19 Novembre 1908 …

La revue « L’épatant » (mot désuet de nos jours… car trouvant difficilement un emploi) donne suite à son feuilleton  » écrit par Albert Pajol : « Les aventures d’un enfant perdu« 

L’occasion de retrouver le plaisir des illustrations dessinées à la main (qui n’ont lorsqu’elle se font sous une main habile, ni le sans relief d’une photo, ni l’aride du « assisté par ordinateur« )

L’enfant, tombé effectivement sur l’herbe du remblai, avait roulé et descendu la pente jusqu’au sol du champ qui bordait la ligne de chemin de fer. Etourdi sur le coup, cela se conçoit, mais sans toutefois qu’il se fût blessé ni même meurtri dans sa chute, le pauvre gosse resta là un bon moment avant de savoir où il en était et ce qui lui arrivait. Mais bientôt, les rumeurs, les cris, les plaintes, les appels et ce train qui flambait derrière lui sur le flanc de ce talus, cette vision de l’horrible lui causa, tout à coup une frayeur si exorbitante et si naturelle que se redressant sur ses petites jambes, il se mit à se sauver à travers la campagne en criant : « papa ! papa ! » Pendant combien de temps courut-il ainsi? Sans doute jusqu’à ce que la fatigue le prit et qu’il ne vil plus, n’entendit plus rien du spectacle abominable qui l’avait affolé. Se laissant tomber enfin, le fils de Richardson, désormais orphelin, fut terrassé par le sommeil. Grande, fût la stupéfaction du chemineau en voyant…

?
Quels parents assez négligents pouvaient l’avoir égaré? Quels parents assez coupables pouvaient l’avoir abandonné ? Le chemineau s’agenouilla et regarda l’enfant de plus près. C’était un mignon garçonnet de quatre à cinq ans, coiffé d’une petite casquelle en drap, dite « jockey », comme les transatlantiques en affectionnent pour voyager, et revêtu d’une sorte de courte robe-manteau en étoffe de laine grisaille souillée de terre et lacérée d’un certain nombre d’accrocs faits aux ronces au cours de la chute que nous connaissons.

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Ce même jour (58 ans plus tard) décède le poète (qui fut) surréaliste belge Marcel Lecomte qui s’est donné au début de sa carrière de poète, une discipline d’écriture durant une année entière :

Je me décidai à écrire chaque jour ce que j’appelai bientôt ma « quotidienne » : dix à vingt lignes, ou moins, sur un sujet quelconque, paysage, figure, pensée abstraite, etc. Mon intention n’allait qu’à définir l’objet de la façon la plus courte, la plus poétique. Car j’entendais

… possible de l’image ; de l’équilibre de l’ensemble et du rythme intérieur plutôt que des formes séparées. Je me jurai d’obéir à cette discipline durant une année entière.

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Poème en prose de Marcel Lecomte (Le chien noir)

Après minuit sans clair de lune, quand presque tous les réverbères sont noirs, on marche entre le regret des lumières et le désir du sommeil. On n’entend que son pas dans la rue et quelque chose qui frotte le pavé, tout près de soi, tout à côté, qui marche aussi, qu’on ne voit pas et qui s’arrête quand on s’arrête. C’est le chien noir.