciennes langues, de l’Inde à l’Irlande, le nom de la mer a pour synonyme ou analogue le désert et la nuit.
Grande tristesse de voir tous les soirs le soleil, cette joie du monde et ce père de toute vie, sombrer, s’abîmer dans les flots. C’est le deuil quotidien du monde, et spécialement de l’Ouest. Nous avons beau voir chaque jour ce spectacle, il a sur nous la même puissance, même effet de mélancolie.

[Almanach] Anne Frank …

[De quoi redonner l’espoir à celle qui avait tout à craindre de l’avenir jusqu’alors.]

Mardi 6 Juin 1944
Anne Franck dans son journal écrivait

D APRÈS LES NOUVELLES ALLEMANDES-LETCR1-EXP

                               

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Le passage


Très chère Kitty,
 
« This is D-Day », a dit la radio anglaise à midi et en effet this is the day, le débarquement a commencé.
Ce matin à huit heures, les Anglais ont annoncé : importants bombardements sur Calais, Boulogne, Le Havre et Cherbourg ainsi que sur le Pas-de-Calais (comme d’habitude). Ensuite les règles de sécurité pour les territoires occupés, toutes les personnes qui habitent à moins de trente-cinq kilomètres de la côte doivent s’attendre à des bombardements. Les Anglais tenteront de jeter des tracts une heure avant l’attaque.
D’après les nouvelles allemandes, des parachutistes anglais ont atterri sur la côte française. Des bateaux de débarquement anglais se battent contre les fusiliers marins allemands. Voilà ce qu’annonçait la B.B.C.
Conclusion de l’Annexe, à neuf heures au petit déjeuner : il s’agit d’un essai, comme à Dieppe il y a deux ans.
Communiqué à la radio anglaise à dix heures, en allemand, en néerlandais, en français et en d’autres langues : « The invasion has begun ! » Donc, le « vrai » débarquement.
Communiqué à la radio anglaise à onze heures, en allemand : discours du commandant en chef des armées, le général Dwight Eisenhower.
Communiqué à la radio anglaise à midi, en anglais : « This is D-Day. » Le général Eisenhower s’est adressé au peuple français en ces termes : « Stiff fighting will come now, but after this the victory. The year 1944 is the year of the complété victory, good luck(1)! »
Communiqué à la radio anglaise à une heure, en anglais (traduit) : 11 000 avions sont appareillés, ils ne cessent de faire la navette pour parachuter des troupes et bombarder l’arriére des lignes. 4 000 navires plus des petits bateaux débarquent les uns après les autres entre Cherbourg et Le Havre. Les armées anglaise et américaine sont déjà au cœur de la bataille. Discours de Gerbrandy, du Premier ministre belge, du roi Haakon de Norvège, de De Gaulle pour la France, du roi d’Angleterre, sans oublier Churchill.
L’Annexe est en émoi. La libération tant attendue arriverait-elle enfin, cette libération dont on a tant parlé mais qui est encore trop belle, trop miraculeuse pour vraiment arriver un jour? Cette année, l’année 1944, va-t-elle nous offrir la victoire ? Nous n’en savons toujours rien pour l’instant, mais l’espoir nous fait vivre, il nous redonne courage, il nous redonne de la force. Car il nous faudra du courage pour supporter les multiples angoisses, privations et souffrances, maintenant il s’agit de garder son calme et de persévérer, mieux vaut s’enfoncer les ongles dans la chair que crier ! La France, la Russie, l’Italie et aussi l’Allemagne peuvent toutes crier de détresse, mais nous, nous n’en avons pas encore le droit ! Oh, Kitty ! Le plus beau du débarquement, c’est que j’ai l’impression que des amis approchent. Ces horribles Allemands nous ont opprimés et mis le couteau sous la gorge pendant si longtemps que les amis et la délivrance, c’est tout pour nous ! Il ne s’agit plus des juifs, il s’agit des Pays-Bas, les Pays-Bas et toute l’Europe occupée. Peut-être, a dit Margot, qu’en septembre ou en octobre je pourrai malgré tout retourner à l’école.
 
Bien à toi,
Anne M. Frank

[Almanach] De grand classiques…

[La première parution ne datait que de 1972.
Le titre de cet article évoque le grand nombre de textes classiques
qui ont été republiés à cette date :
Racine, Maupassant, La Fontaine, Lewis Carrol … et… ]

Le Vendredi 5 Juin 2016 aux éditions Gallimard étaient rééditées Les Fleurs du Mal de Charles Baudelaire.

Le poème dont provient cet extrait est une sorte de redite tissée sur le célébrissime Albatros, l’auteur y poursuit la métaphore de l’oiseau/poète
mais il n’en va pas comme pour une étoffe, en poésie, plus on tisse la trame, plus elle s’use parfois.

HEUREUX CELUI QUI PEUT D UNE AILE -letcr1-exp

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Le poème 


Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées,
Des montagnes, des bois, des nuages, des mers,
Par delà le soleil, par delà les éthers,
Par delà les confins des sphères étoilées,
 
Mon esprit, tu te meus avec agilité,
Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l’onde,
Tu sillonnes gaiement l’immensité profonde
Avec une indicible et mâle volupté.
 
Envole-toi bien loin de ces miasmes morbides ;
Va te purifier dans l’air supérieur,
Et bois, comme une pure et divine liqueur,
Le feu clair qui remplit les espaces limpides.
 
Derrière les ennuis et les vastes chagrins
Qui chargent de leur poids l’existence brumeuse,
Heureux celui qui peut d’une aile vigoureuse
S’élancer vers les champs lumineux et sereins ;

[Almanach] Jean-Yves Fick …

[Dans un long poème qui évoque la ville
ce qui la fait ville
ce qui l’immerge dans la durée]

Dimanche 5 Juin 2011
Jean-Yves Fick donnait le poème sans filet 58 (V)

LES ANCRES DE CHAÎNAGE - letcr1-exp

                               

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L’extrait complet

Proposition de lecture :

 

Le lieux d’écriture virtuelle de Jean-Yves Fick : Gammalphabet

Ses recueils chez Publie.net 


De l’une à l’autre rive
ce sont mêmes aspects
qui s’offrent à la vue

dans le peu de lumière

la même cendre prend
en poudre grise aux murs
plaqués de parements

ou les feux du plein jour

les ancres de chaînage
pauvres ou ouvragées
pleurent rouges leurs rouilles

ne passent que les masses

les surplombs d’avenues
horizontales noires
sillonnées d’autres masses

les mouvements s’écroulent
dans leurs propres néants
avec les immobiles

il préfère bien plus
se fier à la danse
des ombres de la flamme

plus vives et légères
dont rien ne le distrait
il arrive qu’il doute

que tout ne soit que songes.

[Almanach] Maryse Hache & Pierre Ménard…

[Ce jour, ils ont fait communiquer leurs lieux virtuels.]

Vendredi 4 Juin 2010
Maryse Hache écrivait sur Liminaire (de Pierre Ménard)
Offrandes et libations

ÇA TRESSE DES COURBURES-letcr1-exp

                               

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Le poème en sa page

Proposition de lecture :

 


 Le même jour, Maryse Hache
suivant le principe des Vases Communicants
accueillait le texte de Pierre Ménard en son Sémenoir

L USURE DU TEMPS-letcr1-exp

Lire le texte entier »l’usure du temps « 

 


 

[Almanach] Robert Badinter – (François Mitterand)…

[Un travail qui serait plus que jamais d’actualité.]

Jeudi 3 Juin 1976
les éditions Gallimard publiaient un travail collectif
préfacé par François Mitterand et Dirigé par Robert Badinter
Liberté, libertés. (Réflexions du Comité pour une charte des libertés)

DANS LA PRATIQUE LES MAÎTRES-letcr1-exp

                               

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Le passage entier


 

La France a une longue histoire. Et les Français ont beaucoup combattu pour leurs libertés. Proclamer à nouveau les libertés acquises, comme si on s’arrogeait le bénéfice de leur découverte, c’est méconnaître qu’elles sont déjà inscrites dans les textes solennels, souvent depuis presque deux siècles.
Aussi, avant d’aller au-delà, il nous a paru nécessaire de prendre la mesure de l’acquis. Ce rapport suscitera trois réflexions. La première est que la France est terre de liberté, puisque ces libertés y sont reconnues pour l’essentiel.
Mais il serait aisé de montrer comment, dans la pratique, les maîtres de l’État s’appliquent souvent à rogner plutôt qu’à conforter ces libertés.
La seconde est que cet acquis des libertés, les Socialistes le revendiquent pour leur. Non pas comme héritiers de la société qui s’achève, mais parce qu’en toutes circonstances. les hommes qui ont lutté pour les libertés ont été les plus opprimés de la société, ou ceux qui avaient choisi leur camp.
Enfin, à considérer l’évolution de ces libertés, il apparaît que la liberté est exigence et action continue.
C’est tout le sens de notre ouvrage.

[Almanach] Dominique Hasselmann …

[Comme à son habitude, il joue avec le mot et l’image
mais ici il ne se contente pas de la langue française.]

Lundi 2 Juin 2014
En ses terres virtuelles MÉTRONOMIQUES

Dominique Hasselmann donnait
« xxxxxxxxxx »
(titre à découvrir)

                     DURA LEX SED SOLEX-letcr1-exp          

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L’article complet


Dominique Hasselmann aux éditions Qazaq

Dominique Hasselmann aux éditions Publie.net


Personne ne songe à le contester. Utilité des travaux menés par la commission docte de surveillance. La commission de surveillance rend des sentences sûres et éclairées au sujet du savon en paillettes et du fil de fer galvanisé. Nous payons pour savoir. Nous atteindrons un jour la stratosphère, ménagères pratiques de sens à un sou près. Ce qui se mange coûte de jour en jour plus cher. C’est la guerre. Il ne faut pas espérer profiter des douceurs et de l’abondance /

[Almanach] Jean Giono …

[Pour beaucoup de ses lecteurs, un des plus beaux romans de « la première période »]

Vendredi 1 Juin 1934
La Nouvelle Revue Française en son n°249
donnait en Marcel Arland une critique du roman de Jean Giono
« Le chant du monde »
Paru un mois plus tôt chez Gallimard
LOIN LÀ BAS DANS LES COMBES -letcr1-exp

                               

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Le passage en son entier

Proposition de lecture


Loin, là-bas, dans les combes des collines, les oiseaux ne pouvaient pas dormir. Ils venaient écouter le fleuve. Ils le passaient en silence, à peine comme de la neige qui glisse. Dès qu’ils avaient senti l’odeur étrangère des mousses de l’autre côté, ils revenaient en claquant éperdument des ailes. Ils s’abattaient dans les frênes tous ensemble, comme un filet qu’on jette à l’eau. Cet automne dès son début sentait la vieille mousse. De l’autre côté du fleuve on appela : –Antonio !
Antonio écouta.
– C’est toi, Matelot ?
– Oui, je veux te voir.
– Le gué a changé de place, cria Antonio.
– Je viens à cheval, dit le Matelot.
Et on l’entendit pousser à l’eau un gros tronc d’arbre.
– Il doit arriver à peu près aux osiers, pensa Antonio, avec ce nouveau détour du gué le courant doit se balancer par là.
– Oh ! cria Matelot.
Il était déjà arrivé.