« Il y a bien longtemps que je désire écrire un roman dans lequel on entendrait chanter le monde (et ferait) percevoir le halètement des beaux habitants de l’univers. »
…
Disait Jean Giono à propos de ce livre, en germe bien avant qu’il en ait écrit les pages. (Puis en nombreux brouillons hésitants)
Deuxième page …
Le second héro de ce roman, dont on ne connaîtra que le surnom : Matelot
apparaît dans ce pays* d’arbres et d’eau.
Pas de salutation entre ces deux-là
comme dans les véritables amitiés
entre ceux qui ne songent même pas qu’ils ont pu être l’un
sans un peu de la présence de l’autre.
« Cet automne dès son début sentait la vieille mousse.
De l’autre côté du fleuve on appela :
– Antonio !
Antonio écouta.
– C’est toi Matelot ?
– Oui, je veux te voir.
– Le gué a changé de place, cria Antonio.
– Je viens à cheval, dit le Matelot.
Et on l’entendit pousser l’eau un gros tronc d’arbre.
…»
… Il doit arriver à peu près aux osiers, pensa Antonio,avec ce nouveau détour du gué le courant doit se balancer par là.»
*Un de ces pays où l’on met l’article devant le nom de la personne.
Et comme on y est avare de mots, c’est que cela a vraiment un sens !