16 Novembre 1855 …

… nait Maurice Bouchor
Il deviendra le poète de la conservation de, parmi les chants et poèmes du peuple, ceux que les Nombreux ont gardés dans leur mémoire et leur quotidien.

Parallèlement à cette mission que s’est donnée Maurice Bouchor et qui a encore des traces dans les manuels scolaires de l’époque, il développe une œuvre propre récompensée par un prix de l’Académie Française.

Un de ces textes extrait des « Poèmes de l’amour et de la mer »
recueil dont le titre (« Ayant appareillé pour le pays du rêve.« ) est une manière de dédicace à Raoul Ponchon.

Nous nous aimerons au bord d’un sentier
Où l’herbe soit haute, et fraîche, et bien douce,
Ou dans les grands bois, sur un lit de mousse…
Nous nous aimerons dans le monde entier !

Nous nous en irons

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a point de grève.

Nous n’aborderons nulle part : toujours
Un bonheur tranquille, ineffable, immense ;
Et le vent des cieux, plus doux qu’un silence,
Nous murmurera des chansons d’amour.


Maurice Bouchor a également œuvré à créer le mouvement des Universités Populaires. Il en est remercié dans cet extrait d’un éloge prononcé quelques jours après sa mort.

Pour accompagner celui qui bientôt n’allait plus être qu’un petit tas de cendres, une innombrable foule était venue : hommage des grands el des humble» à la bonté et au talent de l’homme qui disparaissait. Son oeuvre méritait ce souvenir

A dix-huit ans, il voulut déjà glaner quelques fleurs au beau jardin de la vie. Les Chansons joyeuses laissèrent éclater son profond amour de la vie et des hommes.

Sur le tard, au crépuscule, il composa plusieurs volumes « La vie profonde* » dans lesquels il recueillit toute la beauté et la grandeur de la poésie antique qu’il ne voulut pas séparer de la poésie moderne. Mais si grande que soit l’œuvre, l’homme la domine. Vers 1893, à une époque difficile, Use voua à une noble tâche. D’école en école, de classe en classe, il alla à ses frais, chanter ces chants qu’il composait sur de vieux airs d’autrefois, à la manière des trouvères du moyen-âge qui allaient aussi, chez les âmes frustes semer un peu de beauté et d’amour. Cet amour des hommes, du peuple, il Peut au plus haut point.
Ce fut lui qui eut Vidée avec une petite équipe d’animateurs, de réunir dans les écoles, le soir et le samedi surtout, les familles des enfants pour interpréter avec une admirable foi les pièces classiques de nos grands écrivains.
De son effort patient et tenace naquirent les Universités populaires dont l’essor fut si rapide et bienfaisant.

Les temps étaient troubles. Des trublions déchaînés livraient à la République de dures batailles. On n’osait encore trop compter sur le peuple. Son ignorance politique et sociale, voire intellectuelle, effrayait. Il fallait sous peine d’événements catastrophiques éduquer cette masse l’amener à un clair idéal, lui faire sentir toute la poésie du travail, la grandeur de la tâche qui allait lui incomber.
Tâche ingrate, délicate. Intellectuels et prolétaires allaient-ils se comprendre, fraterniser ?
Maurice Bouchor fut le véritable animateur de ce mouvement. Il était là entouré de disciples aussi enthousiastes que lui, prêchant la bonne parole, ramenant les égarés, guidant les timides, éclairant les faibles, exaltant la beauté, donnant au peuple une conscience, un idéal, une volonté.

Cette bonté qu’il voulut inculquer aux hommes, lui-même la pratiqua magnifiquement.
La guerre l’atteignit en plein coeur. Il perdit des êtres chers. Il ne se plaignit pas. A l’heure où l’homme fatigué aspire au repos, fièrement il reprit les outils et poursuivit sa tâche.
Le fardeau des jours ne l’écrasa pas. Il sut dominer, rester lui-même.
La mort est venue, pour lui, doucement. Son corps n’est plus que poussière. Mais l’oeuvre vit. Et à son exemple, ceux qui lui survivent et qui l’aimèrent, chanteront longtemps après lui :
Sur la terre et non dans la lune
Sou par sou, pierre à pierre, au jour le jour
Bâtissons la Maison commune
La Cité de joie et d’amour.

René BONISSEL


*Un extrait de la préface

Victor Hugo a dit : « La littérature sécrète de ta civilisation, la poésie sécrète de l’idéal. C’est pourquoi la littérature est un besoin des sociétés. C’est pourquoi la poésie est une avidité de l’âme.
C’est pourquoi les poètes sont les premiers éducateurs du peuple.
C’est pourquoi il faut, en France, traduire Shakespeare, C’est pourquoi il faut, en Angleterre, traduire Molière.
C’est pourquoi il faut les commenter.
« 

Je me permets d’ajouter que chacun ne peut commenter avec fruit que les œuvres dont il a vécu.
Pour qu’il sache faire mieux sentir à la jeunesse approchant de l’âge adulte, ou même à des esprits plus mûrs, le prix de certaines œuvres, de …

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… et qu’elles lui aient été bienfaisantes.

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