26 Novembre 1936 …

… naissance du poète Franck Venaille

dont l’article collectif de la revue En attendant Nadeau, consacré à son hommage, dit « mais avant tout solitaire, il a  toujours  « marché dans la fêlure intime du monde ». « 

Poète engagé (sympathisant du parti communiste), le même article précise la nature et le mode de cet engagement / combat

Depuis des années, la guerre que menait Franck Venaille se déroulait jour après jour.
Tous ses derniers recueils la racontaient, avec l’humour qui était le sien, souvent noir, toujours distingué, élégant. La maladie qui l’affectait le fragilisait infiniment, l’engageait aussi à écrire. Chaque mot, chaque phrase témoignait de l’affrontement. Chaque recueil, chaque livre était une victoire.

(Voir l’article complet ici)

Le poème qui suit a pour titre « Capitaine de l’angoisse animale » parle de ce combat, de ses motifs et de la manière dont le Venaille y est engagé … à s’en briser les phalanges.

Je suis un homme floué.
La mort, la maladie, ont sonné à ma porte.
Je sens leur impatience et, très souvent, je la comprends.
Je leur demande encore un petit, un peu, un petit peu de temps si précieux. Non pas pour faire  l’âne devant les doctes assemblées.
Mais afin de mieux comprendre ce qui m’échappe encore:
Le sens de la vie, la place exacte que prend le sexe dans cette aventure minimaliste.

Je ne suis pas membre d’une confrérie d’orgueilleux.
Mais je sais ce que sont exactement les livres que j’écris.
Malgré tout, je suis cet homme que la vie a floué.

Paris, mon beau Paris, il faudra bien qu’un jour l’homme en

(Pour lire la grille plus facilement cliquer ici)

Paris, mon beau Paris, vous serez mon témoin.
Je vous ai aimé et si j’ai passé tant de nuits dans tant de capitales, c’était !
Les mots se doivent d’être justes.

C’était !
Pour le goût des rencontres peut-être.
Un détail baroque sur la Place d’Armes.
La découverte d’un pont suspendu.

Paris, mon beau Paris, je m’adresse à vous dans l’urgence.
Voyez, je suis fatigué.

A la violence de la maladie s’ajoute désormais celle de la médecine.
Faites, s’il vous plaît, en une nuit, exploser tous les Services de Neurologie de vos hôpitaux.
J’y gagnerai du répit, faites-le, c’est en votre pouvoir!

Je suis cet homme qui se sent floué et tape du poing sur les portes à s’en briser les phalanges.