30 Septembre 1872 …

dans la « chronique illustrée » Charles Monselet évoque l’automne à ses début et donne une petite histoire … d’automne.
Histoire, réécrite en partie ici, dont on trouvera des passages, et notamment la lettre donnée plus bas, dans son roman « La Franc-maçonnerie des femmes« , roman où ces éléments prennent un sens tout à fait différent.
En effet, l’auteur nous y narre la vengeance d’une chanteuse (rien avoir avec celle qu’évoque Guillaume Erner, dans sa chronique de ce jour, (Sur France Culture) pour nous dire qu’on en parle trop (?)) séduite et abandonnée par un jeune arriviste qui utilise une « police parallèle dirigée par et pour des femmes, pour lancer la toute-puissante société secrète sur les traces de son amant afin d’assouvir sa vengeance.« 

(Extraits de l’article)

(Cette partie n’est pas dans le roman)

Voici l’automne !
Il ne fait plus chaud, et il ne fait pas encore froid. C’est une saison de transition ; elle achève et elle commence. Elle achève de cueillir ses fruits et elle commence à ensemencer ses terres arables.

(Cette partie est dans le roman, modifiée ici pour l’article, les parties modifiées sont en gras italique)
les parties supprimées sont rouge

L’automne est la plus belle saison de Paris, ou du moins celle qui lui sied le mieux. À cette ville toute de frivolité et de luxe aimable, (dans son état normal) il suffit de cette coloration pâle, de ce soleil insouciant qui sert de prétexte aux ombrelles et aux dernières toilettes brillantes.
Le ciel est argent et bleu, livrée délicieuse ; il y a non seulement des feuilles aux arbres des parcs, mais il y a encore par terre, dans toutes les allées, où elles dissimulent la poussière.
C’est le moment où le Bois de Boulogne, où le coteau de Sèvres, où l’île de Bougival font des efforts désespérés pour se maintenir au rang d’oasis et atteignent aux effets les plus prodigieux et les plus splendides. La Seine est unie, et reposée. Dans les forêts, c’est une mêlée générale, une bataille de tons mordorés, jaunes, verts, bleus, écarlates même. La nature déploie toutes les …

(Cliquer ici pour lire la grille plus facilement)

…où l’originalité arrive au secours de la grâce.
Nul temps ne convient mieux aux douces promenades, moitié gaité, moitié sentiment. C’est pourquoi ma Chronique – qui ne s’est point engagée à être un recueil de faits divers – veut essayer de vous raconter ce qu’on pourrait appeler : une « histoire de tous les jours »

Il était une fois, – hier par exemple – deux amoureux de date récente, Valentin et Nancy, qui avaient décidé de profiter d’une de ces journées engageantes pour mettre quelques pouces de champs entre eux et Paris.
Un de ces petits coupés, qui valent les chaises à porteur d’autrefois pour l’élégance et qui leur sont bien supérieurs pour la rapidité, un petit coupé les emporta, dès midi, au-delà d’Auteuil, et ensuite un peu partout, à Meudon, à Saint-Cloud, dans les sentiers de Ville d’Avray.
Quand le site leur paraissait beau, ils descendaient de voiture et continuaient leur route à pied ; Nancy s’appuyait sur le bras de Valentin et marchait en soulevant légèrement sa robe pour qu’elle ne fût pas accrochée par les branches mortes et noires qui gisaient sur le sol  – c’était un plaisir de voir le bout de ses bottines furetant à travers les feuilles sèches.
La conversation ne tombait jamais entre eux ; l’un et l’autre avaient cet âge où la richesse et la vivacité du sang entretiennent une succession d’impressions rapides, heureux âge où la parole fleurit sur les lèvres, amenant avec elle sans effort la bonté, l’esprit, le charme, comme les perles d’une eau limpide. Ils causaient de ce qu’ils voyaient et de ce qu’ils aimaient ; leurs idées semblaient rire, ainsi que leur bouche.
Un tel entretien, emporté par le vent et semblable au vent lui-même, ne peut être rapporté ni traduit ; il ressemble à ces babils insaisissables et coquets qui courent dans les partitions d’opéra-comique. Il n’y a qu’un âge, il n’y a qu’un temps pour de tels duos. Plus tard, on oublie cet idiome amoureux qui pourtant ne s’apprend pas, et l’on est tout surpris de s’apercevoir que les paroles tarissent comme autre chose ; plus tard, on ne sait plus causer avec les femmes, on se contente de les écouter ou simplement de les entendre ; alors, elles nous étonnent plus qu’elles ne nous charment ; nous les regardons en souriant, l’esprit traversé par des idées étrangères…

Nancy n’avait jamais été si jolie, si fraîche. Valentin, de son côté, ne pensait qu’au moment présent, et le moment présent était tout son bonheur. Il lui semblait que la vie humaine n’avait qu’un seul jour, et que ce jour était celui-ci.
Ils dînèrent chez le garde du parc de Marly, car les caprices de leur promenade les avaient amenés jusque-là.

[On peut penser que durant les années écoulées entre le roman et cette chronique qui lui est antérieure, le parc a été quelque peu restauré.]

Il fallait être Valentin et Nancy pour avoir songé à ces pauvres ombrages de Marly où l’on ne trouve ni une statue,

ni un banc de marbre…
La nuit, qui vient vite en automne, les surprit pendant qu’ils étaient encore à table, auprès d’une fenêtre. On apporta des chandelles, on ferma les contrevents. Toute gaieté disparut alors. Avec le soir, le froid se glissa dans cette petite chambre et ralentit les doux propos.

Ils regagnèrent promptement leur coupé, et ils s’y enfermèrent sans plus de phrase. Le cocher reçut l’ordre de conduire grand train. Ce fut comme une déroute.
Une vraie déroute, en effet, la déroute du cœur et de l’esprit. Nancy avait remonté son châle sur ses épaules et enveloppé son cou d’un mouchoir. Elle ne répondait plus que par monosyllabes aux paroles de Valentin, qui tâchait vainement de renouer la conversation. Seulement, du coin de la voiture où sa jolie tête était tournée de trois quarts vers lui, elle ne cessait pas de l’examiner. Il y avait dans la persistance de son regard quelque chose de sournois et même de cruel.
Plusieurs fois aussi, elle consulta la petite montre qu’une chaîne d’or retenait à sa ceinture.
Valentin avait fini par prendre son parti du maussade dénouement de cette belle journée. Il se disait que c’était l’allure habituelle des choses, et il s’y conformait philosophiquement. Par la vitre de la portière, il cherchait à reconnaître le chemin que, quelques heures auparavant, il avait parcouru. Tout était noir et triste. Le vent de novembre prenait sa revanche sur le soleil et secouait rudement ces arbres si confiants, qui avaient pu croire pendant la journée à un armistice ou à un oubli. Le vent les dépouillait sans pitié, tantôt en raillant et en sifflant, tantôt en grondant tout de bon et en s’irritant de leurs résistances.
L’arc de l’Étoile apparut, enveloppé de brumes rougeâtres.
Ils rentrèrent à Paris. Valentin reconduisit Nancy jusque chez elle ; et, comme elle se plaignait de la fatigue, il n’insista pas pour monter à son appartement. En lui souhaitant le bonsoir, il remarqua que ses petits doigts gantés, qu’elle lui avait tendus, tremblaient d’une manière fiévreuse.
— Adieu ! lui dit-il.
— Non pas adieu, dit Valentin, au revoir.
Elle ne répliqua pas. 

Ici disparait un long passage* du roman en rapport direct avec l’intrigue et qui n’a plus de raison d’être dans cette chronique qui se veut une allégorie de l’automne (*que je ne donne pas ici)

La lettre qui suit est une pièce d’anthologie, un morceau de bravoure à la gloire de la subtilité féminine (pas trop mures les tomates SVP (sourire)²).
La lettre correspondante du roman a été considérablement remaniée pour la rendre plus drôle, faisant la partie belle à l’humour décapant de Nancy.

Le lendemain matin, Valentin recevait la lettre que voici
« Mon cher Valentin,

« Quand vous recevrez cette lettre… oh ! rassurez-vous, je ne serai pas morte, mais je ne vous aimerai plus.
Vous avez trop d’esprit pour vous étonner d’un fait si simple, si ordinaire et si prévu.
Bien que le temps me presse et que mon coiffeur attende dans l’antichambre, il faut cependant que je vous dise quelques vérités, mon Cher Valentin.
« Vous ne m’aimez pas, vous ne m’avez jamais aimée, mais pas du tout, croyez-le bien. Je vous ai distrait, je vous ai irrité, rien de plus ; cela a suffi pour que vous vous trompiez vous-même.
Faire souffrir plutôt qu’ennuyer, voilà notre secret à nous autres femmes déclassées. Il me reste tant d’autres secrets que je puis bien vous livrer celui-là !
« Notre rencontre a été une méprise ; il n’y avait aucune sympathie entre nous ; nous sommes trop semblables l’un à l’autre. Vous n’avez pas plus de sensibilité que moi : la douleur peut vous faire crier — pleurer jamais. Vous savez garder en toute occasion la conscience de votre supériorité. Aussi, vous pourrez dans votre vie avoir beaucoup d’amours, mais je vous défie d’avoir jamais l’amour.
« Un homme tel que vous, Valentin, n’est pas fait pour une femme telle que moi ; laissez-moi m’éloigner de votre chemin. Je suis ce qu’on appelle un produit parisien, né, cultivé dans cette grande serre du vice qui s’étend des boulevards au bois de Boulogne. Comment s’est faite mon éducation, je ne m’en souviens plus, ou je frémis quand je m’en souviens ; seulement j’ai tout appris, je sais tout, même un peu d’orthographe.

Comment voulez-vous que je puisse vous aimer,

(cliquer ici pour lire la grille plus facilement)

de l’esprit.
« Mettons que notre liaison a été une expérience, un essai sans réussite ; elle n’en aura pas moins eu, dans sa courte durée, un charme spécial et réel. Nous avons eu trop de bon sens pour ne pas dissimuler tous les deux, et nous devons à cette délicate politique des heures souriantes qui valent peut-être mieux que des heures brûlantes, et des plaisirs qui
ressemblent bien à des bonheurs.
« À qui s’en prendre si notre promenade de Marly a eu son retour, comme elle avait eu son départ ? Est-ce que toutes les affections, tous les caprices, ne sont pas plus ou moins des promenades à Marly ?
« Adieu, mon ami ; vous avez été très gentil pour moi, et votre souvenir me sera toujours agréable. J’aurais désiré ne pas vous quitter sitôt ; mais que voulez-vous ? Si l’inconstance n’existait pas, je l’aurais inventée.
Cherchons ensemble des prétextes, si vous y tenez : votre cheminée fumait, votre concierge manquait d’aménité, vos favoris étaient devenus trop longs.
Ne pensez plus à moi, ce serait du temps mal perdu ; ou, si vous y pensez, imaginez-vous que vous avez reçu cet été la visite d’une hirondelle, et qu’aux approches de l’hiver cette hirondelle s’est envolée.

« Adieu.

« Nancy»

Calendrier – 13 Septembre – Aimé

Pour Aimé la question de l’homme est fondamentale.

Aimé C

Ainsi selon lui, la vie de l’homme …

C’ EST LE COMBAT DE L’ OMBRE-leNdG

Ou.., plus facile

(parcours facile)


(Tu as trouvé le nom de Aimé ?
Partage ta solution en commentaire …)

Définition en 100 caractères – N…..

Dans une grille de 10 X 10, la définition d’un mot (commençant par un N et comportant 6 lettres.)

 

AVEC UN N MAJUSCULE-leNdG

(Ou … pour une grille plus facile)

(solution)


N….E en image (partiellement rébus)*

La définition qu’en ont donné les Immortels

N....E


Je ne sais pas ce qu’il en sera pour vous si vous faites la même requête
mais
sur Google
lorsque j’ai entré le mot de ce jour
je n’ai eu que ce genre de photo
avec parfois
comme sur celle-ci
un homme
en surplomb
(parfois une femme)
sur aucune ne figurait le moindre animal
à croire qu’ils n’en font pas partie ?

 

 

 

 

 

Je ne peux pas oublier : Refus d’obéissance – Jean Giono – 22 – homme rabot

Refuser d’être un outil au service autant de la production industrielle que de la destruction industrielle, pour lui qui ne peut pas oublier ce qu’il en a vu lors de « la grande guerre« , c’est une évidence.


« L’état capitaliste ne connaît pas les hommes qui cherchent ce que nous appelons le bonheur, les hommes dont le propre est d’être ce qu’ils sont, les hommes en chair et en os ; il ne connaît qu’une matière première pour produire du capital. Pour produire du capital …

JNPgi-22-IL A , À CERTAINS MOMENTS-le-i


(Plus facile)


(Solution)


« Épargnons-nous les désillusions de ceux qui, ayant lutté pour Liberté, Égalité, Fraternité, se sont trouvés un beau jour avoir obtenu, comme dit Marx, Infanterie, Cavalerie, Artillerie.

L’évolution du régime a, par la suite, rétabli la guerre comme moyen essentiel de lutte pour le pouvoir, mais sous une autre forme ; la supériorité dans la lutte militaire suppose, de nos jours, la supériorité dans la production elle-même. Si la production a pour fin, aux mains des capitalistes, le jeu de la concurrence, elle aurait nécessairement pour fin, aux mains des techniciens organisés en une bureaucratie d’État, la préparation à la guerre. « 

Simone Weil  (1933)
(source : https://lesamisdebartleby.wordpress.com/2020/01/15/simone-weil-allons-nous-vers-une-revolution-proletarienne%E2%80%89/)

Je ne peux pas oublier : Refus d’obéissance – Jean Giono – 19 – lecture

Jean Giono aime écrire, après avoir longtemps été un grand lecteur, notamment des textes anciens. L’écriture est sa raison de vivre, et particulièrement dans ce texte il clame sa volonté (sa rage même) de toucher, de bouleverser le lecteur.
Mais dans ce passage, il va évoquer une lecture dont il se méfie, celle qui rend l’homme malin.


Hardi les civils pas de restrictions on les a - emprunt pour payer la guerre à l'industrie


« Mais, par ce côté de leur chair qui s’était collé à leurs mères pendant qu’ils étaient encore dans le ventre, ils avaient hérité de l’habitude de l’esclavage.
Cette habitude leur avait permis, bien sûr, comme à moi, d’entrer à la mine comme mineurs, d’être paysans à la ferme que leurs parents avaient affermée, de s’établir épiciers dans la grand’rue. Mais, maintenant qu’il s’agissait de sortir du gouffre tournoyant de la bourgeoisie,
leur hérédité bourgeoise les empêchait d’ouvrir les bras dans le geste ample du nageur.
Une chose aurait dû nous éclairer, je dis-nous, car moi aussi j’étais éperdu d’ardeur et d’indécision. Dès qu’on entre en lutte contre la guerre, on entre en lutte contre le gouvernement. Je me disais : « Tu refuseras de serrer la main aux officiers de carrière. Tu défendras ta porte aux officiers, même si un jour l’un d’eux entre dans ta famille ou si tu te trouvais être l’ami d’un officier qui aurait surpris ton amitié », mais on me disait : « Ça n’est pas leur faute. »
Et, tout en pensant qu’ils auraient pu choisir un autre métier, j’étais obligé de reconnaître que ça n’était pas leur faute. Je me disais : « Tu barreras dans l’Histoire de France de ta fille tout ce qui est exaltation à la guerre.
Mais il aurait fallu tout barrer et comme j’avais malgré tout essayé, l’institutrice vint chez moi et me dit : « Que voulez-vous, monsieur Giono, comment pouvons-nous faire ? »
Quand je revoyais mes amis, ils me répondaient : « Pétrole, pommes de terre, charbon, place, sous, salaires. Il y aura toujours des guerres, qu’est-ce que tu veux, c’est comme ça ». Ils en arrivaient même à me dire : …

JNPgi-19- « C’ EST DANS LA NATURE DE L’ HOMME-le-i


(Plus facile)


(Solution)


Soldat de France, te rappelles-tu la semaine qui précéda ce jour où la patrie cria : « Aux armes ! » ?
Tu n’as pas oublié ces heures d’incertitude passées au calme foyer de ta vie habituelle. Tout d’un coup, à tes oreilles, cet appel laconique : « Le premier jour de la mobilisation est le dimanche 2 août », qui, pour toi, signifiait : « la guerre est déclarée 5 !
Depuis quelques semaines, on suivait les événements extérieurs d’un cœur chaque seconde plus haletant. On dévorait les journaux. On aurait voulu être plus vieux, les heures ne marchaient pas assez vite.
Notre ennemi héréditaire* ne nous laissait aucun doute sur ses intentions belliqueuses, et nous sentions, en cette dernière semaine de juillet, que l’agresseur qui se préparait depuis si longtemps allait bientôt se ruer sur nous.
Mais le danger n’a jamais fait peur aux Français, et l’incertitude faisait bientôt place à l’impatience. Et certains même n’eussent-ils pas été désillusionnés si les affaires s’étaient arrangées !** Aussi le 2 août n’a-t-il pas surpris ton attente fébrile des événements.

[Pour nos soldats : GUIDE DU POILU – Charles Charton]

* Cette mention n’est pas neutre. Elle entérine un nouveau type de guerre. En effet, contrairement à la plupart des guerres du passé pour lesquels chaque belligérant a des « buts de guerre » en terme de territoire, ou de vassalité, ici ce qui est recherché est l’écrasement (plus tard l’éradication) de l’autre.
On retrouve cette tendance dans la politique moderne où, de plus en plus, l’autre est un ennemi avec lequel aucun compromis (voire même négociation) n’est possible. Et où les armes utilisées sont du type ADM (ex : 49-3)

** ! On pensera à ce propos à l’assassinat de Jean Jaurès et à l’acquittement de son meurtrier … acquittement du sans doute la reconnaissance de l’utilité de son geste … évitant aux hommes, pour lesquels il serait si naturel de faire la guerre, d’être terriblement désillusionnés si les tentatives de ce grand pacifiste visant à éviter le déclenchement de ce terrible conflit.

« L’iris de Suse » – Jean Giono – 19

« C’est aller plus loin que la lune
mais qui le saura »

écrit Jean Giono dans sa présentation du titre.


Dix neuvième page,
Tringlot toujours à la recherche du pas de marcheur
qui convient à sa nouvelle allure générale

fait une rencontre qui va changer ses plans.


 

« Tringlot était en train de s’échauffer, sur le point de trouver la cadence de son pas (avec un pantalon demi-hussard il fallait faire des fioritures) quand il s’entendit héler. C’était un homme …

P29 - À DEMI RENVERSÉ LE LONG D’ UNE HAIE-let


 

P29 - À DEMI RENVERSÉ LE LONG D’ UNE HAIE-image

… à demi renversé le long d’une haie.
Il n’était pas très fier et vert comme un épinard. Il se tenait le ventre à deux mains.»

 

TRAVERSER LES FORETS – Judith Bordas

EN TANT QUE FEMME J AI APPRIS-imageFrance Culture a proposé, le 11 novembre 2018,  dans le cadre de l’émission « Création on air » :
« Traverser les forêts »
Un essai radiophonique de Judith Bordas (« dramaturge et plasticienne qui travaille également en partenariat avec France Culture et la RTBF pour la réalisation de documentaires et essais de création sonore.« ) dans une Réalisation de Annabelle Brouard.

 


[présentation de l’émission]

TRAVERSER LES FORETS est un essai radiophonique qui a pour point de départ les lieux où une femme ne peut se rendre seule. Les lieux par nature interdits. 

Pendant deux ans Judith Bordas a interrogé plusieurs femmes sur la manière dont leur corps existait dans l’espace public, dans l’espace en général, sur la relation qu’elles entretenaient avec la peur et les stratégies et les mécanismes qu’elles mettaient en place pour continuer à aller justement là où elles avaient envie d’aller. 


EN TANT QUE FEMME J AI APPRIS-image2

L’homme et la femme ne traversent pas les forêts  avec la même facilité, le petit chaperon rouge en sait quelque chose.

[Extrait ]

« …EN TANT QUE FEMME J AI APPRIS-LET1

                                     … : il consiste au jeu en pointillés d’une marche alternée rapide et lente la nuit : une sorte de long message codé lancé dans le vide, au dessus des immeubles : j’ai appris notamment à tenir des conversations avec un téléphone éteint, à lever le nez au ciel pour donner l’illusion de chercher le numéro d’une rue, à boiter. À parler une autre langue. Plus absurde encore : j’ai appris à ralentir quand le danger triture mon dos afin de feindre de ne pas avoir peur.
Depuis l’enfance les zones où je suis invisible, où l’on ne peut me voir, me sont interdites, les zones non éclairées, les petits lacs noirs et les diverses ombres portées des immeubles me sont déconseillés, les espaces où l’on ne pourra me venir en aide sont bannis de ma trajectoire : de ma vie je ne traverserai peut-être jamais une forêt toute seule ».  


Deux extraits en vidéo

 


Une émission à réécouter ici « Traverser les forêts »

[L’occasion pour un homme de comprendre en quoi la domination masculine stérilise tout une partie du potentiel créatif de la femme … contrainte chaque fois qu’elle traverse un territoire incertain (et parfois même sa propre demeure peut le devenir) à mobiliser la plus grande partie de son être pour parler cette langue absurde évoquée plus haut.]

UN DE BAUMUGNES – Jean Giono – 006

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un de baumugnes - image 2 flou

(Présentation … intention … rappel)


Albin
nous fait la relation de
cette rencontre ,
– ce premier toucher à distance –
qui a changé sa vie
l’a traversé d’une lumière qui désormais
l’habite à jamais
malgré les ténèbres et le néant qui lui creuse à présent
tout son être.

Au passage,
Giono évoque la dureté de l’existence
des femmes
de ces temps et de ces pays là.
Dureté dans laquelle
l’homme a sa part de responsabilité.


baumugne-nb


L’attelage s’arrête devant l’épicerie, d’un coup de rêne en première : le patatro, puis, d’un seul coup, les quatre sabots plantés dans la poussière, et, plus de bruit. Une bonne main qui menait, solide et juste. C’était une fille.
Je dis bien : une fille, et pas une femme, parce que, ici, une femme de la campagne, tu les connais comme moi, …

C EST DU BOIS ET DE LA PIERRE - letnb

                                                            … Ça, c’était une fille : deux sauts de pigeon, et la voilà dans la boutique.
Je la voyais de côté : son nez et sa bouche, c’était juste devant la lumière, et c’était net, et c’était beau, j’en ai encore plein la tête.


L’attelage s’arrête devant l’épicerie, d’un coup de rêne en premi-re : le patatro, puis, d’un seul coup, les quatre sabots plantés dans la poussière, et, plus de bruit. Une bonne main qui menait, solide et juste. C’était une fille.
Je dis bien : une fille, et pas une femme, parce que, ici, une femme de la campagne, tu les connais comme moi, c’est du bois et de la pierre ; ça marche comme saint qu’on porte, tout d’une pièce usé que c’est par la terre et par l’homme. , Ça, c’était une fille : deux sauts de pigeon, et la voilà dans la boutique.
Je la voyais de côté : son nez et sa bouche, c’était juste devant la lumière, et c’était net, et c’était beau, j’en ai encore plein la tête.