La planète des Normes – Jan De Fast – 03

La planète des normes est un roman de Jan De Fast écrit dans les années 70, belles années de la collection fleuve noir.

L’auteur y évoque un monde où l’esprit des humains est, tout comme le corps, entouré de soins qui lui « évitent », ainsi qu’à la société, tout dérèglement.

La planète des Normes – Jan De Fast – 01
La planète des Normes – Jan De Fast – 02


Couv-cut - la planète des Normes

Le docteur Kleeth (?) pratique, sous la direction du patron du service « d’orthoneururgie », sa première intervention.
Il est complimenté …
Il pose alors quelques questions à propos de cette « opération »


Couverture - la planète des Normes


— je suis fier d’avoir mérité pareille appréciation de la part d’un maître tel que vous. Notre homme est donc guéri ?

— Vous avez constaté vous-même que son cerveau est complètement rééquilibré.  …

05 - SON COMPORTEMENT-le(Ou … plus facile)
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— Il n’y a pas de risque de récidive ? Des anastomoses shuntant les synapses sidérées ?

— Cela n’arrive en moyenne que dans la proportion de quinze pour cent des cas. Nous en sommes quittes pour recommencer l’intervention, mais évidemment, à partir de ce moment-là, le sujet doit être plus particulièrement suivi et contrôlé. …

06 - ON LE CHANGE-le(Ou … plus facile)
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… Ainsi il continue à être utile à la société et même doublement.

La planète des Normes – Jan De Fast – 02

La planète des normes est un roman de Jan De Fast écrit dans les années 70, belles années de la collection fleuve noir.

L’auteur y évoque un monde où l’esprit des humains est, tout comme le corps, entouré de soins qui lui évitent, ainsi qu’à la société, tout dérèglement.

La planète des Normes – Jan De Fast – 01


Couv-cut - la planète des Normes

L’unique rescapé de l’écrasement d’un astronef sur la planète désignée par le titre est un médecin (le docteur Kleeth ?) censé intégrer une équipe « d’orthoneururgie ».
Le responsable de cette équipe lui montre en quoi consistera son travail, sur un cas pratique, un patient qui est envoyé pour une « opération » … de routine (!?)


Couverture - la planète des Normes


Kleeth examina le grand écran qui se dressait devant lui, fouillant attentivement du regard l’image lumineuse où s’enchevêtrait tout un complexe lacis de cheminements sinueux coupés de masses blanchâtres de forme anguleuse, de faisceaux ramifiés, d’îlots aux contours irréguliers, de canaux. A première vue, ce fouillis aurait pu ressembler au plan d’une cité gigantesque avec ses innombrables rues, ses carrefours, ses voies de communication, ses gares, ses postes de triage, ses réseaux de toute sorte, mais tout cela lui était familier; il reconnaissait sans hésiter cette figuration agrandie d’un secteur particulier de l’encéphale du patient avec ses fibres nerveuses et ses neurones. Cet appareil d’examen endoscopique était remarquable en soi, mais jusque-là, il ne pouvait l’étonner, il en avait lui-même bien souvent utilisé d’analogues pour ses diagnostics. Des appareils qui étaient même beaucoup plus compacts et miniaturisés.

— Je me situe parfaitement…, murmura-t-il.

— Bon. Passons à la vérification des éléments donnés. Nous avons d’abord une hypertonie en bêta : actionnez la touche correspondante sur le clavier de syntonisation… Oui. Celui de gauche… et activez le contraste de phase, en haut. Vous voyez que maintenant seuls quelques faisceaux demeurent nettement visibles avec une brillance particulière alors que tous les autres sont estompés. Nous sommes en phase avec l’onde cérébrale voulue. La tonalité …

03 - DE L’ IMAGE-le(Ou … plus facile)
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Successivement les autres fréquences furent ainsi passées en revue, présentant à chaque fois une anomalie de teinte correspondant effectivement aux indications de la fiche ; une seconde série de contrôles effectués sur les gammes alpha, delta et upsilon qui conservaient toutes une blancheur uniforme prouva que les localisations indiquées étaient en tout point exactes. Féhir reprit la parole :

— Je vous ai fait faire toute cette séquence de vérifications dans le but de bien vous accoutumer à la manipulation. En réalité elles ne sont jamais nécessaires sauf par acquit de conscience, les enregistrements des Normes ne peuvent pas être erronés et ce serait du temps perdu que de chercher à les prendre en défaut. Passons à l’intervention correctrice. Revenez en bêta et activez le troisième panneau au centre, celui du microlaser. Tout ce que vous avez à faire maintenant c’est de déplacer à l’aide de ce levier directionnel le collimateur lumineux qui vient d’apparaître sur l’écran pour qu’il encercle successivement chaque synapse bleue et, à chaque fois, vous excitez l’émission du rayon avec ce potentiomètre. Allez-y très doucement en vous guidant sur les variations de teinte et jusqu’à ce que le tracé devienne blanc, sans aller jusqu’au rouge, surtout ! Notre but est d’obtenir une simple sidération, pas une destruction des fibres : amortir une hypertonie et non provoquer une lésion si minime soit-elle. Notre sujet ne doit pas sortir d’ici diminué de quelque façon que ce soit, mais seulement guéri de sa psychodéviation. …

04 - MAIS SEULEMENT- le(Ou … plus facile)
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— C’est la base même de notre profession, monsieur !

La planète des Normes – Jan De Fast – 01

Couverture - la planète des Normes

La planète des normes est un roman de Jan De Fast écrit dans les années 70, belles années de la collection fleuve noir.

L’auteur y évoque un monde où l’esprit des humains est, tout comme le corps, entouré de soins qui lui évitent, ainsi qu’à la société, tout dérèglement.Couv-cut - la planète des Normes

Un monde proche de celui que décrit Orwell dans son roman 1984
Mais le contrôle exercé sur la population de cette planète y est bien plus invasif.
On y pratique « l’orthoneururgie »


Couverture - la planète des Normes


Le professeur Féhir, patron du service d’orthoneururgie du Centre d’Ejy-hod, leva la tête et considéra avec un sourire bienveillant l’homme en blouse vert pâle qui venait de s’encadrer dans la porte de son bureau.

— Ah ! docteur Kleeth ! Entrez, je vous prie, et asseyez-vous. Vous semblez en excellente forme !

— Je me sens tout à fait bien, monsieur. Il y a presque deux semaines que l’accident est arrivé, et j’ai eu le temps de me remettre du choc. A part quelques gelures, je n’avais du reste aucune lésion.

— Les examens ont été entièrement satisfaisants, en effet. Vous avez eu une chance exceptionnelle de sortir indemne de cette catastrophe aérienne où tous les autres passagers de l’équipage ont péri.

— Il n’y a vraiment eu aucun autre survivant que moi ? Quand j’ai repris connaissance, j’avais roulé en bas de la pente trop loin pour pouvoir remonter jusqu’à l’épave, mais j’espérais que l’équipe de sauvetage…

— Aucun, Kleeth. En pleines montagnes polaires et au milieu d’une tempête de neige, ceux qui n’avaient pas été tués sur le coup sont morts très vite de froid, votre résistance physique est vraiment extraordinaire. Il s’en est fallu de très peu, du reste, votre psycho-traceur avait cessé d’émettre pendant plusieurs heures.

— J’ai dû certainement traverser une phase de coma avancé — le stress, l’anesthésie des basses températures… Il est heureux pour moi que mon cerveau n’ait quand même pas complètement flanché et qu’on ait pu me retrouver à temps. Mais maintenant je vais très bien et j’ai hâte de me remettre au travail. Je me suis déjà quelque peu familiarisé avec le Centre pour tromper l’ennui de la convalescence que vous m’aviez imposée.

— Je sais que, comme tout médecin, vous êtes un mauvais malade et qu’au lieu de vous détendre vous avez suivi les visites dans les salles, assisté aux conférences ou hanté les bibliothèques. J’apprécie cette conscience professionnelle, d’ailleurs.

— J’aurais sûrement récupéré moins vite en gardant la chambre, monsieur. Et puis, n’oubliez pas que je viens d’un petit hôpital d’une lointaine province, j’ai beaucoup à apprendre pour être digne de travailler auprès de vous, dans la première clinique de la capitale de Hod.

— Excellent esprit qui me fait augurer favorablement de notre collaboration, docteur. Je m’y attendais du reste, ce n’est pas par hasard que les Normes vous ont désigné pour une affectation dans mon service, le dossier que j’ai devant moi confirme votre valeur. Voyons… spécialiste en neurologie… chef de clinique chirurgicale au Centre B d’Ylréa… Les urgences dont nous nous occupons ici …

01 - SONT D’ UN ORDRE-le

(Ou … plus facile)

— J’en suis certain, et j’espère bien ne pas trop vous décevoir. C’est une discipline nouvelle pour moi.

— Évidemment, puisqu’on ne la pratique qu’ici, mais ce n’est qu’une question de formation technique, les bases du diagnostic nous sont fournies par les Normes. Je vous ai convoqué maintenant pour vous mettre dans le bain ; je dois effectuer une intervention simple et vous serez mon assistant. Accompagnez-moi, il est l’heure.

Quelques instants plus tard, Kleeth pénétrait à la suite du grand patron dans la salle où celui-ci devait officier : une pièce aux murs mats dépourvus de toute ouverture à l’exception de la porte qui s’était silencieusement refermée derrière eux. A part sa familière apparence aseptique, elle n’avait rien d’un bloc opératoire conventionnel, pas de scialytique, ni d’équipement d’anesthésie et de réanimation, pas de rangées d’instruments, seulement une grande console couverte de cadrans et de manettes surmontée d’un large écran de verre opaque. A gauche, une table articulée sur laquelle le patient était déjà étendu ; inerte, plongé dans un sommeil qui semblait naturel à en juger par la calme régularité de sa respiration.

Seul détail particulier, tout le sommet de sa tête était encastré …

02 - JUSQU’ AUX SOURCILS-le(Ou … plus facile)

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Cette mise en place avait été effectuée avant leur arrivée, personne d’autre que Féhir et Kleeth ne se trouvait maintenant dans la salle, pas même une infirmière.

— L’équipe a procédé à une narcose au premier niveau, fit le professeur, ça suffit amplement puisque, comme vous le savez, l’intervention est indolore. Voyons la fiche… Ah ! voilà! Bêta +++, gamma +, dzêta ++ , salves de pointes diphasiques en kappa, négativation parallèle des ondes de base… Voilà un tableau très classique de psychodéviation, docteur Kleeth.

Les normes … et les mornes vies

Couverture - la planète des Normes

La planète des normes est un roman de Jan De Fast écrit dans les années 70, belles années de la collection fleuve noir.

L’auteur y évoque un monde où l’esprit des humains est, tout comme le corps, entouré de soins qui lui évitent, ainsi qu’à la société, tout dérèglement.Couv-cut - la planète des Normes

 


« Il savait maintenant ce que signifiait ce terme en apparence anodin : « Normes »…

Dans le vocabulaire qu’il avait emmagasiné au début, le vocable revenait très souvent et le translateur sémantique lui-même l’avait assimilé à celui de « loi » ou de « principe directeur ». Le code civil et pénal en quelque sorte, l’ensemble des règlements et préceptes régissant la vie sociale sur Hod, les articles ordonnant ou interdisant telle ou telle action conforme ou contraire à la législation en vigueur et, en fait, c’était bien cela, dans une certaine mesure tout au moins. Les Normes constituaient bien la base juridique sur laquelle se réglait l’ensemble de la civilisation hodienne, mais elles ne se composaient pas d’un ensemble de textes pondus et remaniés par des législateurs sous la direction d’un parlement ou d’un exécutif pour être utilisées par une hiérarchie de tribunaux servis par un appareil policier. C’était à la fois beaucoup plus simple et beaucoup moins humain que cela. Les Normes étaient des machines.

Quelque part dans la banlieue de la capitale s’érigeaient de gigantesques constructions à l’intérieur desquelles de puissants ordinateurs étaient groupés par dizaines de milliers. C’était dans leurs immenses mémoires que se trouvait inscrite la Loi, c’était la technocratie poussée à la limite, puisque le technicien n’était plus nécessaire sauf pour réparer un éventuel court-circuit et que la machine agissait seule en fonction d’une programmation définitive conçue pour que tout sur la planète demeure « normal ». Le terme exact était « Centre de gestion et de contrôle ». Les milliards de circuits électroniques renfermés dans ces armoires étaient là pour assurer à la communauté entière un rythme de vie sans problème, calculant les besoins sur tous les plans et y répondant à chaque instant par la régulation des ressources, le fonctionnement des exploitations et celui des industries de transformation et de production, l’animation des réseaux de distribution ; il ne pouvait jamais y avoir ni excès ni disette, ni surabondance ni rupture de stock.

Toutefois la continuité de la vie économique n’était pas le seul but des Normes, le facteur sociologique était tout aussi important sinon davantage. Il était indispensable que lui aussi soit parfaitement équilibré ; le cycle production-consommation devait demeurer parfait. C’était là qu’intervenait la fonction contrôle des machines : veiller en somme à ce que chaque membre de la population soit toujours satisfait de son sort et surtout ne désire pas le modifier.

La Loi ainsi établie et promulguée était parfaite jusque dans ses moindres détails et il aurait été criminel de vouloir la changer au nom d’une phraséologie aussi vaine et inconsistante que liberté de pensée ou droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. C’eût été ouvrir la porte à l’anarchie et à tous les maux qui en auraient résulté. Là était le rôle des psycho-traceurs, ces bracelets individuels qui retransmettaient en permanence aux Normes les courbes d’activités cérébrales de chaque citoyen. Lorsque la mentalité d’un Hodien devenait anormale, lorsque des conceptions hors-série naissaient en lui et s’intensifiaient, le graphique enregistré se déformait et, dans la case correspondante à sa fiche d’identité, un voyant rouge s’allumait. Une psychose de déviation venait de se manifester. Certes le phénomène était rare, l’équipement des Normes datait de nombreuses générations et la très grande majorité des sujets était conditionnée d’une façon quasi héréditaire. Personne n’était plus capable d’imaginer…

UNE AUTRE FORME-let-i

Le « déviant » ainsi détecté n’était cependant pas considéré comme un coupable, il n’était pas question de le châtier, de le mettre au ban de la société, de l’interner dans une prison ou dans un camp de concentration. C’était un malade, un patient atteint d’une affection psychotique qui n’était pas plus répréhensible ni plus honteuse que la tuberculose ou le diabète. Il devait simplement être soigné. Un groupe spécial de fonctionnaires dépendant directement des Normes, les Servants, allait le chercher en se guidant directionnellement sur les émissions du psycho-traceur, l’emmenait à la clinique neurologique où il était soumis à cette intervention orthoneuronale à laquelle Alan avait participé, et d’où il ressortait guéri, c’est-à-dire à nouveau « normal ». Pour lui, redevenu semblable à ses concitoyens, tout se retrouvait pour le mieux dans le meilleur des mondes…

Le professeur Féhir l’avait expliqué dès le premier jour : tout déviant primaire était réintégré dans le rang après normalisation. Mais s’il y avait récidive, la seconde intervention était plus profonde et le sujet ne retournait plus dans son milieu ; il devenait un Servant.

Étant donné que le désir d’échapper aux Normes ne pouvait naître que dans un esprit très évolué, les quelques centaines de milliers d’individus constituant cette caste particulière possédaient donc des cerveaux nettement au-dessus de la moyenne, ils étaient de taille à déjouer toutes les ruses. Cette technique consistant à transformer les coupables potentiels en super-policiers était d’ailleurs admirable et démontrait à quel point la programmation des machines était proche de la perfection : il ne peut y avoir de meilleur agent de sécurité qu’un rebelle converti et la parcelle d’autorité qui lui est ainsi confiée achève d’en faire un loyal sujet. On ne rêve de bouleverser un ordre établi que lorsqu’on lui est subordonné,

À PARTIR DU MOMENT-le-i« 

(PG)




C’est la décision qu’ils ont prise au nom d’une civilisation entière.

— L’autogénocide… Comment ont-ils fait ? … »


A la fin du roman, libérés des Normes, les habitants de cette planète auront beaucoup de difficultés à,
pour les uns, ne pas tout détruire de rage contenue
pour les autres, sortir des limites étroites dans lesquels leur corps et leur esprit était confiné depuis leur naissance.


On peut trouver le scénario peu réaliste, mais le besoin de sécurité fausse aussi parfois totalement notre propre jugement. En étant rassuré par des pulvérisations de « biocide » dans les classes de nos enfants … pour les protéger d’un virus qui les menacent moins que la rencontre inopinée d’une voiture roulant à une allure … normale.