Giono jeune, a écrit un texte que Giono sage a partiellement renié, lui reprochant précisément tout ce qui en fait sa force : la colère, la fougue, l’audace, la témérité et cette capacité de faire déborder le sens au-delà des mots.
(Entretien avec Pierre Lhoste Avril 1968 « …C’est une erreur de jeunesse, une exaspération de violence … »)
Pourtant ce texte contient tout de ce qui pourrait réveiller … ce monde.
Autant à propos des guerres permanentes dans lesquelles nous sommes habilement engagés (idéologique, économique, énergétique, climatique …) que concernant la place à laquelle l’homme à le droit … parmi les autres formes de vie sur terre.
Ces extraits concernent la guerre dans laquelle Giono s’est trouvé engagé de 1914 à 1918.
Dans celui-ci on verra Giono envisager l’utilisation de la violence … mais contre les véritables ennemis de ce qu’il chérit le plus, à savoir : la vie.
Plus bas on trouvera une actualisation récente, par un chef d’état, de cet exhortation à « donner sa vie » dans ces engagements
« Il n’y a pas un seul moment de ma vie où je n’ai pensé à lutter contre la guerre depuis 1919. J’aurais dû lutter contre elle pendant le temps où elle me tenait mais à ce moment-là, j’étais un jeune homme affolé par les poètes de l’état bourgeois. Mon cœur qui avait été maçonné et construit par mon père, le cordonnier à l’âme simple et pure, mon cœur n’acceptait pas la guerre, et je marchais avec un fusil fermé dans le bled de l’attaque. Je le regrette maintenant. Ce fusil, il aurait été bon de le garder fin prêt et astiqué et la culasse coulant bien, et les cartouches bien graissées, le garder avec moi, et …
« … ils savaient pourquoi ils mourraient et ils savaient que d’autres après eux, malgré le regret, malgré l’amour des leurs, choisiraient aussi de mourir pour cette cause sacrée : la France. «
Extrait du
» DISCOURS DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE EMMANUEL MACRON AUX ÉPARGES »
6 Novembre 2018
Il y a un monde entre les paroles exaltées des écrivains, au service des faiseurs de guerre et cette chair à canon, ce grain qui meurt sous la meule du conflit.
( à Monsieur le président Macron) On ne CHOISIT pas de mourir pour, on vit pour, en ACCEPTANT le sort)
Témoin en est ces essais de fraternisation sur le front qui ont eu lieu entre ceux qui étaient censés se haïr et que ceux qui nourrissaient leurs galons du combat ont réprimé*…
jusqu’à nos jours, puisqu’un film qui relatait un de ces épisodes n’a pas pu se tourner en France ! (« les généraux français cessèrent de collaborer en lisant le scénario. Le film qui devait être tourné en France le fut plutôt en Roumanie » video )
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*[L’État-major fait donner l’artillerie pour disperser les groupes fraternisant les jours suivants et fait déplacer les Unités « contaminées » sur les zones de combat les plus dures.]
« Les soldats du front occidental étaient épuisés et choqués par l’étendue des pertes humaines qu’ils avaient subies depuis le mois d’août. Au petit matin du 25 décembre, les Britanniques qui tenaient les tranchées autour de la ville belge d’Ypres entendirent des chants de Noël venir des positions ennemies, puis découvrirent que des arbres de Noël étaient placés le long des tranchées allemandes. Lentement, des colonnes de soldats allemands sortirent de leurs tranchées et avancèrent jusqu’au milieu du no man’s land, où ils appelèrent les Britanniques à venir les rejoindre. Les deux camps se rencontrèrent au milieu d’un paysage dévasté par les obus, échangèrent des cadeaux, discutèrent et jouèrent au football. Ce genre de trêve fut courant là où les troupes britanniques et allemandes se faisaient face, et la fraternisation se poursuivit encore par endroits pendant une semaine jusqu’à ce que les autorités militaires y mettent un frein. Cet événement fut à l’origine du film Joyeux Noël de Christian Carion, sorti en 2005. »