27 Octobre 1901 …

… Un peu d’humour, autour des proverbes, d’une époque révolue, publiée ce jour par le « journal humoristique Pêle-Mêle« 


LERUSÉ. — Voici une lettre à porter mon ami, allez-y au galop.

LE COMMISSIONNAIRE. — Oh! monsieur, rien ne sert de courir, il faut partir à temps.

LERUSÉ. — Soit, mais il faut que ma lettre soit arrivée à destination avant cinq heures Cela, se peut-il ?

LE COMMISSIONNAIRE. — Soyez sans inquiétude, qui veut peut.

LERUSÉ. —- C’est très-joli les proverbes, mais si vous me manquez de parole, tout de même ?

LE COMMISSIONNAIRE. — Dame, ce ne sera pas de ma faute, fais ce que dois, advienne que pourra.

LERUSÉ. — Vous me disiez pourtant à l’instant d’être sans inquiétude à ce sujet.

LE COMMISSIONNAIRE. —Ben oui, j’ai le temps d’arriver; seulement, l’homme propose et Dieu dispose.

LERUSÉ. — Tout à l’heure, vous étiez sur d’arriver, et voilà que vous doutez maintenant ; vous avez changé d’avis.

LE COMMISSIONNAIRE. — L’homme absurde est celui qui ne change jamais.

LERUSÉ. — Vous semblez attacher une grande importance aux proverbes.

LE COMMISSIONNAIRE. — Il n’y a que cela de vrai, c’est la sagesse des nations, jamais ils ne sont en défaut.

LERUSÉ.— Ah… Eh bien! faites donc un pas en avant.

LE COMMISSIONNAIRE. — Voici, mais pourquoi ?

LERUSÉ. — Tenez, voilà trois sous pour l’avoir fait.

LE COMMISSIONNAIRE. — Merci, mais je ne comprends pas.

LERUSÉ. — Ça ne fait rien… Maintenant allez porter ma lettre.

LE COMMISSIONNAIRE. —Mais, qui me payera ma course? Vous savez, pas d’argent, pas de suisse.

LERUSÉ. —Vous croyez aux proverbes, n’est-ce pas?

LE COMMISSIONNAIRE. — Parfaitement.

LERUSÉ. — Hé bien, …

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… , n’est-ce pas ?

MORALE Le commissionnaire s’exécuta de bonne grâce, mais il jura, honteux et confus, Quon ne l’y prendrait plus.