Giono jeune, a écrit un texte que Giono sage a partiellement renié, lui reprochant précisément tout ce qui en fait sa force : la colère, la fougue, l’audace, la témérité et cette capacité de faire déborder le sens au-delà des mots.
(Entretien avec Pierre Lhoste Avril 1968 « …C’est une erreur de jeunesse, une exaspération de violence … »)
Pourtant ce texte contient tout de ce qui pourrait réveiller … ce monde.
Autant à propos des guerres permanentes dans lesquelles nous sommes engagés (idéologique, économique, énergétique, climatique …) que concernant la place à laquelle l’homme à le droit … parmi les autres formes de vie sur terre.
Ces premiers extraits concernent la guerre dans laquelle Giono s’est trouvé engagé de 1914 à 1918.
« Je n’ai pas honte, mais, à bien considérer ce que je faisais, c’était une lâcheté. J’avais l’air d’accepter. Je n’avais pas le courage de dire : « Je ne pars pas à l’attaque. » Je n’ai pas eu le courage de déserter. Je n’ai qu’une seule excuse : c’est que j’étais jeune. Je ne suis pas un lâche. …
« Mais il y a encore les jeunes, il y a aussi ces gamins (qu’ils me pardonnent le mot) dont le sang bouillonne, dont l’âme exulte, dont l’esprit est transporté; qui rêvent de combat, de gloire, qui s’aperçoivent victorieux, et se voient revenant acclamés, couverts de lauriers, le ruban rouge sur la poitrine.
Ceux-là, ils ne veulent pas attendre qu’ils soient appelés, et désirent rejoindre leurs aînés.
L’engagement s’impose alors, nous en donnons les moyens légaux. »
[Pour nos soldats : GUIDE DU POILU – Charles Charton]
« L’homme est un animal capable de créer des monstres
en idées ou en chair
le plus effroyable de tous
est
l’enfant soldat
s’y réalise presque
le rêve ultime de la société de consommation
où tout irait
presque sans transition
du berceau au cercueil »