Giono jeune, a écrit un texte que Giono sage a partiellement renié, lui reprochant précisément tout ce qui en fait sa force : la colère, la fougue, l’audace, la témérité et cette capacité de faire déborder le sens au-delà des mots.
(Entretien avec Pierre Lhoste Avril 1968 « …C’est une erreur de jeunesse, une exaspération de violence … »)
Pourtant ce texte contient tout de ce qui pourrait réveiller … ce monde.
Autant à propos des guerres permanentes dans lesquelles nous sommes habilement engagés (idéologique, économique, énergétique, climatique …) que concernant la place à laquelle l’homme à le droit … parmi les autres formes de vie sur terre.
Ces extraits concernent la guerre dans laquelle Giono s’est trouvé engagé de 1914 à 1918.
« Enfin, ce qui est fait est fait et ce qui est à faire reste à faire. Le temps est pour tout, même ce soir pour regarder cette immense plaine qui s’en va toute d’une traite, depuis le pied de ma terrasse jusqu’au fleuve. L’été de tout le jour s’est appesanti sur les blés. La chaleur sent la farine. Vingt ans. Depuis vingt ans j’ai vu se succéder ces moissons et les vendanges de la terre, la feuillaison des arbres,…
LES BELLES LETTRES.
LETTRE D’UN TOUT JEUNE CONSCRIT.
« Mes chers parents, vous m’excuserez de ne pas vous avoir écrit plus tôt. Je n’ai pas eu beaucoup de temps. J’ai été les premiers jours dans les tranchées. J’ai fait le coup de feu comme les autres. Un jour, j’ai surpris deux Boches derrière un arbre, en train de manipuler des bombes. Je les ai tirés à bout portant.
J’ai été blessé par un éclat d’obus. Ce n’était rien, et je suis resté ici. »
Extrait de « La Grande guerre par les grands écrivains : Messidor : revue bi-mensuelle illustrée » qui reprend une lettre produite par Paul D’Ivoi et publiée dans le journal « Le matin ».
Cette lettre est citée comme une correspondance réelle dans « Pour nos soldats : GUIDE DU POILU » de Charles Charton