« — Holà ! s’écria le dragon, s’arrêtant pile. Qu’avez-vous là ?.…
Extrait du conte
« Le fermier Gilles de Ham »
du recueil « Faërie »
écrit par J.R.R. Tolkien
Parcours de lecture
Un extrait plus long qui contient la phrase
___________________________________
Pour agrandir la grille de jeu, cliquer dessus
N’hésitez pas à signaler une éventuelle erreur – merci d’avance
Mais le vieux benêt ne l’était pas autant qu’il en avait l’air, et il ne quittait pas le dragon de l’œil, tandis même qu’il essayait de se remettre en selle. La jument avait toutefois d’autres idées, et elle se mit à ruer et à faire des écarts quand Gilles voulut monter. Le dragon, pris d’impatience, s’apprêta à bondir.
— Excusez-moi ! dit-il. N’avez-vous pas perdu quelque chose ?
C’était un vieux truc, mais il réussit ; car Gilles avait, en effet, perdu quelque chose. Dans sa chute, il avait laissé tomber Caudimordax (ou plus vulgairement Mordqueues), et l’épée gisait sur le bord de la route. Il se baissa pour la ramasser, et le dragon s’élança. Mais pas aussi vite que Mordqueues. Aussitôt que l’épée fut dans la main du fermier, elle bondit en avant dans un éclair, droit sur les yeux du dragon.
— Holà ! s’écria le dragon, s’arrêtant pile. Qu’avez-vous là ?
— Ce n’est que Mordqueues, qui m’a été donnée par le Roi, répondit Gilles.
— Erreur n’est pas compte ! dit le dragon. Je vous demande pardon. (Il se coucha et s’aplatit, et le Fermier Gilles commença à se sentir plus à l’aise.) Je ne trouve pas que vous m’ayez traité loyalement.
— Comment cela ? demanda Gilles. Et d’ailleurs pourquoi le ferais-je ?
— Vous m’avez caché votre honorable nom et vous avez prétendu que notre rencontre était fortuite ; et pourtant vous êtes manifestement un chevalier de haut lignage. Il était d’usage autrefois pour les chevaliers, Monsieur, de lancer un défi en pareil cas, après échange convenable de titres et de lettres de créance.