PLANÈTE POLLUÉE – Paul BERA – 03

Planète polluée - couverture
[Il y a près de 50 ans, Paul Bera écrivait dans la collection fleuve noir (troisième version de la couverture N°623) un roman d’anticipation qui évoquait déjà les problèmes dans lesquels (une partie de) l’humanité se débat, en rapport avec la pollution croissante de l’environnement de la vie actuelle (plantes, animaux, dont l’homme) :]

Le héro a perdu sa mère dans des circonstances tragiques en rapport avec ceux que les gens des Clans nomment les masques.
A son tour l’enfant (narrateur) va être pris en chasse. Il va alors faire une découverte sur lui-même.


 

« Derrière moi, les autres se rapprochaient. Toujours sans un cri, sans un appel. Et je savais pourquoi : les masques ! Sans doute hurlaient-ils leur joie… mais les masques ne laissaient pas filtrer les sons.

Ils tirèrent. Trois flèches tombèrent derrière moi, sans force. Je ne me faisais aucune illusion. Une minute encore et j’étais atteint à la fois devant, derrière et sur le flanc gauche.

Une fois de plus, je pensai à Mama. Comme elle ! J’allais mourir comme elle ! Jusqu’alors, j’avais détesté les Masques. Un peu comme on peut détester un maître brutal. Désormais, je les haïssais. Je me dis que si je m’en tirais encore une fois, je consacrerai ma vie à exterminer les Masques. Imbécile ! Avec quoi ? Avec tes mains nues ? Avec un gourdin de bois mort, contre leurs flèches ?

Je ne pouvais plus hésiter. Ils allaient m’atteindre.   …

04-JE SERRAI LES DENTS-le

(Ou P G)

*

C’est alors que je compris que je n’étais pas tout à fait comme les autres.

Logiquement, j’aurais dû perdre le souffle dès les premiers pas, ouvrir la bouche toute grande afin d’essayer d’aspirer un peu d’air sain, puis m’écrouler, terrassé par l’atmosphère empoisonnée.

Or je continuais à courir, pataugeant dans la boue jusqu’aux chevilles, m’enfonçant parfois jusqu’à mi-mollet. Je courais, droit devant moi, sur l’immense surface nue du Marais-où-l’on-meurt. Et je ne tombais pas. Et je respirais sans trop de difficultés…

Certes, je m’essoufflais, je le sentais, mais je vivais, je ne tombais pas ! Je me retournai. Les Masques ne me poursuivaient pas. Ils gesticulaient à l’entrée du marais. Ils ne pouvaient se comprendre que par gestes, à cause des masques.

Il me semblait que j’étais à leur place. « Comment ? Il s’engage dans le Marais-où-l’on-meurt, il n’a pas de masque… et il ne tombe pas ? »   …

05 - EH BIEN ! NON -le

(Ou P G)

*

Le marais s’étendait devant moi jusqu’à l’infini, semblait-il. Parce que j’étais passé plusieurs fois sur l’autre rive et que j’en avais fait le tour, je savais qu’il me faudrait plusieurs heures pour le traverser. Et j’étais tellement frappé par ma découverte que je n’avais nulle envie de perdre des heures !

De nouveau, je regardai les Masques. Ils ne bougeaient plus. Immobiles, ils étaient tournés vers moi. L’un d’eux banda son arc, mais secoua la tête, haussa les épaules et ne tira pas. À quoi bon ? J’étais quatre fois trop loin.

Ils ne faisaient pas mine de me poursuivre. C’est qu’ils savaient qu’ils n’avaient aucune chance de me rattraper. Cette fois, je n’étais pas cerné. J’avais l’infini devant moi.

Je m’assis. Tout nu, dans la boue. Oui, je sais. Plus tard, j’ai eu conscience de ce que cette attitude présente « d’inconvenant » chez un être civilisé. Assis, nu, dans la boue d’un marais.

Mais je n’étais pas civilisé. Je vivais dans mon Clan, avec les autres. Nu parce que les autres l’étaient et parce que nous ne pouvions pas ne pas l’être. Les vieilles légendes faisaient mention d’une époque où les humains confectionnaient des « tissus », généralement à l’aide de fibres de plantes. Mais les plantes n’avaient plus de fibres. Je le savais d’autant mieux que, je l’ai déjà dit, je les connaissais toutes. Les Anciens prétendaient qu’ils avaient entendu dire à leurs propres Anciens que peu à peu toutes les plantes étaient mortes, y compris les grands arbres de la forêt. Alors, lentement, une nouvelle vie végétale s’était développée ; mais avant que l’on puisse déterminer les espèces comestibles et en récolter suffisamment, des milliers et des milliers d’humains avaient péri de faim. Comme ces plantes nouvelles étaient pour la plupart des algues, elles ne possédaient pas de tissu ligneux.

Je réfléchissais. Une parenthèse encore. Quand je dis « je n’étais pas civilisé », cela n’implique pas que je n’étais pas instruit. Je savais beaucoup de choses que m’avaient enseigné les Anciens. Beaucoup. Plus tard, je remarquai que, bien que sur des points très différents, j’en savais autant, voire plus que les Masques. »

COLLINE – JEAN GIONO – 12

Un livret
entièrement dédié à l’oeuvre de Jean Giono
(extraits des nouvelles, romans et pièces de théâtre
à redécouvrir en jeu)
Pour saluer Giono-couverture








LE CIEL EST COMME - letc1

(Une lecture plus lente
à cliquer)

LE CIEL EST COMME - let1

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Extrait du roman « Colline »
de Jean Giono

parcours de lecture

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En clair (sur babelio)

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LE CIEL EST COMME - txt0

Un extrait plus long

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  (Janet est à l’agonie
mais jamais il n’aura été
aussi présent
sur SA colline)

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Deux jours et deux nuits le vent a soufflé. Il était chargé de nuages ; maintenant il pleut. L’orage qui bouchait les défilés du fleuve s’est levé. Comme un taureau fouetté d’herbes, il s’est arraché à la boue des plaines ; son dos musculeux s’est gonflé ; puis il a sauté les collines, et il s’est mis en marche dans le ciel.
Il pleut. Une petite pluie rageuse, irritée puis apaisée sans motif, lardée des flèches du soleil, battue par la rude main du vent, mais têtue. Et ses pieds chauds ont écrasé l’avoine. Le peuple des hirondelles et des merles bruit dans les arbres.
Le ciel est comme un marais où l’eau claire luit par places entre les flaques de vase.

LE DOMINICAIN BLANC – GUSTAV MEYRINK – 03

ILS VONT TOUTE LEUR VIE A LA DERIVE JUSQU AU TOMBEAU COMME DES NUAGES QUE LE SOUFFLE DU VENT REFOULE DANS LE MARAIS

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Extrait du roman « Le dominicain blanc »
de Gustav Meyrink

Parcours de lecture

ILS VONT TOUTE LEUR VIE A LA DERIVE JUSQU AU TOMBEAU COMME DES NUAGES QUE LE SOUFFLE DU VENT REFOULE DANS LE MARAIS-s

En clair (sur Babelio)

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Ils vont toute leur vie à la dérive jusqu’au tombeau, comme des nuages que le souffle du vent refoule dans le marais.