[Almanach] naissance des éditions Qazaq …Lan Lan Huê

[Seconde des sextuplés
nés il y a un an et un jour
le premier des éditions Qazaq
issues du rêve de Jan Doets
… ]

Lan Lan Huê
« Histoires Du Delta »
(extrait de « dans un pli de l’âme »)

Vendredi 19 Juin 2015

(L’almanach fait du sur-place pendant 6 jours)

UN CRAQUEMENT UNE FEUILLE DENTELÉE-letcr1-exp

                               

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Le texte


Proposition de lecture  :


Les autres publications de Lan Lan Huê aux éditions Qazaq
(nom d’auteur de Ly-Thanh-Huê)
l’Objeu (avec des photos de Bona Mangangu)
l’Antimonde
Transformation chimères (six nouvelles)

Son espace virtuel de mots et lumières Rencontres improbables


Une vie intime à la terre, à l’humus. La terre ici, est rouge, friable, fertile. Depuis si longtemps. Elle colle, elle fait déraper comme le fait parfois la vie. Elle est devenue anecdote, matière, stupeur, parsemées dans la forêt. Un craquement. Une feuille dentelée s’est cassée, elle est tombée, asséchée. Là. Pour quelques millions d’années. Elle est devenue fossile dans son lit de terre rouge. Sceau de la nature dans le corps de la terre. C’est le bruit de la forêt. Il l’imagine dans ses bruits furtifs, immergé dans son ronronnement de moteur, modernité humaine, décalée, exilée au sein de la forêt.

[Almanach] naissance des éditions Qazaq …Brigitte Celerier

[Ce serait … les éditions Qazaq
un rêve de Jan Doets
devenu réalité avec … ]

Vendredi 19 Juin 2015
Brigitte Celerier
« Ce serait … »
(extrait de « Ce serait … Isaïe »

CAR IL DANSE ISAÏE-letcr1-exp

                               

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Le texte


Proposition de lecture  :


Les lieux où
Brigitte Celerier choisit, évoque et lit, en voix, d’autres textes, d’autres auteurs : BRIGETOUN

Ses écrits, ses ciels, son Avignon et le monde qui habite autour :
PAUMÉE 


Ce serait … Isaïe
 
Ce serait un jour d’été, ou bien d’automne, ou je ne sais quand.
 
Ce serait dans l’abbatiale de Souillac, en tournant le dos à la nef qui file sous ses coupoles vers la grande conque du choeur, et s’arrêter avant de sortir, les yeux dégringolant le long de la grande pile grouillante de personnages et d’animaux que l’on nomme trumeau, comme si on l’avait tourné, rendu vertical pour épauler notre vision de la porte, nous retenir dans la contemplation de cette chute souple de motifs avant que nous retournions dans le monde.
 
Et il serait là, à côté, contre le mur du fond, à l’embrasure de la porte, tenant le rouleau de ses poèmes qui se déroule jusqu’au sol, et il nous regarderait la tête un peu penchée en arrière dans l’élan de sa danse.
 
Car il danse Isaïe, et dansent les cornes de sa barbe, et dansent les mèches de ses cheveux, et dansent les plis de son manteau qui s’ouvre en coquille ornée pour que joue le corps dans les plis souples que fait, suivant le ventre, le mouvement des hanches et de la jambe droite emportée par la danse, la tunique de lin souple, et danse la tunique qui se relève en ellipse sur la jambe arrière entortillée dans le fin vêtement de dessous, appui près à s’élancer pour que vienne le pas.
 
Car il danse Isaïe, comme une flamme, et il se déhanche, se ploie en arrière, il danse sur la force de ses paroles, de ses oracles, ses condamnations des peuples mauvais, et leur raz de marée, l’histoire à venir de Shebna, de Tyr, d’Edom, les imprécations contre les mauvais conseillers, et la louange, l’écoute, la confiance mise dans le salut, l’annonce.
Et sous le visage sage et doux, la beauté de sa danse ample et calme, même sans entendre sa voix prophétique, nous serait joie, liesse, sourire, force avant de nous laisser sortir dans la lumière du monde.

[Almanach] Anna Jouy …

[Le temps, les membres … le papillon ?]

Mercredi 18 Juin 2014
Anna Jouy donnait
dans Les Mots Sous l’Aube
« Retard« 

CHAQUE MATIN ALLUME-letcr1-exp

                               

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Le texte, en son Après-Midi


Proposition de lecture  :


je ne serai jamais vive je ne l’ai jamais été. c’est pas maintenant que je peux m’y mettre, dit-elle ironique. c’est l’impossible. comme remettre un oeuf gobé dans sa coquille. le trou est décidément trop improbable.
j’ai dû naître en un seul coup, trop vite, jetée dans le fossé, par des chats sauvages qui s’attendaient peut-être à me bouffer tout de suite, entremets d’ombilic et de placenta avant les rats. j’ai ouvert la bouche et tout depuis défile. le train va grande vitesse, le rythme est saccades secousses, danse et trépidations.
j’ai les os pas faits. tout défile et je suis toujours à mes reptations en retard en retard en retard, de tous les souffles.
pas vive, larve ligotée. ce qui devait sortir exister reste coincé, sous la glotte, encoigné dans ses filets, la glu, le ciment. j’en ai plein les membres.
et l’épuisement de vivre dans ma nymphe sarcophage, chaque matin allume mes poings et ma tension extrême. écrire au poinçon, me perforer. peut-être et encore…

[Almanach] Anne Collongues…

[Spectateur … immobile.]

Mardi 16 Juin 2009
Les éditions publie.net donnaient
Quatrième étage de Anne Collongues

SON AMIE SE BAISSE POUR - letcr1-exp

                               

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Proposition de lecture  :


Anne Collongues a également participé (photographies) au recueil de récits de Sabine Huynh « En taxi dans Jérusalem »

Une lecture collective de son premier roman (à l’Imagigraphe)
« ce qui nous sépare » ici

 


Des pensées courtes circulent et se chassent une à une, comme des fourmis en file indienne disparaissent sous un mur. S’enfoncer dans l’oubli, dans le confort de l’ombre et suivre la circulation des voisins qui s’affairent, sans une fois regarder vers l’extérieur. Au prochain mouvement, le gouffre des heures déjà passées aura quelque chose d’effrayant et d’apaisant à la fois. La nuit aura comblé depuis longtemps l’espace du rectangle vide entre les deux immeubles. Sourires de famille placée dans un paysage silencieux d’herbes et de montagnes. Programme de la soirée. Les publicités éclairent en flashs irréguliers le profil bleu puis orange. Parvient jusque dans l’appartement, le son asphyxié de l’avenue humide traversée de phares et de klaxons.
Un brin dramatique le noir dans le salon, la télé vers laquelle la tête n’est pas tournée, la posture immobile. L’inertie devenue paralysie molle creuse de son poids une forme dans le canapé. Les pieds trouvent leur place sur le tapis usé, près des marques que le poids de la table a laissées. Regard accroché aux appartements, qui d’extinction en extinction, circule. Ce qui se trame derrière les yeux, au rebord du regard fixe, rien que la somnolence passagère ne dissimule très longtemps. Lendemain, jour. Du canapé, il fait des jeux, tentatives d’organiser des formes avec un dessous-de-plat, cendrier, magazine et le reste des choses à portée de main sur la table basse. Chercher à prendre l’air.
Menu sans surprise. Il retrouve le lieu immuable et familier, sans remarquer le changement de rideaux ou d’autre chose. C’est pour cela qu’il revient dans cette brasserie, y aller directement, sans flâner, sans devoir choisir, et retrouver l’endroit inchangé. Poussiéreux et réconfortant. Prendre l’air et revenir. Interrompre et revenir. Coin de rue ordinaire. Steak tartare. Deux fois plus de choses à regarder en mangeant.
Une jeune femme trébuche sur le trottoir d’en face. Son amie se baisse pour la relever et elles restent ensemble étrangement accroupies au sol, leurs cheveux noirs entremêlés. Un bus passe, les cache, un passager le regarde. Elles ont disparu.

[Almanach] Cécile Portier…

[Au début du voyage

quelques freins]

Vendredi 15 Juin 2012
Les éditions publie.net donnaient
Contact
de Cécile Portier

ELLE OUVRE SA PORTIÈRE -letcr1-exp-

                               

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Ici, Cécile Portier enfonce le clou
de ces écrits virtuels
(petite racine)


Proposition de lecture :


KILOMÈTRE 3
Ce raccourci pour atteindre la rocade, on l’a pris des milliers de fois : le chemin pour l’école.
La grille, les longs bâtiments couchés, la peinture orange ternie. La fenêtre où le store est déchiré : sa classe. Tout est fermé – vacances scolaires. Tout est déserté. Mais le ralentisseur installé au travers de la route est toujours là, permanent. Gendarme couché. Systématique et aveugle, remplissant son rôle sans aucun zèle, avec une efficacité absolue. Il faut rétrograder, passer au pas.
On aurait voulu partir vite, et la lenteur s’impose, comme une évidence.
Avant de partir, on s’était imaginé la route, on avait pensé « kilomètres », « vitesse », on avait vu la ligne droite, la destination. Les choses allaient se déployer : trajet, paysage. Et puis non. On commence par ce raccourci qui est une chicane, par cette route qui enfle et devient une petite muraille, une injonction de ralentir. Passer au pas, sentir la houle que provoque cette vague dure sous les roues.
Ça donne comme un sentiment de culpabilité de passer par là sans elle. Ce trajet matinal entre la maison et l’école n’a pourtant jamais été entre nous ce qu’on appelle un « moment privilégié ». Il n’y a jamais le temps. La peur du retard, ça crispe tout. Elle, elle ne fait aucun effort, il faut lui dire cinq fois d’enfiler son manteau, la pousser dehors, lui attacher la ceinture, la presser, se presser. Et dans la voiture on met la radio, c’est l’heure des infos. Elle est derrière, petit paquet renfrogné qu’il faut livrer à l’heure, elle est derrière et on conduit, on n’y pense plus, on pense déjà aux choses à faire et qui attendent.
Et puis, chaque fois, c’est quand elle part qu’on regrette. Elle ouvre sa portière, on se penche pour réclamer un baiser, elle y consent, et puis elle sort, elle va vers sa journée. Et on reste, un peu bête. Il n’y a plus qu’à faire le constat du divorce entre nos deux vies. L’une d’enfant, qui court à cloche-pied sur le bitume de la cour d’école. L’autre d’adulte : une présence qui chaque matin, quand elle part, n’est plus à offrir à personne. Aujourd’hui elle n’est pas là, mieux vaut ne pas y penser. On se rattrapera, de toute façon. Plus tard on va se rattraper, on prendra le temps de ralentir pour elle, promis.
Mais aujourd’hui il faut aller vite, il faut s’en aller.

[Almanach] Alain François…

[L’heure des retrouvailles… avec un soi
d’avant.]

Mardi 14 Juin 2011
Les éditions publie.net donnaient
WEBOBJET (ça recommence comme ça) de Alain François

JE ME MURMURE INCIDEMMENT-letcr1-exp

                               

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Proposition de lecture du début de ce journal :

La version numérique de ce livre est enrichie de nombreux liens et d’animations intégrées (notes en bas de page)
Des innovations … qui ont du mal à se faire leur place, presque 10 ans plus tard, dans le livre numérique.

Le blog de Alain François http://bonobo.net/


Puisque je traîne dans les couloirs de l’administration, j’en profite pour squatter le bureau de Jacques L. Je lui annonce la naissance de ce site. Nous discutons des implications d’un tel exercice dans le cadre d’une école… Il accepte d’être cité et re-cité en affirmant « j’ai le goût du risque ». Il ne risque pas grand-chose, ce Jacques L. (la cible, c’est moi). il me fait une belle impression quand il s’esclaffe : « tu as pris le contre-pied du discours… » lorsque je prends le contre-pied de son discours, et je me murmure incidemment « je suis de retour chez moi ». Ce chez-moi est une certaine langue que je n’avais plus entendue. Ou autre chose. Ou autre chose. Je me sens tiraillé, partagé, traversé par des courants étranges, des forces anciennes, des sources endormies.

J’avais eu tant de mal à gagner mes galons de normalité…

En rentrant, je découvre dans ma boite mail un message contenant un étrange portrait de lui-même, son portrait officiel me dit-il.

[Almanach] Jean-Yves Fick & Louise Imagine…

[Des photographies qui aident à oublier l’humain

des textes qui le déposent
au bord ]

Vendredi 13 Juin 2014
Les éditions publie.net donnaient
Inlands 
de Jean-Yves Fick (textes) & Louise Imagine (photographies)

NOUS AU REBORD DES SOIRS-letcr1-exp

                               

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L’extrait complet

(sur le site de Jean-Yves Fick, en compagnie d’autres
écritures et réécritures du recueil, alors en cours.)


Un extrait plus long lu par Jean-Claude Mathon :

 


nous au rebord des soirs
à ne rien arrêter
ni entendre des mondes
sinon nous leurs silences.

[Almanach] Didier Bazy…

[Tout … pour un sursit.]

Vendredi 12 Juin 2015
Les éditions publie.net donnaient
Cendres de Didier Bazy

ÔTANT SA CAGOULE J AI RECONNU-letcr1-exp

                               

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Un extrait plus long lu par Jean-Claude Mathon :

Le livre numérique propose une lecture complète du texte par Jean-Claude Mathon
(Initiative heureuse, la voix réinsère le texte dans le temps et lui donne alors toute sa force.
L’esprit ne peut traîner sur quelques mots, ou les brûler du regard, il doit subir le déroulement inéluctable et violent dans l’engrenage impitoyable du récit)


Le collègue de travail a été remplacé par un très jeune homme.
 
Malgré sa cagoule, il m’a d’emblée semblé familier.
 
Une étrange complicité s’est installée entre nous. Amitié de trahison.
 
Silences bienveillants.
 
 
Nous buvons beaucoup d’alcool ensemble. Quand l’un est épuisé, l’autre accourt spontanément.
Un garde repère vite notre manège instinctif.
 
Il n’aime pas cette solidarité.
 
Il a tiré une balle dans la nuque de mon nouveau collègue. J’ai collationné des éclats de cerveau dans un seau sale. J’ai poussé le wagonnet dans le four.
 
Ôtant sa cagoule, j’ai reconnu mon frère, ses yeux ouverts, intacts.

[Almanach] Véronique Vassiliou …

[Le corps doit obéir

mais parfois ça dérape.]

Lundi 11 Juin 2012
Les éditions publie.net donnaient
Movies de Véronique Vassiliou

SENTIR LE SOL SOUS LES PIEDS-letcr1-exp

                               

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Proposition de lecture :


Sentir le sol sous les pieds nus. Penser à la terre. Sous la plante. Se dresser sur la pointe.  Les orteils fléchissent. Toucher le sol du talon. Talon, pointe. Talon, pointe. Talon, pointe. Respirer. Talon, pointe. Talon, pointe. Talon, pointe. Respirer. Talon, pointe. Talon, pointe. Talon, pointe. Respirer.

[Almanach] Claudia Patuzzi …

[A travers Regard (personnage du roman)
autre vision de la rive du savoir.]

Mercredi 11 Juin 2014
Claudia Patuzzi donnait le 47ème épisode
de son roman « La rive interdite » (La riva proibita)
publiée aux éditions Normant

PRESQUE TOUS LES ÉTUDIANTS-letcr1-exp

                               

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Claudia Patuzzi à donné son roman à lire sur son blog
la première page est ici

Le temps (La rive interdite n.1)


Proposition de lecture :


La salle désormais était comble, et Regard, comme apeurée, se cacha derrière une colonne pour ne pas perdre de vue Marcel qui, silencieux, se tenait droit, au premier rang, devant le maître.
La fillette tressaillit en apercevant, pour la première fois, le regard plein de ferveur et de respect, à la fois complice et anxieu, avec lequel Marcel observait les deux maîtres.
« Complicité ? anxiété ? qu’est-ce à dire ? – se demanda Regard – Que se passe-t-il ? Que fait Marcel ? Et où est cette femme qui s’appelle Philosophie ? » La fillette commença alors à regarder autour d’elle effrayée, serrant très fort son capuchon autour de sa tête avec ses deux mains.
Pendant ce temps, presque tous les étudiants s’étaient munis de parchemins, de plumes d’oie bien taillées et d’une petite bouteille d’encre ; certains avaient entre les mains des manuscrits ou des feuillets, qu’ils consultaient de temps en temps, en répétant par cœur ce qui était écrit sur ces pages ; d’autres avaient cessé de parler et, en regardant fixement vers le centre, attendaient fébrilement que commence le débat.
Avec sou intuition féminine et presque surnaturelle, Regard pensa aux encouragements hypocrites dispensés aux chrétiens par leurs geôliers avant le martyre, et eut le sentiment que ce moment de calme apparent précédait la tempête …

Tout à coup elle frissonna…