
amour
22 Janvier 1572 …
… nait à Londres (il y mourra) le poète John Donne.
Le poème qui suit est une parfaite illustration du style et des thèmes traités par John Donne.
On y trouve, à propos de l’amour, de l’humour, dès le titre, et une bonne dose de dérision.
LE TRIPLE FOU
Je suis doublement fou, je le sais,
Pour aimer et le dire ainsi
En bêlante poésie;
Mais quel homme sensé ne voudrait être moi
Si elle disait oui ?
Je croyais une fois qu’à l’égal des canaux
Pratiqués dans la terre
Qui purgent Veau de mer du sel qu’elle contient
Il me serait aisé si j’attirais mes peines
Dans la contrainte du rythme de les alléger.
Soumise au nombre la douleur est moins farouche
Car c’est l’apprivoiser que l’enchaîner en vers.
Mais maintenant que j’ai réalisé cela,
Pour faire montre de sa voix et de son art
Quelqu’un se met à chanter mes poèmes,
Ainsi, pour le plaisir de plusieurs, il libère
Cette douleur qu’emprisonnait le vers.
D’amour et de douleur les vers sont le tribut,
Mais non ceux-là qui plaisent à lecture.
Par de telles chansons tous deux trouvent croissance
Car …

… parfait.
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Dans les cahiers du Sud de novembre 1936, on peut lire un article de Léon Gabriel Gros, consacré à John Donne, dont suit ici un extrait :
Le thème de l’amour est omniprésent dans l’œuvre de Donne mais s’il est aisé d’en déceler les manifestations, c’est étrange présomption que de s’attacher, entre des attitudes souvent contradictoires, à retrouver l’unité idéale.
L’erreur du critique est de vouloir à toute force re construire une pensée de poète, comme si le poète était dialecticien, comme si un système était sous-jacent à son œuvre ! En fait tout poète, même de « climat » intellectuel, se plie avec une souplesse de tous les instants aux vicissitudes de sa vie et ce n’est qu’au travers d’elles qu’il entrevoit sans pouvoir l’exprimer l’essence même de son être ; les démarches de sa pensée ne sont que la succession de ses humeurs; ses assertions les plus rigoureusement logiques les étapes d’une inquiétude sans terme.
S’appliquer à rendre cohérent l’incohérent, à construire rationnellement les mirages d’un désir insatisfait telle est, en présence des poètes, la prétention un peu ridicule du critique. Si nous y sacrifions une fois de plus c’est pour les seuls besoins de l’exposé, tenant pour acquis, à l’instant même où nous étudions la pensée amoureuse de Donne, que celui-ci, comme tout amant, ne raisonnait qu’en fonction de ses nerfs. S’il y parait moins chez lui c’est qu’étant d’une vaste érudition, ses réactions instinctives, tout aussi directes animalement parlant que celles d’un calicot envoyant un « bleu » à une midinette, se traduisaient par des considérations parées de toutes les grâces dialectiques, de tous les concetti concevables, mais jaillies tout armées de son être profond.
Le cynisme de Donne est certain. Des poèmes comme « The sang », « The Indifferent », « Loves Usury » l’attestent qui témoignent d’une volonté définie de choquer les opinions reçues, de s’insurger contre la tradition pétrarquiste. C’est ainsi que Donne proclame à diverses reprises non seulement le droit mais encore le devoir d’être infidèle. Selon la logique de ceux qui entendent être au service de l’amour il découvre la vérité dans la pluralité « Change is the nursery of tife », dit-il, spéculant dans l’abstrait, assertion qu’il transpose dans l’ordre pratique, trouvant cette formule destructrice de tout sentimentalisme. « Je peux aimer n’importe qui pourvu qu’elle me soit infidèle ! »
Ainsi, par opposition à l’attitude pétrarquiste de l’amant malheureux, Donne poursuit un endurcissement volontaire. Iconoclaste de l’amour il souhaite que celui-ci ne soit qu’un jeu et pose le principe de la « communauté » des femmes : « Elles sont à nous comme sont les fruits ».
Malgré ce parti-pris de Don Juanisme, Donne fait entendre dans « Loves Usury » une prière pour ne pas aimer qui ne fût jamais exaucée. Il ne trahit point toutefois son attitude première en ce sens que l’on ne saurait relever chez lui un cri de protestation du cœur, et quand il dépasse le cynisme ce n’est point pour se replier avec égoïsme et regret sur lui-même, chanter, selon le terme convenu, les faveurs ou les rigueurs de ses maîtresses, c’est tout au contraire pour dire sa fidélité à l’amour, son abandon à ses volontés, son culte de la beauté intérieure.
En de tels poèmes la pensée raffine sur elle-même, mais dans ce jeu, tout cérébral d’apparence, l’être entier de John Donne est en cause. Pour des natures comme la sienne, et quoique Steele ait pu en penser, l’amour n’est point toujours « générateur de simplicité », il vivifie l’énergie intellectuelle, ouvre à l’esprit les plus étranges perspectives de pensée abstraite. Malgré sa volonté de cynisme, Donne, dès qu’il se perd dans la contemplation de l’amour, retrouve, par delà Pétrarque, la méthode et la dialectique des poètes du « dolce stil nuovo » et des troubadours.
Seulement, comme de par son expérience de libertin, il demeure à l’opposé de leur idéalisme il arrive à une conception moins transcendantale que celle de Dante mais plus juste parce que moins ascétique. Dans la poésie de …

… sur les mots.
Le 14 décembre 1895 …
… nait celui dont on dira qu’il est le poète de l’amour et de la résistance.
Une des épitaphes rédigées, 56 années plus tard (à la mort) de Paul Eluard dit en peu de mots beaucoup de lui.
« Paul Eluard vient de mourir. Il était parti du surréalisme, il avait prêché la révolte et chanté l’amour.
Mais l’heure du danger venue, pendant l’occupation, il fut aussi et surtout le poète de la Résistance. Son poème Liberté est aujourd’hui dans toutes les mémoires, il est enseigné dans les lycées, dans les écoles communales.
Eluard le tendre, l’élégiaque, avait su se montrer le plus violent et le plus juste dans la violence, quand elle avait été nécessaire. »
Deux mois avant, « Les cahiers du Sud » donnait son long poème « BLASON DÉDORÉ DE MES RÊVES » qui sera publié plus tard dans le recueil « Poésie ininterrompue » (disponible sur le site de la Bibliothèque Numérique Romande ici)
Dans ce rêve et pourtant j’étais presque éveillé
Je me croyais au seuil de la grande avalanche
Tête d’air renversée sous le poids de la terre
Ma trace était déjà dissipée j’étouffais
Dernier souffle premier gouffre définitif
Je respire souvent très mal je me confine
Moralement aussi surtout quand je suis seul
Dans ce rêve le temps de vivre était réduit
À sa plus simple expression naître et mourir
Mes vertèbres mes nerfs ma chair
Tremblaient bégayaient d’ignorance
Et je perdais mon apparence
J’en vins pour me sauver à rêver d’animaux
De chiens errants et fous de nocturnes immenses
D’insectes de bois sec et de grappes gluantes
Et de masses mouvantes
Plus confuses que des rochers
Plus compliquées que la forêt d’outre-chaleur
Où le soleil se glisse comme une névrite
Des animaux cachots tunnels et labyrinthes
Sur terre et sous terre oubliés
Des animaux au sein de l’eau qui les nourrit
À fleur de l’air qui les contient
Et des animaux décantés
Faits de tout et de rien
Comme les autres supposés
Sans parois immédiates sans rapports certains
Vertige dans la brume je restais en friche
Je figurais comme un mendiant
La nature et les éléments
Et ma chair pauvre mon sang riche
Et mes plumes vives fanées
Mes écailles ma peau vidée
Ma voix muette mon cœur sourd
Mon pelage mes griffes sûres
Ma course et mon cheminement
Ma ponte et mon éventrement
Ma mue et ma mort sans rupture
Mon corps absurde prisonnier
Des poussées de la vie en vrac
Ma fonction d’être reproduit
Interminablement
M’inclinaient toujours un peu plus
Vers le fond le plus inconscient
J’en vins pour me sauver à me croire animal
Voguent volent se terrent mes frissons d’enfant
Mes yeux jamais ouverts et mon vagissement
Je ne refuse pas l’hiver je vis encore
Dans l’embrasure de l’automne mais je passe
Aux premiers froids comme une feuille
Ou bien je meurs comme je nais sans majesté
Dans un gargouillement je suis la bulle éclose
Et crevée au soleil je tisse sans savoir
La toile la fourrure ou le bond sans fêlure
Qui me permettent de durer pour un instant
Nul n’a jamais ri ni pleuré
Je ne m’embourbe ni n’étouffe
Je ne me brûle ni me noie
Je suis le nombre indéfini
Au cœur d’une page de chiffres
Je suis fils de mes origines
J’en ai les rides les ravines
Le sang léger la sève épaisse
Les sommets flous les caves sombres
La rosée et la rouille
Je m’équilibre et je chavire
Comme les couches de terrain
Et je m’étale et je me traîne
Je brûle et je gèle à jamais
Et je suis insensible
Car mes sens engloutissent
La chute et l’ascension
La fleur et sa racine
Le ver et son cocon
Le diamant et la mine
L’œil et son horizon
Je ne suis ni lourd ni léger
Ni solitaire ni peuplé
Nul ne peut séparer
Ma chevelure de mes bras
Ni ma gorge de son silence
Ni ma lumière de ma nuit
Je suis la foule partout
Des profondeurs et des hauteurs
La grimace en creux en relief
La crispation de la distance
La clarté close ou provocante
Le masque posé sur la nacre
La glèbe creusée par la taupe
La vague enflée par le requin
La brise chantante d’oiseaux
Pour rien pour que tout continue
Dans un foyer brillant éteint
Et ranimé par un fétu
Les animaux sont la charnière
Des ailerons du mouvement
Ils ne connaissent ni naufrages
Ni décombres ils perpétuent
La longue alliance de la boue
Avec l’azur avec la pierre
Avec le flot avec la flamme
Dure et douce comme une bouche
Je ne peux pas me reposer
Je m’agrège au jeu sans issue
Au bruit sans couleur de musique
Il n’est pas question de régner
Ni de parler pour troubler l’ordre insane
Ni d’élever le talus de mon crâne
Plus haut que le buisson du jour
Ni de permettre à ma poitrine
Par son étrave de troubler
La lie de l’immobilité
Animal je n’ai rien qui me conduise ailleurs
Je ne dispose pas du temps il est entier
Ma poussière ignore les routes
La foudre anime mon squelette
Et la foudre m’immobilise
Je suis pour un printemps le battement de l’aile
Je glisse et passe sur l’air lisse
Je suis rompu par le fer rouge
De l’aurore et du crépuscule
La terre absorbe mon reflet
Je ne suis l’objet d’aucun doute
Je ne contemple rien je guette
La prolifération de l’ombre
Où je puis être et m’abolir
L’envie m’en vient sans réfléchir
Le mur que je frappe m’abat
Et je tombe et je me relève
Dans le même abîme essentiel
Dans la même absence d’images
Dessus dessous la vérité élémentaire
La vérité sans son contraire
Il n’est pas une erreur au monde
Le jour banal et la nuit ordinaire
Et des attaches pour toujours
Avec un point fixe la vie
Ni bonne ni mauvaise
Une vie absorbant la mort
Sans apparence de prestige
Nulle auréole pour le lion
Nul ongle d’or pour l’aigle
Et les hyènes n’ont pas de honte
Les poissons s’ignorent nageant
Aucun oiseau ne vole
Le lièvre court pour mettre un point
Au regard fixe de la chouette
L’araignée ne fait qu’une toile
Utile ou inutile un grenier une ruine
Je me sens m’en aller très bas
Très haut très près très loin très flou
Et net immense et plus petit
Que le ciel amassé pour moi
J’imite le plus machinal
Des gestes d’un lieudit la terre
Lune et soleil sont sans mystère
Non plus que l’épaule aux aisselles
Non plus que le vent à mes ailes
Blason dédoré de mes rêves
Ai-je fait mon deuil de moi-même
En me couchant comme la cendre sous la flamme
Ai-je abdiqué ne puis-je plus rien désigner
En me montrant du doigt moi si fier d’être au monde
Non je dors et malgré le pouvoir de la nuit
J’apprends comme un enfant que je vais m’éveiller
Mes draps sont le linceul de mes rêves je vis
Et du gouffre je passe à la lumière blonde
Et je respire comme un amoureux se pâme
Comme un fleuve se lisse sous une hirondelle
Je sais …

… vis.
29 Septembre 1863 …
… le siècle illustré qui publie chaque semaine plusieurs feuilletons, donne la seconde partie de l’oeuvre d’un des feuilletonistes les plus en vogue de l’époque, et totalement inconnu à la notre :
« Constant Guéroult« .
Drame dans lequel le lecteur rencontrera 68 fois le mots crime, 89 fois le mot assassin ou assassinat, et pour compenser, à 113 reprise le mot amour.
Un petit échantillon de cette prose – ici dans la veine larmoyante –
Enfin un faible soupir sortit de sa poitrine, et bientôt elle rouvrit les yeux.
– Pauvre ami, dit-elle, frappée de l’expression d’angoisse empreinte sur les traits de Martial, tu as cru que l’éternelle séparation venait de se faire ; non, cela ne pouvait être, il faut que je vive quelques heures encore.
Et comme Martial pressait dans ses mains sa main glacée :
– Elle peut se réchauffer encore aujourd’hui, lui dit Amélie.
Elle reprit aussitôt :
– Ecoute-moi bien, mon ami.
– Parle, oh ! parle, mon Amélie, murmura Martial en sanglotant, je suis si heureux d’entendre ta voix !
– Parce que la voix prouve la vie ; oh ! quel vide je vais laisser autour de toi, mon pauvre Martial !
Elle ajouta :
– Je t’ai dit que ma majorité était un terme fatal, peut-être le but de la lutte sourde dont je meurs victime ; tout me dit qu’il est de ton intérêt et de celui de mon enfant que je dépasse ce terme, il faut donc que je vive vingt-quatre heures encore.
Et, contemplant Martial avec une tendresse pleine d’anxiété !
– Tu entends, lui dit-elle, en concentrant dans ces dernières paroles tout ce qui lui restait d’énergie, il faut me faire aller jusque-là.
A cette parole si déchirante, à cette prière si sublime, à cette dernière preuve de dévouement donnée au bord même de la tombe, Martial éclata en sanglots.
Puis se levant tout à coup et se frappant le front.
– Non, tu ne mourras pas, s’écria-t-il ; Paris possède les premiers médecins du monde, je vais courir chez les plus célèbres; je les supplierai, je me traînerai à leurs pieds, ils auront pitié de moi et leur science te sauvera.
– Les médecins, dit Amélie, ils m’ont abandonnée ; tu vois, ils ne viennent plus ; mais, qu’importe, pourvu que ma vie se prolonge jusqu’à demain, c’est tout ce qu’il me faut, et j’irai jusque-là, je le sens ; tu sais, les mourants ne se trompent pas sur leur dernière heure.
Elle achevait à peine de parler quand on frappa discrètement à la porte.
– Qui peut venir ici et à pareille heure? demanda la malade avec une vague inquiétude.
– C’est étrange, dit Martial, je n’ai pas entendu monter; quelque voisin, sans doute.
Il courut ouvrir.
Un homme entra ; d’une taille moyenne, maigre, le regard incisif et éblouissant comme l’éclair, il paraissait âgé de quarante ans environ : cependant ses cheveux et ses sourcils étaient …
… par un cache-nez.
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Pour demeurer dans le ton du premier passage, en passant par-dessus les meurtres plus ou moins sanglants, voici la fin du roman, qui réconcilie le lecteur avec la providence … du pardon pour les uns et de la punition pour d’autres.
…
Vers la même époque, à Florence, un jeune homme venait de sonner à la porte d’un couvent de Franciscains. Il était pâle, défait, et paraissait miné par une longue et mortelle souffrance.
Par un étrange hasard, une jeune femme, dont les traits portaient également l’empreinte d’une incurable tristesse, frappait à la porte d’un couvent de femmes situé en face du monastère au pied duquel attendait le jeune homme. En portant machinalement les regards autour d’elle, la jeune femme vit celui-ci; alors, elle jeta un cri, chancela comme si elle succombait sous le coup d’une émotion foudroyante, puis s’élançant vers le jeune homme et tombant à ses genoux :
— Sylvio ! murmura-t-elle d’une voix pleine de …
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… et le monde les murs de ce couvent?
Un moment étourdi lui-même d’une rencontre aussi imprévue, Sylvio répondit après une lutte intérieure :
— Moi aussi, Mencia, je viens dire à cette heure un éternel adieu au monde; moi aussi je viens me donner tout entier à Dieu, et je ne veux apporter dans cette retraite aucun sentiment de haine.
Oui, je vous pardonne, Mencia, et je prie Dieu de vous envoyer la paix et l’oubli. Adieu, Mencia, adieu! Quelques minutes après, l’un et l’autre avaient franchi le seuil qui les retranchait du monde.
Il ne nous reste plus à parler de Jacobus.
Depuis le moment où il s’est vu à jamais séparé de Mencia, un noir chagrin s’est emparé de lui; il a tout oublié, jusqu’à son opéra; il s’est laissé exploiter jusqu’à son dernier sou, et aujourd’hui on peut encore le voir comme autrefois jouant du cor, non aux Funambules qui n’existent plus, mais aux Folies Dramatiques, où il gagne soixante-quinze francs par mois, sa seule ressource.
Fabrizio De André – Via del campo
Il y a des artistes qui nous manquent …
Des faiseurs de chansons où la parole avait un sens et s’entendait,
des voix qui se prêtaient aux inaudibles, aux dans l’ombre
et dont le chemin était franc et clair.

Aime et ris si l’amour te répond,
pleure fort s’il ne t’entend pas.
Des diamants rien ne naît
Du fumier naissent les fleurs.
Ama e ridi se amor risponde
piangi forte se non ti sente.
Dai diamanti non nasce niente,
dal letame nascono i fiori.
Rencontre d’un peintre – André Derain
Une rencontre permise par le partage de Dominique Hasselmann qui propose depuis avant hier le partage de sa visite attentive de l’exposition André Derain au Centre Pompidou.*
Les toiles sur lesquelles il a porté le regard m’ont saisi par … (indicible)
et m’ont donné l’envie d’une promenade dans l’oeuvre de celui qui a écrit (rapporté sur son site par Dominique Hasselmann)
« En somme, rien n’est plus difficile que la simplicité »
(Une simplicité qui n’a rien à voir avec l’abstraction sèche de la mesure)
C’est ainsi que j’ai rencontré, abolissant pour un temps … le temps,
la nièce du peintre.

[Il n’est pas certain que ce que j’évoque soit possible, à cet âge, de nos jours.]
Dominique Hasselmann consacre trois pages de son site à André Derain
Merci, Derain [1/3]
Merci, Derain [2/3]
Merci, Derain [3/3]
Face à l’adolescente peinte avec tendresse par son oncle André Derain me revient la pure chute en amour possible à 13 ans.
J’AI L’AMOUR – MATHILDE ROUX – 3
*
*
[Tremblement
de chair
…
et au-delà]
*
*
–
Extrait de
« J’ai l’amour»
de
Mathilde Roux
Publié aux éditions Publie.net
[Almanach] Emmanuel Adely …
(Un jour de retard pour cet « anniversaire » d’un texte découvert tard hier soir … )
[Un texte étonnant, incantatoire, qui utilise le mot (bien au-delà de son sens) comme un tambour, un vent, une vague (ou une mer) où la ponctuation (le souffle) est donnée par l’espace. Un texte qu’il est indispensable de lire à pleine voix (j’en donne une proposition … forcément maladroite. Il faut (?) tenter de dépasser les cinq premières minutes pour laisser le temps au climat de s’installer). S’y essayer sur l’extrait donné. .]
Lundi 1er Juin 2009
Les éditions Publie.net donnaient
« Ce n’est que le début »
de Emmanuel Adely
(à cliquer pour obtenir le parcours de lecture)
Le passage en son entier
Proposition de lecture :
Un autre texte de Emmanuel Adely ici
Ce n’est que le début c’est juste juste le début le dé ce n’est que le dé le juste le début juste le début de ma vie de ma juste le de de ma le dé de ma de ma vie ça ce n’est que ça ce n’est c’est juste ça le début ça de ma vie ça dis-moi ça que ce n’est que le juste ça le début ça de ma vie ça commence juste ma vie ça commence juste ce n’est que le début de ma juste le dé hein dis-le moi ça juste ça que ce n’est que le dé qu’il y a
plus qu’il y a des que ce n’est que le début ça dis-le moi qu’il y a après le dé le coup de dé après le coup de dé qu’il y a autre chose que ça ça qui n’est que le début que le lancer du dé il y a autre chose après le début après le après le lancer du dé les jeux seront faits mais après hein après les jeux seront faits dis-le moi ça qu’il y a encore dis autre chose dis que ce début autre chose dis ce n’est pas commencé rien n’est commencé je n’ai pas commencé vous enten les jeux ne sont pas faits vous enten les jeux ne sont pas faits vous entendez je n’ai pas ce n’est que le les jeux ne sont pas faits ce n’est pas possible autrement
ce n’est que le début ça un jour ça commence ça va quand ça va commencer hein quand ce n’est que le début quand un jour ça commence vraiment ça va commencer ça démarre un jour ça quand vraiment ça ce n’est pas possible autrement hein vous entendez pas possible ce n’est que le début un jour c’est plus c’est davantage quand c’est beaucoup plus ce sera plus que ça encore plus ce sera plus que ça quand beaucoup plus beaucoup que ce début ce sera un jour c’est plus ce sera plus grand ce sera fort ce sera plus heureux atteint ce sera quand épanoui hein fleuri éclos ce sera complet total hein entier quand
La rose – Charles L. Harness – 02
[Roman culte dans le domaine de la science fiction, la rose explore les rapprochements possibles entre l’art et la science, l’alliance de l’intuition et de la raison.
Tout au long de l’oeuvre l’auteur montre (?) que le savoir scientifique est souvent une réduction de ce que l’homme peut percevoir du réel par l’ensemble de ses sens utilisés en toute conscience.
On pourra voir ici ou là sur la toile des réactions assez virulentes contre l’oeuvre. Ces intervention confondent souvent l’auteur avec l’un des « héros » de l’histoire et tendent même à montrer comment la science et les positions ON/OFF qui l’accompagnent souvent, contaminent l’ensemble de nos attitudes et pensée.]
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(Sans l’image, à cliquer)
Extrait du roman de science fiction (mais pas que) La rose
de Charles L. Harness (son chef-d’oeuvre)
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Parcours de lecture
En clair
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Extrait plus long
Les sourcils broussailleux de l’homme eurent un imperceptible froncement témoignant de sa vigilance.
– Anna l’homme qui a lu votre partition désire vous rencontrer, il veut programmer le ballet dans le cadre du Festival des Roses… vous savez, la manifestation qui a lieu tous les ans Via Rosa.
– Moi, une inconnue, avoir un ballet en vedette au Festival ?
Elle ajouta avec une sécheresse incrédule : Et le Comité des Ballets et bien sûr totalement d’accord avec votre ami ?
– C’est lui le Comité.
– Comment m’avez-vous dit qu’il s’appelait ?
– Je ne le vous l’ai pas dit.
Elle lui jeta un regard soupçonneux.
– Moi aussi je peux entrer dans le jeu. S’il tient tellement à ma musique, pourquoi ne se dérange-t-il pas pour venir me voir ?
– Il n’y tient pas à ce point.
– Je vois. Un gros bonnet ?
– Pas exactement. Il se trouve simplement qu’il éprouve une indifférence fondamentale envers les choses qui l’intéressent fondamentalement.
De toute façon il a un complexe à l’égard de la Via Rosa : il a un tel amour pour le quartier qu’il a horreur de le quitter, ne fût-ce que pour une heure ou deux.












