Le 4 décembre 1886 …

… voit naître un futur poète, futur anarchiste : André Colomer.

C’est cet homme qui définira la révolution anarchiste dans « LE LIBERTAIRE » du 18 novembre 1921

Notre révolution est une lutte à mort contre toutes les formes de l’autorité. Nous sommes contre l’exploitation capitaliste parce qu’elle est une des expressions de l’« archie » que nous combattons. Mais si nous abattons le capitalisme industriel ce ne sera pas pour constituer et défendre le capitalisme d’Etat. Le collectivisme ,  tel qu’il se réalise actuellement en Russie , n’est pas autre chose que la centralisation dans les caisses de l’Elat de tous les capitaux d’un pays ,  de la centralisation entre les mains de quelques dictateurs ,  de toute la puissance d’exploitation.

En se révoltant contre l’Etat bolcheviste ,  les anarchistes sont logiques avec la pensée anarchiste.

Notre révolution sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes.

Les individus-producteurs groupés en ateliers ,  en usines ,  etc… doivent organiser méthodiquement la prise de possession des instruments et des locaux de travail. Ils seront armés sur les lieux mêmes de la production. Ils ne deviendront pas soldats ; ils seront des ouvriers armés ,  c’est bien différent. Et quand les travailleurs seront les maîtres» suivant la conception anarchiste ,  ils ne seront que les maîtres de la matière inanimée qu’ils activent de leurs efforts. Pour se libérer ,  s’organiser et se défendre , les individus-producteurs n’ont besoin ni de politiciens ,  ni de généraux ,  ni de commissaires du peuple.

Laissez-leur supprimer l’Etat ,  ses fonctionnaires ,  ses rouages ,  ses lois , toute la ,  vieille carcasse d’oppression et d’obligation collective , et vous verrez ,  par le seul jeu de l’intérêt et de l’affection ,  les hommes produire ,  les individus se grouper et vivre avidement à la recherche de clarté et d’harmonie.

Converti au bolchevisme qu’il a tant décrié, André Colomer mourra à Moscou, au début des grandes famines soviétiques.

A sa mort, la revue « Les humbles » publia un de ses poèmes.

C’était un petit va-gu’ nillou,
Il était blond, il était doux
C’était un rêve !

Il naquit au chant des coucous
Une nuit, parmi les blés doux…
Semence brève.

Il poussait comme un genêt d’or,
Et sur la lande qui s’endort.
Sa chanson claire

Coulait aux ruisseaux à pleins bords
Illuminés de son blanc corps
Couché par terre.

Puis un matin de bleu printemps,
Il vint à la ville, en chantant,
Chercher fortune.

Riche de ses dix-huit ans,
Et de son cœur vierge mais tant
Epris de lune…

De l’une à… l’autre, blonde abeille,
De lèvres en lèvres vermeilles
Il aspira.

Tant et tant, de veilles en veilles,
Qu’à l’automne, où le cœur sommeille
Il expira.

Toutes frémissantes encor
Des

… tresses

C’était un petit va-gu’ nilo.
Il était blond, il était doux…
C’était un rêve !

Il repose au chant des coucous
En un linceul de cheveux roux
Semence brève !


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