
nuit
« Le pays où l’on arrive jamais » – André Dhôtel – page 18
« Je n’ai jamais interdit à un élève
de regarder par la fenêtre.»
…
disait André Dhôtel à propos de
cette ultime forme de l’école buissonnière
qui est encore possible (?) de nos jours.
C’est ce que le Livre permet depuis toujours
fenêtre ouverte sur
ce qui buissonne à deux pas de nous.
Dix-huitième page,
Quelques mots échangés suffisent
à convaincre Gaspard
– qui pourtant jusqu’à ce jour
ne s’est pas montré particulièrement rebelle à l’autorité –
d’aider l’enfant fugitif.
« – Pourquoi est-ce que tu ne dors pas? Il est trois heures du matin.
– Je ne peux pas dormir. Et toi?…
– Je pensais à toi.
Encore un long silence.
– Pourquoi t’es-tu sauvé?
– Je cherche mon pays.
– Quel pays?…
– Je ne sais pas. Je cherche.
– Explique-moi.
– Ce serait trop long.
– Tu veux toujours te sauver?…
– Je voudrais bien.
– Je vais t’aider. Ne t’endors pas cette nuit…
Gaspard ne savait comment il pourrait aider l’enfant, mais il »…

…en éprouvait un tel désir qu’il eut soudain l’assurance de réaliser l’impossible.»
____________
Le désir peut tout ?
A minima permet-il de rendre possible n’importe quel projet
en nous.
« L’iris de Suse » – Jean Giono – 15
« C’est aller plus loin que la lune
mais qui le saura »
…
écrit Jean Giono dans sa présentation du titre.
Quizième page,
Tringlot profite de l’anonymat
que procure la nuit
et se restaure enfin.
A attendre longtemps son repas
un rien lui est … Byzance.
« La nuit était tombée. Il allait pouvoir faire des quantités de choses dans ces ombres et ces ronds de lumières rouges. Boire encore, bien entendu, mais d’abord manger. Après il irait chercher des trucs par-ci par-là, sans imprudence. …

Il acheta deux sous de pain et trois sous de cervelas.Ce pain était de première bourre et la charcuterie : un luxe !»
Au milieu de ses livres … Brigitte Celerier
Au Nom de Qui … Yan Kouton
*
[vouloir
…
fuir
…
appuyés
…
sur nos corps
?]
*
Extrait d’un poème de
Yan Kouton
et emprunt de l’image
Texte entier
en son espace d’écriture en ligne
Yan Kouton chez JAN DOETS
(les cosaques des frontières)
Ce mauvais vouloir
Qui embarrasse
Qui erre parfois
Jusqu’à l’aube
Vestige d’un sacrifice
On l’anéantit
On attend la
Matinée favorable
Qui fera fuir
La nuit et
Reculer l’épreuve
On attend ce qui
Se passe entre nous
Quand appuyés
Contre le jour limpide
On échappe
A la méprise
Sa douleur tenace
Alors on use
De ce vent coulis
Sur nos corps
Morning à la fenêtre – Christophe Sanchez
*
[à l’heure
de dissolution
des formes
et des couleurs]
*
*
(cliquer pour le parcours de lecture)
Extrait de « Morning à la fenêtre »
de Christophe Sanchez
aux éditions Tarmac

Christophe Sanchez en ses murs
(percés d’ouvertures multiples)
Le rideau relève sur l’étang la nuit des flamants roses
[Almanach] Jules Michelet …
[Ce n’est pas tout à fait celle de Charles Trenet.]
Jeudi 7 Juin 2012
Les éditions publie.net donnaient
« La mer » de Jules Michelet
(à cliquer pour obtenir le parcours de lecture)
L’extrait complet
Proposition de lecture :
UN BRAVE MARIN HOLLANDAIS, ferme et froid observateur, qui passe sa vie sur la mer, dit franchement que la première impression qu’on en reçoit, c’est la crainte. L’eau, pour tout être terrestre, est l’élément non respirable, l’élément de l’asphyxie. Barrière fatale, éternelle, qui sépare irrémédiablement les deux mondes. Ne nous étonnons pas si l’énorme masse d’eau qu’on appelle la mer, inconnue et ténébreuse dans sa profonde épaisseur, apparut toujours redoutable à l’imagination humaine.
Les Orientaux n’y voient que le gouffre amer, la nuit de l’abîme. Dans toutes les anciennes langues, de l’Inde à l’Irlande, le nom de la mer a pour synonyme ou analogue le désert et la nuit.
Grande tristesse de voir tous les soirs le soleil, cette joie du monde et ce père de toute vie, sombrer, s’abîmer dans les flots. C’est le deuil quotidien du monde, et spécialement de l’Ouest. Nous avons beau voir chaque jour ce spectacle, il a sur nous la même puissance, même effet de mélancolie.
[Almanach] Zyrànna Zatèli …
[Un recueil de nouvelles, traduites du grec par Michel Volkovitch.
La nouvelle citée ici évoque d’étranges lettres
et un personnage tout aussi étrange
malmené par le destin et ses auxiliaires : les proches.]
Jeudi 28 mai 2009
Les éditions Publie.net donnaient
de Zyrànna Zatèli
« Gracieuse dans ce désert »
(extrait de la nouvelle « Lettre du moyen âge« )
(à cliquer pour obtenir le parcours de lecture)
Le passage en son entier
Proposition de lecture :
Récemment une version papier qui inclut l’accès au format numérique
a été publiée par le même éditeur.
Tous les deux ou trois jours, Tàkis passait dans les magasins, une gamelle de l’armée à la main ; on lui donnait une tomate, ou une pomme, le boulanger un demi-pain, le poissonnier deux sardines — un jour, quelqu’un eut l’idée macabre d’y mettre, enveloppé dans du papier sulfurisé, un rat crevé. Tàkis n’avait qu’un frère, qui une fois marié, disait-on, l’avait chassé de chez lui ; ou plutôt c’était sa femme, elle avait honte de son beau-frère fou, la malheureuse. C’est ton frère ou moi, avait-elle dit, mais ce n’était peut-être que des bobards. Lui-même n’en parlait jamais — il bégayait tellement que le temps qu’il dise bonjour, il faisait déjà nuit, à la longue il finit même par ne rien dire du tout, déambulant bouche cousue, mis à part un hennissement sauvage qui parfois tombait de sa bouche, rire ou plainte, selon. Car on savait à peu près s’il riait ou pleurait. À son regard, à sa façon de réagir. On lui disait Salut, capitaine ! et ses yeux étincelaient de joie, son visage s’adoucissait, le hennissement était un rire. On lui disait Salut, pope ! et tout entier il s’assombrissait, ses yeux noirs, ne pouvant noircir davantage, s’enfonçaient dans leurs orbites, le hennissement était une plainte. Il ramassait des pierres, les jetait en tous sens et gare à qui se trouvait là. Il ne supportait pas d’être appelé pope. Le rêve de sa vie : être capitaine. Voilà pourquoi Artèmios T. lui accorda cette faveur.
Artèmios T., commandant des gardes mobiles, venait d’ailleurs, et nous n’aurions su dire, jusqu’alors, de quel bois il était fait ; mais quand, près de la soixantaine, il s’amouracha d’Àspa K., une délicate créature qui avait le tiers de son âge, et qu’il réussit à l’épouser non sans mal, cet amour tardif et brûlant le rajeunit, lui donna ce qu’on appelle un « cœur d’or », au point qu’il prit sous sa protection tous les humbles et les opprimés, Tàkis en tête.
— Tu veux être capitaine, mon garçon ? Tu l’es ! dit-il en guise de baptême, et il lui donna une vieille capote encore solide, un pantalon kaki, une chemise kaki, un pull, un maillot de corps, des godillots, un béret de capitaine, et même des gants de laine kaki et un caleçon. Il lui céda aussi un coin pour dormir dans un magasin des gardes mobiles, avec un lit de camp, des couvertures, un oreiller, plus un poêle pour l’hiver.
— Ça te va, mon garçon ? Tu veux autre chose ?
Tàkis fit non de la tête.
— Une femme, peut-être ?
Il refit non.
— Une gamelle pour ton manger ?
— Oui, dit Tàkis, et c’est ainsi qu’il obtint la gamelle.
Trois ans plus tard, hélas, Artèmios T. prit sa retraite et s’en fut avec Àspa et leurs deux enfants, puis on ne tarda pas à liquider les gardes mobiles, on vida les grandes salles, les magasins, tout. L’édifice appartenait à la commune, qui mit les scellés en attendant qu’on le démolisse, quelques années plus tard ; seul un assez grand espace, derrière, plein de broussailles et de cognassiers stériles, qu’on appelait généreusement verger, resta ouvert au public, ainsi que les cabinets, au fond. La région produisant du tabac, les gens des maisons alentour venaient y étendre leurs feuilles de tabac pour les faire sécher au soleil ; certains tentèrent de faire pousser des tomates et des melons, mais rien à faire, la terre était stérile, elle n’acceptait que des chardons et des cognassiers sans coings.
[Almanach] Aimé Césaire …
[Il a marqué de son verbe dense et lumineux
la poésie de son siècle
l’a colorée du suc de ses racines
l’a projetée vers le ciel
tout en l’arrimant au coeur de la terre.]
Vendredi 24 mai 1946,
Les éditions Gallimard publiaient
le recueil de Aimé Césaire
« Les armes miraculeuses«
(à cliquer pour obtenir le parcours de lecture)












