6 Novembre 1933 …

… Disparaissait Jehan-Rictus, poète,

… inventeur d’un genre nouveau, en rapport avec une existence qui l’a vu côtoyer la frange la plus pauvre de la population de Paris, et parfois même dormir comme elle, dans la rue.

(extrait de « l’Hiver » premier poème du recueil « Les Soliloques du Pauvre »)
Ses mots sont ici ceux d’un errant de la rue et paradoxalement, ce sont eux qui l’ont sorti de la précarité où il est, à plusieurs reprises, tombé, et lui ont donné une aura particulière, due notamment à ses prestations en cabarets ou ses lectures de ses poèmes avaient un franc succès.

Merd’ ! V’là l’Hiver et ses dur’tés,
V’là l’ moment de n’ pus s’ mett’ à poils :
V’là qu’ ceuss’ qui tienn’nt la queu’ d’ la poêle
Dans l’ Midi vont s’ carapater !

Je veux pus êt’ des Écrasés,
D’ la Muffleri’ contemporaine ;
J’ vas dir’ les maux, les pleurs, les haines
D’ ceuss’ qui s’appell’nt « Civilisés » !

Et au milieu d’ leur balthasar
J’ vas surgir, moi (comm’ par hasard)
Et fair’ luire aux yeux effarés
Mon p’tit « Mané, Thécel, Pharès » !

Et qu’on m’ tue ou

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vous savez ben qu’ j’ai raison !

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Les soliloques du pauvre .(sur un site à soutenir)

5 Novembre 1887 …

… naissait le poète Réné Maran.

Il sera lauréat du prix Goncourt en 1921 pour son roman Batouala

De son recueil « Les Belles Images », quelques vers du poème « Voyage » dédié à
« Mon ami Roger Dévigne

Le voilier, dans le port, geint sur ses apparaux
L’automne étend sur eux sa lumineuse ombelle.
Nous avons consulté les marcs et les tarots :
Ils nous ont répondu que la mer serait belle.

Appareillons. La mer nous réclame.
Déjà,

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, le large.

 Adieu, vous tous ! Adieu, molles collines, d’où
L’angélus entreprend son voyage sonore !
Avant de regagner les bassins de radoub,
Nous voulons voir les ciels que la lumière honore.

Adieu, quais aux hangars repus de cargaisons,
Haquets, tombereaux, docks, caisses, prélarts, barriques,
Treuils noirs de cambouis, et tramways, et maisons
Qui béent aux paquebots venant des Amériques !

Ah ! la mer

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… Que l’immense éventail du norois dissémine.

Et voici des cargos, des dogres, des voiliers ;
Voici des yachts, bijoux de luxe et de plaisance ;
Et des oiseaux qui, de leurs cris multipliés,
Du pays délaissé maintiennent la présence !

La nuit tombe. Ecoutez, moussaillons et gabiers,
Les voiles, ivres d’air, bruire à la mâture.
Au branle des embruns contre les écubiers
Dont les naseaux hument le vent de l’Aventure.

Nous avons, ce matin, débordé des cargos
Que des brouillards dorés vêtaient de leurs mandilles.
Nous rangeons à présent, au son des fandangos,
L’Espagne et ses fruits mûrs gonflés de séguidilles,

L’Espagne où, confondue à l’odeur de coaltar
Qui règne par la nuit d’étoiles chamarrée,
La respiration du cap de Gibraltar
Imite à son insu le bruit de la marée,

Cependant que, des ports où

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… épuisant le ventre des mahonnes.

4 Novembre 1923 …

… le quotidien « LE RAPPEL », journal qui doit son existence au poète Victor Hugo, consacre en sa troisième page, une colonne à la publication des « Belles Lettres » dont le sujet est un autre poète, Polonais celui-ci, « Adam Mickiewicz et le Romantisme » écrit par Stanislas Szpolauski.


D’Adam Mickiewicz, Victor Hugo a dit :

« Parler de Mickiewicz c’est parler du… 

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 …le précurseur. » 

Consacré comme le plus grand poète romantique de Pologne, Adam Mickiewicz a eu des positions diverses concernant la guerre.
Il en a déploré les excès dans certains de ces poèmes, et par ailleurs il a approuvé la guerre de Crimée parce qu’il la percevait comme favorable à la Pologne.
Ici il évoque dans son roman « Conrad Wallenrod » les excès de la guerre

La guerre !… Conrad ne peut plus comprimer l’élan du pays et les instances du Conseil; il y a longtemps déjà que tout le peuple crie vengeance contre l’invasion des Lithuaniens et la trahison de Witold.
Witold, qui avait mendié l’appui de l’Ordre pour reconquérir la capitale de Vilna, maintenant qu’après le banquet il a reçu la nouvelle que les Croisés allaient se mettre en campagne, il a changé de desseins, trahi sa nouvelle alliance, et emmené furtivement ses guerriers.

A l’aide d’un faux ordre du Grand-Maître, il s’est introduit dans les châteaux des Teutons situés sur la route, puis il a désarmé les garnisons et tout mis à feu et à sang.
L’Ordre, dévoré de colère et de honte, a proclamé une croisade contre les païens. Une bulle est lancée; par terre, par mer, accourent d’innombrables essaims de guerriers; de puissants princes, avec la suite de leurs vassaux, décorent d’une croix rouge leurs armures, et chacun d’eux voue sa vie au baptême des païens,.. ou à leur extermination.

Ils sont allés en Lithuanie; et qu’y ont-ils fait?
Veux-tu le voir? Monte sur les remparts quand le jour baisse, et regarde du côté de la Lithuanie : une immense lueur inonde les voûtes du ciel d’un sanglant ruisseau de flammes.
Voilà l’histoire des guerres d’invasion : elle est facile à peindre ce sont les massacres, …

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… crainte une voix qui crie vengeance à Dieu.

3 Novembre 1914 …

… la plume de Georg Trakl cesse définitivement son vol.

Au soir mon cœur

On entend dans le soir le cri de la hulotte
Deux chevaux noirs bondissent dans le pré
L’érable roux est plein de voix.

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crépusculaire.
Dans les branchages noirs des cloches douloureuses
Passent, et la rosée goutte sur le visage.

Apothéose d’automne

L’année finit en pleine force.
Vins d’or et fruits des jardins.
Les bois sont muets à la ronde,
Les compagnons du va-tout-seul.

« Tout est

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. …

C’est la saison clémente de l’amour.
L’image, au fil du fleuve bleu,
Est belle, qui suit l’image.
Le repos en aval. le silence.


Occident

Oh vous, grandes villes,
Érigement de pierres
Parmi la plaine !
Muet, le sans-patrie, 
S’en va, front sombre, où vont le vent
Et les arbres chauves de la colline…
Oh fleuves qui jetez au loin votre lueur !
Insurmontable étreinte

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— des étoiles tombent.

1 Novembre 1912 …

… Le Quotidien Excelsior, par la plume discrète de M. X. consacre un article qui n’aurait pas déplu à celui qui, à ce jour préside au destin de la France (Emmanuel Macron) et qui a tout récemment inauguré, son grand œuvre, la Cité de la langue française et prononcé un discours dans lequel il a défendu le principe selon lequel le « masculin fait neutre« .

(l’article)

LE BEAU LANGAGE DE M. PAUL HERVIEU

Je suis allé hier soir au Français, où ta nouvelle pièce d’Hervieu, fit, paraît-il, la recette la plus élevée qu’on ait jamais encaissée à une seconde représentation. Et je voudrais vous dire mon ravissement. Non que le sujet de Bagatelle soit exceptionnel, ni le milieu rare, ni l’esprit imprévu. Mais imaginez une chose inouïe : les personnages parlent le français, non plus le français faubourien ou boulevardier fait de violences et de grossièretés cyniques, mais le français des salons et de la diplomatie, le français du dix-huitième qui, par sa délicatesse, permettait toutes les audaces.
Voici trop longtemps que les auteurs dramatiques, pour rendre leurs effets aussi directs qu’un swing, s’amusent à converser en langue verte ou même à ne plus exprimer aucun sentiment. Celui-ci, sous prétexte d’un débordement passionnel, apparente tous ses héros au général Cambronne; celui-là, quand ses pantins sont embarrassés par la complexité de leurs misères, leur fait dire tout tranquillement « qu’ils éprouvent quelque chose de considérable »
Les bons …

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… initier aux bonnes manières, n’en avaient plus pour leur argent.
M. Paul Hervieu redresse les torts de ses confrères en ressuscitant le beau langage, poli et amphigourique, sans lequel il n’y a point de société décente à travers la conception contemporaine.
Ce pourquoi je vous engage à aller au Théâtre-Français pour apprendre comment on peut dire avec convenance ce qu’il est préférable de ne point penser.