Le 16 Décembre 1877 …


Ce n’est pas la date de naissance de Dominique Hasselmann
domicilié en ce lieu parisien où nous est proposé de temps à autres (une fois par mois) des « poèmes télégraphiques (le plus récent) et qui a publié aux éditions publie.net un recueil de 140 petits poèmes en prose

Tunnel des fêtes où les cadeaux sont les wagons verts, rouges et dorés des échanges codifiés par le système marchand.

…mais c’est bien un 16 décembre que ce grand admirateur de la tour Eiffel est né. Souhaitons lui un bon anniversaire.]


… Ce jour est celui où est né Lucien Banville d’Hostel, poète longtemps de sensibilité anarchiste bien qu’aristocrate.

Sa participation à un mouvement qui vise à revitaliser la poésie et à choisi un nom particulièrement ambitieux (le) « Mouvement Visionnaire ». Un article de « La Revue » traite de cette apparition dans son édition du 15 juillet 1908, Lucien Banville d’Hostel a alors 30 ans, il est le premier dont Gérard de Lacaze-Duthiers, auteur du texte fait le portrait.

Il y a du nouveau dans la jeune littérature : une école poétique vient de naître. Elle est parfaitement constituée. Elle a un but, des idées, un programme. Sans doute, les jeunes « visionnaires », partisans avant tout de la liberté en art, se défendent d’avoir voulu fonder une école. Ils savent combien il est grotesque de s’enrégimenter! Mais s’ils évitent de tomber dans les excès de leurs aînés, ils pensent non sans raison qu’il est nécessaire, entre écrivains d’aspirations communes, de se grouper, de se rapprocher
pour imposer plus facilement leurs idées. Le défaut de la jeune littérature, c’est en effet le manque d’union. On tombe d’un excès dans l’autre: sous prétexte de ne plus fonder d’écoles, on s’isole.
Chacun vit à part. Ce que l’on souhaitait vivement, depuis quelques années, c’était la fin de cet individualisme exagéré, aussi nuisible que les cénacles et chapelles. On allait même jusqu’à regretter les anciens sous-sols où poètes et artistes fraternisaient.
Depuis-les fameuses soirées de « La Plume », qui groupèrent un moment l’élite de la jeunesse littéraire, il n’y avait plus rien.
Or voici qu’une réaction commence à se produire. Déjà, les poètes du groupe de «L’Abbaye » affirmèrent la nécessité de mettre leurs efforts en commun. Avec les «visionnaires » et «aristocrates », cette tendance s’accentue encore. Il y a là un
effort vers l’art et la beauté dont l’extrême originalité mérite d’attirer l’attention. On se rend compte des dernières tendances en art en étudiant l’œuvre collective de ces nouveaux venus.
Quelques-uns d’entre eux ont le privilège de représenter plus exactement les tendances générales du groupe, tout en conservant leur originalité et leur personnalité, qui ne sont pas des moins intéressantes.
Banville d’Hostel est un visionnaire qui n’a pas renoncé tout a fait aux formes
antiques pour exprimer des idées modernes. Son vers est correct, sobre. Il n’a rien
d’académique pourtant ; il correspond à un enthousiasme réfléchi, qui maintient le
poète dans la tradition romantique, tout en l’autorisant à s’affranchir de certaines
règles trop étroites. C’est le plus classique des aristocrates. Normand, il a toutes les
qualités de sa race : l’entêtement, l’obstination.
De nombreux voyages à l’étranger, en Angleterre, en Allemagne, en Belgique, Italie, ont formé son esprit en l’initiant à toutes les formes de beauté.
Banville a-t-on écrit quelque part, est surtout le poète de l’action intérieure, il chante les espérances et les misères stoïquement supportées, les âmes emportées dans l’immense houle battant aux portes de l’idéal. Il cherche à quoi sert la vie? où elle va où elle porte les hommes ? » L’Elu, Epitaphe froide, La Ballade du pauvre incompris, le Saint, La Carmélite, sont les plus caractéristiques de ses poèmes philosophiques.

Courageusement, ces jeunes poètes sont allés voir l’un de leurs ainés, Anatole France, pour lui demander son avis, après lui avoir exposé leur but et les valeurs qui le sous-tendait
Voici sa réponse

« Mais… cela me semble curieux et neuf… Vous avez constitué l’Ecole des «Visionnaires». C’est bien, c’est bien. Mais il y a autre chose que j’aime mieux dans vos projets : vous voulez intéresser le peuple, le peuple des métiers, à un mouvement d’art. Vous avez raison.
II y a longtemps que des jeunes s’acheminent pour causer avec lui : ils ont dû s’arrêter en route. Le peuple ne les a pas vus… Je veux être de vos amis… »

La revue mensuelle, « La Foire Aux Chimères« , qui porta ce groupe de poètes qui comportait également un sculpteur et un peintre, n’a parut que deux années, on y trouve de nombreux poèmes de Banville d’Hostel, dont celui-ci

Il avait des pensers aux ailes séraphiques,
Et son cœur pur était comme un doux reposoir
Fait de printemps fleuri tout grisé d’ostensoir,
Offert éperdument à la vierge biblique.

Et ses yeux, tout en haut de son long spectre noir,
Ses yeux d’illuminé abreuvés de cantiques,
Ses beaux yeux fous d’éther à la flamme extatique,
Brillaient du feu sacré des cierges dans le soir.

Mais la mort, en passant par le froid presbytère,
D’un geste maternel a scellé ses paupières.
Ses yeux n’auront rien vu de ce triste milieu.

Holà ! les

               … bleu

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