17 Septembre 1911 …

… Le petit journal dont, on devinera, ici l’orientation politique, condamne de façon virulente un mouvement de revendication, voire de révolte, mené par des femmes qu’on a pu par la suite nommer : les AMAZONES MAUBEUGEOISES.

Dans cet article, les femmes sont mises au second plan, et l’entière responsabilité est attribuée au meneur de grève (dont on appréciera la vêture mise en décalage complet, par le dessinateur, avec la mise des ouvriers.) qui est censé terroriser à la fois le patron et les grévistes forcés.


Extrait :

Les faits qui se sont passés ces jours derniers à Maubeuge montrent une fois de plus à quel état d’aveulissement sont tombés les ouvriers et même les patrons devant la tyrannie des gréviculteurs.
Profitant de l’agitation causée par la cherté de la vie, des délégués de la C. G. T. arrivèrent dans cette ville. On avait arrêté trois femmes sur le marché : ils prirent texte de ce mince incident pour déclarer la grève de la métallurgie et décréter que les ouvriers devaient chômer tant que les trois prisonnières ne seraient pas remises en liberté.
Les ouvriers, qui n’avaient aucune raison professionnelle de se mettre en grève, obéirent cependant à l’ordre de la C. G. T. Ils quittèrent les ateliers sur le geste du délégué,

Les patrons s’inclinèrent avec non moins de docilité.
L’un d’eux supplia M. le délégué de vouloir bien l’autoriser (sic) à achever la coulée de fonte de deux hauts-fourneaux.
Et M. le délégué daigna accorder cette autorisation.


Sans décider quelle est la vérité qu’il faut choisir, ou comment les ajuster, voici une autre version ou éclairage des faits.
(Source : https://www.archivesdufeminisme.fr/actualites/une-sublime-agitation-lhistoire-oubliee-des-amazones-maubeugeoises-en-1911/)

Mais revenons à Maubeuge le dimanche 20 août 1911, il y a 1 200 personnes à la réunion avec les édiles locaux qui veulent calmer l’agitation et font des promesses. Le lendemain, les ménagères en lutte manifestent à Sous-le-Bois. La CGT des métaux distribue ce tract : « Ouvriers, ménagères, jusqu’ici vous êtes restés isolés, désunis, à genoux devant les bourgeois, gros et petits. Avec de la musique, des illuminations, des drapeaux, des places, des promesses, on prétend faire votre bonheur. Qu’est-il arrivé ? Beurre, pain, loyer, lait ont doublé de prix. Les cultivateurs et les petits commerçants, au lieu de s’unir entre eux contre les gros exploitants, trouvent plus simple de dévaliser les ouvriers et de les gruger chaque jour. Ouvriers, ménagères, tous debout ; réclamons la justice et le bien-être ». Le soir, la salle des fêtes se remplit avec 2 000 personnes : le syndicaliste Renard s’est entouré de deux manifestantes assesseuses. On y menace les commerçants qui ne veulent pas appliquer le tarif de boycott et de sabotage. Le député radical-socialiste se sentant menacé s’exfiltre de la réunion. Chaque jour, les ménagères sont là ; elles vont de commune en commune, de marché en marché – Berlaimont, Sars-Poteries… -, sans heurts mis à part …

… agricole.
À Avesnes, on voit arriver par le train celles que l’on appelle désormais les « Amazones Maubeugeoises ». Encadrées par les gendarmes, elles arborent une cocarde rouge à la poitrine et chantent « L’Internationale du beurre à quinze sous » :


Voir aussi https://www.archivesdufeminisme.fr/actualites/une-sublime-agitation-lhistoire-oubliee-des-amazones-maubeugeoises-en-1911/