UN DE BAUMUGNES – Jean Giono – 005

Un livret gratuit
entièrement dédié à l’oeuvre de Jean Giono
(extraits des nouvelles, romans et pièces de théâtre
à redécouvrir en jeu)
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Pour saluer Giono au format PDF

Livret « Pour saluer Giono »

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(Présentation … intention … rappel)


Albin
s’approche à petit pas de ce qui le hante
un détour le conduit à parler de son pays

occasion pour Giono d’évoquer
une nature vécue comme une compagne
dans un moment de poésie
certains diraient : « d’un autre temps »
il est, de fait
du temps.


baumugne-nb


Un soir, on se met ici où nous sommes, sur la terrasse, un soir comme ce soir.
C’était tard. Il coulait entre les arbres un torrent de silence qui noyait tout.
Moi, je pensais au pays. Ça faisait trois mois à peine que j’en étais parti. D’ailleurs, ce pays, tout à l’heure, je te dirai … parce que ça explique pourquoi l’histoire et parce que ça va me faire du bien, maintenant que je vais en prendre la route.
Une belle nuit !
Les choses de la terre, mon vieux, j’ai tant vécu avec …

ELLES J AI TANT FAIT MA VIE DANS L ESPACE-letnb

                                                         … que, quand j’ai de la peine c’est à elles que je pense pour la consolation.
Je regardais donc mon pays dans moi, et c’était de la douleur ; mais dans l’orme, là en face, ce fut le rossignol qui chanta, puis, tous les bassins ronflèrent sous les gosiers des rainettes, puis la chouette se mit à chouler et, alors, la lune sauta par-dessus la colline.


Un soir, on se met ici où nous sommes, sur la terrasse, un soir comme ce soir.
C’était tard. Il coulait entre les arbres un torrent de silence qui noyait tout.
Moi, je pensais au pays. Ça faisait trois mois à peine que j’en étais parti. D’ailleurs, ce pays, tout à l’heure, je te dirai … parce que ça explique pourquoi l’histoire et parce que ça va me faire du bien, maintenant que je vais en prendre la route.
Une belle nuit !
Les choses de la terre, mon vieux, j’ai tant vécu avec elles, j’ai tant fait ma vie dans l’espace qu’elles faisaient, j’ai tant eu d’amis arbres, le vent c’est tant frotté contre moi que, quand j’ai de la peine c’est à elles que je pense pour la consolation.
Je regardais donc mon pays dans moi, et c’était de la douleur ; mais dans l’orme, là en face, ce fut le rossignol qui chanta, puis, tous les bassins ronflèrent sous les gosiers des rainettes, puis la chouette se mit à chouler et, alors, la lune sauta par-dessus la colline.

UN DE BAUMUGNES – Jean Giono – 003

un de baumugnes - image 2 flou

 

 

 

 

(Présentation … intention … rappel)


Le narrateur (l’auteur ?) entre en contact
avec Albin,
l’homme,
sa présence toute particulière,
et avec
ce qui crée en lui – le silencieux – ce flot de paroles
qui n’attendaient qu’une oreille attentive
et qui lui dévore le cœur.

L’occasion pour Giono
d’un presque poème en prose
évoquant une autre présence
celle de la nuit d’été
… pour celui dont le corps est fatigué

 


baumugne-nb


C’est pas de ça, qu’il me fait ; les mauvaises raisons c’est rien pour moi. Ce que j’ai, c’est du sérieux et ça compte ; ça m’est rentré dedans …

PETIT À PETIT COMME UN FIL D EAU-letn&b

…Tant vaut mieux que je parte.

Après ça, y avait plus besoin de rien dire, vous pensez bien. Il était lancé. Ça allait tout seul.

Le patron, ce soir-là, pansait son accordéon avec de la colle de pâte et des morceaux de vieux corsages; on avait la paix.
Il faisait une belle nuit d’été, étendue toute nue sur les beaux ormes. Le boulevard était vide ; un vent léger y jouait avec la poussière, comme un gosse..


C’est pas de ça, qu’il me fait ; les mauvaises raisons c’est rien pour moi. Ce que j’ai, c’est du sérieux et ça compte ; ça m’est rentré dedans petit à petit comme un fil d’eau, et, maintenant, c’est gros et lourd sur mes jambes et ça m’empêche d’être heureux au soleil. Tant vaut mieux que je parte.
Après ça, y avait plus besoin de rien dire, vous pensez bien. Il était lancé. Ça allait tout seul.
Le patron, ce soir-là, pansait son accordéon avec de la colle de pâte et des morceaux de vieux corsages; on avait la paix.
Il faisait une belle nuit d’été, étendue toute nue sur les beaux ormes. Le boulevard était vide ; un vent léger y jouait avec la poussière, comme un gosse.