18 Octobre 1802 …

… naissait quelqu’un qui allait occuper en France l’équivalent d’un premier poste de Ministre de la Culture : Ludovic Vitet et qui sera membre de l’Académie Française

Un de ses écrits est consacré à ce que la France a pu acquérir de la plus grande collection d’art antique de l’époque, celle qu’a constitué Giampietro Campana dont le nom a été donné à une galerie du Louvre …

(extrait)

« Dans le nombre de ces objets, il y a un vase qui est unique au monde par la beauté de la fabrique et par une circonstance, jusqu’ici encore sans exemple, qui le rend le monument le plus célèbre peut-être de la céramique grecque venu jusqu’à nous.
C’est un vase de très-grande proportion, à trois manches, à vernis noir, le plus fin, et le plus brillant qui se puisse voir : il est orné à plusieurs hauteurs de frises sculptées en terre cuite et dorées; mais ce qui lui donne une valeur inestimable, c’est une frise de figures de quatre à cinq pouces de hauteur, sculptées en bas-relief, avec les têtes, les pieds et les mains dorées, et les habits peints de couleurs vives, bleues, vertes, du plus beau style qui se puisse imaginer.
Plusieurs têtes, dont la dorure s’est détachée, laissent voir le modelé, qui est aussi fin, aussi achevé que celui du plus beau camée antique.
En résumé, c’est une merveille à laquelle je ne connais rien de comparable.
»

Un tel témoignage, à coup sûr, nous préparait à ouvrir de grands yeux. Même en faisant la part de cette exagération naturelle que tout voyageur se permet en racontant ses découvertes, nous ne pouvions douter qu’il n’y eût là quelque chose de tout à fait considérable, une véritable nouveauté. Eh bien, nous n’aurions eu aucun avis, nous serions venu sans rien savoir, comme au hasard, que notre étonnement n’eût pas été plus grand. D’abord la lettre ne parlait que d’un seul vase, et en effet on commençait par n’en voir qu’un, tant celui-là éclipsait tous les autres; mais en …

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… se distinguant les uns des autres que par la diversité des formes.

C’était déjà un saisissant spectacle que cet ensemble inattendu et cette unité de décors ; puis chaque vase pris à part semblait un modèle d’élégance. Rien d’aussi pur et d’aussi distingué que l’ornementation de ces frises, simple branche de feuillage sculptée en relief et vivement dorée, se détachant sur ce fond noir comme une ceinture autour du vase.
Où aviez-vous vu rien de semblable? Quel cabinet, quel musée vous en offrirait le moindre exemple? Et ce n’était pas une pièce isolée, c’était un groupe, une famille, vingt-trois vases en mot, faisant cortège, pour ainsi dire, à celui qui les dominait tous, comme un monarque dans sa cour.
Pour le décrire, ce roi des vases, les paroles que nous avons citées, quelques vives et presque hyperboliques qu’elles puissent paraître, n’en sont pas moins encore tout à fait impuissantes. Ici les feuilles d’or n’étaient plus l’ornement principal; bien que plus importantes et plus multipliées, elles servaient seulement d’accompagnement, de cadre à la véritable frise, à ce bas-relief circulaire formant autour du vase comme un cordon de figurines, délicieux spécimen de statuaire polychrome. L’esprit, la pose, l’attitude de ces douze divinités (c’est bien là leur nombre, ce nous semble), la finesse du modelé, la douce harmonie des teintes, et avant tout la franchise du style, également exempt d’archaïsme et de convention, accusant nettement les beaux temps de l’art grec, nous ne savons pas de mots pour peindre tout cela, pour en donner seulement une idée.

Dans ce paragraphe, Ludovic Vitet évoque en fait les pièces qui ont échappé à la France car acquise avant que la France soit parvenu à conclure l’achat de la collection.