Le 12 Décembre 1922 …

… nait Christian Dotremont, qui ( pour certains de ses textes poétiques) inventera les « peintures de mots » ou « logogramme » (mot qui existait déjà).

Porteur d’un nouveau courant surréaliste qui entend mettre Breton au rencart (il aurait « fait son temps »), Dotremont et quelques artistes, Belges comme lui, prônent un surréalisme plus débridé encore, notamment dans sa dimension érotique.
Mais tout comme dans le groupe de Breton, le courant des surréalistes belges du groupe Dotremont ( mouvement Cobra) est tiraillé par des problèmes d’égo et de luttes internes en rapport.
Ainsi Dotremont a pu dire « Alechinsky (peintre avec lequel il a collaboré dans des productions graphique et poétique) est un des principaux falsificateurs de Cobra »…


« mon rôle est sous-estimé, ainsi aussi Cobra est faussé. Par contre, le rôle d’Alechinsky, notamment, est surestimé ».
ou encore
« Je suis à peu près seul, encore, à comprendre l’importance historique du phénomène surréaliste révolutionnaire et du phénomène Cobra. En tout cas, seul à lutter ».

Il est vrai que sans lui le groupe Cobra n’aurait pas vécu très longtemps.

Un Poème de Christian Dotremont, l’illustration est de Pierre Alechinsky (produite pour un autre poème de Dotremont (voir ici et merci à Angèle Paoli )

Kara

Kara petit nœud de rien du tout
deux mains serrées au sein des glissements

Petit ruban de terre sur les cheveux
sur les fourrures des monts et des vaux

Drap tendu qui sèche entre les
Gorges sur les bras de la première pluie

Karapitale des bois
de l’âge que j’avais quand je serai vieux

Où les rennes tordent un cri
les yeux à l’égyptienne

Pincée de cordes de cornes
à tue-tête avec le rien

Mon grand Nord qui dort la gueule ouverte
sur toi petit piège chaud

Lasso assis sur la carte
blanche de l’espace étalé

Karasciure de neige dans la
menuiserie des arbres

Du bois dont on fait les

lichen
dépassant de l’hiver

(Pour lire la grille sans le ralentissement qu’elle impose cliquer ici)