Il y a près de 50 ans, Paul Bera écrivait dans la collection fleuve noir (troisième version de la couverture N°623) un roman d’anticipation qui évoquait déjà les problèmes dans lesquels (une partie de) l’humanité se débat, en rapport avec la pollution croissante de l’environnement de la vie actuelle (plantes, animaux, dont l’homme) :
Dans un prologue, deux personnes patrouillent dans un vaisseau spatial pour mettre à jour la cartographie du ciel. Et notamment, vérifier l’évolution des planètes habitées.
En ce qui est d’ordinaire un travail de routine particulièrement monotone …
En effet, un seul coup d’œil suffit. Gork tressaillit.
La photo montrait deux calottes polaires toutes blanches, couvertes de glace ou d’un gaz solidifié.
Or, sur l’image qu’il apercevait sur l’écran, il n’y avait pas la moindre trace de calottes polaires. Il siffla longuement. Ces missions de routine étaient calculées de façon à étudier les planètes toujours à la même époque, par rapport bien sûr à la planète elle-même. L’étoile mère n’avait connu aucune modification appréciable. Il ne pouvait donc s’agir d’une fonte des glaces due à un phénomène saisonnier.
— Combien de temps ? demanda-t-il.
— Faudrait le calculer, répondit-elle. Mais, d’après notre temps à nous, ça correspond tout au plus à deux ou trois cents révolutions de ce globe autour de son soleil.
De nouveau, il sifflota.
— Donc, catastrophe et non évolution naturelle, conclut-il.
Elle hochait la tête et ajoutait :
— Regarde… Là !
Du doigt, elle montrait les Instructions au niveau du numéro accordé à la planète insolite. À droite, dans un petit rectangle, il y avait un signe ; un signe que l’on rencontrait moins d’une fois sur dix mille…
— C’est pour ça que j’ai orienté la lunette, murmura Gora.
Il recommençait à siffloter. La troisième planète de ce système était – ou avait été – habitée par des êtres intelligents.
Gork soupira. La disparition des calottes glaciaires témoignait d’un bouleversement climatique considérable. Peut-être, pour quelque raison inconnue, …
On allait sonder ce globe, essayer de savoir si les êtres intelligents avaient survécu. Peut-être Gora avait-elle raison et cela valait-il la peine d’interrompre la mission… Il ne demandait que ça ! Mais il fallait une certitude.
— Passe les Instructions sur l’écran, ordonna-t-il.
— Il y en a très long ! Peut-être vaudrait-il mieux, avec l’hypno, assimiler les données et…
— Passe-les sur l’écran. J’aime voir. Le temps d’aller là-bas, nous aurons tout vu.
Des images apparurent : les films tournés lors de la mission précédente (ils n’étaient pas encore nés, bien sûr…). La planète, de plus en plus proche, avec ses deux calottes glaciaires… De grandes cités, des engins de transport volants dont certains tentaient de suivre l’appareil de reconnaissance, mais des engins rudimentaires, certainement mus par des procédés chimiques. Tiens ? Une fusée qui décollait sous la poussée d’un réacteur…
Une note apparut dans l’angle de l’écran. Elle annonçait que ce monde commençait à domestiquer l’énergie nucléaire. On en avait eu la preuve par certaines explosions caractéristiques.
Hélas ! Il semblait que ce fut à des fins plus militaires que pacifiques. »
Gork grogna :
— Je crains que nous ne tenions la réponse. Ils ont voulu faire joujou avec des forces qui les dépassaient. Ça explique tout.
Il se trompait. Certes, les habitants de la troisième planète avaient, hélas ! cherché à faire « joujou » avec cette force – dont ils disposaient… mais ça n’expliquait rien.
* *
*
… La soucoupe volante passa et repassa au-dessus d’océans sans vagues et de continents déserts. Partout, des ruines d’immenses cités sans un seul habitant. Pas un engin volant dans le ciel…
Fébriles, Gork et Gora s’affairaient à de nombreuses mesures et comparaient avec les données des Instructions.
La conclusion était évidente. En deux ou trois centaines de révolutions autour de l’astre central et alors que la radioactivité tout en s’étant considérablement accrue, demeurait encore supportable pour les êtres qui avaient peuplé la planète, ceux-ci semblaient avoir disparu.
— Modification considérable dans la composition de l’atmosphère, conclut Gora. Pratiquement plus d’oxygène… Proportion exagérée de gaz carbonique… Beaucoup d’oxyde de carbone…
Ce n’était évidemment pas ces mots qu’elle employait.
La troisième planète semblait morte. Ils décidèrent alors d’interrompre leur mission et de rendre compte à leurs chefs.
* *
*
Mais qui peut connaître demain ? Erreur de pilotage ? Défaillance des instruments de bord ?
À l’instant même où la soucoupe volante quittait ce système planétaire afin de passer en super-propulsion, elle se désintégra.
Des dizaines, voire des centaines d’années s’écouleraient avant qu’une autre expédition de routine constate de nouveau que la planète 3 du système de Sol n’était plus habitée.
Ou si peu…
Smog en Chine
Et puis il y avait aussi Gurb. Je ne me souviens pas que son chef ait un prénom ! C’est un peu dommage que le vaisseau soit une soucoupe volante. Ça fait terriblement cliché. En 1973, « on » savait déjà que les extraterrestres avaient des engins beaucoup plus sophistiqués que les vieilles soucoupes. Qu’elle se désintègre est beaucoup moins cliché !
Merci, Aunryz !
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Dac avec toi pour la soucoupe.
Il est possible que Bera ait voulu faciliter l’entrée dans son roman en utilisant un « mème ».
J’ai trouvé (dans cette seconde lecture … la première, je devais avoir 15 ans.) Ce prologue est un peu bâclé.
Heureusement la suite l’est moins.
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hé, ce beau texte un peu énigmatique fait écho à celui auquel je songe ces jours ci 🙂
J’ai même eu peur qu’il ne l’annule !
à suivre donc…
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Je vais suivre … tu m’énigmes (sourire)².
J’aime bien tes songes
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