20 Septembre 1859 …

… Jules Vallès fait la couverture du journal « Les Hommes du jour »

(Extrait de la première page)

Jules Vallès est mort il y a vingt-huit ans, et nul auteur pourtant n’est plus vivant que lui. On se groupe, on bataille autour de lui, on se réclame de son nom, de sa pensée, de son talent comme si l’écrivain, tout près de nous, animait encore les groupes opposés. Et c’est, en vérité, comme si son ardeur ne s’était point éteinte.
En fait, il est consolant pour tous ceux qui aiment l’œuvre de Vallès de l’affirmer, un homme ne meurt pas qui a écrit, pour qu’on rie, et qu’on pleure, et qu’on tremble, et qu’on soit ému, L’Enfant, Le Bachelier et L’Insurgé. Jules Vallès est mort, je vous l’accorde. Et cependant, nous voyons vivre tous les jours à nos côtés Jacques Vingtras, timide ou téméraire, apitoyé ou révolté, lucide ou ébloui, Jacques Vingtras enfant battu, bachelier miséreux et insurgé traqué qui portera, de génération en génération, la pensée, le talent et le nom de Jules Vallès.
Pour ceux qui n’ont pas lu L’Enfant, Le Bachelier et L’Insurgé, il est difficile de pénétrer les mobiles bien définis pourtant qui ont poussé les membres de la Société des Gens de Lettres à ne point se faire représenter officiellement à l’inauguration du buste de Vallès au Puy. Mais, disons-le : les gens de lettres, ces bourgeois, ont peur de l’ombre de Vallès, le réfractaire. Et Vallès, d’ailleurs, n’a passé sa vie qu’à cracher son mépris sur eux.

Le journal critique la Société des Gens de Lettres, qui a refusé de réintégrer Jules Vallès lorsqu’il a été amnistié (de sa participation à la commune).

Preuves en main, nous …

… des menteurs. Il faut excepter toutefois MM. Henri Duvernois, Frantz Jourdain, Georges Lecomte et Jean-Joseph Renaud qui se sont élevés contre la décision de ne pas envoyer de représentant officiel à l’inauguration du monument Jules Vallès.
Il faut excepter Séverine aussi qui, tout en respectant la volonté du mort qui ne voulait pas être statufié a, depuis, dit leur fait à ses confrères de la Boîte.

Ceux que le journal nomment les Gendelettres, n’en sont pas à leur première « Faute »

L’exemple de Vallès n’est d’ailleurs, pas unique. Il y eut déjà quelques précédents M. Xavier de Montépin, feuilletonniste à treize, avait demandé autrefois la radiation de qui ? de Victor Hugo. 
Simplement. Victor Hugo s’était, alors, montré coupable d indulgence en offrant l’hospitalité aux proscrits, à Bruxelles, qu’il habitait.

Il est bon que Hugo et que Vallès soient également poursuivis par la haine de la même catégorie de gens à quelques années d’intervalle. Il est bon qu’une Société de défense et de protection ait laissé Baudelaire, orgueilleux et génial, mourir de faim, quand elle entretient grassement une Daniel Lesueur*!
Baudelaire, Hugo et Vallès ont la revanche du génie. Mais pour Baudelaire et Vallès la revanche fut lente. 

*Ici, « Les hommes du jour » est un peu sévère pour une autrice qui, bien que n’étant pas jugée à la hauteur des trois écrivains cités, mérite tout de même un détour … ici et ne serait-ce que pour sa qualité de « féministe » à une époque qui ne leur était guère favorable et qui était bien plus qu’une feuilletoniste.