Le 21 Janvier 1973 …

… Décède Charles Forot, devenu poète sur un lit

Comme l’évoque la revue « La Muse Républicaine » qui consacre une partie de son numéro de juillet 1928 à celui qui fut par deux fois alité par la maladie pendant plus de 3 ans …

« … les poèmes écrits pour tromper son inquiétude durant une longue maladie allaient former le premier cahier, les pages tristes d’un livre qui devait singulièrement s’enrichir et se transformer. «  
(…)
Loué soit Dieu qui a permis à Charles Forot de surmonter son mal. Il a été plus heureux qu’un Dauphinois à qui il ressemble tant et non point seulement de visage. J’ai nommé Jean-Marc Bernard.
La première fois que je vis l’auteur de la Ronde des Ombres en son Pigeonnier, j’eus une surprise qui me fit pousser un cri; je crus revoir Jean-Marc, ses yeux noirs striés d’éclairs, son bon visage au sourire si franc où s’épanouissait la joie de chasser une pensée importune ; une voix chaude et un peu chantante subissait parfois certaines inflexions tristes, familières à tous ceux qui ont murmuré beaucoup de plaintes et gardent par instants l’accent de la timidité.
Charles Forot me restituait la cordialité de Jean-Marc, son désir de vivre avec un ami en pleine confiance, et qui laisser tomber en lui, goutte à goutte, les secrets d’une tenace douleur vaillamment supportée. Ainsi je croyais contempler Jean-Marc qui, si souvent, pouvait redire avec son cher Villon : « Je ris en pleurs. )) En réalité, je restais si passionnément désireux de le revoir, malgré sa mort glorieuse, que de retrouver son regard devait m’apparaître la chose la plus naturelle. Dieu me rendait l’homme qui lui ressemblait le plus, et le Dauphinois à la petite taille, aux gestes nerveux et fins, se muait en un Vivarois charmant.

Ce n’est point ici qu’il convient de décrire le Pigeonnier et de louer l’homme qui a eu, sur l’essor de la jeune poésie, la plus heureuse influence ; nous voulons simplement montrer quel poète se cache dans l’ami des lettres, car Charles Forot est peut-être à la veille de nous donner les plus belles odes.

C’est la souffrance qui l’aura sacré poète. Qu’on imagine un jeune homme condamné à une longue immobilité et voué à de tristes rêveries : un sentiment tendre s’éveille un jour en son âme et lui apporte plus d’illusions que de joies. Quel recours subsiste devant l’oubli sinon l’espoir de chercher une consolation dans le jardin de la poésie ?
L’analyse est dissolvante quand elle torture l’âme d’un souci obsédant, mais la claire vision d’un mal délivre de son empire : toutefois, ce n’est pas quand on trouve à sa propre souffrance l’apparence du sublime qu’on est sur le point de la renier ; on s’en libérerait plutôt en la jugeant ridicule.
Mais qui consentirait à rire de soi ? Une ironie discrète, faite d’une larme, égayée d’un sourire, convient mieux à une âme noble, surtout quand d’un pleur peut naître un beau vers. Il n’y a encore que les larmes qui consolent.
(…)
Chez Charles Forot, la blessure était profonde. Et, les forces physiques le trahissaient.

J’aurais voulu chasser tout ce qui remuait
Les vestiges, en moi, d’heures infortunées,
Mais si j’ai de mon cœur fait un désert muet,
Quelle verdure encor charmera mes années?


Ainsi l’homme trahi lamente son …        

… l’amour venir parmi les haines.        

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