PLANÈTE POLLUÉE – Paul BERA – 01
PLANÈTE POLLUÉE – Paul BERA – 02
PLANÈTE POLLUÉE – Paul BERA – 03
PLANÈTE POLLUÉE – Paul BERA – 04
[Il y a près de 50 ans, Paul Bera écrivait dans la collection fleuve noir (troisième version de la couverture N°623) un roman d’anticipation qui évoquait déjà les problèmes dans lesquels (une partie de) l’humanité se débat, en rapport avec la pollution croissante de l’environnement de la vie actuelle (plantes, animaux, dont l’homme) ]
Notre narrateur (dont nous ne connaissons toujours pas le nom) a tué un de ceux qui le chassaient. S’apercevant qu’il parvenait à respirer dans le masque que celui-ci portait, il l’a gardé sur son visage, a passé ses vêtements, décidé à s’approché des autres « Masques » et à en tuer le plus possible pour venger le meurtre de sa mère.
Mais tout ne se passe pas exactement comme il s’y attendait.
Ils allaient comprendre la supercherie. C’était évident. D’abord, j’étais plus grand que celui que j’avais tué. Plus robuste aussi, bien que les vêtements que j’avais pris ne me gênassent nullement. Ils étaient souples et s’étiraient en tous sens comme certaines algues que je connaissais bien et desquelles je m’étais parfois demandé si elles n’étaient pas ce que les légendes appelaient « caoutchouc ».
Ensuite, ma démarche… Pas un humain ne marche exactement comme un autre, au Clan nous le savions bien ! C’était même une de nos distractions favorites : dans le crépuscule, quelqu’un s’avançait vers nous, quelqu’un du Clan ou parfois d’un autre Clan. On n’apercevait que les contours de son corps dans la pénombre. Il s’agissait de deviner qui c’était, sans qu’il n’approche à moins de cent pas.
J’étais l’un des plus brillants dans ce jeu… comme dans la plupart des autres. Et c’est un peu pour ça que l’on envisageait de m’élire chef du Clan.
Les Masques allaient comprendre, c’était sûr. Je cessai de m’approcher. L’arc à la main gauche, une flèche à la main droite. Prêt. « J’en abattrai toujours un avant d’être atteint, me dis-je. Peut-être deux. » Mama serait bien vengée !
Oui, mais moi, qui me vengerait ?…
Loin de manifester de la méfiance ou de l’hostilité, les Masques commencèrent à me faire de grands gestes comme pour me demander d’aller jusqu’à eux. Ils portaient tous l’arc en bandoulière, comme toujours lorsqu’ils ne chassaient pas.
Je fis quelques pas, indécis. Les gestes s’accentuèrent. Ils n’avaient pas compris ! Ni ma taille ni ma démarche ne les avaient surpris. …
D’un ami ? Qui prouvait que ma victime était leur ami ? Il m’advenait parfois de chasser en compagnie d’hommes d’un autre Clan, d’hommes qui me voyaient pour la première fois… Je n’étais pas leur ami et ils me connaissaient si peu que, peut-être, eux aussi n’auraient pas pris garde à une substitution…
Est-ce que les Masques chassaient sans se connaître entre eux ?
De toute façon, je n’avais que deux solutions : m’approcher d’eux ou m’enfuir. Sans quoi ils seraient venus vers moi, leur défiance éveillée.
Je continuai à m’approcher. Une idée insensée venait de germer en moi. Puisqu’ils ne se doutaient de rien, pourquoi ne les accompagnerais-je pas le plus loin possible ? Ils n’ôteraient certainement pas leur masque avant d’arriver à leur Terrier (j’en avais la preuve, ils étaient incapables de respirer l’air de la surface : notre air). Donc, ils ne sauraient pas que j’avais pris la place de l’autre
…