19 Aout 1857 …

Naissance* du poète, chansonnier, écrivain Béranger dont Edouard de Pompéry écrivit ( début de la biographie qu’il lui a consacrée)

« Nous possédons en France une physionomie aimable, familière, souriante entre toutes, bien vue du peuple, chose rare, et connue à la ronde comme un refrain. C’est la physionomie du bon chansonnier, car il fut bon parmi les meilleurs, quoique des plus vifs parmi les malins et des plus fins parmi les habiles.« 

(source) https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k63174742

Le refus de toutes les compromissions, ainsi qu’une certaine modestie, conduisit Béranger à refuser toute proposition de charges de la part de la monarchie de Juillet et notifie son refus par une chanson

À mes amis DEVENUS MINISTRES

Non, mes amis, non, je ne veux rien être ;
Semez ailleurs places, titres et croix.
Non, pour les cours Dieu ne m’a pas fait naître :
Oiseau craintif je fuis la glu des rois.
Que me faut-il ? maîtresse à fine taille,
Petit repas et joyeux entretien.
De mon berceau près de bénir la paille,
En me créant Dieu m’a dit : Ne sois rien.

Un sort brillant serait chose importune
Pour moi, rimeur, qui vis de temps perdu.
M’est-il tombé des miettes de fortune,
Tout bas je dis : Ce pain ne m’est pas dû.
Quel artisan, pauvre, hélas ! quoi qu’il fasse,
N’a plus que moi droit à ce peu de bien ?
Sans trop rougir fouillons dans ma besace.
En me créant Dieu m’a dit : Ne sois rien.


Au ciel, un jour, une extase profonde
Vient me ravir, et je regarde en bas.
De là, mon œil confond dans notre monde
Rois et sujets, généraux et soldats.

Un bruit m’arrive ; est-ce un bruit de victoire ?
On crie un nom ; je ne l’entends pas bien.
Grands, dont là bas je vois ramper la gloire,
En me créant Dieu m’a dit : Ne sois rien.

Votre tombeau sera pompeux sans doute ;
J’aurai, sous l’herbe, une fosse à l’écart.
Un peuple en deuil vous fait cortége en route ;
Du pauvre, moi, j’attends le corbillard.
En vain on court où votre étoile tombe ;
Qu’importe alors votre gîte ou le mien ?
La différence est toujours une tombe.
En me créant Dieu m’a dit : Ne sois rien.

De ce palais …

(cliquer l’image pour lire plus aisément)

…et mon luth.
Sous ces lambris près de vous accourue,
La Liberté s’offre à vous pour soutien.
Je vais chanter ses bienfaits dans la rue.
En me créant Dieu m’a dit : Ne sois rien.


* Merci à Lélio Lacaille de m’avoir averti de cette errrreur qui, jusqu’à ce matin n’en avait pas l’r


Pour me faire pardonner, ce jour est aussi, à quelques années près
le jour où fut fusillé le plus fidèle des officiers de Napoléon premier
puisqu’il fut le premier à le rejoindre, lors de son ultime tentative pour reprendre le pouvoir, avec son régiment entier.

« Le 7 mars 1815, Napoléon n’avait encore vu son escorte se grossir que de faibles détachements, lorsqu’un régiment entier se joignit à lui à Vizille : c’était le régiment de La Bédoyère. À partir de ce moment, la partie était gagnée : la trahison du jeune colonel venait d’en assurer le succès. L’Empereur le nomma général de brigade, son aide de camp, et, bientôt, général de division ; le 2 juin, il l’appelait à la Chambre des pairs.« 

(Extrait des mémoires d’Outre-Tombe de François-René de Chateaubriand

Le même homme fit publier une proclamation qui appelait à rejoindre l’Empereur


LES SOLDATS DU 7e DE LIGNE A LEURS FRÈRES D’ARMES
SOLDATS de tous les régiments, écoutez notre voix, elle exprime l’amour de la Patrie. Reprenez vos aigles, accourez tous vous joindre à nous.
L’EMPEREUR NAPOLÉON marche à notre tête; il nous a rendu notre cocarde ; ce signe de la liberté atteste que votre gloire ne sera plus oubliée.
Camarades, vos faits d’armes étaient méprisés, les monuments devant apprendre aux siècles à venir vos victoires étaient interrompus! Votre Légion d’honneur, qu’était-elle devenue?
Le dernier des ordres de l’État.
L’EMPEREUR NAPOLÉON n’a pu supporter votre humiliation. Pour la seconde fois, au mépris de tous les dangers, il traverse les mers. Pour la seconde fois, il vient réorganiser notre belle Patrie, il vient lui rendre sa gloire.
Camarades, pourriez-vous l’avoir oublié? vous qu’il a si souvent conduits à la Victoire! Accourez tous; que les Enfans viennent se rejoindre à leur Père; il connaît vos besoins, il sait apprécier vos services.
Soldats, avec lui, vous trouverez tout, considération, honneur, gloire ; hâtez-vous ; venez rejoindre des frères, et que la grande famille se réunisse.

Malheureusement pour ce jeune général (il n’avait que 29 ans) la suite de l’aventure lui fut funeste
La lecture des lettres qui suivent en donnent la mesure.

 

CABINET MINISTÈRE DE LA POLICE GÉNÉRALE.

Paris, ce 6 août 1815.

Monsieur le Préfet de police, Par ordonnance du 2 de ce mois, S. M. a décidé que le conseil de guerre permanent de la division militaire serait chargé de connaître des crimes imputés aux militaires désignés dans l’ordonnance du 24 juillet dernier. Je vous prie, en conséquence, de faire mettre le colonel La Bédoyère à la disposition de M. le général comte Maison, ainsi que tous les documents relatifs à cet accusé.

Recevez, etc.

Le ministre secrétaire d’Etat au département de la police générale, Duc D’OTRANTE.


Au comte Maison, gouverneur de la ire division militaire.

6 août 1815

Monsieur le Comte, J’ai l’honneur de vous prévenir qu’en exécution de l’ordonnance du 24 juillet dernier, et conformément à la lettre que j’ai reçue ce jour de S. E. le ministre de la police générale, je vais faire transférer M. Labédoyère à l’Abbaye.

Recevez, etc.

Le préfet de police, DE CAZES.


Au préfet de police. Paris, ce 6 août 181 S, à 7 heures du soir.

Monsieur le préfet,

Je viens de recevoir la lettre par laquelle vous me prévenez de la translation du colonel Labédoyère à la prison militaire de l’Abbaye. Je donne des ordres pour qu’il y soit reçu et gardé avec une surveillance particulière.

J’ai l’honneur de vous prévenir que j’attends de vous, ainsi que S. E. le ministre de la police me l’a annoncé, le procès-verbal d’arrestation, les premiers interrogatoires et autres pièces relatives à cet accusé, pour former son dossier et le transmettre de suite au conseil de guerre qui doit le juger.

Recevez, etc.

Pr le gouverneur de la 1ère division militaire : Le maréchal de camp chef de l’état-major général, Comte GENTIL SAINT-ALPHONSE.

VIII

Note pour M. le préfet de police.

13 août 1815.

On vient d’arrêter une femme chargée d’une forte somme d’argent destinée à corrompre le concierge de la prison de La Bédoyère. L’interrogatoire qu’elle vient de subir a appris qu’elle était Mm. La Valette1, cousine de ce colonel. Elle avait gagné le concierge en lui promettant 100,000 francs, et, sans .son arrestation, il est probable que le prisonnier eût été sauvé.

,, 1. Ce n’est pas de Mme de La Valette, femme de l’ancien directeur général des postes de l’empire, qu’il est ici question, mais d’une personne portant le même nom.


Au ministre de la police générale.

14 aout 1815.

Monsieur le Duc, Votre Excellence est sans doute informée que Labédoyère vient d’être condamné à mort à l’unanimité par le conseil de guerre.

Recevez, etc.

Le préfet de police, DE CAZES.


Au ministre de la police générale.

Paris, le 19 août 1815.

Monsieur le Duc, J’ai l’honneur d’informer Votre Excellence que le conseil de révision a confirmé le jugement de La Bédoyère et ordonné son exécution.

Votre Excellence ne pensera-t-elle pas qu’il importerait de ne pas différer cette exécution? elle doit avoir lieu dans les vingt quatre heures. Mais, si elle n’est pas faite aujourd’hui, sera-t-il convenable de la faire demain dimanche? Il y aurait cependant un grand inconvénient à la renvoyer à après-demain. Dans cet état de choses, il me semble indispensable d’ordonner les mesures nécessaires pour qu’aujourd’hui même, et avant que la décision du conseil de révision soit connue du public, Labédoyère reçoive la punition qu’il a tant méritée.

Recevez, etc.

Le préfet de police, DE CAZES.


Au ministre de la police générale.

CABINET PRÉFECTURE DE POLICE.

DE M. LE PRÉFET –

Paris, ce 19 août 1815.

Le préfet de police au ministre de la police.

Monsieur le Duc, J’ai l’honneur de vous annoncer que le colonel …

 le feu.

Agréez, etc.

Le préfet de police, DE CAZES.


(Cliquer l’image pour lire en clair)