21 Octobre 1790 …

… un des hommes qui a signé « l’émancipation des noirs » en 1848, après avoir défendu cette cause pendant de nombreuses années.

Extrait d’un texte dans lequel Lamartine évoque les efforts et les doutes relativement à l’application de cet abolition de l’esclavage.

Depuis 1834 les hommes politiques qui croient que les gouvernements doivent avoir une âme, et qu’ils ne se légitiment aux yeux de Dieu que par des actes de justice et de bienfaisance envers les peuples, s’étaient formés à Paris en société pour l’émancipation des noirs ; j’y fus admis à mon retour d’Orient ; je fus édifié des maximes de haute philanthropie et de religieuse charité qui retentirent dans cette réunion et qui se furent dans ses publications ; mais je fus effrayé du vague mal défini de ses tendances, et je craignis que ces appels éloquents, jetés tous les mois, de l’Europe, à la liberté des noirs, ne fussent pris par les colons pour …

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… de ravage dans nos colonies. Je fis part de ces craintes à la société, et je formulai un système pratique et équitable d’émancipation de l’esclavage à peu près semblable à celui que nous avons si heureusement appliqué en 1848.

Lamartine, dans ce même esprit, revient sur des faits peu glorieux dans l’histoire de la France et qui concernent l’homme responsable du retour de l’esclavage en 1802 et l’ancien esclave Toussaint Louverture, que le Napoléon 1er, ne pouvant le vaincre en Haïti (alors Saint Domingue) a attiré traîtreusement en France en lui faisant espérer la signature d’un traité de paix.
Poète, mais aussi homme de théâtre, Lamartine a en effet écrit une pièce dont le titre est « Toussaint Louverture« 

Gustave Planche de la Revue des Deux Mondes étrille la pièce et reproche à son auteur de s’y occuper de politique, le renvoyant vertement à la poésie.

(Conclusion de son article)

Depuis trente ans, M. de Lamartine est en possession d’une gloire que personne ne songe à contester ; est-il sage de tenter aujourd’hui une gloire nouvelle, d’abandonner la route qu’il connaît pour s’aventurer dans un pays plein de ténèbres et d’embûches ?
L’encourager dans cette entreprise, c’est vouloir compromettre sur un coup de dé la renommée légitime qu’il s’est acquise ; lui dire qu’il pourra quitter, dès qu’il le voudra, les habitudes de trente années, c’est lui donner une espérance mensongère, c’est l’abuser par une promesse perfide. Sa part est assez belle pour qu’il s’y tienne et s’en contente. Essayer à cette heure une …

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… les personnages de l’histoire, c’est une tentative que la raison désavoue, dont ses vrais amis doivent le détourner. Et puisqu’un beau livre est une lettre adressée aux amis inconnus, tous les admirateurs de M. de Lamartine doivent le conjurer de renoncer au théâtre.

Gustave Planche, suggère ici aux amis de Lamartine de le détourner du Théâtre.
Lui-même, s’il faut en croire la revue mensuelle « Le livre », des amis, n’en avait guère. Il semblerait qu’il ait sacrifié l’amitié (et même l’argent) à l’honnêteté de son métier de critique.

(Sous le titre « Le critique Maudit)
Il y aura tout à l’heure trente ans que Gustave Planche est mort. Aucun critique n’a, de son vivant, provoqué plus de colères, soulevé plus de haines, accumulé plus de rancunes. Après trente ans, son nom, lorsqu’il vient à être prononcé, suffit à exaspérer quelques-uns des contemporains survivants de cette autorité disparue.
Au lendemain de sa mort, les deux seuls écrivains qui avaient partagé avec lui la fonction, j’allais dire le droit, de juger les hommes et les œuvres, Jules Janin et Sainte-Beuve, agirent bien différemment envers sa mémoire, mais, quoique le haïssant également, prouvèrent que cette mémoire était de celles destinées à survivre.
Janin se rendit aux obsèques de Gustave Planche et fit, au cimetière, l’éloge de son ennemi.
Sainte-Beuve chercha un prétexte, en inventa un plutôt, et sous couleur de défense posthume d’Horace Vernet, accabla Gustave Planche sous un lundi formidable, demeuré célèbre.
L’homme qui pendant vingt-cinq ans exerça sur la littérature et sur l’art une influence aussi redoutée, qui, après sa mort, oblige un habile comme Janin à réserver le jugement de l’avenir et réduit un venimeux comme Sainte-Beuve à se venger seulement sur un cercueil, l’homme enfin dont le convoi funèbre, de dernière classe, a été suivi jusqu’au cimetière. par Victor Cousin, Alfred de Vigny, Amédée Thierry, Chenavard et bien d’autres noms incontestés, cet homme-là a été quelqu’un.
La haine, qui ne désarme pas devant …

… officiel et n’a été qu’homme de lettres, elle est un honneur. On peut contredire, réfuter, nier même les théories de Gustave Planche: il n’en a pas moins laissé une œuvre convaincue, désintéressée jusqu’au mépris des deux seules choses qui rendent la vie aimable: les amitiés et l’argent, et un nom honnête.

Un article récent a quelque peu réhabilité Gustave Planche, (Portrait de Gustave Planche en porte-étendard de la critique littéraire) rappelant ses qualités en tant que critique et expliquant la perception de l’homme par une auto-dérision (voire davantage) de Gustave Planche qui le poussait sans cesse à se présenter constamment sous les pires aspects possibles, tant au niveau vestimentaire que dans ses échanges. Dans une forme d’autoportrait (« l’homme sans nom« )on peut en effet lire

« Quand il s’est bien moqué de ses amis, qu’il aime d’ailleurs et qu’il oblige autant qu’il est en lui, il se moque de lui-même. Il fait l’autopsie de ses moindres souhaits; il promène le scalpel dans ses moindres ambitions, et il rit quand la fibre de ses vœux se déchire sous le tranchant de la parole » 
(…)
« il est entré dans le monde sous de mauvais auspices; il a provoqué l’étonnement et une curiosité mêlée de défiance » 
(…)
« du jour où il cessera d’être l’homme sans nom, quand les marchands de modes pourront louer sa pensée à tant le volume, ce sera peut-être tout simplement un homme ridicule et médiocre »

23 Aout 1873 …

… au théâtre des Variétés (de Paris) est jouée la première de la comédie « Toto chez Tata » avec Céline Chaumont dans le rôle du jeune Toto.

Un échantillon de la critique du « Grelot du 31 aout  : 
« Ah! madame Céline Chaumont, quelle admirable actrice vous êtes ! A vous seule, vous valez dix personnages. Votre monologue est plus qu’une pièce, c’est un feu d’artifice, un bouquet de fusées où l’esprit éclate. M. Baron, rôle du pion, est bien amusant; mais, comme dirait Charles Leroy, que diable peut-il donc avoir dans le nez?

Dans le même article un avis sur les auteurs :

« Madame attend Monsieur, et les Sonnettes étaient deux tours de force ; Toto chez Tata est un …

…siamois du succès, orfèvres littéraires inimitables, passés maîtres dans l’art de charmer un public idolâtre. Enfin, voilà une pièce, une vraie pièce !

Bravo, Meilhac ! bravo, Halévy ! nous en recauserons le jour de la trois centième représentation. »« 

Extrait de la pièce (monologue de Toto)

Aux arrêts ! ils m’ont fourré aux arrêts… parce qu’hier, dimanche, je suis allé chez une cocotte! Eh bien, oui, j’y suis allé, j’en conviens, je m’en vante; mais pourquoi y suis-je allé?… on ne le sait pas; si on le savait, au lieu de me mettre aux arrêts, on m’aurait décerné un prix,… un prix spécial,… le prix mérité par l’élève qui a séché les larmes de sa correspondante…

Voilà pourquoi j’y suis allé, chez cette cocotte, c’est pour sécher les larmes de… du tout pour… Ah! Dieu! (En faisant la moue.) D’abord, moi, ces femmes-là, je ne les aime pas, je ne les aime pas du tout… Je ne sais pas si je changerai d’avis plus tard,… mais pour le moment… (Toto, tout en parlant, va et vient dans le cachot, refait le noeud de sa cravate, reboutonne son gilet.) Ah! quand on a, comme moi, été élevé sur les genoux et pas des femmes du monde, quand surtout on a le bonheur d’avoir pour correspondante la marquise de Château-Lansac… (Avec orgueil.) C’est elle! c’est à elle et à son mari que papa m’a confié quand il a été nommé préfet… Il a été nommé préfet, papa,… il n’y a pas longtemps,… il y a quelques mois… Le jour où il a été obligé de partir pour sa préfecture, il a demandé au marquis et à la marquise de vouloir bien se charger de moi… Le marquis m’a donné une petite tape sur la joue, la marquise m’a attiré vers elle et m’a embrassé. Ah ! qu’elle sentait bon!… (Changeant de ton.) Et il a été convenu que ce serait chez eux que je sortirais tous les dimanches !

Comme j’étais content! C’était moi qui avais la correspondante la plus gentille, la plus à la mode, la plus lancée… Il y avait des émeutes au parloir les jours où elle venait, et, quand elle traversait la première cour pour aller parler au proviseur, toutes les parties de balle s’arrêtaient… Les grands remettaient vite leur tunique,… ils accouraient, formaient la haie et la regardaient passer… Elle aussi, les regardait, et alors, ils piquaient des soleils, oh! mais la des soleils ! Ils devenaient rouges jusqu’aux oreilles… 


En marge de ces évènements festifs deux ans, jours pour jours, auparavant: (d’après l’almanach Hachette de 1921)

Après deux mois de siège contre la Commune, l’armée de Versailles force « Le Point Du Jour »

Il semblerait que la prise de ce point clé, ait eu lieu en réalité au mois de mai.
D’après L’armée de Versailles rédigé par le Général Mac-Mahon

12 Aout 1754 …

Louis de Boissy entre à l’Académie Française, récompense d’un auteur à la plume facile – trop pour certains – qui a eu, entre autres torts, celui de débuter dans la carrière des lettres, par la satire. Genre où il excellait.

Extrait d’une pièce, plus sage que celles de ses débuts, et qui a connu un certain succès :

« Dehors trompeurs«  ou « l’Homme du jour« 

La Comtesse.

Je dois à présent
Vous parler sur un point tout à fait important.
Il court de vous un bruit qui m’étonne et m’afflige.

Le Baron.

C’est donc un bruit fâcheux ?

La Comtesse.

Des plus fâcheux, vous dis-je ;
Il m’alarme pour vous.

Le Baron.

Vraiment vous m’effrayez :
Expliquez-vous.

La Comtesse.

On dit que vous vous mariez.

… [La marquise développe les raisons qui lui font craindre, pour le Marquis, le mariage]

Le Baron.

De vos craintes pour moi, comment, c’est là la cause ?

La Comtesse.

Oui. Dit-on vrai ?

Le Baron.

Mais…

La Comtesse.

Mais… ?

Le Baron.

Il en est quelque chose.

La Comtesse.

Tant pis.

Le Marquis.

L’hymen est donc bien terrible à vos yeux ?

La Comtesse.

Tout des plus.

Le Baron.

Il faut prendre un parti sérieux.

La Comtesse.

Jamais.

Le Baron.

Je suis l’exemple, et je cède à l’usage :
C’est un joug établi que subit le plus sage.

La Comtesse.

Je vous connais, baron, il n’est pas fait pour vous :
Vos amis à ce nœud doivent s’opposer tous.
L’hymen en vous va faire un changement extrême ;
Le monde y perdra trop, vous y perdrez vous-même
La moitié tout au moins du prix que vous valez.
Être couru, fêté partout où vous allez,
Être aimable, amusant, et ne songer qu’à plaire,
Voilà votre état propre, et votre unique affaire.
L’homme du monde est né pour ne tenir à rien ;
L’agrément est sa loi, le plaisir son lien :
S’il s’unit, c’est toujours d’une chaîne légère,
Qu’un moment voit former, qu’un instant voit défaire :
Il fuit jusques au nœud d’une forte amitié ;
Il est toujours liant, et n’est jamais lié.

Le Baron.

Le ciel pour tous les rangs m’a formé sociable.

La Comtesse.

Non ; je lis dans vos yeux que l’hymen redoutable
Doit aigrir la douceur dont vous êtes pétri,
Et d’un garçon charmant faire un triste mari.

[La baron donne les raisons qui motivent cette décision, à savoir La Raison]

Le Baron.

Mon cœur a pris, sur-tout, conseil de la raison.

La Comtesse.

Conseil de la raison ! Juste ciel ! Quel langage !

Le Baron.

On doit la consulter en fait de mariage.

La Comtesse.

Je pardonne au marquis d’oser me la citer ;
Mais vous et moi, monsieur, devons-nous l’écouter ?
Nous sommes trop instruits qu’elle est une chimère.

Le Marquis.

La raison, chimère !

La Comtesse.

Oui !

Le Marquis.

L’idée est singulière.

La Comtesse.

C’est un vieux préjugé qui porte à tort son nom.

Le Marquis.

Pour moi, je reconnais une saine raison.
Loin d’être un préjugé, Madame, elle s’occupe
À détruire l’erreur dont le monde est la dupe ;
Nous aide à démêler le vrai d’avec le faux,
Épure les vertus, corrige les défauts ;
Est de tous les états comme de tous les âges,
Et nous rend à la fois sociables et sages.

La Comtesse.

Moi, je soutiens qu’elle est elle-même un abus,
Qu’elle accroît les défauts, et gâte les vertus ;
Étouffe l’enjouement, forme les sots scrupules,
Et donne la naissance aux plus grands ridicules ;
De l’âme qui s’élève arrête les progrès ;

Fait les hommes

bêtise.

(phrase en clair)


La pièce

Quelques unes de ses oeuvres

ici

ou (Poésie.net)