7 Octobre 1855 …

… nait Louis Léon Théodore Gosselin qui prit pour nom de plume G. Lenotre.

Passionné d’histoire, il pratique la chasse aux documents et notamment les documents « accessoires », qu’il trouvait plus fiables que les documents officiels (possiblement falsifiés par intérêt … national).
C’est cette curiosité insatiable qui le fait retrouver un « mort vivant« , lorsque, intrigué par la signature « feu De Goy » il met la main sur des documents qui racontent la vie d’un prêtre miraculeusement réchappé d’un massacre perpétué, par la population, le 2 septembre 1792 à la prison des Carmes.
Cent quatorze prêtres y trouvèrent la mort. Figure parmi ceux-ci (un document l’atteste) Fiacre-Joseph de Goy.

Le récit qui suit, évoque « sa résurrection » et sa « vie posthume. » (Le Temps 1911)

Ce que peuvent voir de plus émouvant, à Paris, les curieux du passé est sans doute cette crypte de l’église des Carmes, rue de Vaugirard, où dans des vitrines sont entassés les ossements des prêtres massacrés, le 2 septembre 1792, par la populace du quartier.
Un caveau voisin de ce souterrain funèbre, est tapissé; de dalles provenant de l’ancienne, chapelle dans laquelle se traînèrent pour mourir les plus nombreuses victimes; on distingue encore, sur les pierres grises et sur les planches vermoulues, l’empreinte dès mains sanglantes et des coups de pique. Le jardin où s’effectua la tuerie est un vaste enclos, très vert et très silencieux, que barre de ses façades noires
(…)
Ils guettaient là les prêtres, au nombre de cent quatorze, et les lançaient à travers les parterres; puis ils s’amusaient à leur donner la chasse et les traquaient jusqu’à l’oratoire aujourd’hui démoli, qu’on voyait alors à l’extrémité des allées. Quand vint le soir de ce jour néfaste, cet oratoire se trouva rempli de cadavres. Des fonctionnaires se présentèrent et dressèrent en hâte, paraît-il, les actes de décès destinés à l’état civil; et tandis qu’il était procédé à cette formalité rapide, on réquisitionnait en même temps deux chariots sur lesquels on chargea une trentaine de corps, qui furent conduits pour y être inhumés au cimetière de Vaugirard.
Comme il se faisait tard, après un premier voyage, les voituriers ne reparurent pas, et l’on jeta pêle-mêle les autres morts dans un puits du couvent. C’est là qu’on retrouva leurs ossements, lors du percement de la rue de Rennes, en 1867, et c’est de cette dernière époque que date l’aménagement actuel de la célèbre crypte.
Or le charretier, tout en conduisant son convoi vers Vaugirard, s’aperçut que l’un des …

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C’était celui d’un jeune prêtre. En arrivant à sa destination, le voiturier fit part de sa constatation à l’inspecteur du cimetière, qui prit sur lui de surseoir, pour celui-là, à l’inhumation. Même il fit porter, à son propre domicile le blessé évanoui, et manda secrètement un chirurgien.
Il y a de braves gens partout et toujours. Il y en avait, à Paris, même en septembre 1792., Le médecin se montra discret et empressé; le courageux inspecteur et le charretier, son complice, rivalisèrent de soins et de dévouement. Le prêtre guérit, et son premier souci, dès qu’il put se tenir debout, fut de ne point compromettre ceux qui l’avaient sauvé. Malgré leurs instances, il les quitta pour se mettre en quête d’un autre refuge.

Ce jeune prêtre qui se nommait Fiacre-Joseph de Goy prit une autre identité, apprit le métier de dentiste, et officia dans cette profession tant qu’être prêtre réfractaire pouvait conduire à la mort.
Dès qu’il le put, il reprit une existence normale, sous son nom, s’amusant parfois à signe « Feu de Goy », vicaire à Saint Roch, puis desservant dans de Saint Thomas d’Aquin (paroisse de l’Abbaye-aux-Bois).

A la fin de sa vie, il racheta le Mont Valérien et à cette occasion se fit reconnaître sous sa véritable identité.

Il s’installa en solitaire au Mont-Valérien, s’occupa à relever de leurs ruines les bâtiments renversés par Merlin (le précédent propriétaire), rétablit les trois croix sur leur ancien emplacement.
Le Calvaire ainsi reconstitué …

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… y donnaient rendez-vous et y tenaient conférences.
Feu de Goy décéda pour la seconde fois, le 19 février 1806, et fut enterré- dans son ermitage. M. le docteur Max-Billard y a retrouvé sa tombe, et l’inscription qu’il rapporte n’indique pas que le mort couché là survécut, durant quatorze ans, à son trépas officiel.


Pour ne égayer un peu cette histoire à dominante triste, citons l’écho que peut avoir l’aventure de « Feu de Goy » avec un film des « Monty Python »

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