Croqueville : « Paris en voiture » – à cheval, aux courses, à la chasse

Sous le nom de « La duchesse de Croqueville », la duchesse de Fitz James écrit et fait publier « Paris en voiture » (1891-92)

Chroniques teintée de l’humour propre à ceux qui ont  l’esprit et les mains délivrées de l’emprise du quotidien.


XXXV – LE CARREFOUR DES DÉCAVÉS, AUTREMENT DIT « LA PLAGE»

En sortant des Champs-Élysées, gauche, avant le coin de la rue de Presbourg se trouve un petit carré ombragé, garni de chaises, c’est « le carrefour des décavés » ou, mieux encore, « la Plage ». C’est là que se

REPOSENT LES GENS SAGES-letex


Il y a des candides, des enfants et même des amoureux. En un mot, tous les prétextes à promenades connus. Mais ne nous attardons pas avec ces piétons qui, pour la plupart, pleurent un passé où ils n’étaient pas à pied, et allons voir où vont tous ces poneys-chaises menés par des femmes pour le plus ou moins grand péril de leurs grooms.

Arrivées au lac, ils prennent une allée presque parallèle à l’allée des Poteaux, ou une autre coupant cette dernière à angle droit. Dans un endroit que la hache des alliés et celle des assiégés de 1870 ont également respecté, se trouve ce qu’on appelle depuis quelque temps la Potinière, nom vulgaire mesurant la chute d’une société où le mot « potin », il y a quelques années, n’était toléré que tombant des lèvres, si bien découpées pour mépriser, du comte Robert de X. Maintenant, on en a fait le nom du carrefour, dernier rendez-vous des coucous et des rossignols parisiens. Arrêtons-nous, malgré cet affreux nom, en nous souvenant que Zola tire à cent mille, et voyons ce que donne ce carrefour mal nommé. D’abord, comme figurants fixes, quantité de poneys chaises habités ou désertés. Comme premiers sujets, et ceux-là très mobiles, les voyageurs des voitures vides s’égarant tantôt avec d’autres voyageurs, ou attendant, au bord de l’allée, les cavaliers qui passent pour leur demander la nouvelle du matin ou leur apprendre ce qu’on dit de celui qui vient de passer. Bref, c’est l’agence matinale du « high life », autre mot du vocabulaire snobique dont le mélange des races continue à tarer le français des gens comme il faut.

 

A midi, tout le monde fuit à tire-d’aile sur Paris, saturé de nouvelles dites « potins ». Un bain ou un tub attend ces modernes à cheval, d’autres une robe de chambre, mais tous un déjeuner pendant lequel on vide, au profit des sédentaires, la besace garnie de nouvelles récoltées au butinage matinal.« 


(pour la solution de la partie en grille, cliquer sur l’image)

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s